Insee Conjoncture GuadeloupeBilan économique 2018 - Guadeloupe

La trajectoire positive de l'économie se confirme

En 2018, l'économie de la Guadeloupe reste sur une trajectoire positive amorcée en 2015. L’emploi salarié augmente, notamment dans le secteur marchand, mais pas suffisamment pour faire refluer le taux de chômage qui reste à un niveau élevé. Les autres indicateurs montrent des signes d'amélioration : la création d'entreprises retrouve le niveau record de 2012, l’investissement est en hausse, la consommation des ménages résiste malgré une légère reprise de l' inflation. La fréquentation hôtelière, la croisière et le trafic aérien profitent de la très forte embellie du tourisme.

Insee Conjoncture Guadeloupe
No 05
Paru le :Paru le06/06/2019
Alexandre Ducrot, Josy Clodine-Florent, DAAF
Insee Conjoncture Guadeloupe No 05- Juin 2019

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2018 publiés par l'Insee.
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Agriculture - Reprise progressive après le cyclone Maria Bilan économique 2018

Alexandre Ducrot, Josy Clodine-Florent, DAAF

En 2018, les traces de l’ouragan Maria, qui a dévasté le sud de la Guadeloupe en septembre 2017, s’effacent progressivement. Cette année a été consacrée à la relance de la production des bananeraies, à la préservation de la campagne de canne et à la remise en culture des productions maraîchères.

Insee Conjoncture Guadeloupe

No 05

Paru le :06/06/2019

Le cyclone Maria a conduit à un arrêt total de la production de bananes entre octobre 2017 et avril 2018. Le plan de reprise mis en place par les agriculteurs a permis un retour en production progressif et ré-alimentant le marché local puis l’export. Les bananeraies ont été soit cyclonées (brûlées à mi-hauteur pour favoriser la repousse), soit mises en jachère avant une prochaine replantation. Il faudra plus de trois ans pour retrouver une production stabilisée.

Banane : un retour très progressif à l’export

Les exportations ont redémarré en avril 2018 avec un très faible tonnage de 306 tonnes pour atteindre près de 6 300 tonnes dès le mois de juin. Ce pic mensuel de production, au même niveau que les campagnes précédentes, a ensuite diminué sur les derniers mois de l’année pour atteindre moins de 3 000 tonnes. La campagne 2018 se termine avec un résultat de 28 500 tonnes exportées, soit moins de la moitié du tonnage des derniers millésimes et une baisse de près d’un tiers par rapport à la campagne 2017.

Canne à sucre : une campagne dans la moyenne

Après une très bonne campagne 2017 (772 000 tonnes), où la quantité de cannes broyées avait atteint son meilleur niveau depuis 2007, l’année 2018 est en demi-teinte. Toutefois, malgré les effets du cyclone sur les plantations et le pessimisme des planteurs, le tonnage de cannes coupées est finalement proche de la moyenne de la décennie avec 630 000 tonnes. Ce volume correct de cannes est associé à une bonne richesse saccharine qui atteint 8,9 % sur l’ensemble de la campagne, alors qu’en 2017 comme en 2016, ce taux avait été médiocre (moins de 8 %). La production obtenue en 2018 est de 52 000 tonnes de sucre, un tonnage qui se situe dans la moyenne décennale.

Viande porcine : toujours en tête malgré la baisse

La production bovine et la production porcine suivent des dynamiques différentes depuis plusieurs années. L’écart entre les volumes se creuse en 2018, alors qu’ils étaient égaux en 2017 : la production de viande bovine chute en effet de 7 % (1 400 tonnes) tandis que celle de la viande porcine contient sa baisse avec – 1,6 % (1500 tonnes). Le poids moyen des carcasses de 87 kg, est encore en augmentation (+ 9 %) dans un marché du frais qui a du mal à absorber les volumes apportés.

Ces baisses de la production interviennent alors que l’abattoir de Marie-Galante est fermé en cours d’année. Pour autant, le nombre d’animaux abattus en baisse de 9 % sur l’année pour les deux espèces était déjà marqué au premier semestre avec un recul de 7 %.

Baisse du prix des légumes, hausse du prix des fruits

La fin d’année 2017 a été éprouvante pour le secteur et les consommateurs, avec une envolée des prix et une raréfaction des produits les plus courants, y compris la banane. Les retours en production des légumes en début d’année 2018 ont permis un réajustement important des prix au kilogramme constatés à la baisse en moyenne annuelle.

Le prix de la tomate est en baisse de 17 % et atteint 1,19 € au kilo en moyenne, prix le plus bas depuis 2014. Le concombre est également en baisse de 6 %. Avec un prix à 0,58 €, il est également au plus bas sur la période récente. En revanche, la christophine est restée à un niveau de prix élevé (1,32 €) alors qu’il était inférieur à 1,00 € les années précédentes.

Cette augmentation est liée aux dégâts cycloniques subis par les plantations sur tonnelles qui ont nécessité d’important travaux de remise en état ou de remplacement.

Les prix des plantes aromatiques, telles que le thym et le persil sont en baisse, alors que le piment végétarien conserve un prix moyen de 4,75 €, malgré de fortes variations pendant la campagne allant de 2,23 € en juillet à 14,10 € en janvier. Le prix des tubercules est en baisse, celui de la patate douce passe en dessous de 1 € (0,91 €), et celui de l’igname atteint un prix moyen de 2,00 €.

Les volumes de production des fruits sont plus limités que ceux des légumes, avec pour conséquence des tensions inflationnistes sur ce type de produit. Par exemple, le prix du kilo d’ananas progresse régulièrement pour atteindre 1,77 €.

Réajustement du niveau des importations de légumes

En 2017, les importations de fruits et de légumes avaient fortement augmenté en volume (respectivement 13 % et 8 %), à cause du déficit d’approvisionnement du marché par la production locale suite au cyclone Maria. En 2018, la baisse modérée des importations en légumes (-3%) permet un certain ré-équilibrage en faveur de la production locale.

Les importations de tomates baissent ainsi de 23 %, des choux blancs et rouges de 34 %, des salades (autres que laitues) de 14 % et des carottes de 4 %. À l’inverse, les importations d’ignames progressent de 4 % et celles de manioc sont multipliées par six pour atteindre 216 tonnes, montrant ainsi un déficit pour un tubercule dont la transformation en farine a le vent en poupe.

Les importations de fruits progressent encore, 4 % en 2018, après le bond de 13 % de l’année passée. Cette croissance est portée essentiellement par l’augmentation de 19 % des volumes d’ananas et de 22 % de ceux de citrons.

Figure 1Chiffres clés

Chiffres clés
2018 2017 Évolution
Cannes broyées (tonne) 631 501 772 279 -18
* usines 540 796 680 107 -20
* distilleries 90 705 92 172 -2
Prix payés planteurs (euro/t)
* part usines 32,34 27,10 19
* part État 31,65 29,35 8
* distilleries 59,14 60,10 -2
Rémunération bagasse (Gardel) (euro/t) 10,85 10,85 0
Sucre produit (tonne) 52 239 58 417 -11
Richesse en saccharine (%) 8,90 7,87 13
Mélasse (tonne) 22 050 30 242 -27
  • Source : Syndicat des producteurs de sucre et de rhum/ DAAF

Figure 2Un tonnage de cannes broyées proche de la moyenne de la décennieCannes à sucre broyées par les usines

en millier de tonnes
Un tonnage de cannes broyées proche de la moyenne de la décennie (en millier de tonnes)
Cannes à sucre
2008 690
2009 699
2010 737
2011 723
2012 659
2013 505
2014 670
2015 660
2016 590
2017 772
2018 632
  • Source : Syndicat des producteurs de sucre et de rhum ; DAAF.

Figure 2Un tonnage de cannes broyées proche de la moyenne de la décennieCannes à sucre broyées par les usines

  • Source : Syndicat des producteurs de sucre et de rhum ; DAAF.

Figure 3Un retour très progressif des exportations de bananeExportation de la banane de Guadeloupe dans l’Union européenne

en tonne
Un retour très progressif des exportations de banane (en tonne)
2016 2017 2018
Janv 4 064 3 473 0
Fév 4 067 2 806 0
Mars 5 235 3 381 0
Avril 5 351 4 211 306
Mai 6 267 4 977 3 353
Juin 5 804 5 037 6 296
Juil 5 874 4 513 4 826
Août 5 979 5 872 3 011
Sept 7 223 5 845 2 304
Oct 5 812 173 2 761
Nov 5 777 20 2 770
Déc 4 755 0 2 889
  • Source : CIRAD ; DAAF.

Figure 3Un retour très progressif des exportations de bananeExportation de la banane de Guadeloupe dans l’Union européenne

  • Source : CIRAD ; DAAF.

Figure 4La production de viande de porc toujours en têteVolume de viande produite par espèces (en tonne)

en tonne
La production de viande de porc toujours en tête (en tonne)
Bovins Porcins Ovins
2016 1 569 1 409 1,1
2017 1 516 1 521 0,6
2018 1 408 1 497 0,9
  • Source : DAAF.

Figure 4La production de viande de porc toujours en têteVolume de viande produite par espèces (en tonne)

  • Source : DAAF.

Figure 5Baisse des importations de légumesPrincipaux fruits et légumes importés en 2018 en Guadeloupe (en tonne)

Baisse des importations de légumes
Masse (en tonne) Évolution
2017 2018 2017/2018
Fruits comestibles dont 15 666 16 348 4
Orange 3 524 3 329 -6
Citrons 1 908 2 332 22
Pamplemousses 296 247 -17
Plantains frais 53 2 -96
Ananas frais ou secs 1 234 1 463 19
Avocats frais ou secs 278 374 35
Melons 42 39 -7
Goyaves, mangues et mangoustans, frais ou secs 103 168 64
Noix de coco, desséchées 25 45 79
Noix de coco, fraîches 87 16 -82
Tamarins, pommes de cajou 102 120 17
Légumes, plantes, racines et tubercules dont 24 714 24 089 -3
Tomates 1 461 1 126 -23
Choux blancs et choux rouges 348 230 -34
Choux frisés, choux raves 83 78 -6
Laitues et chicorées 183 189 3
Carottes et navets 1 792 1 723 -4
Concombres 10 4 -58
Aubergines 4 0 -98
Céleris 137 142 3
Piments doux ou poivrons 290 309 7
Piments du genre Capsicum ou de genre Pimenta 25 2 -94
Salades, autres que laitues 222 190 -14
Racines de manioc 34 216 535
Ignames 1 365 1 424 4
  • Source : Douane ; DAAF.