Insee Conjoncture Guyane ·
Juin 2025 · n° 34
Bilan économique 2024 - Guyane Une économie dynamique mais sous tension
En 2024, l’économie de la Guyane reste soutenue par sa dynamique démographique. Celle-ci constitue le principal moteur de la croissance économique régionale, en stimulant la consommation, l’emploi public et privé, la demande de logements et d’équipements collectifs. Toutefois, ce moteur ralentit et met en lumière des tensions économiques structurelles.
Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2024 publiés par l'Insee.
Agriculture - La production agricole baisse en 2024 Bilan économique 2024
Jean-Christophe Lambert (Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt)
En 2024, les surfaces agricoles utilisées en Guyane sont en légère hausse. Les conditions climatiques sont défavorables à l’activité avec une année de nouveau marquée par des températures élevées et un déficit pluviométrique. Ces aléas climatiques, combinés à des épidémies affectant les tubercules ont fortement pénalisé les rendements en fruits et légumes. La production animale enregistre une nouvelle baisse.
Les surfaces agricoles utilisées sont en légère hausse
En 2024, la surface agricole utilisée (SAU) atteint 39 000 hectares, soit une hausse de 1,7 % sur 1 an (figure 1). Cette progression est portée par l’augmentation des surfaces toujours en herbe (+1,8 %), qui représentent désormais 57 % de la SAU. Les terres arables progressent légèrement (+1,1 %) pour atteindre près de 10 700 hectares. Cette hausse est en lien avec le développement des prairies artificielles et des cultures fourragères (+63 %), soutenu par la mise en valeur de terres attribuées par l’État (encadré).
Les jachères reculent fortement (-11,1 %), traduisant une mobilisation accrue des terres. Les cultures fruitières progressent de 2,0 %, en particulier les agrumes, qui représentent 54 % de la SAU fruitière.
tableauFigure 1 – Évolution de la Superficie Agricole Utilisée entre 2023 et 2024
Surface Agricole Utilisée (SAU) | 2023 | 2024 | Évolution 2024 / 2023 (en %) |
---|---|---|---|
Terres arables | 10 549 | 10 668 | 1,1 |
dont tubercules | 4 250 | 4 350 | 2,4 |
dont jachères | 4 500 | 4 000 | -11,1 |
dont légumes frais | 500 | 550 | 10 |
Cultures permanentes | 5 886 | 6 005 | 2 |
dont cultures fruitières | 5 850 | 5 969 | 2 |
Surfaces toujours en herbe | 22 000 | 22 400 | 1,8 |
Total | 38 435 | 39 073 | 1,7 |
- Source : Agreste - Statistiques Agricoles Annuelles.
L’ensemble de la production végétale est en baisse
L’état de calamité agricole a été décrété en Guyane pour 2024. La région connaît en effet une période de températures élevées, accompagnée d’un déficit pluviométrique de mai à décembre. L’impact sur la production agricole est d’autant plus fort que l’année 2023 avait été marquée par des précipitations historiques. Ainsi la production végétale poursuit son repli entamé en 2022. En 2024, elle s’élève à 48 000 tonnes (-2,7 % en un an) (figure 2). Cette baisse est principalement due au recul de la production fruitière (-3,7 % soit 27 500 tonnes produites en 2024), tout en représentant encore plus de la moitié de la production végétale totale. Les productions fruitières avaient déjà subi une forte contraction (-25 %) en 2023. La production de légumes frais atteint 3 400 tonnes, en repli de 1,1 %.
tableauFigure 2 – Évolution de la production végétale entre 2023 et 2024
Production végétale | 2023 | 2024 | Évolution 2024 / 2023 (en %) |
---|---|---|---|
Tubercules | 17 300 | 17 100 | -1,2 |
Légumes frais et secs | 3 452 | 3 413 | -1,1 |
Fruits | 28 600 | 27 528 | -3,7 |
Total | 49 352 | 48 041 | -2,7 |
- Source : Agreste - Statistiques Agricoles Annuelles.
La production de tubercules poursuit sa baisse
En 2024, la production de tubercules (17 000 tonnes) diminue légèrement (-1,2 %), après une baisse marquée en 2023 (-15,6 %) (figure 3). Cette tendance est portée par la production de manioc (-1,5 % en 2024 après -17,5 % en 2023). La filière subit une crise épidémiologique, due à une maladie inconnue qui touche l’ensemble du territoire depuis 2022. Le manioc, culture traditionnelle en Guyane, est cultivé par plus de trois-quarts des exploitants, dont 87 % sur la Communauté de communes de l'Ouest guyanais (CCOG). Il en résulte une baisse de la production de semoule de couac (-0,9 %), nettement plus contenue qu’en 2023 (-17,7 %). Elle s’établit à 4 500 tonnes, soit 1 000 tonnes de moins qu’en 2022. Le cours du couac a connu une flambée des prix entre 2022 et 2023 (+80 %). En 2024, il se stabilise autour de 10 € du kg.
tableauFigure 3 – Évolution de la production de tubercules
Volume produit (tonnes) | 2021 | 2022 | 2023 | 2024 | Evolution Annuelle 2024 / 2023 (en %) |
---|---|---|---|---|---|
Tubercules | 23 000 | 20 500 | 17 300 | 17 100 | -1,2 |
Manioc | 18 000 | 16 000 | 13 200 | 13 000 | -1,5 |
Semoule de Couac | 6 230 | 5 540 | 4 560 | 4 520 | -0,9 |
- Source : Agreste - Statistiques Agricoles Annuelles.
La production animale diminue
La production animale chute de 12,5 % sur un an, pour s’établir à 1 400 tonnes (figure 4). Toutes les filières sont concernées : la filière porcine enregistre la plus forte baisse (-17,7 %), suivie de la filière volaille (-15,3 %) et bovine (-3,9 %).
Depuis les niveaux élevés observés durant la période Covid, la production animale connaît un déclin continu. Cette baisse est multifactorielle avec l’augmentation des coûts de l’alimentation animale, les difficultés logistiques persistantes et les épisodes épidémiques, notamment dans la filière avicole. La production animale est aussi affectée par un départ progressif des éleveurs pour la retraite.
Parallèlement, les importations de viande augmentent régulièrement depuis dix ans, passant de 15 500 tonnes en 2015 à 21 200 tonnes en 2024, soit une hausse en moyenne annuelle de 4,7 %. La viande de volaille est la plus importée, avec 63 % du tonnage total en 2024, en hausse de 5,0 % sur un an. La viande de porc (3 700 tonnes) représente 18 % des importations de viande de la Guyane et augmente de 14,2 % par rapport à 2023. Enfin la viande de bœuf compte pour 12 % des importations de viande. Avec près de 2 500 tonnes, ses importations augmentent de 17,7 % en un an.
tableauFigure 4 – Évolution des productions animales entre 2022 et 2024
Production animale | 2022 | 2023 | 2024 |
---|---|---|---|
Bovins | 521 | 493 | 474 |
Porcins | 443 | 432 | 356 |
Volailles | 900 | 712 | 603 |
- Source : Agreste - Statistiques Agricoles Annuelles.
graphiqueFigure 4 – Évolution des productions animales entre 2022 et 2024

- Source : Agreste - Statistiques Agricoles Annuelles.
tableauFigure 5 – Évolution des importations de viande entre 2015 et 2023
Importations de viande | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 | 2021 | 2022 | 2023 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Bovins | 1 802 | 1 758 | 1 951 | 1 790 | 1 825 | 1 792 | 2 319 | 2 664 | 2 081 |
Porcins | 2 121 | 2 146 | 2 458 | 2 755 | 2 616 | 2 791 | 3 421 | 3 299 | 3 253 |
Volailles | 10 002 | 10 790 | 10 713 | 11 619 | 11 254 | 11 716 | 12 677 | 13 236 | 12 715 |
Total | 15 473 | 16 387 | 17 001 | 17 941 | 17 330 | 18 068 | 20 515 | 21 368 | 20 236 |
- Source : Agreste - Statistiques Agricoles Annuelles.
graphiqueFigure 5 – Évolution des importations de viande entre 2015 et 2023

- Source : Agreste - Statistiques Agricoles Annuelles.
Encadré - La filière agricole poursuit sa structuration
La structuration des filières agricoles se poursuit : 1 010 déclarations de surface sont enregistrées au dispositif d’aides de la PAC (Politique Agricole Commune) en 2024. Celui-ci prévoit notamment des aides surfaciques, c’est-à-dire des subventions versées sous certaines conditions aux agriculteurs en fonction de la surface qu’ils exploitent. Le montant total de ces aides s’élève à 5,9 millions d’euros en 2024, pour un total de 21 000 hectares de surface admissible. Depuis 2022, près de 60 % d’exploitations supplémentaires ont intégré les dispositifs d’aide. Néanmoins, 80 % des exploitations restent hors du périmètre des aides représentant 18 000 hectares de SAU.
Les attributions foncières agricoles de terres de l’État en Guyane visent à structurer et sécuriser l’accès au foncier pour les agriculteurs. L’État, via la Commission foncière agricole (CFA), attribue des terrains relevant du domaine privé de l’État, souvent non attribués ou occupés de manière informelle. Ces attributions s’inscrivent dans une démarche de développement agricole durable du territoire. Les bénéficiaires doivent présenter un projet agricole viable, respectueux de l’environnement et s’engager à valoriser la parcelle. Ces attributions répondent aux enjeux d’autonomie alimentaire, d’emploi local et de maîtrise du foncier en Guyane. Depuis 2000, près de 1 300 attributions ont été accordées pour une surface de près de 29 000 ha, soit une surface moyenne de 22 ha.
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