Insee Conjoncture Guyane ·
Juin 2025 · n° 34
Bilan économique 2024 - Guyane Une économie dynamique mais sous tension
En 2024, l’économie de la Guyane reste soutenue par sa dynamique démographique. Celle-ci constitue le principal moteur de la croissance économique régionale, en stimulant la consommation, l’emploi public et privé, la demande de logements et d’équipements collectifs. Toutefois, ce moteur ralentit et met en lumière des tensions économiques structurelles.
Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2024 publiés par l'Insee.
Commerce extérieur - Le déficit commercial de la Guyane atteint un niveau record Bilan économique 2024
Philippe Mouty (Insee)
En 2024, les échanges commerciaux de la Guyane poursuivent leur progression en lien avec le développement du territoire. Les importations augmentent de 9,4 %, pour un total de 2,2 milliards d’euros, tandis que les exportations progressent de 11,1 %, atteignant 171,5 millions d’euros. Le déficit commercial dépasse ainsi 2 milliards d’euros, soit son plus haut niveau jamais atteint. La France hexagonale demeure le principal partenaire commercial de la Guyane, en concentrant la majorité des importations et des exportations.
- Le déficit commercial se creuse
- Les importations atteignent un montant record de 2,2 milliards d’euros
- Les exportations augmentent de 11,1 %
- La majorité des importations proviennent de la France hexagonale
- La part de la France hexagonale dans les exportations diminue
- Les échanges avec les Antilles françaises sont déséquilibrés
Le déficit commercial se creuse
En 2024, le déficit commercial de la Guyane atteint 2,1 milliards d’euros, en hausse de 9,3 % par rapport à 2023 (figure 1). Ce déficit structurel s’explique par une économie guyanaise peu productive en biens, nécessitant un recours massif aux importations pour répondre aux besoins de la population et soutenir le développement de la région. Depuis 2016, la balance commerciale ne cesse de se dégrader, à l’exception de 2020, année marquée par la crise sanitaire de la Covid-19.
Les importations atteignent un montant record de 2,2 milliards d’euros
Après un léger ralentissement en 2023, les importations repartent nettement à la hausse en 2024, avec une progression de 9,4 %. Elles atteignent un montant de 2,2 milliards d’euros, le plus haut niveau jamais enregistré. Cette dynamique est principalement portée par les produits pétroliers, dont les importations en valeur augmentent fortement (+22,8 %), malgré une baisse du prix du Brent définition (-2,4 % par rapport à 2023). Cette hausse traduit une demande accrue en énergie, soutenue par l’essor des activités économiques et l’augmentation de la consommation locale, en lien avec le dynamisme démographique de la région. En 2024, les produits pétroliers représentent 15,8 % des importations guyanaises.
Les importations d’équipements mécaniques, de matériels électriques, électroniques et informatiques sont également en forte hausse (+17,8 %). De plus, les autres produits industriels (+8,7 %), les denrées alimentaires (+6,4 %) et les boissons et produits à base de tabac (+6,4 %) enregistrent une hausse significative. Ensemble, ces trois derniers secteurs concentrent 69,6 % des importations totales de la Guyane soulignant ainsi la dépendance de la région aux approvisionnements extérieurs
En revanche, les matériels de transport, qui représentent 13,0 % des importations guyanaises, reculent de 7,8 % par rapport à 2023. Les importations de véhicules automobiles, qui constituent 89,8 % de ce poste, s’élèvent à 261,7 millions d’euros. Par ailleurs, les importations d’hydrocarbures naturels, d’autres produits des industries extractives et du secteur agricole diminuent respectivement de 13,6 % et 1,9 %, mais ces postes ne représentent que 1,2 % du total des importations guyanaises.
tableauFigure 1 – Valeur des importations et exportations de la Guyane par année
Année | Importations | Exportations | Solde des échanges |
---|---|---|---|
2015 | 1 235 | 162 | -1 073 |
2016 | 1 244 | 193 | -1 051 |
2017 | 1 423 | 147 | -1 276 |
2018 | 1 530 | 213 | -1 317 |
2019 | 1 608 | 184 | -1 424 |
2020 | 1 472 | 158 | -1 315 |
2021 | 1 791 | 156 | -1 635 |
2022 | 2 005 | 155 | -1 849 |
2023 | 2 052 | 154 | -1 898 |
2024 | 2 245 | 172 | -2 074 |
- Source : Douanes, calculs Insee.
graphiqueFigure 1 – Valeur des importations et exportations de la Guyane par année

- Source : Douanes, calculs Insee.
Les exportations augmentent de 11,1 %
Dans l’ensemble, les exportations de la Guyane restent limitées en raison du ralentissement de l’activité spatiale (trois lancements effectués en 2024, pour une moyenne annuelle de neuf entre 2010 et 2019), secteur historiquement moteur du commerce extérieur guyanais. Néanmoins, avec 171,4 millions d’euros, les exportations de la Guyane augmentent de 11,1 % en 2024, atteignant leur plus haut niveau depuis la crise sanitaire de 2020. Les autres produits industriels, qui représentent 54,8 % des exportations, progressent de 12,4 % sur un an. Cette dynamique est principalement portée par l’exportation de métaux précieux et d'autres métaux non ferreux (+15,2 %) qui contribue à 71,1 % de ce poste.
Par ailleurs, les exportations d’équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique augmentent de 14,4 %, tout comme celles de denrées alimentaires, boissons et produits à base de tabac, en progression de 42,7 %. À l’inverse, les produits pétroliers raffinés et les matériels de transport sont en repli par rapport à 2023, avec des baisses respectives de 45,7 % et 5,9 %.
De manière générale, les exportations de la Guyane reposent sur trois grands secteurs d’activité : les autres produits industriels (54,8 %), les équipements mécaniques, matériels électriques, électroniques et informatiques (18,3 %), et les matériels de transport (15,5 %).
tableauFigure 2 – Montants des importations et des exportations de la Guyane par secteur d’activité en 2024 et leurs évolutions par rapport à 2023
Type d’importations/exportations | Importations | Exportations | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
Valeur | Part (en %) | Évolution 2023 / 2024 (en %) | Valeur | Part (en %) | Évolution 2023 / 2024 (en %) | |
AZ - Agriculture, sylviculture et pêche | 23,7 | 1,1 | -1,9 | 0,7 | 0,4 | 4,0 |
DE - Hydrocarbures naturels, autres produits des industries extractives, électricité, déchets | 2,8 | 0,1 | -13,6 | 7,9 | 4,6 | 21,2 |
C1 - Denrées alimentaires, boissons et produits à base de tabac | 360,0 | 16,0 | 6,4 | 10,2 | 5,9 | 42,7 |
C2 - Produits pétroliers raffinés et coke | 354,8 | 15,8 | 22,8 | 0,3 | 0,2 | -45,7 |
C3 – Équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique | 488,0 | 21,7 | 17,8 | 31,3 | 18,3 | 14,4 |
C4 - Matériels de transport | 291,3 | 13,0 | -7,8 | 26,7 | 15,5 | -5,9 |
dont industrie automobile | 261,7 | 11,7 | -7,8 | 23,6 | 13,7 | -3,2 |
C5 - Autres produits industriels | 714,8 | 31,8 | 8,7 | 94,0 | 54,8 | 12,4 |
dont pharmacie | 89,6 | 4,0 | 4,6 | 0,1 | 0,1 | 357,0 |
Autres | 9,7 | 0,4 | 1,3 | 0,4 | 0,2 | 174,5 |
Total | 2 245,1 | 100,0 | 9,4 | 171,5 | 100,0 | 11,1 |
- Source : Douanes, calculs Insee.
La majorité des importations proviennent de la France hexagonale
En 2024, 58,9 % des importations guyanaises proviennent de l’hexagone, en hausse de 1,4 point par rapport à 2023. Ces approvisionnements se composent principalement de produits industriels divers (40,6 %), d’équipements mécaniques (23,2 %), de denrées alimentaires, boissons et produits à base de tabac (20,1 %), ainsi que de matériels de transport (13,8 %).
Derrière l’Hexagone, l’Union européenne (hors France) se positionne comme le deuxième fournisseur de la Guyane, contribuant à hauteur de 13,0 % des importations du territoire.
tableauFigure 3 – Répartition des importations de la Guyane en 2024 selon leur provenance
Provenance | Part |
---|---|
France hexagonale | 58,9 |
Union européenne hors France | 13,0 |
États-Unis | 7,3 |
Guadeloupe | 5,6 |
Martinique | 4,3 |
Chine | 3,7 |
Caraïbe | 1,4 |
Autres | 5,7 |
- Source : Douanes, calculs Insee.
graphiqueFigure 3 – Répartition des importations de la Guyane en 2024 selon leur provenance

- Source : Douanes, calculs Insee.
La part de la France hexagonale dans les exportations diminue
La France hexagonale absorbe 70,1 % des exportations guyanaises, un chiffre en baisse de 12,5 points par rapport à 2023. Parmi ces exportations, se retrouvent principalement des produits industriels divers (68,9 %), dont la production de métaux précieux, des matériels de transport (13,2 %) et des équipements mécaniques, matériels électriques, électroniques et informatiques (12,4 %).
tableauFigure 4 – Répartition des exportations de la Guyane selon leur destination de 2015 à 2024
Année | France hexagonale | Union européenne hors France | Guadeloupe | États-Unis | Martinique | Autres |
---|---|---|---|---|---|---|
2015 | 83 | 19 | 7 | 9 | 10 | 35 |
2016 | 83 | 22 | 8 | 19 | 9 | 52 |
2017 | 85 | 12 | 7 | 9 | 8 | 26 |
2018 | 105 | 42 | 7 | 12 | 7 | 40 |
2019 | 114 | 31 | 6 | 6 | 5 | 22 |
2020 | 113 | 12 | 4 | 8 | 4 | 16 |
2021 | 119 | 15 | 7 | 1 | 6 | 9 |
2022 | 107 | 14 | 6 | 6 | 5 | 18 |
2023 | 127 | 8 | 4 | 1 | 4 | 10 |
2024 | 120 | 19 | 6 | 2 | 5 | 19 |
- Source : Douanes, calculs Insee.
graphiqueFigure 4 – Répartition des exportations de la Guyane selon leur destination de 2015 à 2024

- Source : Douanes, calculs Insee.
Les échanges avec les Antilles françaises sont déséquilibrés
Les importations guyanaises en provenance de la Guadeloupe et de la Martinique représentent 10,0 % du total, soit 223,5 millions d’euros, majoritairement composées de produits pétroliers.
Les exportations guyanaises vers ces deux territoires s’élèvent à 10,7 millions d’euros, soit 6,2 % des ventes régionales à l’extérieur. Elles concernent principalement des denrées alimentaires, boissons et produits à base de tabac (53,1 % des exportations vers la Guadeloupe et 45,9 % de celles vers la Martinique) ; des produits industriels (27,7 % et 38,2 % respectivement) ; des équipements mécaniques, matériels électriques, électroniques et informatiques (9,4 % et 10,9 % respectivement).