Insee Conjoncture Grand EstBilan économique 2018 - Grand Est

L’amélioration économique dans la région Grand Est se poursuit en 2018, mais de manière plus contrastée et globalement moins soutenue qu’en 2017. La dynamique est également moins favorable que dans l’ensemble du territoire métropolitain et de manière nette, dans les pays voisins, particulièrement au Luxembourg et en Suisse.

Pour la quatrième année consécutive, mais de façon moins marquée qu’en 2017, le taux de chômage diminue : à la fin du dernier trimestre 2018 , il s’établit à 8,4 %. Les effectifs salariés n’augmentent plus et reculent même par rapport à 2017 (- 2 200). Au niveau national, l’évolution de l’emploi salarié reste positive.

Insee Conjoncture Grand Est
No 18
Paru le :Paru le06/06/2019
Marie-Laure Kayali, Insee
Insee Conjoncture Grand Est No 18- Juin 2019

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2018 publiés par l'Insee.
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Allemagne-Belgique-Luxembourg-Suisse : Bonne santé de l’économie suisse et luxembourgeoise, ralentissement conjoncturel en Allemagne Bilan économique 2018

Marie-Laure Kayali, Insee

En Allemagne et particulièrement dans les lands du Bade-Wurtemberg et de la Sarre, l’année 2018 est marquée par une croissance moins forte que les années précédentes. Néanmoins, la hausse de l’emploi s’accentue. La Suisse et le Luxembourg maintiennent leur haut niveau de croissance, tandis qu’en Belgique, l’augmentation du Produit intérieur brut ralentit légèrement.

Insee Conjoncture Grand Est

No 18

Paru le :06/06/2019

Ralentissement de la croissance en Allemagne…

Après deux années de croissance vigoureuse, l’économie allemande ralentit en 2018 (PIB en hausse de 1,4 % après + 2,2 % en 2016 et en 2017). Ce fléchissement est lié à la baisse de production de l’industrie automobile concomitante avec l’entrée en vigueur de la nouvelle norme de mesure de consommation et d’émissions de polluants (WLPT) ; de même, les basses eaux de certaines voies navigables, notamment le Rhin, ont entrainé une réduction du trafic fluvial. La croissance, élevée au premier semestre, fléchit nettement durant les deux derniers trimestres (- 0,2 % et 0,0 %). Néanmoins, elle participe pour un quart à la croissance européenne.

En 2018, la consommation intérieure et les investissements sont les principaux soutiens à la croissance et y contribuent respectivement pour 0,7 et 0,3 point. D’une part, la consommation des ménages et de l’État augmente de 1 %, d’autre part, les entreprises et l’État investissent davantage qu’en 2017. L’investissement progresse dans les biens d’équipements et dans la construction, mais moins dans la recherche-développement (+ 4,5 %, + 3 % et + 0,4 %). Pour la première fois en cinq ans, la dynamique du secteur manufacturier est inférieure à celle du secteur des services, où la valeur ajoutée brute augmente de 1,5 % par rapport à 2017. Dans l’industrie manufacturière, qui contribue pour plus d’un quart au PIB, la hausse n’est que de 1 %. En effet, la production manufacturière, particulièrement la production automobile, recule durant le second semestre 2018 (- 2 % et - 7 %). Le commerce extérieur de l’Allemagne s’en ressent : en 2018, l’excédent commercial s’élève à 228 milliards d’euros, contre 248 en 2017. Les exportations progressent tout de même de 3,0 % et les importations de 5,7 %.

La population active occupée continue d’augmenter pour la treizième année consécutive et atteint 44,8 millions d’actifs en moyenne en 2018, soit + 1,3 % par rapport à 2017. Le taux de chômage annuel moyen au sens du Bureau international du travail (BIT) passe de 3,6 % à 3,1 % entre 2017 et 2018 et le nombre de chômeurs baisse de 9 % sur la même période (1,4 million en 2018).

… et dans le Bade-Wurtemberg

La croissance du Bade-Wurtemberg ralentit également à + 1,5 %, après + 2,8 % en 2017. Le PIB est tiré par la bonne performance des services, dont la valeur ajoutée est en hausse de 1,7 %, supérieure à celle de l’industrie (+ 1,1 %). La production, les commandes et le chiffre d’affaires industriels évoluent modérément comparés à 2017. Néanmoins, le chiffre d’affaires nominal global atteint un niveau record de 351 milliards d’euros, grâce aux exportations qui restent dynamiques (203 milliards d’euros, soit + 1,4 %), principalement vers les États-Unis et la Chine. Les importations s’élèvent à 178 milliards (+ 4,4 %).

La hausse de l’emploi s’accentue, avec 6,33 millions d’actifs occupés en moyenne (+ 1,3 %). Le secteur tertiaire, qui regroupe plus des deux tiers des emplois, gagne 43 900 actifs, soit + 1,0 %. Mais c’est dans l’industrie et le bâtiment que les effectifs augmentent le plus (+ 2,0 %). Ainsi le taux de chômage diminue et passe de 3,2 % à 3,0 % entre fin 2017 et fin 2018.

En Rhénanie-Palatinat, la croissance rebondit à 1,7 % en 2018, et s’avère nettement plus dynamique qu’en 2017 et 2016 (+ 0,9 % et + 0,6 %), grâce à la contribution positive du secteur tertiaire, de l’industrie et du bâtiment. La performance économique progresse de 1,4 % dans les services, de 1,5 % dans l’industrie et de 5,9 % dans la construction. Le commerce extérieur est vigoureux avec des exportations en nette hausse (60 milliards d’euros, soit + 9 %), tout comme les importations (46 milliards, soit + 13 %). La France reste le premier partenaire à l’export et se place en troisième position pour l’import (+ 7 % et + 14 %). Le land de Rhénanie-Palatinat compte en moyenne 2 millions d’emplois en 2018, soit 0,9 % de plus qu’en 2017. Les effectifs augmentent dans tous les secteurs : + 1,0 % dans le tertiaire et dans l’industrie, et + 1,3 % dans la construction. Le taux de chômage baisse de 0,4 point à 4,1 %.

L’économie sarroise se contracte de 0,8 % en 2018 (après + 1,0 % en 2017 et - 0,5 % en 2016), en raison de la chute de la production de l’industrie automobile et de la fabrication de machines (- 13 % et - 6 %). Ainsi, le chiffre d’affaires de l’industrie recule de 2,4 %. En Sarre, 532 100 personnes en moyenne ont un emploi en 2018, soit une augmentation de 0,5 % en un an, et le taux de chômage passe de 6,2 % fin 2017 à 5,7 % fin 2018.

Rebond de la croissance en Suisse

La Suisse affiche une croissance vigoureuse de 2,5 % en 2018 (après + 1,6 % en 2017). L’industrie manufacturière, qui bénéficie d’une forte demande internationale, en est le principal moteur. Ainsi, le commerce extérieur réalise un excédent de 31,3 millions de francs suisses. Les exportations se renforcent de 5,7 % et les importations de 8,6 %. En revanche, la consommation intérieure est moins dynamique, comme les investissements dans la construction et en biens d’équipement qui perdent de leur élan par rapport à 2017.

La Suisse compte 5,1 millions d’emplois fin 2018, soit une augmentation de 1,3 % sur un an, plus forte encore en Suisse du Nord-Ouest (+ 2,1 %). Le secteur secondaire enregistre une hausse de 1,2 % grâce au gain d’emplois dans l’industrie manufacturière (+ 1,8 %), alors que l’emploi stagne dans la construction. Le secteur tertiaire gagne également des emplois (+ 1,3 %). Fin 2018, 313 800 frontaliers de nationalité étrangère travaillent en Suisse et leur nombre diminue de 0,6 % sur un an. Mais ceux venant de France (55 %) ne cessent de progresser. En revanche, parmi eux, les 33 000 frontaliers qui résident en Alsace et se rendent dans les cinq cantons de la Suisse du Nord-Ouest sont moins nombreux en 2018 (- 2 %). Le taux de chômage suisse au sens du BIT faiblit légèrement : il passe de 4,8 % en 2017 à 4,7 % en 2018, et de 4,4 % à 4,2 % en Suisse du Nord-Ouest.

L’expansion économique se poursuit au Luxembourg

Au Luxembourg, l’expansion économique se poursuit et la croissance se renforce en 2018 avec un PIB en hausse de 2,6 % (+ 1,5 % en 2017 et + 2,4 % en 2016). L’activité est principalement portée par le dynamisme de la consommation des ménages et des dépenses publiques (+ 4 %). À l’inverse, les investissements et le secteur financier luxembourgeois se contractent (- 3 % et - 4 %). Sur l’ensemble de l’année 2018, l’emploi augmente de 3,6 %, tout comme l’emploi salarié. Ce dernier s’appuie sur les résidents étrangers mais surtout sur les travailleurs frontaliers : 192 000 actifs en moyenne annuelle, en hausse de 4,7 % comparés à 2017, et dont plus de la moitié provient de France. Ces travailleurs représentent près des trois quarts de la main-d’œuvre au Luxembourg. Sur le marché du travail, la décrue du chômage se poursuit. En fin d’année, 15 200 demandeurs d’emploi sont inscrits à l’Agence pour le développement de l’emploi (- 12 % par rapport à l’année précédente). Ainsi, le taux de chômage au sens du BIT s’établit à 5,0 %, contre 5,9 % en 2017.

Croissance continue en Belgique et en Wallonie

La Banque nationale de Belgique estime la croissance belge à 1,4 %, après 1,7 % en 2017 et 1,5 % en 2016. Elle est surtout portée par les investissements des entreprises et des administrations publiques (+ 2,7 % et + 6,8 %) ainsi que par les exportations (+ 3,6 %), qui contribuent pour 0,3 point à la progression du PIB. Dans ce contexte, l’emploi augmente de 1,3 % par rapport à 2017 (4,76 millions d’actifs occupés en 2018). Ainsi, le taux de chômage au sens du BIT recule nettement : il s’établit à 6,0 % contre 7,1 % un an auparavant.

L’évolution du PIB de la Wallonie demeure stable en 2018, elle est estimée à + 1,3 %, après + 1,6 % en 2017. L’activité économique repose en partie sur le commerce extérieur, qui contribue pour 0,7 point au PIB. D’après les estimations de l’institut Wallon (IWEPS), les exportations en volume se seraient accrues de 4,6 % sur l’ensemble de l’année, une nouvelle fois stimulées par les produits pharmaceutiques dont la demande dépend relativement peu des évolutions conjoncturelles. Sur le troisième trimestre 2018, les exportations de ces produits ont ainsi progressé de 21 % en rythme annuel (en valeur). En 2018, la croissance de l’emploi a été relativement robuste, soit + 17 750 actifs occupés ou + 1,3 % en moyenne annuelle. Le nombre de demandeurs d’emploi recule et le taux de chômage au sens du BIT diminue : 9,8 % en 2017 et 8,5 % en 2018. 

Figure 1Taux de croissance du PIB Variation par rapport à l'année précédente (%)

Taux de croissance du PIB
2014 2015 2016 2017 2018
Allemagne 2,2 1,7 2,2 2,2 1,4
Bade- Wurtemberg 2,0 3,1 1,2 2,8 1,5
Rhénanie- Palatinat 2,5 2,9 0,6 0,9 1,7
Sarre 3,1 0,6 -0,5 1,0 -0,8
Suisse 2,4 1,3 1,6 1,6 2,5
Belgique 1,3 1,7 1,5 1,7 1,4
Wallonie 1,2 1,3 1,4 1,6 1,3
Luxembourg 4,3 3,9 2,4 1,5 2,6
France 1,0 1,1 1,2 2,2 1,5
Zone euro 1,4 2,1 2,0 2,4 1,9
Union Européenne 1,8 2,3 2,0 2,4 2,0
  • Note : le produit intérieur brut (PIB) est une mesure de l'activité économique. Il est défini comme la valeur de tous les biens et services produits, moins la valeur des biens et services utilisés dans leur création. Le calcul du taux de croissance annuel du PIB en volume est destiné à permettre les comparaisons des dynamiques du développement économique à la fois à travers le temps et entre des économies de différentes tailles.
  • Pour le calcul du taux de croissance du PIB en volume, le PIB à prix constants est évalué avec les prix de l'année précédente et les changements du volume ainsi calculés sont imputés au niveau d'une année de référence. C'est ce qu'on appelle une série chaînée liée. Par conséquent, les mouvements de prix ne contribuent pas à augmenter le taux de croissance.
  • Sources : Destatis, Statistisches Landesämter Rheinland-Pfalz, Baden-Württemberg, Saarland, Confédération Suisse, Secrétariat d'Etat à l'économie, Banque nationale de Belgique, Office national pour l'emploi belge, Institut wallon de l'évaluation, de la prospective et de la statistique (IWEPS), Institut national de la statistique et des études luxembourgeois (Statec), Insee.

Figure 1Taux de croissance du PIB Variation par rapport à l'année précédente (%)

  • Note : le produit intérieur brut (PIB) est une mesure de l'activité économique. Il est défini comme la valeur de tous les biens et services produits, moins la valeur des biens et services utilisés dans leur création. Le calcul du taux de croissance annuel du PIB en volume est destiné à permettre les comparaisons des dynamiques du développement économique à la fois à travers le temps et entre des économies de différentes tailles.
  • Pour le calcul du taux de croissance du PIB en volume, le PIB à prix constants est évalué avec les prix de l'année précédente et les changements du volume ainsi calculés sont imputés au niveau d'une année de référence. C'est ce qu'on appelle une série chaînée liée. Par conséquent, les mouvements de prix ne contribuent pas à augmenter le taux de croissance.
  • Sources : Destatis, Statistisches Landesämter Rheinland-Pfalz, Baden-Württemberg, Saarland, Confédération Suisse, Secrétariat d'Etat à l'économie, Banque nationale de Belgique, Office national pour l'emploi belge, Institut wallon de l'évaluation, de la prospective et de la statistique (IWEPS), Institut national de la statistique et des études luxembourgeois (Statec), Insee.