Insee Conjoncture Grand EstBilan économique 2018 - Grand Est

L’amélioration économique dans la région Grand Est se poursuit en 2018, mais de manière plus contrastée et globalement moins soutenue qu’en 2017. La dynamique est également moins favorable que dans l’ensemble du territoire métropolitain et de manière nette, dans les pays voisins, particulièrement au Luxembourg et en Suisse.

Pour la quatrième année consécutive, mais de façon moins marquée qu’en 2017, le taux de chômage diminue : à la fin du dernier trimestre 2018 , il s’établit à 8,4 %. Les effectifs salariés n’augmentent plus et reculent même par rapport à 2017 (- 2 200). Au niveau national, l’évolution de l’emploi salarié reste positive.

Insee Conjoncture Grand Est
No 18
Paru le :Paru le06/06/2019
Sultan Baspinar, Cécile Biaudet, Rémi Courbou, Hélène Frumholz, Direction régionale de l’alimentation, de l'agriculture et de la forêt (Draaf Grand Est)
Insee Conjoncture Grand Est No 18- Juin 2019

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2018 publiés par l'Insee.
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Viticulture - Des vendanges exceptionnelles en 2018, mais des expéditions en repli Bilan économique 2018

Sultan Baspinar, Cécile Biaudet, Rémi Courbou, Hélène Frumholz, Direction régionale de l’alimentation, de l'agriculture et de la forêt (Draaf Grand Est)

Dans le Grand Est, les campagnes viticoles se suivent, mais ne se ressemblent pas. Après une année 2017 marquée par les aléas climatiques, 2018 est l’année de tous les records de précocité et de rendements. Les vendanges 2018 sont les cinquièmes à débuter en août depuis les quinze dernières années. Pour le vignoble champenois, il s’agit des meilleures vendanges depuis 2000. En vins de Champagne, les marchés français et européens sont en recul, tandis que ceux des pays tiers poursuivent leur croissance. La stratégie de commercialisation de la filière porte ses fruits à l’export (hausse de la valeur, malgré un retrait des ventes globales de 2 %). Au contraire, en Alsace, les ventes diminuent, sauf celles de Crémant pour lequel les consommateurs manifestent un certain attrait notamment à l’export.

Insee Conjoncture Grand Est

No 18

Paru le :06/06/2019

En 2018, la production française de vins d’appellation est en nette hausse dans tous les bassins viticoles par rapport à la moyenne quinquennale du fait de conditions climatiques favorables. Seuls quelques dégâts localisés de grêle sont à déplorer. La faiblesse des stocks, suite aux récoltes 2017 et 2016 en retrait, limitent cependant les disponibilités pour la campagne de commercialisation, et maintiennent des niveaux de prix élevés à l’exportation.

Des conditions météorologiques régionales très favorables

Les conditions de culture étaient bonnes à la sortie de l’hiver et la douceur des températures du printemps a favorisé un départ de la végétation plus précoce qu’en 2017. Pourtant, les bourgeons sont apparus tardivement, limitant ainsi les risques de dégâts liés au gel, absent par ailleurs en 2018. Les vignes ont dix jours d’avance par rapport à la moyenne décennale.

Des orages de grêle fin avril et début mai ont causé des dégâts sur 1 800 hectares de vignoble champenois, dont 900 ha entièrement détruits dans les secteurs de la Vallée de la Marne et de la Côte des Bars. Ce climat humide a favorisé le développement précoce du mildiou en Champagne alors qu’en Alsace, l’état sanitaire des vignes restait bon.

L’été marque le retour d’une météo particulièrement favorable pour les vignes. La faible pluviométrie, ainsi que les mesures de protections mises en place, ont permis de contenir le développement des maladies. Par ailleurs, la sécheresse n’a pas réduit le potentiel de rendement, sauf localement en Alsace. Le cycle de développement étant en avance de 15 à 20 jours, les vendanges ont débuté le 20 août en Champagne. En Alsace, elles ont commencé le 22 août pour le Crémant, le 3 septembre pour les vins tranquilles et le 17 septembre pour les mentions Vendanges tardives et Sélections de Grains Nobles. C’est la cinquième fois en quinze ans que les vendanges démarrent au mois d’août.

Vendanges exceptionnelles en Champagne

Le potentiel de rendement agronomique en Champagne se situe entre 16 000 et 18 000 kg/ha, soit les meilleurs chiffres depuis l’année 2000. Le rendement commercialisable fixé par le Comité Champagne est de 10 800 kg/ha sans déblocage de réserve.

En septembre, les vendanges sont terminées en Champagne et sont exceptionnelles en volume et en qualité. Le rendement en appellation atteint 12 300  kg/ha. La production de vins classés AOC (y compris mise en réserve) s’élève à 2,5 millions d’hectolitres (hors départements de l’Aisne et de la Seine-et-Marne).

En Alsace, précocité, quantité et qualité sont les maîtres mots de ce millésime

Les vendanges alsaciennes sont remarquables en raison de leur précocité, de la quantité et de la qualité des raisins. Elles se déroulent sur une période de deux mois afin de gérer au mieux les maturités et les acidités. Les vignes présentent un excellent état sanitaire et les grappes sont nombreuses. Malgré le phénomène de sécheresse intense limité toutefois à certains secteurs du vignoble, la production de ce millésime est généreuse et de grande qualité.

Le volume de récolte 2018, toutes AOC classées confondues, s’établit à 1,2 million d’hectolitres, y compris 27 600  hl de VCI (volumes complémentaires individuels), un niveau proche de celui de 2016. Cela représente une hausse de 33 % par rapport à 2017, dont la récolte AOC atteignait 0,9 million d’hectolitres.

Avec plus de 28 200 hl, les volumes constatés pour les Vendanges tardives et les Grains Nobles sont parmi les plus élevés de ces trente dernières années.

Champagne : les tendances des expéditions de ces dernières années se confirment

Au cours de l’année 2018, 302 millions de bouteilles sont vendues dans le monde, soit une baisse de 1,7 % par rapport à 2017 ; le chiffre d’affaires atteint cependant un nouveau record en frôlant les 4,9 milliards d’euros, ce qui représente une hausse de 0,3 %. Les vignerons sont les acteurs économiques qui profitent le moins de ce phénomène car leurs principaux marchés destinataires sont la France et l’Europe. Les Maisons, désormais habituées à commercialiser avec les pays tiers, valorisent le mieux leurs produits.

Par rapport à 2017, ce sont en effet les expéditions des vignerons qui reculent le plus, puis celles des Maisons (respectivement - 5,4 % et - 1,5 %). Seules les coopératives marquent une très légère progression de 0,7 %.

Les expéditions à destination de la France sont le plus en retrait (- 4,6 % par rapport à 2017 et - 8,6 % par rapport à la moyenne quinquennale). Le marché européen reste globalement stable, avec une légère réduction de 0,9 % par rapport à 2017 et de 1,8 % par rapport à la moyenne quinquennale. Les anticipations liées au Brexit ne sont pas sans conséquence sur les ventes vers le Royaume-Uni et expliquent en partie la baisse des expéditions vers l’UE. À l’inverse, le marché des pays tiers reste toujours moteur avec une progression des expéditions de 3,2 % comparé à 2017 : 79 millions de bouteilles ont été envoyées vers ces destinations en 2018, soit une hausse de 13,9 % par rapport à la moyenne quinquennale. Les principaux marchés importateurs sont les États-Unis, le Japon et la Chine.

Alsace : seules les ventes de l’AOC Crémant progressent

Les volumes de vins d’Alsace commercialisés, toutes AOC classées confondues, représentent 909 650 hectolitres en 2018. Dans un contexte économique globalement morose, ce volume est en diminution de 3,5 % comparé à 2017. Parmi les AOC Alsace, la commercialisation du Crémant avec 247 000 hl augmente de 1,6 % par rapport à l’année précédente. Ce sont essentiellement les ventes à destination de l’export qui connaissent un essor (+ 7 %). Les ventes de l’AOC Alsace, qui représentent 70 % des volumes commercialisés, reculent de 5,1 % en comparaison avec 2017.

Figure 1Évolution de la production de raisin en Champagne et de vin d'Alsace AOC

Évolution de la production de raisin en Champagne et de vin d'Alsace AOC
Production de vins d’Alsace AOC Production de raisin en Champagne
2002 100,0 100,0
2003 82,1 69,7
2004 103,3 119,5
2005 94,4 112,2
2006 88,4 113,7
2007 94,2 126,0
2008 92,5 126,8
2009 95,4 109,9
2010 74,6 98,3
2011 94,9 120,5
2012 91,6 83,7
2013 79,8 109,0
2014 82,7 105,3
2015 80,6 96,8
2016 96,2 83,8
2017 74,2 92,1
2018 98,8 145,6
  • Source : Comité Champagne, Comité interprofessionnel des vins d'Alsace (CIVA).

Figure 1Évolution de la production de raisin en Champagne et de vin d'Alsace AOC

  • Source : Comité Champagne, Comité interprofessionnel des vins d'Alsace (CIVA).

Figure 2Évolution des expéditions de Champagne

en millions de bouteilles
Évolution des expéditions de Champagne (en millions de bouteilles)
Moyenne 2013-2017 2017 2018
France 161 154 147
Pays tiers 70 77 79
Union Européenne 77 77 76
  • Source : Comité Champagne.

Figure 2Évolution des expéditions de Champagne

  • Source : Comité Champagne.

Figure 3Exportations de Champagne par pays

en millions de bouteilles
Exportations de Champagne par pays (en millions de bouteilles)
2016 2017 2018
Royaume-Uni 31 28 27
États-Unis 22 23 24
Allemagne 12 12 12
Japon 11 13 14
Belgique 8 9 9
Australie 7 9 8
Italie 7 7 7
Suisse 6 6 6
  • Source : Comité Champagne.

Figure 3Exportations de Champagne par pays

  • Source : Comité Champagne.

Figure 4Évolution de la commercialisation du Crémant d’Alsace AOC

en millions de bouteilles
Évolution de la commercialisation du Crémant d’Alsace AOC (en millions de bouteilles)
Ventes totales Métropole Exportations
2006 25,79 21,48 4,31
2007 27,96 23,23 4,72
2008 29,74 24,34 5,40
2009 31,87 26,37 5,49
2010 32,41 26,55 5,85
2011 32,39 26,22 6,17
2012 33,37 26,99 6,37
2013 34,03 27,01 7,02
2014 34,53 27,54 6,99
2015 34,90 27,66 7,24
2016 34,19 27,40 6,79
2017 32,36 25,77 6,59
2018 32,87 25,83 7,05
  • Source : Comité Interprofessionnel des Vins d'Alsace (CIVA).

Figure 4Évolution de la commercialisation du Crémant d’Alsace AOC

  • Source : Comité Interprofessionnel des Vins d'Alsace (CIVA).