Bilan économique 2018 - Martinique
En 2018, le taux de chômage reste stable malgré la progression de l’emploi salarié. La situation financière des ménages et des entreprises est satisfaisante ; l’encours sain de crédit augmente en raison des taux d’intérêt bas ; les créations d’entreprises sont également en hausse. Les secteurs portuaire et aérien continuent leur embellie, portée par le tourisme qui se maintient à un très haut niveau. Cependant, le niveau général des prix est à la hausse, poussé notamment par les tarifs de l’énergie et des services.
Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2018 publiés par
l'Insee.
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Transport maritime - Une année excellente, hors vracs pétroliers Bilan économique 2018
Jean-Michel Vion, GPM Martinique
En 2018, le tonnage de marchandises repasse le seuil des trois millions de tonnes malgré la baisse persistante des vracs pétroliers. Le trafic de conteneurs, grâce au transbordement, établit un record historique. Le million de passagers est encore dépassé grâce à l’exceptionnelle activité de croisière 2017-2018 et au retour en force du trafic inter-îles.
Insee Conjoncture Martinique
No 05
Paru le :06/06/2019
En Martinique, en 2018, le tonnage global repasse juste la barre des 3 millions de tonnes et croit de 2,2 % par rapport à 2017. Il est porté par la solide progression des marchandises diverses (en conteneur ou en ro-ro : + 10 %) et des vracs solides (+ 8,4 %), qui l’emportent sur la forte baisse des vracs liquides (produits pétroliers : – 9 %). Ce résultat global place 2018 dans la moyenne des dix dernières années.
Chute des vracs pétroliers
Après un pic historique en 2015 à 1,64 million de tonnes (Mt), les vracs pétroliers chutent fortement (– 9 %) et établissent un nouveau niveau plancher à 1,09 Mt. Ces résultats font suite à deux années de baisse (10 % en 2016 et 20 % en 2017) et se placent au plus bas depuis 2001, reflet d’une activité de raffinage handicapée par des arrêts techniques prolongés et des travaux de rénovation sur les bacs. Le tonnage traité par la Société anonyme de la raffinerie des Antilles (SARA) descend pour la première fois, sous la barre de 1 Mt. La capacité de stockage de la raffinerie en subit les conséquences en établissant le plus faible tonnage de pétrole brut : 382 577 tonnes, soit – 17 %, par rapport à 2017.
En 2018, les exports de produits raffinés vers la Guyane et la Guadeloupe, diminuent aussi (– 7 %), traduisant une modification des circuits d’approvisionnement. Par ailleurs, l’import direct de fuel pour la centrale EDF de Bellefontaine est également en baisse notable de 20 000 t (– 11 %) et vient s’ajouter à la baisse de trafic due à la raffinerie.
Croissance des vracs solides
En 2018, les vracs solides (définitions) sont en hausse de 8,4 % par rapport à 2017 malgré la forte chute du ciment brut-clinker (– 15 %) et la légère baisse des céréales (– 3%). Cette augmentation est en partie due à l’import notable de biomasse (+ 38 000 t) sous l’effet du démarrage de l’exploitation de la nouvelle usine électrique par biomasse du Galion . Le domaine des engrais reprend bien (+ 13,2 %) grâce à la bonne santé du secteur de la banane. Le fret de l’ensemble des vracs (solides et liquides) est en baisse de 6 % par rapport à 2017.
Forte hausse des marchandises diverses
Le tonnage des marchandises diverses (conteneurs et ro-ro) (définitions) est, à l’inverse, en hausse de 150 000 t (+ 10 %), entraîné par la forte reprise du trafic de transbordement de conteneurs (+ 56 %). Les tonnages du trafic roulier (ro-ro) sont en hausse de 8 % pour le trafic échangé avec la Guadeloupe et de 12 % pour l’import de véhicules neufs qui établit un nouveau record à 29 150 t.
Trafic de conteneurs record
Le trafic de conteneurs établit un nouveau record à 172 522 Équivalent Vingt Pieds (EVP), dépassant l’ancien record de 2014. En 2018, il progresse de 7,4 % en un an, entraîné par la croissance du trafic de transbordement. L’export de conteneurs de bananes, pourtant épargnée par la saison cyclonique, n’a pas retrouvé son niveau de la période 2016-2017 et progresse faiblement. Le trafic domestique, hors export banane, reste stable. Toujours en raison du transbordement, le nombre de conteneurs pleins est en forte progression de 11 %.
Année exceptionnelle pour la croisière
Après une fin d’année 2017 exceptionnelle, 2018 reste sur la lancée pour son premier semestre, pour les mêmes raisons. Les îles du Nord, sinistrées par le passage des ouragans Irma et Maria, ne pouvaient plus recevoir leurs escales programmées et les compagnies avaient repositionné leurs navires, notamment vers la Martinique. Bien qu’en léger retrait, le nombre d’escales reste très élevé : 216 en 2018 (225 en 2017) comme celui des mouvements d’entrées et sorties de passagers (889 000 en 2018, soit – 1 %). En nombre d’individus, il passe de 500 000 à 503 000, soit + 0,6 %.
L’année 2018 est tout aussi bonne que 2017, notamment pour la croisière d’escale. Ces deux dernières années restent les meilleurs millésimes en nombre de passagers, depuis que l’activité existe. La croisière, basée au port, qui embarque et débarque une grande partie de ses passagers en Martinique, établit aussi un nouveau record à 117 800 passagers (+ 15,2 %), grâce à la capacité accrue du nouveau navire de MSC5, embarquant et débarquant jusqu’à 2 400 passagers à l’escale.
Trafic de passagers inter-îles en forte progression
Malgré une légère baisse du nombre d’escales inter-îles, le nombre de passagers augmente fortement pour la deuxième année consécutive. Le renchérissement des prix du billet d’avion en est l’une des principales raisons. Le trafic annuel croît de 25 000 passagers (+ 22 %), grâce aux destinations Guadeloupe (+ 21 000 passagers) et Sainte-Lucie (+ 10 000 passagers). La Dominique perd environ 5 000 passagers. Le trafic inter-îles retrouve ainsi un niveau de plus de 140 000 passagers, jamais atteint depuis 2008.
tableauFigure 1 – Chiffres clés
2017 | 2018 | Évolution 2018/2017 (en %) | |
---|---|---|---|
Total des Marchandises (en tonne) | 2 995 758 | 3 060 716 | 2,2 |
Nombre de conteneurs (en EVP) | 160 587 | 172 522 | 7,4 |
Nombre de passagers (entrées et sorties) | 1 013 677 | 1 030 132 | 1,6 |
dont croisière basée au port | 102 297 | 117 828 | 15,2 |
Nombre d'escales de navires | 1 785 | 1 923 | 7,7 |
- Source : Grand port maritime de la Martinique, mars 2019.
tableauFigure 2 – Le trafic domestique reste stable mais le transbordement continue sa progressionÉvolution du trafic de conteneurs (en millier d'EVP)
Transbordement | Domestique | Total | |
---|---|---|---|
2007 | 11 | 139 | 150 |
2008 | 4 | 142 | 146 |
2009 | 14 | 128 | 142 |
2010 | 17 | 134 | 151 |
2011 | 13 | 134 | 147 |
2012 | 15 | 129 | 144 |
2013 | 19 | 129 | 148 |
2014 | 36 | 136 | 172 |
2015 | 17 | 142 | 159 |
2016 | 10 | 144 | 154 |
2017 | 20 | 140 | 160 |
2018 | 31 | 141 | 172 |
- Source : Grand port maritime de la Martinique, mars 2019.
graphiqueFigure 2 – Le trafic domestique reste stable mais le transbordement continue sa progressionÉvolution du trafic de conteneurs (en millier d'EVP)

- Source : Grand port maritime de la Martinique, mars 2019.
tableauFigure 3 – Chute des vracs pétroliersÉvolution du tonnage des vracs et des marchandises diverses (dont conteneurs) (en millier de tonnes)
Vracs | Marchandises diverses (dont conteneurs) | Ensemble | |
---|---|---|---|
2006 | 1 785 | 1 467 | 3 252 |
2007 | 1 658 | 1 488 | 3 146 |
2008 | 1 685 | 1 405 | 3 090 |
2009 | 1 626 | 1 394 | 3 020 |
2010 | 1 705 | 1 504 | 3 209 |
2011 | 1 364 | 1 451 | 2 815 |
2012 | 1 665 | 1 444 | 3 109 |
2013 | 1 431 | 1 466 | 2 897 |
2014 | 1 817 | 1 760 | 3 577 |
2015 | 1 879 | 1 526 | 3 405 |
2016 | 1 704 | 1 429 | 3 133 |
2017 | 1 435 | 1 561 | 2 996 |
2018 | 1 350 | 1 711 | 3 061 |
- Source : Grand port maritime de la Martinique, mars 2019.
graphiqueFigure 3 – Chute des vracs pétroliersÉvolution du tonnage des vracs et des marchandises diverses (dont conteneurs) (en millier de tonnes)

- Source : Grand port maritime de la Martinique, mars 2019.
tableauFigure 4 – Les croisiéristes en forte progression depuis 2011Évolution de la croisière en Martinique
Nombre d'escales (en unité) | Nombre de passagers (entrées/sorties) (en millier) | |
---|---|---|
2001 | 234 | 382 |
2002 | 206 | 382 |
2003 | 217 | 513 |
2004 | 222 | 302 |
2005 | 127 | 188 |
2006 | 138 | 179 |
2007 | 117 | 134 |
2008 | 109 | 180 |
2009 | 100 | 145 |
2010 | 97 | 161 |
2011 | 60 | 76 |
2012 | 105 | 195 |
2013 | 110 | 254 |
2014 | 145 | 411 |
2015 | 170 | 545 |
2016 | 190 | 654 |
2017 | 225 | 898 |
2018 | 216 | 889 |
- Source : Grand port maritime de la Martinique, mars 2019.
graphiqueFigure 4 – Les croisiéristes en forte progression depuis 2011Évolution de la croisière en Martinique

- Source : Grand port maritime de la Martinique, mars 2019.
tableauFigure 5 – Un nombre d’escales en hausseÉvolution de la fréquentation portuaire (en nombre et en %)
2017 | 2018 | Évolution 2018/2017 (en %) | |
---|---|---|---|
Nombre de passagers (entrées/sorties) | 1 013 677 | 1 030 132 | 1,6 |
Total Croisière | 897 977 | 889 180 | -1,0 |
Passagers Croisière transit* | 795 680 | 771 352 | -3,1 |
Croisière basée au port | 102 297 | 117 828 | 15,2 |
Inter-îles | 115 700 | 140 952 | 21,8 |
Nombre d'escales | 1 785 | 1 923 | 7,7 |
Marchandises | 682 | 784 | 15,0 |
Croisières | 225 | 216 | -4,0 |
Inter-îles de passagers | 619 | 607 | -1,9 |
Autres | 259 | 316 | 22,0 |
- * passagers croisière en transit (excursionnistes) comptés 2 fois (au débarquement et à l'embarquement), conformément au référentiel technique annexé à l'arrêté ministériel du 24 octobre 2012 et relatif à l'élaboration et à la transmission des statistiques portuaires.
- Source : Grand port maritime de la Martinique, mars 2019.
tableauFigure 6 – Une activité portuaire qui se redresse hors trafics pétroliers et cimentÉvolution du transit portuaire en Martinique (en millier de tonnes et en %)
2011 | 2012 | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | Évolution 2018/2017 (en %) | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Total liquides + solides en vrac | 1 363 775 | 1 664 548 | 1 430 893 | 1 816 861 | 1 879 281 | 1 703 673 | 1 434 665 | 1 349 504 | -5,9 |
Liquides en vrac | 1 162 396 | 1 455 742 | 1 213 036 | 1 577 152 | 1 643 012 | 1 483 522 | 1 196 691 | 1 091 458 | -8,8 |
Pétrole brut | 551 543 | 699 252 | 477 319 | 636 962 | 709 022 | 626 680 | 461 840 | 382 577 | -17,2 |
Produits pétroliers raffinés | 610 853 | 756 490 | 735 717 | 796 464 | 776 634 | 687 906 | 565 462 | 558 886 | -1,2 |
Import EDF Bellefontaine | 143 726 | 157 356 | 168 936 | 169 389 | 149 995 | -11,4 | |||
Solides en vrac | 201 379 | 208 806 | 217 857 | 239 709 | 236 269 | 220 151 | 237 974 | 258 046 | 8,4 |
Céréales | 37 977 | 41 907 | 53 598 | 51 687 | 53 997 | 53 510 | 52 283 | 50 919 | -2,6 |
Engrais | 10 526 | 15 674 | 19 814 | 23 267 | 20 163 | 23 043 | 16 149 | 18 275 | 13,2 |
Clinker | 152 876 | 151 225 | 137 671 | 143 116 | 147 987 | 131 397 | 144 627 | 123 000 | -15,0 |
Autres solides en vracs | 0 | 0 | 6 774 | 21 639 | 14 122 | 12 201 | 24 915 | 65 852 | 164,3 |
Marchandises diverses | 1 450 910 | 1 443 819 | 1 448 121 | 1 759 573 | 1 526 034 | 1 429 442 | 1 561 093 | 1 711 212 | 9,6 |
Conteneurs | 1 414 910 | 1 407 819 | 1 028 776 | 1 280 380 | 1 063 445 | 971 510 | 1 065 512 | 1 179 834 | 10,7 |
Tares des conteneurs | nd | nd | 292 484 | 339 700 | 312 494 | 301 614 | 327 770 | 350 269 | 6,9 |
Véhicules automobiles | nd | nd | 20 662 | 21 609 | 25 638 | 27 169 | 26 011 | 29 151 | 12,1 |
RO-RO (hors conteneurs) | nd | nd | 81 630 | 77 678 | 82 519 | 86 939 | 88 503 | 95 321 | 7,7 |
Tares Ro-Ro et ferry | nd | nd | 42 749 | 40 206 | 41 938 | 42 210 | 53 297 | 56 637 | 6,3 |
Total marchandises | 2 814 685 | 3 108 367 | 2 879 014 | 3 576 434 | 3 405 315 | 3 133 115 | 2 995 758 | 3 060 716 | 2,2 |
- Source : Grand port maritime de la Martinique, mars 2019.
Définitions
EVP (Équivalent Vingt Pieds). Les conteneurs sont principalement de 2 types : les grands qui mesurent 40 pieds de long (soit 12m) et les petits qui en mesurent la moitié. Un conteneur de 40 pieds est donc équivalent (en longueur ou en volume) à deux conteneurs de 20 pieds, soit 2 EVP.
Vracs : marchandises qui arrivent brutes non conditionnées, on distingue :
- les vracs liquides transportés par des pétroliers, chimiquiers, ou d'autres navires citernes,
- les vracs solides transportés par des cargos spécialisés dénommés vraquiers (céréales, minerais, ciment brut, biomasse, matériaux de construction en bois ou métalliques...).
Marchandises diverses : toutes les autres marchandises non en vrac à savoir :
- conditionnées en conteneurs,
- en camions ou remorques sur le navire (trafic dit "roll on, roll off" ou RoRo),
- en big bag ou palettes hors conteneurs.
Transbordement : les marchandises sont dites en transbordement quant elles sont déchargées d'un navire et stockées provisoirement sur le port afin d'être embarquées sur un autre navire pour leur destination finale.