Depuis début 2023, en Allemagne et en Italie, l’indice de production dans l’industrie manufacturière recule fortement, s’établissant en moyenne en 2024 respectivement 5,4 et 4,7 points en dessous de son niveau moyen de 2021. À l’inverse, la production augmente sur la même période de 2,4 % en France et de 1,8 % en Espagne. Plusieurs facteurs expliquent cette forte divergence. Tout d’abord, les dynamiques sur plus longue période montrent que le déclin de l’industrie allemande a débuté avant la crise sanitaire et apparaît plus structurel qu’en Italie. Par ailleurs, sur la période récente, la composition sectorielle de la production française et espagnole diffère sensiblement de celle de l’Allemagne et de l’Italie, très positionnées sur des produits liés au cycle d’investissement, en particulier la fabrication de machines et équipements. Enfin, au sein de certains secteurs (pharmacie, textile, etc.), la France et l’Espagne ont surperformé par rapport à leurs voisins, et l’Espagne souvent plus que la France.

L'Allemagne et l’Italie ont été pénalisées à la fois par de moindres performances dans leurs secteurs respectifs, mais aussi par la composition sectorielle de leurs industries. Au-delà des effets conjoncturels liés à la hausse des prix de l’énergie, l’économie allemande pâtit d’une faible demande pour ses biens, notamment dans l’industrie automobile, du fait d’une concurrence croissante de l’industrie chinoise. La mauvaise orientation des résultats d’enquêtes conjoncturelles suggère que ce repli pourrait être amené à se poursuivre dans les trimestres à venir. Ainsi, le processus de désindustrialisation qui frappe l’Allemagne, avec vingt ans de retard par rapport à ses voisins, se poursuivrait à court terme : les industriels y restent en effet beaucoup plus pessimistes que dans les autres pays européens...