Désordre mondial, croissance en berne Note de conjoncture - mars 2025

 

Note de conjoncture
Paru le :Paru le18/03/2025
Note de conjoncture- Mars 2025
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Éclairage - Cinq ans après la crise sanitaire, où se situe l’économie française par rapport à son rebond potentiel ?

La crise sanitaire s’est traduite par un effondrement de l’activité suivi d’un rebond rapide. Une fois rouverte, l’économie française a semblé rapidement buter sur des contraintes d’offre qui se sont exacerbées pendant la crise énergétique. La dissipation de ces chocs pose la question de la position de l’économie dans le cycle et de son potentiel de rebond. Pour l’apprécier, il s’agit d’estimer un PIB potentiel qui n'est pas directement observable (c’est-à-dire la production qui serait obtenue si l’économie fonctionnait en mobilisant l’ensemble des facteurs disponibles sans générer de tensions) ainsi qu’un écart de production, ou output gap, qui est égal à l’écart entre le PIB réel et le PIB potentiel. Deux approches sont traditionnellement utilisées : une méthode directe à partir des réponses des entreprises aux enquêtes de conjoncture et une modélisation structurelle à partir des données de la comptabilité nationale.

Alors que les deux méthodes présentaient un bon niveau de concordance sur la période 1995-2019, l’actualisation des estimations de l’écart de production fait apparaître de fortes divergences sur la période 2020-2024. La méthode fondée sur les enquêtes de conjoncture suggère que le recul du PIB durant ces crises s'accompagnait d'une baisse du PIB potentiel alors que l'approche structurelle considère que l’économie a évolué en deçà de son potentiel durant ces années. Cette divergence provient du fait que les enquêtes de conjoncture captent un écart à un potentiel « de court terme » tandis que la méthode structurelle cherche à identifier le potentiel de « long terme ». Lorsque les chocs sont essentiellement des chocs de demande ou des inflexions durables de l'offre, les deux notions peuvent être confondues, mais il n’en va pas de même en période de chocs d’offre temporaires comme la crise sanitaire ou les ruptures d’approvisionnement. Dans ces cas-là, le potentiel de production sans inflation est abaissé temporairement sans que le potentiel de long terme le soit autant, voire du tout. Pour la méthode directe, la baisse du PIB qui en résulte correspond à une baisse du PIB potentiel et non à un creusement de l’écart de production, tandis que l'approche structurelle la traite comme un évènement ponctuel sans impact sur le PIB potentiel. Pour autant, les deux méthodes semblent indiquer que, fin 2024, l’économie est relativement peu écartée de son potentiel...

Note de conjoncture

Paru le :18/03/2025