Insee Conjoncture Guadeloupe ·
Juin 2023 · n° 24Bilan économique 2022 - Guadeloupe Une reprise d’activité entravée par les tensions inflationnistes
En 2022, avec l’allègement des restrictions sanitaires, l’activité économique guadeloupéenne se redresse. Toutefois, le renforcement des tensions inflationnistes entrave la reprise. La consommation des ménages repart à la hausse grâce aux mesures gouvernementales en faveur du pouvoir d’achat et aux augmentations salariales. Les entreprises guadeloupéennes continuent d’investir cette année malgré un climat national et international d’incertitude économique. Ces investissements dynamisent la création d’emplois et influent sur la demande d’emploi dans un contexte ou le taux de chômage est deux fois et demi supérieur à celui observé au niveau national. La création d’entreprise est à son plus haut niveau des 20 dernières années. Enfin, l’activité touristique se redresse nettement grâce au ralentissement de l’épidémie de Covid-19 sans pour autant retrouver son niveau de 2019.
Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2022 publiés par l'Insee.
Prix à la consommation - Les prix à la consommation augmentent nettement en Guadeloupe en 2022 Bilan économique 2022
Christophe Balaire (Insee)
En 2022, l’inflation augmente fortement en Guadeloupe, en raison principalement de la hausse des prix de l’énergie. Cette augmentation se constate toutefois dans l’ensemble des secteurs. Les prix de l’alimentation progressent, suite aux spéculations sur les matières premières et à la hausse des coûts de transport.
La crise sanitaire liée à la Covid-19, ainsi que les manifestations sociales de fin d’année 2021, ont perturbés la collecte de l’indice des prix. Certains indices mensuels n’ont ainsi pas pu être produits et diffusés. Pour ce bilan économique, l’Insee a calculé un indice annuel moyen pour 2020 et 2021 à partir des données disponibles.
Les prix des produits pétroliers augmentent de 18,8 %
En 2022, les prix continuent d’augmenter en Guadeloupe (+3,6 %). La hausse des prix reste cependant à un niveau inférieur à l’ensemble de la France (+5,2 %). Le secteur de l’énergie est le principal moteur de l’inflation. Avec une hausse des prix de 15,0 %, il contribue à un tiers de l’inflation constatée entre 2021 et 2022 (figure 1). La guerre en Ukraine a profondément modifié l’approvisionnement mondial en gaz, entraînant une forte montée des prix.
La dépréciation concomitante de l’euro face au dollar a également accentué le rebond des prix des produits pétroliers entamé avec la reprise économique mondiale de 2021. La réduction de la « remise à la pompe » à la mi-novembre participe également à la remontée des prix de l’énergie en fin d’année. La hausse des produits pétroliers, proche de 19 % pour la Guadeloupe, reste inférieure de 10 points à celle de la France (+29 %). La différence de taxation entre la Guadeloupe et la France métropolitaine explique en grande partie cette différence.
tableauFigure 1 – Indice des prix à la consommation en 2022
Regroupements | Pondérations 2022 | Indices moyens 2021* | Indices moyens 2022 | Variation 2021 – 2022 (en %)* | Contributions 2022 (en point)* |
---|---|---|---|---|---|
Alimentation | 1 491 | 109,3 | 115,0 | 5,2 | 0,8 |
Produits Frais | 164 | 124,6 | 137,3 | 10,2 | 0,2 |
Alimentation hors produits frais | 1 327 | 107,0 | 112,0 | 4,7 | 0,6 |
Tabac | 79 | 145,1 | 148,4 | 2,3 | 0,0 |
Produits manufacturés | 3 303 | 101,4 | 103,2 | 1,8 | 0,6 |
Habillement et chaussures | 494 | 101,5 | 101,5 | 0,0 | 0,0 |
Produits de santé | 543 | 88,7 | 87,9 | -0,9 | -0,1 |
Autres produits manufacturés | 2 266 | 104,5 | 107,6 | 2,9 | 0,7 |
Énergie | 747 | 117,2 | 134,8 | 15,0 | 1,1 |
Produits pétroliers | 553 | 116,5 | 138,4 | 18,8 | 1,0 |
Services | 4 380 | 104,7 | 107,7 | 2,9 | 1,3 |
Loyers et services rattachés (1) | 748 | 104,6 | 105,1 | 0,5 | 0,0 |
Services de santé | 805 | 104,0 | 104,3 | 0,3 | 0,0 |
Services de transports | 257 | 99,3 | 115,1 | 15,9 | 0,4 |
Services de communications | 389 | 95,3 | 97,8 | 2,6 | 0,1 |
Autres services (2) | 2 181 | 107,1 | 110,4 | 3,2 | 0,7 |
Ensemble | 10 000 | 105,5 | 109,3 | 3,6 | 3,6 |
- * : indices recalculés, certains indices mensuels n’ont pas été publiés en raison de la crise sanitaire.
- (1) Les services rattachés représentent les produits et les services pour la réparation et l'entretien du logement, l'adduction d'eau, l'enlèvement des ordures et les services d'assainissement.
- (2) Les autres services regroupent : les soins personnels, la protection sociale, les assurances, les services financiers…
- Source : Insee - Dirag, indice des prix à la consommation.
Les prix de l’alimentation progressent de 5,2 %
L’alimentation est le deuxième secteur connaissant la plus forte hausse des prix (+5,2 %). Le secteur est responsable de presque un quart de la hausse moyenne de l’ensemble des prix (figure 2). L’incertitude liée au contexte mondial et le renchérissement des coûts de transports ont provoqués une volatilité importante sur les prix des céréales et les cours de ceux-ci ont augmenté de façon inhabituelle.
La hausse est plus marquée pour les produits frais : les prix des légumes, fruits et poissons frais ont augmenté de 10 % en 2022, contre moins de 4 % en 2019. Les prix des produits frais subissent une hausse deux fois plus importante que celle de l’ensemble de l’alimentation. Cette augmentation est supérieure à celle pour l’ensemble de la France.
Avec une hausse de 2,9 %, le secteur des services représente un tiers de la croissance des prix. Cependant cette augmentation reste inférieure à celle constatée pour l’ensemble des prix. Dans ce secteur, les « autres services » contribuent le plus à la hausse des prix. On y retrouve des services de soins corporels et des services financiers (banques et assurances) dont les prix ont fortement augmenté. Les services des transports participent à la hausse annuelle avec une augmentation des prix similaire à celle de l’énergie. Cette forte augmentation s’explique par la hausse des prix des produits pétroliers que les transporteurs ont répercutée sur leurs prestations notamment dans l’aérien.
tableauFigure 2 – Contribution des postes à l’évolution générale des prix
Postes | Contribution 2019 | Contribution 2022 |
---|---|---|
Services | 0,5 | 1,3 |
Dont Autres services (1) | 0,4 | 0,7 |
Énergie | 0,1 | 1,1 |
Dont Produits pétroliers | 0,1 | 1,0 |
Alimentation | 0,2 | 0,8 |
Produits manufacturés | 0,1 | 0,6 |
- (1) Les autres services regroupent : les soins personnels, la protection sociale, les assurances, les services financiers…
- Source : Insee - Dirag, indice des prix à la consommation.
graphiqueFigure 2 – Contribution des postes à l’évolution générale des prix
La hausse des prix est plus modérée pour les produits manufacturés
Les prix des produits manufacturés, traditionnellement stables, participent également à l’inflation, même si cette hausse est très variable en fonction du type de produit. La hausse des prix des produits manufacturés est deux fois moins forte que l’augmentation moyenne des prix (respectivement +1,8 % contre +3,6 %).
Les prix de l’habillement sont stables en 2022.
Parmi tous les grands postes de consommation, seuls les prix des produits de santé ont baissé sur la période (-0,9 %). Cette diminution du prix des produits de santé est constatée pour l’ensemble de la France et sur chacun des territoires des Antilles-Guyane.
tableauFigure 3 – Évolution des prix entre 2009 et 2022 aux Antilles-Guyane et en France hors Mayotte
Année | Guadeloupe | Martinique | Guyane | France hors Mayotte |
---|---|---|---|---|
2009 | 91,7 | 92,6 | 94,6 | 93,3 |
2010 | 94,2 | 94,1 | 94,9 | 94,7 |
2011 | 96,6 | 96,5 | 96,8 | 96,7 |
2012 | 98,5 | 97,9 | 98,2 | 98,6 |
2013 | 99,4 | 99,1 | 99,6 | 99,5 |
2014 | 99,7 | 99,9 | 100,1 | 100,0 |
2015 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
2016 | 99,9 | 99,8 | 99,9 | 100,2 |
2017 | 100,7 | 100,3 | 100,7 | 101,2 |
2018 | 101,9 | 101,6 | 101,8 | 103,1 |
2019 | 103,0 | 102,8 | 102,7 | 104,3 |
2020* | 103,7 | 103,3 | 102,7 | 104,7 |
2021* | 105,5 | 105,4 | 104,8 | 106,5 |
2022 | 109,3 | 109,5 | 108,3 | 112,0 |
- *: recalculés parce que non publié en raison de la crise sanitaire.
- Source : Insee - Dirag, indice des prix à la consommation.