Insee Conjoncture Guadeloupe ·
Juin 2023 · n° 24Bilan économique 2022 - Guadeloupe Une reprise d’activité entravée par les tensions inflationnistes
En 2022, avec l’allègement des restrictions sanitaires, l’activité économique guadeloupéenne se redresse. Toutefois, le renforcement des tensions inflationnistes entrave la reprise. La consommation des ménages repart à la hausse grâce aux mesures gouvernementales en faveur du pouvoir d’achat et aux augmentations salariales. Les entreprises guadeloupéennes continuent d’investir cette année malgré un climat national et international d’incertitude économique. Ces investissements dynamisent la création d’emplois et influent sur la demande d’emploi dans un contexte ou le taux de chômage est deux fois et demi supérieur à celui observé au niveau national. La création d’entreprise est à son plus haut niveau des 20 dernières années. Enfin, l’activité touristique se redresse nettement grâce au ralentissement de l’épidémie de Covid-19 sans pour autant retrouver son niveau de 2019.
Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2022 publiés par l'Insee.
Transport maritime - Une activité dynamique, malgré un léger repli par rapport à 2021 Bilan économique 2022
Olivier Pierrot (Grand Port Maritime de Guadeloupe)
L’année 2022 est une année de contraste pour l’activité portuaire de Guadeloupe. Le trafic de fret est en recul aussi bien en tonnage qu’en équivalent vingt pieds (EVP), mais la reprise est notable pour le trafic de passagers. L’activité de soutage de navire connaît également un développement important, ce qui permet de limiter globalement les baisses de trafic.
- L’activité portuaire est marquée du double effet de la relance et d'une baisse conjoncturelle
- Le trafic de fret se replie, le trafic domestique connaît une croissance soutenue
- Les ports de Martinique et de la Métropole sont les principaux partenaires commerciaux pour le fret
- Les passagers sont de retour
L’activité portuaire est marquée du double effet de la relance et d'une baisse conjoncturelle
En 2022, le trafic de fret atteint 3 857 150 tonnes brutes et 235 699 EVP, en baisse de 9 % par rapport à l’année précédente pour le tonnage de marchandises et de 1 % pour les conteneurs. Bien qu’en deçà du trafic record de l’année 2021, il s’agit de la troisième meilleure année en termes de fret transporté sur dix ans. Le trafic de passagers redémarre avec 826 103 passagers transportés soit une hausse de 46 % par rapport à 2021. Le niveau reste cependant en retrait de ceux observés avant la crise sanitaire (figure 1).
tableauFigure 1 – Évolution du trafic, tous segments
Trafics | 2022 | 2021 | Évolution (en %) |
---|---|---|---|
Trafic de fret (tonnage) | 3 857 150 | 4 222 837 | -8,7 |
Trafic de conteneurs (EVP) | 235 699 | 238 680 | -1,2 |
Passagers transportés (Nb) | 826 108 | 566 214 | 45,9 |
- Source : Grand Port Maritime de Guadeloupe.
Le trafic de fret se replie, le trafic domestique connaît une croissance soutenue
Toutes marchandises confondues (vrac, conventionnel, véhicule, conteneur), les importations tiennent une place prépondérante dans la répartition du trafic avec une part de 66 % (contre 15 % à l’exportation et 19 % pour le transbordement). Cette répartition diffère peu depuis quelques années. Les marchandises diverses conteneurisées constituent la masse principale du trafic (52 %). Viennent ensuite le vrac liquide (22 %), le vrac solide (21 %) et les marchandises diverses non conteneurisées (5 %). Comparativement à 2021, le vrac liquide prend une place plus importante cette année.
Le trafic d’hydrocarbures à l’import a été favorisé par le développement d’une activité de soutage de navires « ship to ship ». Il s’agit d’un avitaillement d’un bateau par un navire souteur positionné côte à côte. En revanche, le trafic de vracs solides est en baisse : le trafic de clinker est en repli en lien avec une diminution des ventes de ciments à partir de septembre 2022. Il en est de même pour les agrégats en raison d’une contraction de la demande suite à la fin des grands chantiers du territoire. Enfin, les exportations de sucre en vrac s’effondrent, avec une diminution de près de moitié (-43 %).
Pour le trafic de conteneurs, si le bilan global affiche une légère baisse de 1 %, le trafic domestique est dynamique (+4 %). À l’inverse, le transbordement de conteneurs recule de 17 % et s’établit à 51 000 EVP, en raison d’une stratégie d’escales différente de celle retenue au cours des deux années précédentes par le service Brazex (provenance Brésil).
tableauFigure 2 – Évolution du trafic marchandises
Année | Tonnage |
---|---|
2012 | 3 859 |
2013 | 3 684 |
2014 | 3 316 |
2015 | 3 599 |
2016 | 3 722 |
2017 | 3 710 |
2018 | 3 782 |
2019 | 3 614 |
2020 | 3 541 |
2021 | 4 223 |
2022 | 3 857 |
- Source : Grand Port Maritime de Guadeloupe
graphiqueFigure 2 – Évolution du trafic marchandises
Les ports de Martinique et de la Métropole sont les principaux partenaires commerciaux pour le fret
La Guadeloupe importe ses principaux biens de consommation principalement de France métropolitaine, à travers les services maritimes NEFWI et MEDCAR. De fait, à l’importation, les ports de France métropolitaine (Le Havre, Nantes-Montoir, Dunkerque, Marseille) comptent pour 23 % du trafic (en tonnage). Les ports de Martinique (Fort-de-France et Saint-Pierre) représentent 21 % avec notamment les échanges de biens et les imports d’agrégats. Viennent ensuite les ports de Sainte-Croix et de Saint-Eustache qui représentant respectivement 10 % et 5 % et sont les sources d’approvisionnement en hydrocarbures. Le charbon provient de Colombie (Barranquilla). Le pellet de bois, utilisé dans la production d’électricité est en provenance d’Amérique du Nord (Canada, États-Unis). Les agrégats sont importés de Martinique, de Montserrat et de la Dominique.
Les exportations guadeloupéennes vers les ports de France métropolitaine représentent 22 % des échanges (en tonnage). Il s’agit en particulier des exportations de bananes (vers Dunkerque) et de sucre (vers Marseille). Plus proche géographiquement, la Guyane, deuxième partenaire commercial, concentre 18 % des échanges, notamment pour le vrac liquide (hydrocarbures). La Martinique est le troisième port d’exportation (15 %).
Ces répartitions à l’import et à l’export varient peu par rapport à 2021 et reflètent les circuits d’approvisionnement et de distribution du territoire.
Les passagers sont de retour
Après 2 années difficiles liées à la crise sanitaire, le trafic de passagers redémarre. Globalement, 826 000 passagers ont transité par les installations du Grand Port Maritime de Guadeloupe (GPMG), soit une augmentation de 46 % par rapport à 2021 (figure 3). Il reste cependant très en deça des niveaux atteints avant la crise sanitaire, notamment des deux années record de 2018 et 2019.
L’activité a repris normalement c’est-à-dire sans restriction de voyage en ce qui concerne les trafics de passagers archipel et inter-îles (international) qui retrouvent des niveaux proches des années d’avant crise covid. La croisière quant à elle a redémarré en novembre. Les compagnies historiques (Costa, MSC) ont repris leur activité de port base en Guadeloupe.
tableauFigure 3 – Évolution du trafic passagers
Année | croisière | inter-îles | archipel | Total |
---|---|---|---|---|
2013 | 158 356 | 112 612 | 623 416 | 894 384 |
2014 | 234 304 | 110 365 | 635 755 | 980 424 |
2015 | 309 872 | 112 164 | 676 248 | 1 098 284 |
2016 | 276 293 | 98 871 | 739 722 | 1 114 886 |
2017 | 319 591 | 115 772 | 761 069 | 1 196 432 |
2018 | 385 363 | 137 820 | 797 866 | 1 321 049 |
2019 | 337 905 | 158 699 | 824 308 | 1 320 912 |
2020 | 176 684 | 47 492 | 499 008 | 723 184 |
2021 | 0 | 25 662 | 540 522 | 566 184 |
2022 | 49 159 | 99 157 | 677 792 | 826 108 |
- Source : Grand Port Maritime de Guadeloupe.
graphiqueFigure 3 – Évolution du trafic passagers
Pour comprendre
Les marchandises en vracs sont les marchandises transportées en grande quantité sur des navires spécialisés dédiés à cette activité. On distingue les vracs liquides, essentiellement des produits pétroliers y compris le méthane car le gaz est transporté sous forme liquéfiée, des vracs solides, transportés généralement par des cargos-vraquiers ou des navires polyvalents (minerais, céréales…).
Les marchandises dites diverses comprennent les marchandises à l’intérieur des conteneurs transportés sur des navires porte-conteneurs, et les marchandises transportées sur des navires dits roll on/ roll off (ro-ro), de type « ferry », dont les moyens de déchargement et chargement sont généralement des unités routières comme des camions avec ou sans remorques ; les véhicules d’importations sont le plus généralement des marchandises débarquées de navires spécialisés et manutentionnées en ro-ro.
Les passagers sont de 2 types : les voyageurs qui vont d’une île vers une autre et les croisiéristes qui embarquent ou débarquent d’un paquebot. Les croisiéristes sont également de 2 types : ceux qui commencent ou finissent une croisière à Pointe-à-Pitre (croisière « basée ») et ceux qui sont en escale à la journée (dits aussi en transit) ayant embarqué dans un autre port.
Sources
Grand Port Maritime de la Guadeloupe
Définitions
Clinker : constituant du ciment en forme de nodules durs et cristallisés.
EVP (Équivalent Vingt Pieds) : unité de mesure pour exprimer une capacité de transport, multiple du volume standard occupé par un conteneur qui regroupe à la fois les 20 pieds et les 40 pieds. Un conteneur de 20 pieds mesure 2,6 mètres (8,5 pieds) de haut par 2,4 m de large (8 pieds) et 6,1 m (20 pieds) de long pour une capacité d’environ 38 m³.
Soutage : opération consistant en la prise d’hydrocarbures de soute ou « bunkers » à bord d’un navire. Ces hydrocarbures de soute servent à la propulsion du navire.
Transbordement : déchargement et rechargement de marchandises d’un navire sur l’autre dans un délai court.