Insee Conjoncture Guadeloupe ·
Juin 2023 · n° 24Bilan économique 2022 - Guadeloupe Une reprise d’activité entravée par les tensions inflationnistes
En 2022, avec l’allègement des restrictions sanitaires, l’activité économique guadeloupéenne se redresse. Toutefois, le renforcement des tensions inflationnistes entrave la reprise. La consommation des ménages repart à la hausse grâce aux mesures gouvernementales en faveur du pouvoir d’achat et aux augmentations salariales. Les entreprises guadeloupéennes continuent d’investir cette année malgré un climat national et international d’incertitude économique. Ces investissements dynamisent la création d’emplois et influent sur la demande d’emploi dans un contexte ou le taux de chômage est deux fois et demi supérieur à celui observé au niveau national. La création d’entreprise est à son plus haut niveau des 20 dernières années. Enfin, l’activité touristique se redresse nettement grâce au ralentissement de l’épidémie de Covid-19 sans pour autant retrouver son niveau de 2019.
Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2022 publiés par l'Insee.
Commerce extérieur - La nette reprise des échanges extérieures combinée au renchérissement de l’énergie accentue, le déséquilibre des échanges commerciaux Bilan économique 2022
Philippe Mouty (Insee)
Après une reprise amorcée au cours de l'année 2021, les échanges commerciaux de la Guadeloupe poursuivent leur progression en 2022. Cependant tous les secteurs ne connaissent pas les mêmes évolutions. Le renchérissement des prix de l’énergie pèse significativement sur l’évolution des échanges en valeur. Les importations augmentent de 24 % et les exportations de 19 %. La Guyane devient le premier client de la Guadeloupe. La balance commerciale, structurellement déficitaire, se détériore de 712 millions d’euros en un an et s’établit à -3,6 milliards d’euros.
Les échanges extérieurs continuent de progresser
En 2022, les échanges extérieurs de la Guadeloupe continuent de croître pour la deuxième année consécutive. En effet, depuis la crise sanitaire de 2020, les importations et les exportations augmentent et dépassent largement les niveaux atteints depuis le début de la décennie. En 2022, elles augmentent respectivement de 24 % et 19 %. Comparé à 2019, les exportations s’accroissent de plus de la moitié (+52 %) et les importations d’un tiers (+33 %). Le solde de la balance commerciale, structurellement déficitaire, se dégrade de 866,5 millions d’euros sur la même période pour s’établir à -3,6 milliards d’euros en 2022 (figure 1).
tableauFigure 1 – Valeur des importations et exportations
Types d’échange | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 | 2021 | 2022 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Importations | 2 590 | 2 528 | 2 775 | 2 939 | 3 024 | 2 813 | 3 254 | 4 034 |
Exportations | 209 | 223 | 283 | 280 | 276 | 251 | 352 | 420 |
Solde des échanges | -2 381 | -2 305 | -2 492 | -2 659 | -2 748 | -2 562 | -2 902 | -3 615 |
- Source : Douanes, calculs Insee.
Les importations sont en hausse de 24 %
Les importations progressent de 24 % en valeur en Guadeloupe. Cette hausse est liée aux produits pétroliers dont les importations sont en très forte augmentation depuis la crise sanitaire de 2020 (+72 % en 2022 après +53 % en 2021). Elles contribuent pour près de la moitié à la hausse des importations totales. Avec 847 millions d’euros en valeur, elles représentent plus de 21 % des importations de la Guadeloupe. Cette hausse des importations de carburants est alimentée par les tensions inflationnistes qui touchent le secteur de l’énergie. La guerre en Ukraine, la relance budgétaire massive et la faiblesse de l’euro ont entraîné la hausse du cours du brent de 43 % au cours de l’année 2022 (figure 2).
L’envolée du cours des matières premières et des prix de l’énergie sont à l’origine du renchérissement des importations des autres produits industriels tels que les produits chimiques, les instruments et fournitures pharmaceutiques, l’habillement, l’outillage. Ils augmentent de manière plus modérée (+12 %) par rapport à 2021 mais représentent le tiers des importations de la Guadeloupe.
La hausse des importations concerne également les biens durables au travers de matériels de transport (+ 24 %), et l’industrie de l’automobile (+17 %) avec des véhicules, des pièces et des équipements automobiles. Parmi ces biens durables, les importations d’équipements mécaniques, de matériel électrique, électronique et informatique sont en hausse de 10 %.
Les importations d’hydrocarbures naturels augmentent très fortement en 2022 (+47 %) mais ne concernent que 0,3 % du total.
Le conflit en Ukraine a provoqué une envolée des prix des produits agricoles de base. Les denrées alimentaires, boisons et produits à base de tabac ainsi que l’agriculture, la sylviculture et pêche progressent respectivement de 19 % et 22 %.
tableauFigure 2 – Montants et évolutions des importations et des exportations par activité
Activités | Importations | Exportations | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
Valeur | Part (en %) | Évolution en 2022 | Valeur | Part (en %) | Évolution en 2022 | |
AZ - Agriculture, sylviculture et pêche | 89,2 | 2,2 | 22,3 | 40,0 | 9,5 | -6,3 |
DE - Hydrocarbures naturels, autres produits des industries extractives, électricité, déchets | 37,5 | 0,9 | 47,4 | 30,4 | 7,2 | 31,6 |
C1 - Denrées alimentaires, boissons et produits à base de tabac | 575,1 | 14,3 | 19,0 | 70,4 | 16,8 | 10,9 |
C2 - Produits pétroliers raffinés et coke | 847,8 | 21,0 | 71,9 | 164,3 | 39,3 | 40,6 |
C3 – Équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique | 613,6 | 15,2 | 10,3 | 19,0 | 4,5 | 14,1 |
C4 - Matériels de transport | 499,0 | 12,4 | 24,2 | 46,3 | 11,0 | -3,1 |
dont industrie automobile | 430,6 | 10,7 | 17,4 | 19,4 | 4,6 | 8,3 |
C5 - Autres produits industriels | 1 352,5 | 33,5 | 12,4 | 47,8 | 11,4 | 18,3 |
dont pharmacie | 201,0 | 5,0 | 0,3 | 5,5 | 1,3 | 159,8 |
Autres | 19,3 | 0,5 | 9,1 | 1,3 | 0,3 | 32,7 |
Total | 4 034,0 | 100,0 | 24,0 | 419,5 | 100,0 | 19,2 |
- Source : Douanes, calculs Insee.
En volume les exportations progressent de 19 %
Les exportations augmentent (+19 %) de manière plus modérée qu’en 2021. Toutefois avec 419 millions d’euros, elles sont à un niveau jamais atteint depuis une vingtaine d’années. Les réexpéditions de produits pétroliers raffinés, essentiellement vers la Guyane, contribuent pour 70 % à cette hausse. Hors produits pétroliers raffinés, les exportations progressent plus modérément (+8,6 %).
Les exportations de denrées alimentaires, boissons et produits à base de tabac progressent de 11 % par rapport à 2021. Les expéditions de rhum restent majoritaires et leur part (61 %) reste identique à 2021.
Les exportations de produits agricoles reculent de 6 % par rapport à 2021, mais leur niveau reste supérieur à celui de 2019. La production des cultures traditionnelles telle que la banane est en recul, conséquence du passage de la tempête tropicale Fiona en septembre 2022, les plantations de bananiers ayant été fragilisées par le vent et lessivées par les pluies.
En volume les importations progressent de 55 %
En 2022, 55 % des importations de la Guadeloupe proviennent de la France métropolitaine pour un montant de 2,2 milliards d’euros. Elle fournit ainsi à la Guadeloupe 76 % des « denrées alimentaires, des boissons et produits à base de tabac », 68 % des équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique, 56 % du matériel de transport et 73 % des autres produits industriels (figure 3).
Les échanges provenant des États-Unis progressent fortement (+75 %) par rapport à 2021. Ils sont composés principalement de produits pétroliers raffinés (77 %) ce qui place les États-Unis en deuxième fournisseur de la Guadeloupe (18 %) devant l’Union européenne (11 %).
Les exportations vers la Guyane augmentent de 53 % en 2022. Il s’agit essentiellement de réexpédition de produits pétroliers raffinés (92 %). Ainsi, 39 % des exportations de la Guadeloupe vont en direction de la Guyane pour 33 % vers la France métropolitaine (figure 4).
tableauFigure 3 – Répartition des importations selon leur provenance
Pays de provenance | Importations |
---|---|
France métropolitaine | 2205,7 |
Union européenne hors France | 440,4 |
États-Unis | 728,2 |
Caraïbe | 79,8 |
Martinique | 114,8 |
Guyane | 5,9 |
Autre | 459,3 |
- Source : Douanes, calculs Insee.
graphiqueFigure 3 – Répartition des importations selon leur provenance
tableauFigure 4 – Répartition des exportations selon leur destination de 2016 à 2021
Année | France métropolitaine | Guyane | Martinique | États-Unis | Union Européenne hors France | Caraïbe | Autre |
---|---|---|---|---|---|---|---|
2016 | 113,3 | 10,4 | 39,5 | 8,9 | 27,1 | 5,7 | 21,5 |
2017 | 101,5 | 75,9 | 35,8 | 7,4 | 30,9 | 11,1 | 20,1 |
2018 | 122,2 | 48,2 | 43,8 | 5,9 | 19,0 | 16,3 | 24,7 |
2019 | 109,2 | 71,3 | 46,1 | 1,7 | 18,8 | 8,7 | 19,9 |
2020 | 116,7 | 40,6 | 43,0 | 3,3 | 18,6 | 5,2 | 23,3 |
2021 | 137,4 | 106,4 | 49,4 | 5,1 | 19,6 | 10,0 | 29,1 |
2022 | 139,2 | 162,3 | 51,6 | 5,4 | 27,6 | 6,4 | 26,8 |
- Source : Douanes, calculs Insee.
graphiqueFigure 4 – Répartition des exportations selon leur destination de 2016 à 2021
Pour comprendre
Les données chiffrées présentées concernent uniquement les échanges en valeur de marchandises, hors matériel militaire et hors services.
Les données régionales sont établies selon les principes suivants : en qui concerne les échanges entre les DROM on comptabilise en importation d’un territoire en provenance d’un autre DROM les données d’exportation de ce dernier vers le territoire en question. (Exemple : Les importations de la Guadeloupe en provenance de la Guyane correspondent aux données d’exportation de la Guyane vers la Guadeloupe).
Sources
Douanes, calculs Insee.