Le millésime 2022 est en contraste complet avec la campagne 2021 très déficitaire. Grâce à un bon ensoleillement et des pluies rares, mais efficaces, à la fin du printemps, le vignoble connaît peu de dégâts sanitaires en 2022. Le potentiel agronomique des vignes était très prometteur à la veille des récoltes.

Les vendanges sont précoces : elles débutent dès le 20 août pour les secteurs les plus hâtifs, et en moyenne le 29 août pour l’ensemble du vignoble, soit avec une avance de 12 jours par rapport à la moyenne décennale.

En Alsace, les vendanges démarrent le 5 septembre pour les crémants, se déroulent dans de bonnes conditions météorologiques, et se terminent avec des vendanges tardives et grains nobles à la fin du mois d’octobre. Les viticulteurs alsaciens tirent un bilan plutôt positif de cette récolte 2022.

Les petites pluies de la fin août, même inégales, font énormément de bien à la vigne qui se met à reverdir. Toutefois, la situation varie selon les secteurs : ceux qui se caractérisent par des terres profondes augmente leur rendement avec une très belle qualité. Les secteurs de Colmar, Sigolsheim, Chatenois et Scherwiller sont au contraire les plus touchés par la sécheresse. Du côté d’Ottrott, la grêle tombe à deux reprises et fait des dégâts conséquents. Certains cépages résistent mieux à la sécheresse que d’autres : c’est le cas des pinots noirs et des chardonnays en particulier.

Après une année 2021 très déficitaire, l’année 2022 se révèle très généreuse en quantités. Le potentiel agronomique des vignes s’élève de 14 000 kg/ha à 15 000 kg/ha selon les secteurs (contre 7 400 kg/ha en 2021).

Le Comité Champagne, structure interprofessionnelle du vignoble, fixe pour 2022 le rendement commercialisable à 12 000 kg/ha (contre 10 000 kg/ha l’année précédente) et augmente les possibilités de mise en réserve supplémentaire à 16 500 kg/ha. Ce millésime permettra aux vignerons de reconstituer leurs réserves fortement mises à contribution en 2021. La production de Champagne classé AOC en 2022 atteint 3 millions d’hectolitres, soit une hausse de 93 % par rapport à 2021 et de 45 % par rapport à la moyenne quinquennale.

En dehors des secteurs touchés par la sécheresse ou la grêle, la récolte se révèle généreuse. La production totale du vignoble, toutes AOC classées confondues, s’établit à 923 500 hl en 2022, en progression de 16 % par rapport à l’année précédente, mais en retrait de 5 % par rapport à la moyenne quinquennale. La production agronomique (y compris dépassements de plafonds de classement) est estimée à 943 800 hl.

Les expéditions de Champagne sur l’année civile 2022 atteignent 325,5 millions de bouteilles, soit une augmentation de 1,6 % par rapport à l’année 2021 et surtout de 10 % par rapport à la moyenne quinquennale. Le chiffre d’affaires annuel de la filière dépasse pour la première fois la barre des 6 milliards d’euros. Les Maisons de négoce poursuivent la croissance de leur activité avec des expéditions en hausse de 1 % sur un an. Elles profitent du dynamisme des marchés extérieurs (Union européenne et pays tiers), de même que les coopératives (+7 % sur un an). Les vignerons indépendants, plutôt positionnés sur le marché français, pâtissent du repli de la demande hexagonale (les expéditions sont stables, la baisse des ventes de 1,5 % en France étant compensée par l’augmentation des ventes à l’export).

En quantités, les expéditions auprès des pays tiers hors Union Européenne sont globalement en hausse, de 5 % sur un an ; mais elles sont en repli auprès des deux premiers clients du vignoble, les Etats-Unis et le Royaume-Uni, avec respectivement -1 % et -5 % entre 2021 et 2022. Néanmoins, la forte croissance des prix de vente dans le contexte inflationniste actuel permet au chiffre d’affaires d’augmenter de respectivement 19 % et 10 % sur un an pour ces deux marchés. Pour la majorité des autres pays tiers, les expéditions progressent en quantités comme en valeur, comme pour le Japon (3^e client, +20 % en quantités, +22 % en valeur) ou la Corée du Sud (13^e client, +36 % en quantités, +43 % en valeur). Seule ombre au tableau, la destination chinoise est en repli en quantités comme en valeur (-20 % et -18 %) en raison de la poursuite des effets de la pandémie dans ce pays.

Dans l’Union Européenne, les expéditions s’accroissent en quantités dans une majorité de pays, et les effets de l’inflation se font sentir sur les prix de vente. En Allemagne, par exemple, le nombre de bouteilles vendues est en hausse de 7 % sur un an, tandis que la production en valeur correspondante augmente de 17 %. La situation est comparable en Italie, en Espagne, en Suède, en Autriche. En Belgique et aux Pays-Bas, les ventes de Champagne reculent en quantités (respectivement -1 % et -18 % sur un an).

Enfin, le marché français poursuit son repli avec -2 % de bouteilles vendues par rapport à l’année 2021.

Sur le marché français, les expéditions au cours de l’année 2022 progressent de 5,3 % par rapport à 2021. C’est la troisième année consécutive d’augmentation. Le commerce retrouve les niveaux d’avant 2020 : un résultat à attribuer aux ventes de Crémant, en hausse de 12,8 % comparé à 2021. Pour les AOC Alsace, la progression est très légère (+0,9 %), alors que les Grands Crus sont en retrait de 3 %.

Les ventes à l’export baissent de 9 % en 2022 ; dans ce contexte, seul le Crémant arrive à approcher son niveau de vente de l’année précédente, en faible repli de 1,4 %. Le nombre de bouteilles commercialisées d’AOC Alsace diminue de 8 % et celui des Grand Crus de 5,7 %.

Au global, les volumes commercialisés affichent une progression de l’ordre de 1 % par rapport à 2021. Il s’agit de la meilleure période de commercialisation depuis 2016.