Chaque année, la Banque de France réalise l’Enquête Régionale Bilans et Perspectives Grand Est. D’après les résultats issus de l’échantillon Construction, les chiffres d’affaires dans le BTP ont moins progressé en 2022 que dans les autres secteurs, et résultent en partie des carnets de commandes bien fournis en début d’année.

Les effectifs ont augmenté en 2022 (+3,0 %), mais les métiers de la construction sont toujours en tension. Le déficit de main-d’oeuvre disponible affecte plus de la moitié des employeurs. Afin de respecter les délais, les chefs d’entreprise ont recours au personnel intérimaire et aux heures supplémentaires. À l’instar de leurs homologues du bâtiment, les professionnels des travaux publics ont davantage recruté, essentiellement avec des contrats pérennes (notamment pour les conducteurs d’engins).

L’envolée des prix des matériaux et leur moindre disponibilité se sont combinées à une baisse des commandes. En effet, nombre de demandes de permis de construire avaient été déposées avant le 31 décembre 2021, en anticipation des changements législatifs à venir en 2022. En parallèle, le secteur public a dû revoir ses projets, les enveloppes budgétaires n’étant pas revalorisées à hauteur des évolutions tarifaires.

Malgré une progression élevée des charges d’exploitation, 42 % des acteurs du secteur de la construction estiment que leur rentabilité s’est maintenue après une amélioration globale en 2021. Dans le gros œuvre, un entrepreneur sur deux constate une réduction de sa rentabilité du fait de contrats antérieurs signés sans indexation des prix.

Dans l’ensemble, les enveloppes allouées aux investissements sont restées stables. Cependant, elles évoluent de façon hétérogène au sein des sous-secteurs. Après de fortes acquisitions en 2021, les dirigeants du bâtiment ont réduit leurs budgets dédiés aux immobilisations. A contrario, leurs confrères des travaux publics ont poursuivi leur politique d’accroissement des actifs.

Si les entrepreneurs du bâtiment établissent des perspectives de vente en légère progression pour l’année 2023 (notamment le second œuvre), ceux des travaux publics sont moins optimistes. Ce constat s’expliquerait par un recul du nombre de prestations auprès de la clientèle du secteur public.

Concernant les recrutements, l’axe portera en 2023 sur l’embauche de salariés permanents, à la défaveur des contrats à court terme. Le nombre de recrutements prévus est de ce fait décorrélé du nombre de chantiers engagés.

Le nombre de devis signés lors du second semestre 2022 offre des perspectives favorables, assez analogues à l’année écoulée. Dans le bâtiment, un peu plus de 40 % des dirigeants anticipent un accroissement des commandes. A contrario, seuls 7 % des entrepreneurs des travaux publics escomptent une hausse des demandes. La baisse des appels d’offres des marchés publics explique ce positionnement.

Seul un entrepreneur sur six prévoit une augmentation des résultats d’exploitation en 2023. Les incertitudes sur l’évolution des coûts énergétiques et des matériaux expliquent principalement cette prudence. Cette appréciation est plus marquée auprès des dirigeants des travaux publics : plus de la moitié d’entre eux entrevoient une inflexion de leurs bénéfices.