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Insee Conjoncture Réunion · Juillet 2022 · n° 22
Insee Conjoncture RéunionBilan économique 2021 - La Réunion En 2021, forte reprise de l’activité économique et dynamisme du marché du travail

Depuis plusieurs années, de nombreux événements ont bousculé les équilibres planétaires, avec un impact fort aussi bien sur l’économie nationale, que sur l’économie réunionnaise. Qu’il s’agisse de la pandémie mondiale de la Covid-19, des effets du changement climatique ou plus récemment du déclenchement de la guerre en Ukraine, ces phénomènes ont notamment concouru à modifier les flux de matières premières, interrogeant le cadre mondialisé dans lequel ces économies sont articulées. La présente publication permet de faire le bilan de l’année 2021, marquée par une situation sanitaire toujours instable, et avant l’apparition des tensions inflationnistes déclenchées par la guerre en Ukraine.

En 2021, l’activité économique repart fortement à La Réunion. Malgré les restrictions visant à limiter la propagation de la Covid-19, le produit intérieur brut (PIB) en euros constants progresse de 6,7 %. Cette forte reprise fait suite à la chute de l’activité en 2020 (- 4,2 %), consécutive à la crise sanitaire. En 2021, le PIB est ainsi supérieur de 2,3 % à son niveau moyen de 2019. Il est tiré à la hausse par les différentes composantes de la demande intérieure : consommation des ménages, consommation des administrations publiques et investissement. Cette reprise de la demande intérieure creuse le déficit extérieur. Malgré une inflation plus élevée que les années précédentes, le pouvoir d’achat des ménages progresse de 2,1 % en 2021.

En 2021, l’emploi salarié augmente de 5,0 %, soit une création nette de 13 300 emplois en un an. La croissance de l’emploi salarié est deux fois plus élevée à La Réunion qu’au niveau national (+ 2,8 %), et la plus forte depuis dix ans. Le secteur privé est à l’origine des trois quarts des emplois salariés créés sur l’année. Grâce à un marché du travail bien orienté et à un moindre recours au dispositif d’activité partielle, les salaires perçus par les ménages augmentent de 8,3 % en 2021.

Insee Conjoncture Réunion
No 22
Paru le :Paru le01/07/2022

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2021 publiés par l'Insee.
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Agriculture - L’agriculture reste bien orientée grâce à l’élevage et aux filières fruits et légumes Bilan économique 2021

François Létoublon (Direction de l'Alimentation de l'Agriculture et de la Forêt)

En 2021, la situation économique de l’agriculture réunionnaise diffère peu de celle de l’année précédente. Bien que la campagne sucrière reste stable avec seulement 1,5 million de tonnes de cannes broyées, la production agricole globale progresse légèrement (+ 1,8 %) et s’élève à 459 millions d’euros en 2021. Alors que la crise sanitaire de la Covid-19 se poursuit, les filières tournées vers le marché local répondent en effet présentes pour fournir aux consommateurs les fruits et légumes frais, ainsi que les viandes. La production animale est ainsi très dynamique (+ 3,6 % en valeur), portée notamment par la filière volaille. La valeur de la production végétale augmente également.

Insee Conjoncture Réunion

No 22

Paru le :01/07/2022

Avertissement

Les résultats présentés ici sont issus des comptes de l’agriculture et sont provisoires.

En 2021, la valeur totale de la production agricole s’élève à 459 millions d’euros, en hausse de 1,8 % par rapport à 2020 (figure 1). Les évolutions sont néanmoins très contrastées selon les filières de production. En 2021, la production de canne à sucre peine à se relever après une très difficile campagne 2020. A contrario, la valeur des productions maraîchères et fruitières augmente et la production de viande de volaille reste dynamique (+ 6,2 %). La production porcine augmente légèrement, tandis que les abattages de viande bovine diminuent en raison du manque de produit.

Les charges d’exploitation sont tirées à la hausse par les effets de la crise sanitaire : celle-ci a induit une augmentation des coûts du transport maritime, des produits pétroliers et des céréales. La hausse du prix des consommations intermédiaires atteindrait ainsi 5,9 %. En conséquence, la valeur ajoutée brute dégagée par l’agriculture baisse de 0,9 % en 2021, illustrant l’impact relativement limité de la crise sanitaire sur la situation économique de l’agriculture réunionnaise.

Figure 1Valorisation de la production agricole¹

Valorisation de la production agricole¹
2017 2018 2019 2020² 2021³ Evolution 2021/2020
en millions d’euros en %
Production agricole y compris services³ 437,7 426,3 448,2 450,8 458,7 1,8
Production totale de biens 433,7 422,3 444,2 446,8 454,7 1,8
Productions végétales 302,7 290,0 302,3 298,3 300,9 0,9
dont :
Canne à sucre 146,8 122,4 138,1 130,9 127,9 -2,3
Légumes frais, racines et tubercules 77,8 84,0 80,6 84,2 86,7 3,0
Fruits 52,5 57,8 57,6 57,4 60,6 5,6
Productions animales 131,0 132,3 141,9 148,5 153,8 3,6
dont :
Bétail 52,7 51,2 52,7 53,3 53,4 0,2
Volailles 40,3 44,0 51,6 55,1 58,5 6,2
Œufs 21,2 20,6 19,8 23,2 24,1 3,9
Lait 14,0 13,8 13,6 13,6 13,5 -0,7
Consommations intermédiaires 172,5 177,5 178,2 177,4 187,8 5,9
Valeur ajoutée brute 265,2 248,8 270,0 273,4 270,9 -0,9
  • 1. Valeur de la production, y compris les aides directes aux productions (exemples : prime bagasse-énergie, aides POSEI à la production, ADMCA, PPR, PAB) ; hors subventions (ICHN, MAE, calamités).
  • 2. Chiffres semi-définitifs.
  • 3. Chiffres provisoires.
  • Source : Daaf Réunion, Agreste.

Mauvaise récolte pour la canne à sucre

Pour la troisième fois en quatre ans, le tonnage de canne à sucre récolté en 2021 est relativement faible, avec 1,6 million de tonnes de cannes livrées par les planteurs et broyées dans les deux usines de l’île. C’est 11 % de moins que la moyenne de ces dix dernières années (figure 2). La baisse du tonnage est d’abord liée à la faiblesse des rendements de la canne, et dans une moindre mesure à la diminution des surfaces allouées à la culture de la canne sur l’île (- 300 hectares par an en moyenne depuis 2010).

La richesse en sucre constatée à la fin de la campagne ne compense pas la faible quantité récoltée : elle s’établit à 13,1 %, en retrait de 4 % par rapport à la moyenne décennale. La faiblesse des rendements de la canne en 2021 est à relier à une saison des pluies déficitaire de décembre 2020 à avril 2021 (- 17 % de précipitations par rapport à la moyenne des 30 dernières années), surtout sur les Hauts du sud-ouest de l’île (- 45 %) et le Nord (- 28 %). En particulier, le mois de février 2021 est particulièrement sec (- 70 %).

La rémunération du planteur pâtit de cette mauvaise campagne, puisqu’elle dépend à la fois de la quantité livrée et de la richesse en sucre. Des aides exceptionnelles pour soutenir la trésorerie des exploitants ont cependant permis d’amortir les effets de cette année difficile.

Figure 2Tonnage de canne récoltée et richesse en sucre à La Réunion

Tonnage de canne récoltée et richesse en sucre à La Réunion
Tonnage de canne récoltée (en millions de tonnes) Richesse saccharimétrique (en %)
2010 1,95 13,6
2011 1,90 13,5
2012 1,84 13,9
2013 1,72 14,1
2014 1,76 13,9
2015 1,90 13,3
2016 1,78 13,6
2017 1,87 13,3
2018 1,42 13,2
2019 1,72 13,1
2020 1,53 13,8
2021 1,55 13,1
  • Source : Daaf Réunion, Agreste.

Figure 2Tonnage de canne récoltée et richesse en sucre à La Réunion

  • Source : Daaf Réunion, Agreste.

Maraîchage, arboriculture fruitière : les indicateurs au vert

En l’absence d’aléas cycloniques, la production de fruits et de légumes progresse légèrement en 2021. Les prix sont proches des moyennes des années précédentes. Les effets de la crise sanitaire de la Covid-19 sont moins marqués qu’en 2020 et la filière a pu bénéficier de différents marchés d’écoulement bien en place.

La campagne d’exportation de fruits frais en fin d’année 2021 s’avère satisfaisante, même s’il subsiste des problèmes de disponibilité de fret lors du pic d’exportation en décembre 2021. Les opérateurs ont cependant pu expédier les ananas Victoria ou les letchis vers l’Europe.

Élevage : des filières aux résultats positifs

Dans les filières d’élevage, la production locale de viande est orientée à la hausse. Certaines filières se distinguent comme celle du poulet de chair avec une hausse importante de 3 % (18 350 tonnes-équivalent-carcasse – TEC), ou la filière viande porcine dans une moindre mesure (+ 0,7 % - 11 750 TEC). Ces deux productions bénéficient d’une conjoncture favorable, avec un marché local de plus en plus demandeur de viande « péi ». La filière bovine marque en revanche le pas, avec une production en baisse de 6 % (1 710 TEC). Si la demande est également au rendez-vous, la filière rencontre en effet des difficultés à fournir plus d’animaux. Plus modeste (153 TEC), la production de viande de lapin est stable. Cette filière perd des élevages, mais ses promoteurs préparent un plan de relance pour inciter à l’installation de nouveaux éleveurs.

Le marché réunionnais est encore très dépendant des importations de viandes, notamment de produits congelés : plus de la moitié de la consommation est satisfaite par des viandes importées. Mais le volume global des apports extérieurs recule, rompant avec la tendance des années précédentes.

La production laitière continue de baisser : - 2 % en volume (16,8 millions de litres). L’arrêt de certaines exploitations laitières se conjugue en effet à la mise en œuvre du plan global de maîtrise sanitaire, qui réduit momentanément les effectifs du cheptel laitier.

Les abattages contrôlés d’ovins et de caprins, qui ne correspondent pas à la totalité des animaux produits, sont en baisse. Ils représentent environ 50 tonnes de carcasses en 2021.

La production d’œufs en 2021 est très proche de celle de 2020, avec 130 millions d’œufs de consommation.

Publication rédigée par :François Létoublon (Direction de l'Alimentation de l'Agriculture et de la Forêt)