Bilan économique 2015 - Martinique
Les voyants de l'économie martiniquaise virent peu à peu au vert pour l'année 2015. Le chômage baisse et l'emploi salarié progresse, en particulier dans l'industrie. La situation financière des ménages s'améliore ; l'encours sain de crédit augmente de 6,7 % en raison des taux d'intérêt en baisse. Les consommateurs ont par ailleurs profité d'une inflation quasi nulle et d'une baisse de 8,4 % du prix des carburants. Cependant, la baisse du prix du pétrole a entrainé une chute de 14 % des exportations martiniquaises.
Emploi salarié - Une année en nette amélioration
Guy Mystille, Insee
En 2015, l'emploi salarié marchand martiniquais affiche un bilan plus satisfaisant que celui de la Guadeloupe et de la Guyane. Il est en effet en hausse, aussi bien en moyenne annuelle qu'en déclinaisons trimestrielles. Les différents secteurs ont toutefois évolué de façon différenciée. L'industrie s'est redynamisée en cours d'exercice et le tertiaire marchand s'est équilibré. Un peu en retrait, le secteur de la construction a été plus fluctuant.
Insee Conjoncture Martinique
No 02
Paru le :15/06/2016
Une année de reprise, quoique modeste
L'emploi salarié marchand expose en 2015 un état des lieux qui s'est amélioré. Il a augmenté de 1,5 % en moyenne annuelle, par rapport à l'année 2014. Ce nouveau souffle est impulsé par une conjonction haussière de ses trois composantes : l'industrie, le secteur tertiaire marchand et dans une moindre mesure, la construction, ont accru leurs effectifs.
Cette conjoncture inédite se décline aussi trimestriellement. Le début de l'année 2015 a été marqué par la hausse saisonnière habituellement observable aux premiers trimestres de tous les exercices. Cette hausse est le fruit de saisonnalités liées à des facteurs adjacents, tels que les besoins ponctuels de main-d’œuvre pour répondre à l'accroissement d'activité. La Martinique se distingue cependant de la Guadeloupe et de la Guyane par un maintien en cours d'année de l'élan du premier trimestre, et une tendance haussière au quatrième trimestre.
Accroissement d'activité dans le secteur industriel
Au premier trimestre 2015, l'emploi salarié du secteur industriel a mécaniquement bénéficié de l'augmentation de la demande, principalement dans le domaine agroalimentaire. Contrairement aux années antérieures, cette impulsion saisonnière ne s'est pas essoufflée au second trimestre. L'emploi y a été soutenu, avant de se rétracter au troisième trimestre.
Le quatrième trimestre s'est soldé par une augmentation des effectifs du secteur. Elle est le fruit des saisonnalités générées par le regain économique lié aux fêtes de fin d'année, mais elle résulte aussi d'une multiplication des créations d'entreprises dédiées à l'industrie. L'emploi salarié du secteur industriel a augmenté de 1,3 % au quatrième trimestre 2015, par rapport au troisième trimestre. L'accroissement est plus avéré par rapport au quatrième trimestre 2014 (+ 2,9 %). Cette embellie est surtout le fait de petites structures, employant moins de 10 salariés.
Le secteur tertiaire marchand contribue aussi à l'embellie
Le secteur tertiaire marchand se comporte de façon similaire à celle de l'industrie. Il est en hausse en moyenne annuelle, quoique plus prononcée (+ 1,7 %). Déclinée trimestriellement, l'évolution est plutôt favorable en début d'exercice. Elle se maintient au second et au troisième trimestre et repart à la hausse en fin d'année : l'emploi bénéficie en effet des saisonnalités propres au mois de décembre.
Principal poste impacté, celui de l'hébergement et de la restauration dont l'évolution de l'emploi est conséquente par rapport au troisième trimestre (+ 4,9 %). Elle est un effet induit du commencement de la haute saison touristique. Comparé au quatrième trimestre 2014, le progrès est encore plus nettement marqué (+ 7,4 %).
La construction est en retrait, mais se stabilise au second semestre
En moyenne annuelle, l'emploi salarié du secteur de la construction a augmenté de 1,7 % en 2015, par rapport à 2014. Ce secteur a toutefois évolué moins favorablement que le secteur industriel et celui du tertiaire marchand au cours de l'exercice. Il a enregistré un pic d'activité au second trimestre, avant de rétracter aux trimestres suivants. L'emploi salarié de ce secteur a toutefois augmenté de 2,8 % au quatrième trimestre 2015 par rapport au quatrième trimestre 2014.
En dépit de ce regain, le secteur de la construction reste soumis aux contraintes fortes de l'exiguïté du territoire et la carence récurrente en nouveaux gros chantiers.
tableauFigure 1 – Chiffres clés de l'emploi en 2015
Nombre de salariés (effectifs) | Évolution 2014/2015 (%) | |
---|---|---|
Industrie | 8 481 | 0,2 |
Construction | 6 097 | 1,7 |
tertiaire marchand | 49 246 | 1,7 |
Total (hors agriculture) | 63 824 | 1,5 |
Agriculture | 4 354 | 0,5 |
Total | 68 178 | 1,4 |
- Source : Insee, Epure.
tableauFigure 2 – Progression de 2,6 % dans le tertiaire marchand
Évolution T3 2015 / T4 2015 | Évolution T4 2015 / T4 2014 | |
---|---|---|
Commerce | 1,0 | 0,8 |
Autres activités de services | 4,2 | 1,3 |
Transport et entreposage | 1,5 | 1,8 |
Hébergement et restauration | 4,9 | 7,4 |
Information et communication | 0,8 | 1,5 |
Activités financières et d'assurance | -0,8 | 0,6 |
Activites immobilères | 0,1 | 3,0 |
Activités Scientifiques et techniques - Services administratifs et de soutien | 0,9 | 4,5 |
Ensemble tertiaire marchand | 1,6 | 2,6 |
- Note : l'évolution annuelle rapporte les effectifs au 31 décembre 2014 aux effectifs au 31décembre 2015.
- Source: Insee, Epure.
tableauFigure 3 – Augmentation des effectifs en 2015
Guadeloupe | Guyane | Martinique | |
---|---|---|---|
2011T1 | 107,9 | 107,9 | 96,6 |
2011T2 | 107,9 | 106,7 | 96,6 |
2011T3 | 107,4 | 112,6 | 97,4 |
2011T4 | 106,4 | 111,2 | 95,1 |
2012T1 | 107,8 | 113,6 | 95,1 |
2012T2 | 108,3 | 115,4 | 95,8 |
2012T3 | 104,8 | 114,3 | 95,1 |
2012T4 | 105,1 | 116,1 | 95,6 |
2013T1 | 107,8 | 116,8 | 97,3 |
2013T2 | 106,0 | 115,2 | 95,6 |
2013T3 | 101,1 | 114,6 | 93,7 |
2013T4 | 102,3 | 117,6 | 94,3 |
2014T1 | 103,2 | 116,6 | 94,7 |
2014T2 | 101,5 | 116,1 | 94,3 |
2014T3 | 99,5 | 116,9 | 94,9 |
2014T4 | 100,1 | 117,1 | 94,4 |
2015T1 | 101,1 | 118,1 | 95,6 |
2015T2 | 100,5 | 116,1 | 95,8 |
2015T3 | 99,5 | 117,4 | 95,5 |
2015T4 | 100,4 | 120,0 | 96,9 |
- Source : Insee, Epure.
graphiqueFigure 3 – Augmentation des effectifs en 2015Évolution de l'emploi salarié dans les trois DFA
tableauFigure 4 – L'emploi salarié marchand en courbe ascendante en 2015
Industrie | Construction | Tertiaire marchand | Ensemble | |
---|---|---|---|---|
T1 2011 | 96 | 84 | 99 | 97 |
T2 | 97 | 81 | 100 | 97 |
T3 | 95 | 82 | 101 | 98 |
T4 | 92 | 77 | 99 | 95 |
T1 2012 | 93 | 77 | 99 | 95 |
T2 | 93 | 78 | 99 | 96 |
T3 | 92 | 77 | 99 | 95 |
T4 | 92 | 78 | 99 | 96 |
T1 2013 | 95 | 80 | 101 | 97 |
T2 | 95 | 77 | 99 | 96 |
T3 | 94 | 75 | 97 | 94 |
T4 | 93 | 74 | 98 | 94 |
T1 2014 | 95 | 75 | 98 | 95 |
T2 | 94 | 74 | 98 | 94 |
T3 | 92 | 73 | 99 | 95 |
T4 | 92 | 73 | 99 | 94 |
T1 2015 | 93 | 74 | 100 | 96 |
T2 | 94 | 76 | 100 | 96 |
T3 | 93 | 75 | 100 | 96 |
T4 | 94 | 75 | 101 | 97 |
- Source : Insee, Epure.
graphiqueFigure 4 – L'emploi salarié marchand en courbe ascendante en 2015
Mesurer les évolutions de l’emploi salarié marchand
Les emplois salariés font l’objet de déclarations sous forme de Bordereaux de Recouvrement des Cotisations (BRC). Ces Bordereaux sont adressés par les employeurs aux Unions de Recouvrement de Sécurité Sociale et des Allocations Familiales (Urssaf), puis transmis trimestriellement à l’Insee. Ils concernent les salariés soumis au régime général de sécurité sociale, à l’exception :
- des apprentis dont les cotisations sont prises en charge par l’État ;
- des emplois domestiques ;
- des fonctionnaires de l’État.
Sur les données issues des BRC, une chaîne de traitement dite Epure (Extension du Projet Urssaf sur les Revenus et l’Emploi) est utilisée pour les départements français d’Amérique depuis 2006. Le champ est restreint aux activités les mieux représentées.
Sont exclus du champ Epure :- les caisses de congés payés ;
- les établissements de vente à domicile ;
- les administrateurs d’immeubles à l’AFPA.
Les données brutes ne sont pas désaisonnalisées. Les résultats sont ici présentés selon la nouvelle Nomenclature Agrégée (NA) 2008, regroupement de la nouvelle Nomenclature d’Activités Française (NAF) destiné à l’analyse économique.
Sources
Les données chiffrées sont parfois arrondies (selon les règles mathématiques). Le résultat arrondi d'une combinaison de données chiffrées (qui fait intervenir leurs valeurs réelles) peut se trouver légèrement différent de celui que donnerait la combinaison de leurs valeurs arrondies.
Définitions
Emploi salarié
Les salariés sont les personnes qui travaillent, aux termes d’un contrat, pour une autre entité résidente en échange d’un salaire ou d’une rétribution équivalente, avec un lien de subordination.
Estimations d'emploi localisées
A partir de 2009, les estimations d'emploi annuelles sont calculées à partir du dispositif Estel (Estimations d'emploi localisées), qui se fondent sur l'utilisation des sources administratives en niveau.
Pour les salariés, il s'agit des Déclarations Annuelles de Données Sociales (DADS « grand format ») contenant, en plus des DADS stricto sensu, les données du fichier de paye des agents de l'État et celles des particuliers employeurs).
Pour les non salariés agricoles, les sources mobilisées sont les fichiers de la Mutualité Sociale Agricole (MSA) et pour les non salariés non agricoles, les fichiers de l'Agence Centrale des Organismes de Sécurité Sociale (ACOSS) qui est la Caisse Nationale des Unions de Recouvrement des Cotisations de Sécurité Sociale et d'Allocations Familiales (URSSAF).
Le concept central d'Estel est une synthèse ascendante des sources administratives utilisées avec prise en compte de la multi-activité. Estel mesure l'emploi selon un concept « BIT répertorié » : l'emploi est mesuré sur la dernière semaine de l'année et tout emploi déclaré est comptabilisé.
Le passage à Estel permet la production des estimations d'emploi annuelles à un niveau géographique et sectoriel plus fin que l'ancien système (celui de la zone d'emploi croisée avec le niveau A38 de la nouvelle nomenclature d'activités au lieu du niveau départemental) ; de plus on disposera chaque année de la double localisation au lieu de résidence et au lieu de travail pour les salariés et d'informations sur le sexe et la tranche d'âge quinquennale des travailleurs salariés et non salariés.
Intérim
L' intérim (ou travail intérimaire ou travail temporaire) consiste à mettre à disposition provisoire d’entreprises clientes, des salariés qui, en fonction d'une rémunération convenue, sont embauchés et rémunérés à cet effet par l'entreprise de travail temporaire.
L'intérim se caractérise donc par une relation triangulaire entre l’entreprise de travail temporaire, l’entreprise cliente et le salarié, et implique la conclusion de deux contrats : un contrat de mise à disposition (entre l’entreprise de travail temporaire et l’entreprise cliente) et un contrat de mission (entre l’entreprise de travail temporaire et le salarié).
Le contrat ne peut être conclu que pour l’exécution d’une tâche précise et temporaire, dénommée mission, et seulement dans les cas énumérés par la loi. Quel que soit le motif pour lequel il est conclu, un tel contrat ne peut avoir ni pour objet ni pour effet de pourvoir durablement un emploi lié à l’activité normale et permanente de l’entreprise utilisatrice.
Correction des variations saisonnières / CVS
La correction des variations saisonnières permet d’éliminer l'effet de fluctuations périodiques infra-annuelles dues au calendrier et aux saisons, de manière à faire ressortir les évolutions les plus significatives de la série. Celles-ci sont contenues dans la tendance et la composante irrégulière.
Par exemple, les ventes de jouets augmentent toujours fortement entre novembre et décembre, en raison de Noël. Sur les données brutes, cet effet périodique masque l’évolution conjoncturelle sous-jacente pour une année donnée. Une fois la série désaisonnalisée, c’est-à-dire l’effet Noël retiré, les ventes peuvent s’avérer en baisse, signe d’une moins bonne année.
Nomenclatures
Documentation
Définitions (pdf, 58 Ko )