Insee Conjoncture Normandie ·
Juin 2025 · n° 47
Bilan économique 2024 - Normandie En 2024, l’emploi se stabilise en Normandie traduisant des dynamiques sectorielles
contrastées
En 2024, l’économie normande s’inscrit dans le ralentissement observé à l’échelle nationale. Dans un contexte de croissance nationale modérée (+1,2 %, avec un léger recul en fin d’année), la région est marquée par un repli de l’activité, notamment dans l’industrie et la construction.
Après trois années de croissance, l'emploi salarié se stabilise en Normandie, traduisant des dynamiques sectorielles contrastées. Le taux de chômage s’établit à 7,0 %, un niveau toujours inférieur à la moyenne nationale. Le nombre d'inscrits à France Travail augmente faiblement, malgré une hausse plus nette des demandeurs d’emploi de catégorie A. Les tensions sur le marché du travail demeurent, en particulier dans les secteurs de la santé et de l'aide à domicile. La création d’entreprises atteint un niveau record, en hausse de 4,8 %, principalement due aux micro-entreprises. Les défaillances d'entreprises progressent simultanément (+21,4 %).
L'année agricole s’avère contrastée, marquée par une météo particulièrement pluvieuse : favorable à la production laitière, elle a en revanche pénalisé d’autres cultures, notamment les céréales. L’industrie reste atone, avec un faible niveau d’activité et une baisse de l’emploi. Comme dans d’autres secteurs, la hausse des créations d’entreprises industrielles s’accompagne d’un nombre record de cessations. Le tourisme affiche un repli par rapport à l'année précédente, malgré plusieurs évènements d’envergure. À l’exception d’un léger rebond du trafic maritime, le secteur des transports évolue dans un climat plutôt morose : recul du transport routier, du transport aérien de voyageurs et des immatriculations de véhicules neufs. Enfin, la construction traverse une conjoncture particulièrement difficile, à l’image du niveau national, avec un faible volume de mises en chantier, une baisse marquée de l’emploi et un net recul des d’heures travaillées.
Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2024 publiés par l'Insee.
Démographie d’entreprises - En 2024, un niveau record de créations d’entreprises Bilan économique 2024
Alexis Lancel (Insee)
En 2024, 37 400 entreprises ont été créées en Normandie, toutes formes confondues, soit un niveau record. Ce nombre marque une hausse de 4,8 % sur un an, un rythme un peu en deçà de la moyenne nationale (+5,7 %). Les micro-entrepreneurs concentrent les deux tiers des créations. La progression est plus marquée dans la Manche et l’Orne et concerne la quasi-totalité des secteurs d’activité non agricoles, à l’exception de la construction. Parallèlement, les défaillances sont à nouveau en forte hausse : +21,4 % en Normandie, contre +17,4 % en France. Tous les départements et secteurs d’activité sont concernés.
En 2023, le suivi des créations d’entreprises a été perturbé par la mise en place du guichet unique de formalités des entreprises, fragilisant les résultats sur cette année. L’impact sur le volume annuel total est toutefois limité.
Des créations en hausse pour tous les types d’entreprises
En 2024, 37 400 entreprises ont été créées en Normandie dans l’économie marchande hors secteur agricole (figure 1), soit 1 710 de plus qu’en 2023 (+4,8 %). Cette progression, bien que soutenue, reste inférieure à celle observée au niveau national (+5,7 %) et dans toutes les autres régions de l’Hexagone, à l’exception de Provence-Alpes-Côte-d’Azur.
Après deux années moins dynamiques en 2022 et 2023, les créations d’entreprises repartent à la hausse en 2024, dépassant le précédent record établi en 2021. Ce regain est porté avant tout par les micro-entrepreneurs, avec 24 200 créations, en hausse de 5,9 % sur un an. Les créations de sociétés progressent également (+3,7 %), tandis que les entreprises individuelles classiques enregistrent une hausse plus modérée (+1,2 %). Ce léger rebond contraste toutefois avec la tendance nationale, orientée à la baisse pour cette forme juridique (-3,2 %). En 2024, les entreprises individuelles classiques représentent 13,3 % des créations en Normandie, une part nettement supérieure à la moyenne nationale (9,9 %), portée notamment par le dynamisme du secteur industriel.
tableauFigure 1 – Évolution des créations d'entreprises - Normandie
Période | Sociétés | Entreprises individuelles classiques | Micro-entrepreneurs | Ensemble |
---|---|---|---|---|
2018 | 5 954 | 6 075 | 13 149 | 25 178 |
2019 | 6 518 | 5 493 | 17 047 | 29 058 |
2020 | 6 658 | 5 932 | 18 809 | 31 399 |
2021 | 8 384 | 6 122 | 22 025 | 36 531 |
2022 | 8 493 | 5 601 | 21 398 | 35 492 |
2023 | 7 903 | 4 909 | 22 836 | 35 648 |
2024 | 8 194 | 4 968 | 24 194 | 37 356 |
- Note : Nombre de créations brutes.
- Champ : Ensemble des activités marchandes non agricoles.
- Source : Insee, SIDE.
graphiqueFigure 1 – Évolution des créations d'entreprises - Normandie

- Note : Nombre de créations brutes.
- Champ : Ensemble des activités marchandes non agricoles.
- Source : Insee, SIDE.
Comme les années précédentes, la Seine-Maritime concentre en 2024 la majorité des créations d’entreprises en Normandie : quatre sur cinq y ont été enregistrées (figure 2). Le département totalise 14 200 créations, en hausse de 4,0 % par rapport à 2023. Le Calvados représente près d’un quart des créations dans la région, avec 8 900 créations, soit une progression de 3,5 %. Ce sont toutefois la Manche (+11,7 %) et l’Orne (+8,1 %) qui enregistrent les plus fortes hausses cette année. À l’inverse, la dynamique ralentit nettement dans l’Eure (+2,6 %), pourtant le département le plus actif en matière de créations d’entreprises au cours des deux années précédentes.
tableauFigure 2 – Nombre et évolution des créations d’entreprises par type et département
Zonage | Nombre de créations en 2024 | Évolution de l’ensemble (%) | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
Sociétés | Entreprises individuelles classiques | Micro-entrepreneur | Ensemble | 2023 - 2024 | Évolution annuelle moyenne 2018 - 2023 ¹ | |
Calvados | 2 078 | 1 206 | 5 662 | 8 946 | 3,5 | 6,6 |
Eure | 1 463 | 865 | 4 608 | 6 936 | 2,6 | 8,1 |
Manche | 1 064 | 736 | 2 871 | 4 671 | 11,7 | 7,2 |
Orne | 516 | 429 | 1 674 | 2 619 | 8,1 | 7,0 |
Seine-Maritime | 3 073 | 1 732 | 9 379 | 14 184 | 4,0 | 7,2 |
Normandie | 8 194 | 4 968 | 24 194 | 37 356 | 4,8 | 7,2 |
France entière | 284 564 | 110 480 | 716 194 | 1 111 238 | 5,7 | 7,0 |
- ¹ : Évolution qui aurait été observée pour les créations d'entreprises pour chaque année de la période considérée, en supposant une évolution identique chaque année.
- Note : Données brutes.
- Champ : Ensemble des activités marchandes non agricoles.
- Source : Insee, SIDE.
Les créations en hausse dans tous les secteurs à l’exception de la construction
En 2024, l’industrie demeure le secteur le plus dynamique en matière de créations d’entreprises en Normandie, avec 3 600 nouvelles unités, soit une hausse de 22,1 % par rapport à 2023 (figure 3). Le secteur du commerce, transport, hébergement et restauration repart également à la hausse (+9,5 %) et franchit le seuil des 10 000 créations. Les services aux entreprises restent le premier contributeur en volume, avec 12 400 unités, représentant 33,1 % du total régional, en légère progression par rapport à l’an dernier. À l’inverse, la construction enregistre un recul de 3,1 %, avec à peine 3 000 créations en 2024. C’est la troisième année consécutive de baisse pour ce secteur en Normandie.
tableauFigure 3 – Nombre de créations d’entreprises en 2024 et évolution entre 2023 et 2024 - Normandie
Secteurs | Sociétés | Entreprises individuelles classiques | Micro-entrepreneurs | Ensemble | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Créations en 2024 (nombre) | Évolution 2023 - 2024 (%) | Créations en 2024 (nombre) | Évolution 2023 - 2024 (%) | Créations en 2024 (nombre) | Évolution 2023 - 2024 (%) | Créations en 2024 (nombre) | Évolution 2023 - 2024 (%) | |
Industrie | 362 | 3,1 | 1 340 | 32,7 | 1 932 | 19,6 | 3 634 | 22,1 |
Construction | 1 046 | 0,3 | 107 | -32,7 | 1 853 | -2,4 | 3 006 | -3,1 |
Commerce, transport, hébergement et restauration | 2 339 | 7,2 | 1 107 | -12,1 | 6 586 | 15,1 | 10 032 | 9,5 |
Services aux entreprises | 3 693 | 2,8 | 641 | -10,2 | 8 042 | 1,0 | 12 376 | 0,9 |
Services aux particuliers | 754 | 2,7 | 1 773 | 0,4 | 5 781 | 2,5 | 8 308 | 2,1 |
Ensemble | 8 194 | 3,7 | 4 968 | 1,2 | 24 194 | 5,9 | 37 356 | 4,8 |
- Note : Données brutes.
- Champ : Ensemble des activités marchandes non agricoles.
- Source : Insee, SIDE.
Les défaillances d’entreprises continuent également d’augmenter
En 2024, les défaillances d’entreprises ont progressé de 17,4 % en France et de 21,4 % en Normandie. La région a enregistré 2 700 dépôts de bilan (figure 4) et poursuit ainsi la tendance haussière amorcée en 2022. Au second semestre, le nombre de défaillances d’entreprises en Normandie a dépassé les niveaux observés en 2018, sans atteindre pour autant le pic de 2015 [Insee, 2025 ; pour en savoir plus (2)].
La Seine-Maritime concentre à elle seule près de 1 100 défaillances, soit la plus forte hausse régionale en 2024 (+34,5 %). Dans le Calvados, après une progression marquée en 2023, le nombre de défaillances se stabilise en 2024, avec 580 cas recensés, soit +3,4 %.
Les dépôts de bilan augmentent dans l’ensemble des secteurs d’activité. Le regroupement commerce, transport, hébergement et restauration concentre à lui seul près de 43 % des cas, avec 1 100 défaillances en 2024, soit une hausse de 26 % par rapport à 2023 (figure 5). Cette progression est bien plus marquée qu’au niveau national (+14,5 %). Les défaillances augmentent aussi dans la construction (+15 %, soit 520 cas) et les services aux entreprises (+15 %, soit 440 cas), mais à un rythme plus modéré qu’à l’échelle nationale (respectivement +25 % et +23 %). Les autres secteurs (services aux particuliers, industrie, agriculture) enregistrent également une hausse, mais sur des volumes d’entreprises nettement plus faibles.
tableauFigure 4 – Nombre et évolution des défaillances d'entreprises par département
Zonage | Défaillances en 2024 (nombre) | Évolution entre 2023 et 2024 (%) |
---|---|---|
Calvados | 579 | 3,4 |
Eure | 478 | 20,7 |
Manche | 318 | 14,0 |
Orne | 190 | 32,9 |
Seine-Maritime | 1 095 | 34,5 |
Normandie | 2 660 | 21,4 |
France entière | 66 088 | 17,4 |
- Note : Données brutes, en date de jugement.
- Source : Fiben, Banque de France.
tableauFigure 5 – Nombre et évolution des défaillances d'entreprises par secteur
Secteurs | Normandie | France entière | ||
---|---|---|---|---|
Défaillances en 2024 (nombre) | Évolution entre 2023 et 2024 (%) | Défaillances en 2024 (nombre) | Évolution entre 2023 et 2024 (%) | |
Agriculture | 96 | 35,2 | 1 442 | 10,4 |
Industrie | 200 | 16,3 | 4 258 | 8,3 |
Construction | 518 | 15,1 | 14 771 | 25,0 |
Commerce, transport, hébergement et restauration | 1 138 | 26,4 | 25 389 | 14,5 |
Services aux entreprises | 439 | 14,9 | 14 188 | 22,9 |
Services aux particuliers | 265 | 23,8 | 5 948 | 9,1 |
Ensemble | 2 660 | 21,4 | 66 088 | 17,4 |
- Notes : Données brutes, en date de jugement. La somme des secteurs peut ne pas correspondre au total de la région.
- Source : Fiben, Banque de France.
Avertissement
Les données chiffrées sont parfois arrondies (selon les règles mathématiques). Le résultat arrondi d'une combinaison de données chiffrées (qui fait intervenir leurs valeurs réelles) peut se trouver légèrement différent de celui que donnerait la combinaison de leurs valeurs arrondies.
Pour comprendre
Créations d’entreprises
- Note méthodologique sur les créations d’entreprises (pdf, 116 Ko) ;
- Refonte du dispositif de calcul des créations d’entreprises (pdf, 130 Ko) ;
- Correction de la répartition des créations d'entreprises individuelles (2021) (pdf, 58 Ko).
Nomenclature
Sources
Définitions
Une création d'entreprise correspond à la mise en œuvre d'une nouvelle combinaison de facteurs de production avec pour restriction qu'aucune autre entreprise ne soit impliquée dans cet évènement.
Un micro-entrepreneur bénéficie du régime de même nom (appelé auto-entrepreneur jusque 2014), qui offre des formalités de création d'entreprise allégées et un mode de calcul et de paiement simplifié des cotisations sociales et de l'impôt sur le revenu. Il s’applique aux entrepreneurs individuels qui en font la demande, sous certaines conditions.
Une unité légale est en situation de défaillance ou de dépôt de bilan à partir du moment où une procédure de redressement judiciaire est ouverte à son encontre.
Il s'agit de l'arrêt total de l'activité économique de l'entreprise.
Il ne faut pas confondre la notion de défaillance avec la notion plus large de cessation. Les liquidations qui font suite à une défaillance ne représentent qu'une partie, variable avec le temps et le secteur d'activité, de l'ensemble des cessations.
Les services rendus aux entreprises regroupent globalement les activités scientifiques et techniques et les services administratifs et de soutien.
Les services aux particuliers se caractérisent par la mise à disposition d'une prestation technique ou intellectuelle principalement à destination des particuliers (ou ménages), même si certains d’entre eux concernent également les entreprises.
La nomenclature des activités économiques en vigueur en France depuis le 1er janvier 2008 est la nomenclature d'activités française (NAF rév. 2). La NAF a la même structure que de la nomenclature d'activités de la Communauté européenne (NACE rév. 2) mais elle comporte un niveau supplémentaire, spécifique à la France, celui des sous-classes.
La NAF rév. 2 comporte cinq niveaux comprenant respectivement : 21, 88, 272, 615 et 732 postes.
La NAF rév. 2 s'est substituée à la NAF rév. 1 datant de 2003 (entrée en vigueur au 1er janvier 2003). La NAF rév. 1 comporte cinq niveaux ayant respectivement 17, 31, 62, 224, et 712 postes .
La NAF rév. 1 avait succédé à la NAF qui était en vigueur depuis le 1er janvier 1993.
Avec le passage à la NAF rév. 2 (nomenclature d'activités française révisée au 1er janvier 2008), la nomenclature économique de synthèse (NES) associée à la NAF rév. 1 disparaît en tant que telle. En effet, cette nomenclature strictement française ne permettait pas de comparaisons internationales car elle ne s'emboîtait pas dans l'arborescence de la CITI et de la NACE.
La NAF rév. 2 contient deux niveaux agrégés « standard » : les sections et divisions en, respectivement, 21 et 88 postes. Ces niveaux sont communs à la nomenclature internationale d'activités CITI rév. 4, à la nomenclature européenne d'activités NACE rév. 2 et à la NAF rév. 2.
Il était toutefois nécessaire de disposer de niveaux de regroupements supplémentaires pour répondre aux besoins de l'analyse économique et de la diffusion en matière de données de synthèse.
Sept niveaux d'agrégation sont ainsi associés à la NAF rév. 2, dénommés « A xx » où xx représente le nombre de postes du niveau. Ils constituent la nomenclature agrégée (NA) :
· A 10 : niveau international, regroupement de sections ;
· A 17 : niveau français intermédiaire entre les niveaux A 10 et A 38.
Au niveau des sections (A 21), l'industrie manufacturière est détaillée en cinq postes et, inversement, certaines activités de services sont regroupées.
· A 21 : sections, niveau standard de l'arborescence de la NAF rév. 2 ;
· A 38 : niveau international, intermédiaire entre sections et divisions ;
· A 64 : niveau européen, intermédiaire entre les niveaux A 38 et divisions (A 88), provisoire ;
· A 88 : divisions, niveau standard de l'arborescence de la NAF rév. 2 ;
· A 129 : niveau français intermédiaire entre les niveaux divisions (A 88) et groupes.
L'entreprise est la plus petite combinaison d'unités légales qui constitue une unité organisationnelle de production de biens et de services jouissant d'une certaine autonomie de décision, notamment pour l'affectation de ses ressources courantes.
L'établissement est une unité de production géographiquement individualisée, mais juridiquement dépendante de l'unité légale. Il produit des biens ou des services : ce peut être une usine, une boulangerie, un magasin de vêtements, un des hôtels d'une chaîne hôtelière, la « boutique » d'un réparateur de matériel informatique...
Pour en savoir plus
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(2) Insee, « Nombre de défaillances d'entreprises par date de jugement », Séries chronologiques, février 2025.
(3) Lejas J., « Les créations d’entreprises en 2024 – Rebond des créations d’entreprises », Insee Références no 2037, février 2025.