Insee Conjoncture Bourgogne-Franche-Comté ·
Juin 2025 · n° 47
Bilan économique 2024 - Bourgogne-Franche-Comté L’emploi commence à se replier, sur fond d’instabilité économique
En 2024, l’activité économique en Bourgogne-Franche-Comté comme en France ralentit en cours d’année en raison de l’instabilité politique, budgétaire et des incertitudes internationales, affectant le moral des entreprises et des ménages. Jusqu’à l’automne, l’activité montrait une certaine résilience mais un retournement s’est amorcé en fin d’année, affectant l’ensemble des secteurs économiques. L’industrie automobile est pénalisée par la contraction des ventes de véhicules neufs. Le secteur de la construction reste en difficulté avec un nouveau point bas. Certains signaux demeurent toutefois au vert à commencer par un taux de chômage, toujours bas, et un emploi frontalier encore dynamique. En outre, les créations d’entreprises repartent à la hausse et la progression des défaillances se tasse.
Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2024 publiés par l'Insee.
Démographie d’entreprises - Rebond des créations d’entreprises dans la région Bilan économique 2024
Mathéo Bourgeois (Insee)
En Bourgogne-Franche-Comté, près de 33 300 nouvelles entreprises ont été créées en 2024. C’est plus qu’en 2023 et 2022, années de stabilité. Les micro-entreprises et les sociétés expliquent principalement ce record. Dans le même temps, le nombre de défaillances reste à un niveau élevé, 2 200 sur l’ensemble de l’année, malgré un net ralentissement à partir de l’été.
En 2023, le suivi des créations d’entreprises a été perturbé par la mise en place du guichet unique de formalités des entreprises, fragilisant les résultats sur cette année. L’impact sur le volume annuel total est toutefois limité.
Rebond des créations d’entreprises
En 2024, 33 300 entreprises sont créées dans le secteur marchand non-agricole en Bourgogne-Franche-Comté, soit 2 100 de plus qu’en 2023 (figure 1). Le nombre de créations augmente ainsi de 6,7 %, après une stabilité en 2022 et 2023. Il atteint un nouveau reccord. Au niveau national, elles repartent également nettement à la hausse (+5,7 % après -1,0 % en 2023).
tableauFigure 1 – Nombre et évolution des créations d’entreprises par type et département
Zonage | Nombre de créations en 2024 | Évolution de l’ensemble (%) | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
Sociétés | Entreprises individuelles classiques | Micro-entrepreneur | Ensemble | 2023 - 2024 | Évolution annuelle moyenne 2018 - 2023 ¹ | |
Côte-d'Or | 1 697 | 891 | 4 700 | 7 288 | 7,4 | 6,1 |
Doubs | 1 494 | 952 | 4 237 | 6 683 | 8,3 | 7,0 |
Jura | 658 | 390 | 1 951 | 2 999 | 5,0 | 6,4 |
Nièvre | 376 | 340 | 1 299 | 2 015 | 7,5 | 7,8 |
Haute-Saône | 402 | 397 | 1 516 | 2 315 | 2,1 | 8,6 |
Saône-et-Loire | 1 339 | 820 | 4 153 | 6 312 | 4,1 | 9,1 |
Yonne | 844 | 546 | 2 706 | 4 096 | 11,3 | 6,6 |
Territoire de Belfort | 290 | 187 | 1 106 | 1 583 | 4,9 | 8,9 |
Bourgogne-Franche-Comté | 7 100 | 4 523 | 21 668 | 33 291 | 6,7 | 7,3 |
France entière | 284 564 | 110 480 | 716 194 | 1 111 238 | 5,7 | 7,0 |
- ¹ : Évolution qui aurait été observée pour les créations d'entreprises pour chaque année de la période considérée, en supposant une évolution identique chaque année.
- Note : Données brutes.
- Champ : Ensemble des activités marchandes non agricoles.
- Source : Insee, SIDE.
Ce rebond en 2024 se retrouve dans la quasi-totalité des départements de la région. L’Yonne affiche la plus forte hausse (+11,3 %) soutenue par les créations de micro-entreprises. Dans la région, les créations sont les plus nombreuses en Côte-d’Or et dans le Doubs. En plus du dynamisme des micro-entreprises, ces deux départements profitent de celui des sociétés, notamment dans les services aux entreprises et dans le secteur « commerce, transport, hébergement, restauration ».
La Haute-Saône se démarque avec une hausse des créations d’entreprises continue depuis 2016. Toutefois, celle-ci est moins forte cette année (+2,1 % contre +3,8 % précédemment). Enfin, le rebond constaté dès 2023 dans le Territoire de Belfort se confirme.
Dynamisme pour les micro-entreprises et les sociétés
En 2024, les micro-entreprises représentent les deux tiers des nouvelles immatriculations d’entreprises. En hausse de 7,6 % sur un an (figure 2), leur nombre atteint ainsi le niveau record de 21 700. Les créations sous ce régime sont particulièrement fortes dans le secteur « commerce, transport, hébergement, restauration » (+18 %). Ce secteur recouvre notamment les entreprises des services de livraison à domicile, en croissance depuis plusieurs années, telles que UberEats et Deliveroo. Ces entreprises de transport représentent 5 % des créations de ce type dans la région. Cette proportion est plus faible dans la Nièvre et le Jura, où le mode de fonctionnement de ces plateformes se prête moins bien au caractère rural de ces territoires.
tableauFigure 2 – Évolution des créations d'entreprises - Bourgogne-Franche-Comté
Période | Sociétés | Entreprises individuelles classiques | Micro-entrepreneurs | Ensemble |
---|---|---|---|---|
2018 | 4 891 | 7 044 | 9 958 | 21 893 |
2019 | 5 413 | 6 396 | 13 450 | 25 259 |
2020 | 5 496 | 5 122 | 16 660 | 27 278 |
2021 | 6 949 | 5 295 | 19 228 | 31 472 |
2022 | 7 098 | 4 739 | 18 912 | 30 749 |
2023 | 6 586 | 4 492 | 20 131 | 31 209 |
2024 | 7 100 | 4 523 | 21 668 | 33 291 |
- Note : Nombre de créations brutes.
- Champ : Ensemble des activités marchandes non agricoles.
- Source : Insee, SIDE.
graphiqueFigure 2 – Évolution des créations d'entreprises - Bourgogne-Franche-Comté

- Note : Nombre de créations brutes.
- Champ : Ensemble des activités marchandes non agricoles.
- Source : Insee, SIDE.
Les créations de sociétés rebondissent également en 2024 (+7,8 %) et retrouvent leur niveau record de 2022. Près du tiers de ces créations concerne le secteur « commerce, transport, hébergement, restauration », en hausse de 21,1 % sur l’année. Enfin, les créations d’entreprises individuelles augmentent légèrement en 2024 (+0,7 %), après plusieurs années de baisse. Néanmoins, le recours à cette forme d’entreprise est de moins en moins fréquent. Son poids parmi les créations d’entreprises a été divisé par deux en dix ans.
Tous les secteurs d’activité sont concernés par le rebond observé en 2024 (figure 3). En particulier, le secteur de la production d’électricité représente la moitié des créations de l’industrie, avec 1 600 nouvelles entreprises. Ce dynamisme (+22 % en 2024) est généré par le fort développement de l’activité de production de panneaux photovoltaïques, soutenu par les incitations fiscales associées. La hausse est particulièrement forte dans les départements de la Nièvre et de la Haute-Saône, où ce secteur représente 8 % des créations. En revanche, les créations d’entreprises diminuent dans la construction, en difficulté depuis 2022.
tableauFigure 3 – Évolution entre 2023 et 2024 du nombre de créations d'entreprises par secteur - Bourgogne-Franche-Comté
Secteur | Sociétés | Entreprises individuelles classiques | Micro-entrepreneurs | Ensemble |
---|---|---|---|---|
Ensemble | 7,8 | 0,7 | 7,6 | 6,7 |
Industrie | 3,3 | 8,0 | 12,4 | 9,5 |
Construction | -2,7 | -5,2 | -6,5 | -5,3 |
Commerce, transport, hébergement, restauration | 21,1 | -11,1 | 17,9 | 14,3 |
Services aux entreprises | 5,5 | -3,2 | 3,7 | 3,9 |
Services aux particuliers | -1,7 | 6,3 | 5,6 | 5,1 |
- Note : Données brutes.
- Champ : Ensemble des activités marchandes non agricoles.
- Source : Insee, SIDE.
graphiqueFigure 3 – Évolution entre 2023 et 2024 du nombre de créations d'entreprises par secteur - Bourgogne-Franche-Comté

- Note : Données brutes.
- Champ : Ensemble des activités marchandes non agricoles.
- Source : Insee, SIDE.
Des défaillances encore nombreuses malgré un ralentissement
En 2024 en Bourgogne-Franche-Comté, les redressements ou liquidations judiciaires concernent 2 200 entreprises soit 7,4 % de plus en un an. Malgré un net ralentissement au second semestre, ils restent à un niveau élevé. Ce fléchissement de fin d’année ne se retrouve pas au niveau national, où le nombre de défaillances a augmenté en 2024 de 17,4 %.
Cette année, les défaillances progressent moins fortement dans la moitié des départements de la région. Elles s’amplifient dans l’Yonne et diminuent dans le Jura, le Territoire de Belfort et la Haute-Saône.
Le secteur « commerce, transport, hébergement, restauration » concentre 40 % des défaillances de la région. Néanmoins leur nombre est quasi stable comparé à 2023 (figure 4). À l’inverse, les services aux entreprises et la construction connaissent toujours une très forte hausse du nombre de défaillances, respectivement +35,0 % et +17,5 %.
tableauFigure 4 – Évolution entre 2023 et 2024 du nombre de défaillances d'entreprises par secteur
Secteur | Bourgogne-Franche-Comté | France entière |
---|---|---|
Ensemble ¹ | 7,4 | 17,4 |
Industrie | -7,6 | 8,3 |
Construction | 17,5 | 25,0 |
Commerce, transport, hébergement, restauration | 0,3 | 14,5 |
Services aux entreprises | 35,0 | 22,9 |
Services aux particuliers ² | -1,6 | 9,1 |
- ¹ : Y compris agriculture.
- ² : Hors administration publique, activités des ménages en tant qu'employeurs et activités extra-territoriales.
- Note : Données brutes, en date de jugement.
- Source : Fiben, Banque de France.
graphiqueFigure 4 – Évolution entre 2023 et 2024 du nombre de défaillances d'entreprises par secteur

- ¹ : Y compris agriculture.
- ² : Hors administration publique, activités des ménages en tant qu'employeurs et activités extra-territoriales.
- Note : Données brutes, en date de jugement.
- Source : Fiben, Banque de France.
Avertissement
Les données chiffrées sont parfois arrondies (selon les règles mathématiques). Le résultat arrondi d'une combinaison de données chiffrées (qui fait intervenir leurs valeurs réelles) peut se trouver légèrement différent de celui que donnerait la combinaison de leurs valeurs arrondies.
Pour comprendre
Créations d’entreprises
- Note méthodologique sur les créations d’entreprises (pdf, 116 Ko) ;
- Refonte du dispositif de calcul des créations d’entreprises (pdf, 130 Ko) ;
- Correction de la répartition des créations d'entreprises individuelles (2021) (pdf, 58 Ko).
Nomenclature
Sources
Définitions
Une création d'entreprise correspond à la mise en œuvre d'une nouvelle combinaison de facteurs de production avec pour restriction qu'aucune autre entreprise ne soit impliquée dans cet évènement.
Il s'agit de l'arrêt total de l'activité économique de l'entreprise.
Il ne faut pas confondre la notion de défaillance avec la notion plus large de cessation. Les liquidations qui font suite à une défaillance ne représentent qu'une partie, variable avec le temps et le secteur d'activité, de l'ensemble des cessations.
Une unité légale est en situation de défaillance ou de dépôt de bilan à partir du moment où une procédure de redressement judiciaire est ouverte à son encontre.
Un micro-entrepreneur bénéficie du régime de même nom (appelé auto-entrepreneur jusque 2014), qui offre des formalités de création d'entreprise allégées et un mode de calcul et de paiement simplifié des cotisations sociales et de l'impôt sur le revenu. Il s’applique aux entrepreneurs individuels qui en font la demande, sous certaines conditions.
Les services rendus aux entreprises regroupent globalement les activités scientifiques et techniques et les services administratifs et de soutien.
Les services aux particuliers se caractérisent par la mise à disposition d'une prestation technique ou intellectuelle principalement à destination des particuliers (ou ménages), même si certains d’entre eux concernent également les entreprises.
La nomenclature des activités économiques en vigueur en France depuis le 1er janvier 2008 est la nomenclature d'activités française (NAF rév. 2). La NAF a la même structure que de la nomenclature d'activités de la Communauté européenne (NACE rév. 2) mais elle comporte un niveau supplémentaire, spécifique à la France, celui des sous-classes.
La NAF rév. 2 comporte cinq niveaux comprenant respectivement : 21, 88, 272, 615 et 732 postes.
La NAF rév. 2 s'est substituée à la NAF rév. 1 datant de 2003 (entrée en vigueur au 1er janvier 2003). La NAF rév. 1 comporte cinq niveaux ayant respectivement 17, 31, 62, 224, et 712 postes .
La NAF rév. 1 avait succédé à la NAF qui était en vigueur depuis le 1er janvier 1993.
Avec le passage à la NAF rév. 2 (nomenclature d'activités française révisée au 1er janvier 2008), la nomenclature économique de synthèse (NES) associée à la NAF rév. 1 disparaît en tant que telle. En effet, cette nomenclature strictement française ne permettait pas de comparaisons internationales car elle ne s'emboîtait pas dans l'arborescence de la CITI et de la NACE.
La NAF rév. 2 contient deux niveaux agrégés « standard » : les sections et divisions en, respectivement, 21 et 88 postes. Ces niveaux sont communs à la nomenclature internationale d'activités CITI rév. 4, à la nomenclature européenne d'activités NACE rév. 2 et à la NAF rév. 2.
Il était toutefois nécessaire de disposer de niveaux de regroupements supplémentaires pour répondre aux besoins de l'analyse économique et de la diffusion en matière de données de synthèse.
Sept niveaux d'agrégation sont ainsi associés à la NAF rév. 2, dénommés « A xx » où xx représente le nombre de postes du niveau. Ils constituent la nomenclature agrégée (NA) :
· A 10 : niveau international, regroupement de sections ;
· A 17 : niveau français intermédiaire entre les niveaux A 10 et A 38.
Au niveau des sections (A 21), l'industrie manufacturière est détaillée en cinq postes et, inversement, certaines activités de services sont regroupées.
· A 21 : sections, niveau standard de l'arborescence de la NAF rév. 2 ;
· A 38 : niveau international, intermédiaire entre sections et divisions ;
· A 64 : niveau européen, intermédiaire entre les niveaux A 38 et divisions (A 88), provisoire ;
· A 88 : divisions, niveau standard de l'arborescence de la NAF rév. 2 ;
· A 129 : niveau français intermédiaire entre les niveaux divisions (A 88) et groupes.
L'entreprise est la plus petite combinaison d'unités légales qui constitue une unité organisationnelle de production de biens et de services jouissant d'une certaine autonomie de décision, notamment pour l'affectation de ses ressources courantes.
L'établissement est une unité de production géographiquement individualisée, mais juridiquement dépendante de l'unité légale. Il produit des biens ou des services : ce peut être une usine, une boulangerie, un magasin de vêtements, un des hôtels d'une chaîne hôtelière, la « boutique » d'un réparateur de matériel informatique...
Pour en savoir plus
(1) Retrouvez davantage de données associées à cette publication en téléchargement.