Insee Conjoncture Bourgogne-Franche-Comté ·
Juin 2025 · n° 47
Bilan économique 2024 - Bourgogne-Franche-Comté L’emploi commence à se replier, sur fond d’instabilité économique
En 2024, l’activité économique en Bourgogne-Franche-Comté comme en France ralentit en cours d’année en raison de l’instabilité politique, budgétaire et des incertitudes internationales, affectant le moral des entreprises et des ménages. Jusqu’à l’automne, l’activité montrait une certaine résilience mais un retournement s’est amorcé en fin d’année, affectant l’ensemble des secteurs économiques. L’industrie automobile est pénalisée par la contraction des ventes de véhicules neufs. Le secteur de la construction reste en difficulté avec un nouveau point bas. Certains signaux demeurent toutefois au vert à commencer par un taux de chômage, toujours bas, et un emploi frontalier encore dynamique. En outre, les créations d’entreprises repartent à la hausse et la progression des défaillances se tasse.
Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2024 publiés par l'Insee.
Construction - Le marché de la construction toujours en difficulté Bilan économique 2024
Aline Faure (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement)
Le secteur de la construction, tout comme celui des activités immobilières, reste en difficulté dans la région, avec un nouveau point bas en 2024. Entre hausse des coûts et restriction des accès au crédit, le secteur peine à sortir d’une crise qui dure depuis plus de deux ans. La baisse récente des taux d’intérêt n’engendre pas encore de relance du marché immobilier. Ainsi, les reculs des permis de construire et des mises en chantier se poursuivent. Le marché de la promotion immobilière reste atone, en dépit d’une atténuation de la baisse des ventes. Les surfaces autorisées pour les locaux non résidentiels progressent encore cette année en Bourgogne-Franche-Comté, portées principalement par les secteurs agricole et industriel.
- Les délivrances de permis de construire toujours orientées à la baisse
- Une activité dans le bâtiment toujours en recul
- Un marché de la promotion immobilière morose
- Amélioration de l’habitat privé : des aides publiques renforcées et mieux ciblées
- Non résidentiel : hausse des surfaces, principalement portée par l’agriculture
Les délivrances de permis de construire toujours orientées à la baisse
En 2024, 8 500 logements sont autorisés à la construction en Bourgogne-Franche-Comté, soit une baisse de 17 % par rapport à l’année précédente (figure 1). Cette diminution est plus prononcée qu’au niveau national (-12 %). En dépit d’une baisse des taux d’intérêt amorcée au premier semestre, le marché immobilier reste pénalisé par le niveau élevé des coûts de la construction et des conditions de financement restrictives, notamment pour les primo-accédants. Fait nouveau, la baisse des demandes de permis de construire concerne désormais davantage l’habitat collectif (-20 %) que le secteur pavillonnaire (-13 %).
Ce recul est présent dans tous les départements. Il n’y a que dans l’Yonne que le nombre de logements autorisés se stabilise, grâce au dynamisme toujours présent dans le secteur collectif. Ailleurs, la baisse varie de -13 % dans le Doubs à -34 % en Haute-Saône, et atteint même -50 % dans la Nièvre (figure 2).
tableauFigure 1 – Évolution de la construction de logements
Période | Logements autorisés - Bourgogne-Franche-Comté | Logements commencés - Bourgogne-Franche-Comté | Logements autorisés - France hors Mayotte | Logements commencés - France hors Mayotte |
---|---|---|---|---|
2018 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
2019 | 95,9 | 92,6 | 97,4 | 96,2 |
2020 | 95,1 | 96,3 | 85,4 | 92,4 |
2021 | 112,2 | 104,6 | 101,9 | 103,6 |
2022 | 109,8 | 106,5 | 106,3 | 99,5 |
2023 | 82,1 | 79,6 | 81,4 | 76,8 |
2024 | 69,1 | 71,3 | 71,3 | 72,0 |
- Note : Données en date réelle estimée, extraction du 28/03/2025.
- Champ : Logements individuels, collectifs et en résidence.
- Source : SDES, Sitadel.
graphiqueFigure 1 – Évolution de la construction de logements

- Note : Données en date réelle estimée, extraction du 28/03/2025.
- Champ : Logements individuels, collectifs et en résidence.
- Source : SDES, Sitadel.
tableauFigure 2 – Construction autorisée de logements par département
Zonage | Logements en 2024 (nombre) | Évolution 2023 - 2024 (%) | Évolution annuelle moyenne 2018 - 2023 ¹ (%) |
---|---|---|---|
Côte-d'Or | 2 200 | -16,8 | -6,4 |
Doubs | 2 200 | -13,2 | -4,5 |
Jura | 800 | -14,4 | -3,6 |
Nièvre | 200 | -49,7 | -1,2 |
Haute-Saône | 400 | -34,4 | -2,1 |
Saône-et-Loire | 1 700 | -13,9 | -0,9 |
Yonne | 700 | 0,3 | 4,3 |
Territoire de Belfort | 300 | -22,8 | -9,4 |
Bourgogne-Franche-Comté | 8 500 | -16,5 | -3,8 |
France hors Mayotte | 331 600 | -12,4 | -4,0 |
- ¹ : Évolution qui aurait été observée pour la construction autorisée de logements, pour chaque année de la période considérée, en supposant une évolution identique chaque année.
- Notes : Données en date réelle estimée, extraction du 28/03/2025. Les évolutions sont calculées sur les données non arrondies. En raison des arrondis, des totaux peuvent légèrement différer de la somme des éléments qui les composent.
- Source : SDES, Sitadel.
Une activité dans le bâtiment toujours en recul
La diminution continue des délivrances de permis de construire depuis deux ans se répercute logiquement sur le nombre d’ouvertures de chantier. Ainsi, l’activité dans le bâtiment, mesurée par les mises en chantier de logement, est toujours en berne. En 2024, 7 700 logements sont mis en chantier en Bourgogne-Franche-Comté, soit 10 % de moins qu’en 2023 (-6 % en France). Les constructions effectives de maisons individuelles sont particulièrement touchées : elles reculent de -17 %, contre seulement -2 % pour les logements collectifs.
Les mises en chantier baissent dans la plupart des départements (figure 3). La Côte-d’Or contribue à plus de la moitié de la baisse régionale, en raison d’un net repli du logement collectif. À Dijon, les délais de vente des logements neufs s’allongent, incitant les promoteurs à privilégier l’écoulement du stock existant plutôt que de lancer de nouveaux projets. À l’inverse, le Doubs et l’Yonne enregistrent une hausse des mises en chantier, portée exclusivement par une forte dynamique du secteur collectif.
tableauFigure 3 – Logements commencés par département
Zonage | Logements en 2024 (nombre) | Évolution 2023 - 2024 (%) | Évolution annuelle moyenne 2018 - 2023 ¹ (%) |
---|---|---|---|
Côte-d'Or | 1 900 | -22,9 | -4,9 |
Doubs | 2 300 | 6,9 | -7,3 |
Jura | 700 | -24,7 | 0,0 |
Nièvre | 300 | -11,9 | 7,0 |
Haute-Saône | 500 | -16,0 | -2,6 |
Saône-et-Loire | 1 400 | -4,5 | -2,5 |
Yonne | 500 | 16,0 | -4,7 |
Territoire de Belfort | 200 | -37,2 | -4,6 |
Bourgogne-Franche-Comté | 7 700 | -10,3 | -4,3 |
France hors Mayotte | 288 500 | -6,2 | -5,1 |
- ¹ : Évolution qui aurait été observée pour les logements commencés, pour chaque année de la période considérée, en supposant une évolution identique chaque année.
- Notes : Données en date réelle estimée, extraction du 28/03/2025. Les évolutions sont calculées sur les données non arrondies. En raison des arrondis, des totaux peuvent légèrement différer de la somme des éléments qui les composent.
- Source : SDES, Sitadel.
Un marché de la promotion immobilière morose
En 2024, le nombre de nouveaux programmes atteint un niveau historiquement bas (figure 4). Les mises sur le marché baissent de près d’un tiers sur un an, repli comparable à la moyenne nationale. Cette baisse s’explique par le net recul des mises en vente en Saône-et-Loire et dans le Doubs. Le marché dijonnais est également en retrait, mais les mises en ventes progressent légèrement en Côte-d'Or. Dans les autres départements, la commercialisation de nouveaux logements reste très limitée, voire inexistante, en 2024.
tableauFigure 4 – Évolution de la commercialisation de logements neufs - Bourgogne-Franche-Comté
Période | Logements neufs disponibles en fin d'année | Logements neufs mis en vente | Logements neufs vendus (réservés) |
---|---|---|---|
2018 | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
2019 | 87,2 | 72,9 | 105,8 |
2020 | 90,2 | 86,3 | 101,7 |
2021 | 79,6 | 65,1 | 99,2 |
2022 | 91,5 | 93,0 | 97,9 |
2023 | 101,9 | 58,4 | 57,6 |
2024 | 88,4 | 41,8 | 57,2 |
- Notes : Données brutes, extraction du 11/03/2025. Le champ intègre les logements neufs issus de la construction sur existant.
- Champ : Permis de 5 logements et plus destinés à la vente aux particuliers.
- Source : SDES, enquête ECLN.
graphiqueFigure 4 – Évolution de la commercialisation de logements neufs - Bourgogne-Franche-Comté

- Notes : Données brutes, extraction du 11/03/2025. Le champ intègre les logements neufs issus de la construction sur existant.
- Champ : Permis de 5 logements et plus destinés à la vente aux particuliers.
- Source : SDES, enquête ECLN.
Après la forte baisse de 2023, les ventes de logements neufs se stabilisent en 2024, avec 1 200 réservations assorties d’un versement d’arrhes. Le marché régional est ainsi mieux orienté que le marché national, toujours en baisse de 5,5 %. Dans ce contexte, les prix de vente moyen des appartements restent stables en 2024, à 3 677 €/m2. Toutefois, depuis le deuxième trimestre, ils repartent à la hausse, suivant la tendance nationale. En Saône-et-Loire, les prix affichent une hausse marquée de 15 %, tandis que la progression reste très modérée dans le Doubs (+1 %). À l’inverse, la Côte-d’Or enregistre une baisse de 4 %, mais reste le département le plus cher de la région, avec un prix moyen de 3 830 €/m2.
Amélioration de l’habitat privé : des aides publiques renforcées et mieux ciblées
En 2024, le secteur de l’amélioration de l’habitat retrouve un certain dynamisme, soutenu par la revalorisation des aides publiques en faveur de la rénovation énergétique. Les subventions accordées par l’Agence nationale de l’habitat (ANAH), au titre de la rénovation énergétique, augmentent de 6,5 % dans la région. Notamment, le dispositif « MaPrimeRénov’ Parcours accompagné » est renforcé. Il est destiné aux rénovations globales, dites d’ampleur, visant un gain d’au moins deux classes énergétiques. Le nombre de dossiers double en un an. Avec 115 millions d’euros mobilisés, 4 150 logements ont été rénovés en Bourgogne-Franche-Comté cette année.
À l’inverse, le nombre de dossiers aidés pour des rénovations par geste (travaux d’isolation, modification du mode de chauffage, etc.) est divisé par deux en un an. En 2024, 13 500 dossiers sont enregistrés, représentant 55 millions d’euros d’aides pour 190 millions d’euros de travaux.
Non résidentiel : hausse des surfaces, principalement portée par l’agriculture
Dans la continuité de 2023, les surfaces autorisées de locaux non résidentiels progressent encore pour atteindre 1,7 million de m2 (+4 % sur un an).
L’entreposage est le principal type de locaux autorisé à la construction, les nouvelles surfaces sont en recul de 2,6 % (figure 5). Les activités agricoles ou forestières enregistrent une progression notable de 20 %. Cette dynamique s’explique principalement par une forte augmentation en Haute-Saône et dans la Nièvre. Les incitations financières à la construction de hangars photovoltaïques peuvent expliquer en partie cette hausse. Les surfaces de locaux industriels repartent également à la hausse cette année (+15 %).
La hausse marquée des autorisations pour les hébergements touristiques s’explique en partie par deux projets hôteliers d’envergure. L’un concerne la transformation de l’ancienne Maison de l’agriculture de Nevers en un hôtel haut de gamme de 5 000 m². L’autre concerne la création d’un nouvel établissement de près de 3 000 m² dans la zone commerciale de Choisey, à proximité de Dole.
tableauFigure 5 – Construction autorisée de locaux non résidentiels selon le type
Type de locaux | Bourgogne-Franche-Comté | France entière | |||
---|---|---|---|---|---|
Surfaces autorisées en 2024 (milliers de m²) | Évolution 2023 - 2024 | Évolution annuelle moyenne 2018 - 2023 ¹ | Évolution 2023 - 2024 | Évolution annuelle moyenne 2018 - 2023 ¹ | |
Artisanat | 63 | -17,2 | -1,4 | -9,7 | -0,7 |
Bureaux | 122 | -7,1 | 5,7 | -8,9 | -4,8 |
Commerce | 174 | -6,9 | 4,5 | -3,7 | 0,4 |
Entrepôt | 529 | -2,6 | 14,4 | -3,9 | 5,2 |
Exploitation agricole ou forestière | 337 | 20,5 | -11,2 | 8,0 | -6,1 |
Hébergement hôtelier | 27 | 111,9 | -3,0 | 1,7 | -2,8 |
Industrie | 243 | 14,6 | 3,2 | 3,6 | 3,3 |
Service public ou d'intérêt collectif | 247 | 5,9 | 2,3 | 5,4 | -1,5 |
Ensemble | 1 741 | 4,0 | 2,0 | -0,0 | -0,9 |
- ¹ : Évolution qui aurait été observée pour la construction autorisée de locaux non résidentiels, pour chaque année de la période considérée, en supposant une évolution identique chaque année.
- Note : Données brutes provisoires en date de prise en compte, extraction du 28/03/2025.
- Source : SDES, Sitadel.
Avertissement
Les données chiffrées sont parfois arrondies (selon les règles mathématiques). Le résultat arrondi d'une combinaison de données chiffrées (qui fait intervenir leurs valeurs réelles) peut se trouver légèrement différent de celui que donnerait la combinaison de leurs valeurs arrondies.
Pour comprendre
La base de données Sit@del2 rassemble les informations relatives aux autorisations de construire (permis accordés) et aux mises en chantier transmises par les services instructeurs (État, collectivités territoriales) au service statistique du Ministère de la Transition écologique (MTE). Les mouvements relatifs à la vie du permis (autorisations, annulations, modificatifs, déclarations d'ouverture de chantier) sont exploités à des fins statistiques.
Les séries de la construction utilisées pour la conjoncture et le bilan économique sont élaborées à partir de cette base.
En matière de logement, les séries d'estimations en date réelle sont produites mensuellement pour évaluer le nombre d'autorisations et de mises en chantier. Elles visent à retracer dès le mois suivant, l'ensemble des évènements à leur date réelle. Sur la base des données collectées, les séries intègrent une estimation de l'information non encore remontée. Ces séries sont actualisées chaque mois pour prendre en compte les informations les plus récentes. Les estimations en date réelle corrigent des éventuels défauts de collecte des déclarations d'ouverture de chantier.
Pour les locaux non résidentiels, les séries de surface de plancher en date de prise en compte permettent le suivi conjoncturel de ce secteur. Elles agrègent les informations issues des permis (autorisés, commencés, etc.) selon la date d'enregistrement de la donnée dans l'application Sit@del2.
Les séries de surface de plancher en date réelle sont utilisées pour les études structurelles. L'information est restituée selon la date effective de l'autorisation ou de la mise en chantier. Ces séries sont présentées nettes des annulations et ne comportent pas d'estimations : elles minorent donc la réalité, spécialement pour les mois de collecte les plus récents.
À la date de réalisation de cette publication, les données consolidées en date réelle ne sont pas disponibles ; les données en date de prise en compte ont donc été privilégiées.
Définitions
Un logement autorisé est un logement, non encore réalisé, dont la construction a été autorisée par un permis de construire ou une non-opposition à une déclaration préalable.
Un logement est considéré comme commencé (ou mis en chantier) après réception de la déclaration d’ouverture de chantier (DOC) envoyée par le pétitionnaire (ou maître d’ouvrage).
Un logement collectif (appartement) fait partie d’un bâtiment dans lequel sont superposés plus de deux logements distincts et dont certains ne disposent pas d’un accès privatif.
Un logement individuel est un logement dans une maison individuelle. Une maison individuelle peut comporter deux logements individuels s'ils ont été construits par le même maître d'ouvrage d'après le code de la construction et de l'habitation.
Pour en savoir plus
(1) Retrouvez davantage de données associées à cette publication en téléchargement.
(2) « Ouvrir dans un nouvel ongletLa construction de logements et de locaux », Dreal Bourgogne-Franche-Comté, Données conjoncturelles 2024 et 2023, février 2025.
(3) « Ouvrir dans un nouvel ongletLa commercialisation des logements neufs en Bourgogne-Franche-Comté », Dreal Bourgogne-Franche-Comté, Enquête sur la commercialisation des logements neufs, publications 2024 et 2023, mars 2025.