Insee Conjoncture Centre-Val de Loire ·
Juillet 2021 · n° 34Bilan économique 2020 - Centre-Val de Loire Une année 2020 percutée par la crise sanitaire mondiale
L’année 2020, marquée par des fluctuations économiques d’une ampleur inédite, enregistre un recul sans précédent du PIB français (- 8 %). Ce contexte ébranle l’économie du Centre-Val de Loire, après une année 2019 de reprise. La mise en place d’un large dispositif d’aides aux entreprises, dont l’activité partielle, permet de préserver en partie l’emploi. Cependant, la région perd 12 000 salariés en un an, soit - 1,3 %. Seul secteur à résister, la construction voit ses effectifs augmenter. Le nombre de déclarations préalables à l’embauche hors intérim recule nettement mais le basculement de la population vers l’inactivité, lors de chaque confinement, engendre une baisse du taux de chômage régional en « trompe-l’œil », pour atteindre 7,1 % fin 2020.
Les échanges commerciaux entre la région et le reste du monde se contractent très fortement, la crise mondiale affectant profondément les économies de tous les pays. Néanmoins, le nombre d’entreprises créées atteint son plus haut niveau historique (22 200 entreprises) et les défaillances poursuivent leur diminution provisoirement, témoignant de l’efficacité des mesures de soutien mises en place dès mars 2020. L’attribution massive par les banques des Prêts Garantis par l’État, 3,1 milliards d’euros dans la région, a notamment permis d’apporter aux entreprises la trésorerie nécessaire pour faire face à la chute brutale de leur chiffre d’affaires.
Les fermetures temporaires d’établissements et les restrictions de circulation font lourdement chuter les séjours des touristes et de la clientèle d’affaire, même si la région reste relativement épargnée par rapport aux autres.
La crise modifie les circuits de commercialisation dans le secteur de l’agriculture, limite la concurrence étrangère avec, de fait, la mise en avant de l’origine France. En revanche, nombre de débouchés se referment, en particulier pour la viticulture.
La qualité de l’air bénéficie du fort ralentissement de l’économie. Parallèlement, la part des véhicules électriques immatriculés progresse et les ventes de voitures particulières au diesel, considéré comme davantage polluant, poursuivent leur repli.
Les tendances observées en 2020, liant activité économique et situation épidémique, se poursuivent en début d’année 2021.
Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2020 publiés par
l'Insee.
Retrouvez les bilans des autres régions ici.
Synthèse régionale - Contexte national Bilan économique 2020
Muriel Auzanneau, Aliette Cheptitski (Insee)
Insee Conjoncture Centre-Val de Loire
No 34
Paru le :08/07/2021
- Synthèse régionale – Une année 2020 percutée par la crise sanitaire mondiale
- Les créations d’entreprises restent dynamiques
- Seul le secteur de la construction augmente ses effectifs
- Le tertiaire marchand recense les pertes d’emploi les plus élevées
- Le chômage baisse en « trompe-l’œil »
- La qualité de l’air profite des restrictions de déplacement
- L’activité économique encore limitée début 2021
- Contexte national - En 2020, la crise sanitaire a pesé lourdement sur l’activité économique mondiale
- En France, l’activité en 2020 a davantage chuté que dans la moyenne de la zone euro
- L’impact de la pandémie a été contrasté suivant les différentes branches d’activité
- Avec l’utilisation massive de l’activité partielle, l’emploi a beaucoup moins baissé que l’activité économique
- En moyenne, le pouvoir d’achat des ménages et le taux de marge des entreprises ont été préservés, grâce aux mesures de soutien
Synthèse régionale – Une année 2020 percutée par la crise sanitaire mondiale
En raison de l’épidémie mondiale de Covid-19 survenue début 2020, des périodes de confinement de la population française, du 17 mars au 11 mai puis du 30 octobre au 15 décembre, contraignent à l’arrêt certaines activités, comme l’hôtellerie-restauration, l’artisanat et le commerce non alimentaire. L’année connaît une alternance de mesures de restrictions dues à la circulation du virus par vagues successives avec des allègements en fonction de l’impact positif des confinements puis de la vaccination progressive de la population. L’activité économique et l’épidémie évoluent de ce fait en miroir tout au long de l’année.
Les économies de tous les pays sont profondément affectées. Aussi les échanges commerciaux entre la région et le reste du monde chutent très fortement, les exportations subissant un recul de 13 %. La balance commerciale, en Centre-Val de Loire, devient déficitaire pour la première fois de la décennie, de 1,4 milliard d’euros (figure 1).
tableauFigure 1 – Panorama d’ensemble 2020 en Centre-Val de Loire
Thème | Indicateur | Situation 2020 | Tendance 2019 | T1 2020 | T2 2020 | T3 2020 | T4 2020 | Tendance 2020 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Emploi | Emploi salarié total | 900 000 salariés | ↑ | -2,5 | -0,5 | 1,8 | -0,2 | ↓ |
Intérim | 36 000 intérimaires | ↓ | -41,0 | 23,7 | 26,8 | 4,9 | ↓ | |
Chômage | Taux de chômage | 7,1 % de chômeurs | ↓ | - 0,4 point | - 0,5 point | + 1,4 point | - 1,1 point | ↓ |
Demandeurs d’emploi (A, B et C) | 217 500 demandeurs d’emploi | ↓ | -1,0 | 5,4 | -0,4 | -0,9 | ↑ | |
Démographie des entreprises | Créations | 22 200 créations | ↑ | 5,6 | -30,2 | 51,6 | 5,4 | ↑ |
Défaillances | 1 000 défaillances | ↓ | -23,5 | -38,5 | -9,7 | 25,6 | ↓ | |
Construction | Autorisations | 11 600 autorisations de logement | ↑ | 9,2 | -10,7 | -4,3 | 3,6 | ↓ |
Tourisme | Nuitées dans les hôtels | 3,5 millions de nuitées | ↑ | -13,5 | -82,8 | -19,7 | -46,7 | ↓ |
Commerce extérieur | Balance commerciale | 1,4 milliard d’euros de déficit | ↓ | - 435 M€ | - 223 M€ | - 67 M€ | - 47 M€ | ↓ |
- Note de lecture : L’emploi salarié total représente 900 000 salariés en Centre-Val de Loire. Les effectifs sont en hausse en 2019. Au premier trimestre 2020, l’emploi recule de 2,5 % par rapport au T4 2019. La tendance sur l’année 2020 est à la baisse.
- Sources : Insee, estimations d’emploi, taux de chômage au sens du BIT et taux de chômage localisé, répertoire des entreprises et des établissements – Sirene, Insee en partenariat avec les comités régionaux du tourisme ; estimations trimestrielles Acoss-Urssaf, Dares, Insee ; Banque de France, Fiben (extraction au 20/04/21) ; SDES, Sit@del2, extraction au 30 avril 2021 ; Direction générale des douanes et droits indirects.
Les créations d’entreprises restent dynamiques
Dans ce contexte de restriction des déplacements, les services de livraisons à domicile se développent et génèrent des créations d’entreprises importantes dans ces activités. Elles progressent également dans le secteur des services aux entreprises. Le nombre total d’entreprises créées, dans la région en 2020, atteint un nouveau record historique malgré la crise sanitaire (22 200 entreprises). Parallèlement, les défaillances continuent de diminuer dans tous les secteurs. Ceci témoigne de l’efficacité des mesures de soutien, mises en place dès mars 2020, pour faire face aux conséquences économiques de la crise. Entre autres, l’attribution massive, par les banques, des Prêts Garantis par l’État – 3,1 Milliards d’euros pour la seule région Centre-Val de Loire – a permis d’apporter aux entreprises la trésorerie nécessaire pour faire face à la chute brutale de leur chiffre d’affaires. Cependant le dispositif d’aides a pu maintenir artificiellement en activité certaines entreprises déjà en difficultés. Des défaillances d’entreprises se trouveraient ainsi différées et la baisse de leur nombre total, observée en 2020, risque donc de n’être que provisoire.
Seul le secteur de la construction augmente ses effectifs
D’autres mesures de soutien, comme le dispositif d’activité partielle, permettent aux entreprises de pratiquer une importante rétention de main-d’œuvre, conduisant à une perte d’emplois amortie, beaucoup plus contenue que celle de l’activité économique (figure 2). La reprise de l’emploi salarié, observée l’an passé, s’interrompt toutefois brutalement. Les effectifs diminuent de manière conséquente : - 12 000 salariés en un an, soit - 1,3 %. Le nombre de déclarations préalables à l’embauche hors intérim recule nettement également. Les pertes les plus lourdes sont enregistrées pour les contrats à durée déterminée dits « courts », de moins de 31 jours. L’intérim limite sa diminution sur l’année (- 2,9 %). Les sursauts, du deuxième et du troisième trimestre, compensent en partie la dégradation du début d’année (- 41 % par rapport au quatrième trimestre 2019).
tableauFigure 2 – Activité partielle : nombre de salariés concernés par une demande d'indemnisation
Centre-Val de Loire | |
---|---|
mars 2020 | 217 485 |
avril 2020 | 265 785 |
mai 2020 | 211 655 |
juin 2020 | 86 915 |
juil. 2020 | 45 765 |
août 2020 | 23 315 |
sept. 2020 | 27 205 |
oct. 2020 | 40 000 |
nov. 2020 | 77 200 |
déc. 2020 | 56 490 |
- Note : données mensuelles brutes, provisoires pendant un an.
- Source : ASP-DGEFP-Dares - Extraction du SI APART du 19 avril 2021.
graphiqueFigure 2 – Activité partielle : nombre de salariés concernés par une demande d'indemnisation
Seul secteur à contenir les effets destructeurs de la pandémie en 2020, la construction, 6 % de l’emploi régional, se renforce avec 800 salariés supplémentaires. Les mises en chantier de logements augmentent et les autorisations résistent avec un repli de seulement 3,3 %. Parallèlement, l’activité dans le secteur non résidentiel et dans les travaux publics fléchit fortement. La promotion immobilière privée, tant pour les mises en vente que pour les réservations à la vente, ralentit.
L’industrie, très présente dans le tissu productif régional rassemble 16 % des 900 000 emplois salariés de la région. Après une année 2019 de sursaut qui mettait un terme à de longues années d’érosion de l’emploi, l’industrie régionale régresse de nouveau sévèrement en 2020 (- 2,9 %). Seul le secteur de l’agro-alimentaire parvient à préserver et même à développer ses effectifs (+ 0,3 %).
Le tertiaire marchand recense les pertes d’emploi les plus élevées
Avec 8 670 suppressions d’emploi en un an, le tertiaire marchand, le plus exposé aux mesures de restrictions, est davantage affecté que l’industrie et recense les pertes les plus élevées en Centre-Val de Loire en 2020. Premier secteur pourvoyeur d’emplois dans la région (394 000), moteur de la croissance des effectifs entre 2014 et 2019, il rassemble des activités telles que le commerce, les services aux entreprises et aux ménages, le transport, les services financiers et l’hébergement-restauration. Ce dernier cumule à la fois les effets négatifs des fermetures d’établissements (figure 3) et des restrictions de circulation. Les frontières fermées rendent les entrées en France quasi impossibles. En conséquence, les séjours des touristes habitant à l’étranger mais également des résidents et les déplacements professionnels (clientèle d’affaire) se trouvent limités voire reportés. Ainsi, même si la région reste relativement épargnée par rapport aux autres, le nombre de nuitées diminue lourdement : 4,7 millions sont enregistrées en 2020, contre 8,3 un an auparavant.
tableauFigure 3 – Évolution sectorielle mensuelle des heures rémunérées par rapport au même mois de l'année 2019 - Centre-Val de Loire
Industrie | Construction | Hébergement et restauration | Autres services principalement marchands | Services principalement non marchand | Ensemble - Centre-Val de Loire | Ensemble - France | |
---|---|---|---|---|---|---|---|
janv. 2020 | 0,1 | 3,9 | 4,4 | 1 | -0,8 | 1 | 1,9 |
févr. 2020 | 0 | 3,1 | 4,4 | 1,6 | -0,7 | 1,2 | 1,8 |
mars 2020 | -8,7 | -29,3 | -33,1 | -11 | -6,9 | -12,6 | -13,3 |
avril 2020 | -26,5 | -53,3 | -77,6 | -29,1 | -17,8 | -31,3 | -33,3 |
mai 2020 | -21,8 | -18,4 | -68,6 | -17,9 | -12 | -20,5 | -22,5 |
juin 2020 | -12,4 | -3,6 | -32,4 | -6,3 | -4,7 | -8,7 | -10,3 |
juil. 2020 | -10,8 | -2,3 | -17,9 | -4,1 | -3,5 | -6,3 | -6,8 |
août 2020 | -6,8 | 0,8 | -12 | -2,3 | -2,5 | -3,8 | -4,5 |
sept. 2020 | -7,6 | -2,4 | -12,1 | -1,7 | -1,5 | -3,8 | -4,4 |
oct. 2020 | -7,5 | -3,1 | -15,1 | -1,6 | -1,6 | -3,9 | -4,7 |
nov. 2020 | -5,6 | -2,4 | -56,5 | -7 | -2,2 | -7,8 | -9,8 |
déc. 2020 | -5,8 | -4,1 | -57,1 | -2 | 0 | -5,3 | -6,7 |
- Note : ensemble des heures rémunérées des salariés y compris les heures supplémentaires ainsi que les absences pour lesquelles le salarié est rémunéré.
- Champ : France hors Mayotte.
- Source : DSN - traitement provisoire, Insee.
graphiqueFigure 3 – Évolution sectorielle mensuelle des heures rémunérées par rapport au même mois de l'année 2019 - Centre-Val de Loire
Fortement conditionné par les modalités de voyage, le nombre de passagers s’écroule dans les aéroports de la région. À l’inverse, le fret aérien se porte un peu mieux, grâce à l’expédition ou la réception des produits liés à la crise sanitaire, des masques notamment. S’agissant du transport routier, les achats ou immatriculations de véhicules neufs par les entreprises ou les particuliers diminuent fortement. Néanmoins, les effectifs dans le transport, pourvoyeur de 5 % de l’emploi en Centre-Val de Loire, évoluent comme en moyenne régionale (- 1,3 %).
Le tertiaire non marchand (33 % des effectifs) reste stable, avec la forte sollicitation des services de santé cette année. Les mesures de restrictions n’affectent pas notablement l’emploi dans l’administration, en raison du recours massif au télétravail.
Le secteur de l’agriculture connaît une importante modification de ses circuits de commercialisation. Il bénéficie d’une concurrence étrangère limitée entraînant la mise en avant, de fait, de l’origine France. En revanche, avec les périodes de confinement et de fermeture des activités non considérées prioritaires, nombre de débouchés se referment, notamment pour la viticulture, et la vendange abondante renforce la crise structurelle. La sécheresse pénalise l’élevage, avec des productions fourragères déficitaires encore cette année, mais aussi les grandes cultures avec des récoltes décevantes. En parallèle, les prix sont porteurs pour les laits. Les cours de la viande bovine et de l’agneau se redressent ; celui du porc plonge.
Le chômage baisse en « trompe-l’œil »
Bien que le recours à l’activité partielle semble avoir préservé en partie les effectifs, la demande d’emploi subit des fluctuations importantes. Le ralentissement économique limite les opportunités d’emploi, avec des offres diffusées par Pôle emploi en net repli. En fin d’année, le nombre de demandeurs de catégorie A, B ou C atteint 217 510, soit une hausse de 3 %, moins forte que celle du niveau national. La moitié de ces demandes datent d’un an ou plus.
Cependant, fin 2020, le taux de chômage s’établit à 7,1 %, affichant une perte de 0,6 point en un an. Mais cette diminution traduit plutôt un basculement vers l’inactivité lors de chaque confinement qu’une réelle amélioration du marché du travail. En effet, ne sont comptabilisées au chômage que les personnes qui respectent tous les critères de la définition du chômage au sens du BIT, notamment la recherche active d’emploi ou la disponibilité immédiate. Or, la suspension de certaines activités économiques et la fermeture des établissements scolaires ont rendu très difficile le respect de ces deux derniers points.
La qualité de l’air profite des restrictions de déplacement
En 2020, la qualité de l’air bénéficie du fort ralentissement de l’économie, particulièrement durant les périodes de confinement. L’abaissement important du trafic routier, tant des déplacements de la population que des transports de marchandises, entraîne une amélioration immédiate de la qualité de l’air : les concentrations de dioxyde d’azote diminuent de 25 %. Le recul des immatriculations de véhicules particuliers diesel (- 28 %) participe à cette tendance, les fumées de gazole étant davantage polluantes en particules fines. Cela résulte en partie du report des achats ou immatriculations de véhicules neufs de la part des particuliers, comme des entreprises. Malgré la mise au pas du marché automobile, le volume de voitures particulières possédant des motorisations alternatives aux moteurs thermiques a continué de croître pendant la crise (+ 15 %).
L’activité économique encore limitée début 2021
Les tendances observées en 2020, liant activité économique et situation épidémique, se poursuivent en ce début d’année. Les restrictions sanitaires, déjà importantes début janvier, se sont durcies tout au long du premier trimestre 2021 : avancée à 18 heures de l’horaire du couvre-feu en janvier, fermeture des grands centres commerciaux en février, confinements locaux en mars, encouragement au télétravail, limitation des déplacements hors Union européenne. Le rebond de l’économie s’avère donc moins vif qu’à l’été, dans un contexte sanitaire qui continue de peser sur l’activité. La reprise perdure dans l’industrie, tandis que la situation dans les services les plus affectés par la crise sanitaire (hébergement-restauration, transports, loisirs et culture) se détériore nettement par rapport à celle de l’été dernier. Ce sont d’ailleurs ces services qui freinent la reprise de l’emploi salarié national au premier trimestre 2021 (environ 86 000 créations nettes, tous secteurs confondus). En Centre-Val de Loire, les effectifs remontent à 908 000 salariés pour retrouver le niveau d’avant-crise.
En France, le troisième confinement national à partir du 3 avril 2021 a contraint l’activité économique selon des modalités un peu différentes de celles qui prévalaient en novembre 2020 lors du deuxième confinement. Les restrictions de mobilité sont plus réduites, la liste des commerces ouverts est légèrement élargie ; en revanche les établissements scolaires ont fermé quelques semaines. La décroissance de la troisième vague épidémique et l’intensification de la campagne de vaccination conduisent à des réouvertures graduelles au cours du mois de juin et à la suppression du couvre-feu.
L’évolution de la crise économique, qui découle directement de la crise sanitaire, reste donc encore dépendante des restrictions imposées et de la maîtrise de l’épidémie.
Contexte national - En 2020, la crise sanitaire a pesé lourdement sur l’activité économique mondiale
L’activité mondiale en 2020 a été avant tout déterminée par l’évolution de la pandémie de Covid-19 et par les mesures d’endiguement adoptées dans les différents pays. La Chine, où le confinement strict et la chute de l’activité ne se sont pas étendus au-delà du premier trimestre, a enregistré un PIB en croissance de 2,3 % en moyenne sur l’année. Les États-Unis – où l’épidémie s’est peu à peu intensifiée, entraînant la mise en place de restrictions locales – et le Japon – bien que relativement épargné – ont en revanche connu une chute du PIB de - 3,5 % et - 4,7 % respectivement. De même, et de façon plus marquée, le PIB a diminué de 6,7 % en moyenne dans la zone euro, laquelle a connu deux vagues épidémiques, au printemps et à l’automne, et instauré des restrictions nationales strictes. Dans la plupart des pays, la consommation des ménages a souffert des mesures limitant les déplacements et les opportunités de consommer ; la production des branches du commerce, des services de transport et de l’hébergement-restauration ont été particulièrement affectées.
En France, l’activité en 2020 a davantage chuté que dans la moyenne de la zone euro
Après une croissance de 1,8 % en 2019, l’activité économique française a chuté fortement à - 8,0 % en 2020 (figure 4). L’effet de la crise sanitaire a donc été du même ordre de grandeur qu’en Italie (- 8,9 %), nettement plus prononcé qu’en Allemagne (- 5,1 %) et un peu moins qu’au Royaume-Uni et en Espagne (respectivement - 9,8 % et - 10,8 %).
Tous les principaux postes de la demande (hors stocks) participent à cette chute. La plus forte contribution est celle de la consommation des ménages, de - 3,7 points : les mesures de restriction ont grandement limité les opportunités de consommer des ménages, avec – entre autres – la fermeture pendant plusieurs mois des magasins « non essentiels », des restaurants et cafés ou encore des activités culturelles et sportives. Bien que, de manière inhabituelle, la baisse de l’investissement n’ait guère été amplifiée par rapport à celle de l’activité, ce poste contribue à hauteur de - 2,1 points à la chute du PIB – l’investissement des entreprises contribuant plus que celui des ménages et que celui des administrations publiques. La contribution des échanges extérieurs suit, à - 1,1 point : les exportations ont en effet davantage diminué que les importations, bien que les deux aient pâti de la situation économique dégradée de la France et de ses principaux partenaires (notamment européens).
tableauFigure 4 – Variations annuelles du PIB et contribution des principaux postes de la demande
PIB (en %) | Consommation des ménages (en points) | Investissement des ménages (en points) | Investissement des entreprises (en points) | Investissement des administrations publiques (en points) | Echanges extérieurs (en points) | Stocks (en points) | |
---|---|---|---|---|---|---|---|
2016 | 1,0 | 0,9 | 0,1 | 0,3 | 0,0 | -0,4 | -0,4 |
2017 | 2,5 | 0,9 | 0,3 | 0,7 | 0,0 | 0,0 | 0,2 |
2018 | 1,8 | 0,5 | 0,1 | 0,5 | 0,1 | 0,5 | 0,0 |
2019 | 1,8 | 1,0 | 0,2 | 0,4 | 0,3 | -0,3 | 0,0 |
2020 | -8,0 | -3,7 | -0,7 | -1,1 | -0,2 | -1,1 | -0,2 |
- Note : les volumes sont corrigés des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables (CVS-CJO).
- Lecture : en 2020, le PIB a diminué de - 8,0 % ; la contribution de la consommation privée des ménages a été de – 3,7 points.
- Source : Insee, comptes nationaux trimestriels, base 2014 ; calculs Insee.
graphiqueFigure 4 – Variations annuelles du PIB et contribution des principaux postes de la demande
Cette forte baisse du PIB en moyenne sur l’année recouvre cependant de grandes disparités mensuelles, au gré de l’évolution de la pandémie et des mesures de restrictions (figure 5). Le creux d’activité le plus marqué s’est situé au mois d’avril, à environ - 30 % (en écart au niveau d’avant crise, à savoir le quatrième trimestre 2019) : il reflète la sévérité du confinement mis en place entre le 17 mars et le 11 mai au moment de la première vague épidémique (fermeture d’une partie de l’économie et interdiction de sortir du domicile hors motifs autorisés) mais aussi sa soudaineté, obligeant de nombreuses entreprises à réduire ou cesser leur activité du fait de l’absence de protocoles sanitaires ou de la difficulté à instaurer massivement le télétravail. Le rebond a cependant été particulièrement vif en mai et juin, l’activité se stabilisant entre août et octobre à près de - 3 % par rapport à son niveau d’avant crise. La résurgence de l’épidémie et le confinement instauré en novembre ont ensuite conduit à une nouvelle baisse de l’activité, mais d’ampleur bien moindre, celle-ci se situant ce mois-ci à - 7 % en écart à l’avant crise : les mesures mises en place entre le 30 octobre et le 15 décembre ont en effet été moins strictes, et les ménages et les entreprises se sont davantage adaptées à la situation sanitaire (protocoles sanitaires, télétravail).
tableauFigure 5 – Pertes d’activité mensuelles estimées, écart au quatrième trimestre 2019
Perte d'activité mensuelle | |
---|---|
Janv. 2020 | -0,4 |
Fév | -0,6 |
Mars | -16,5 |
Avr | -30,0 |
Mai | -17,3 |
Juin | -7,6 |
Juil | -4,6 |
Août | -2,4 |
Sept | -2,4 |
Oct | -2,8 |
Nov | -7,1 |
Déc | -4,0 |
- Lecture : en novembre, l’activité économique a été en retrait d’environ – 7 % par rapport au niveau du quatrième trimestre 2019.
- Source : calculs Insee à partir de sources diverses.
graphiqueFigure 5 – Pertes d’activité mensuelles estimées, écart au quatrième trimestre 2019
L’impact de la pandémie a été contrasté suivant les différentes branches d’activité
En 2020, la valeur ajoutée totale a dans l’ensemble davantage baissé que la consommation privée, avec néanmoins des différences selon les branches (figure 6). La chute de la valeur ajoutée a été la plus forte dans l’hébergement-restauration (- 42 %) – en lien avec les fermetures réglementaires et l’arrêt d’une grande partie du tourisme –, dans les matériels de transport (- 28 %) et les services de transport (- 23 %) – qui ont souffert de la baisse des déplacements nationaux et internationaux –, dans la construction (- 16 %) – qui a surtout été affectée pendant le premier confinement –, et dans les autres services aux ménages (- 23 %) – qui regroupent les activités culturelles et sportives. Au total, les contributions les plus fortes à la baisse totale de la valeur ajoutée sont celles de l’hébergement-restauration, des services de transport et – en raison de leur poids dans la valeur ajoutée et dans le sillage de la situation économique globalement dégradée – des services aux entreprises ; chacune à hauteur d’environ - 1 point.
tableauFigure 6 – Variation annuelle et contribution des branches en 2020Valeur ajoutée
Agriculture (en points) | Autres branches industrielles (en points) | Industrie agro-alimentaires (en points) | Matériels de transport (en points) | Construction (en points) | Autres services marchands (en points) | Commerce (en points) | Transport (en points) | Hébergement-restauration (en points) | Services aux entreprises (en points) | Services aux ménages (en points) | Services non marchands (en points) | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Agriculture | 0,0 | |||||||||||
Industrie | -0,8 | -0,1 | -0,4 | |||||||||
Construction | -0,9 | |||||||||||
Services marchands | -0,4 | -0,7 | -1,1 | -1,2 | -0,9 | -0,7 | ||||||
Services non marchands | -1,0 |
- Note : les volumes sont corrigés des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables (CVS-CJO). La valeur ajoutée totale est calculée hors impôts et subventions sur produits (contrairement au PIB).
- Lecture : en 2020, la valeur ajoutée totale a baissé de - 8,2 % ; l’hébergement-restauration a contribué à cette baisse à hauteur de – 1 point.
- Source : Insee, comptes nationaux trimestriels, base 2014 ; calculs Insee.
graphiqueFigure 6 – Variation annuelle et contribution des branches en 2020Valeur ajoutée
Avec l’utilisation massive de l’activité partielle, l’emploi a beaucoup moins baissé que l’activité économique
Après une accélération en 2019 (+ 266 100 emplois en fin d’année par rapport à la fin d’année 2018, après 171 500), l’emploi salarié privé a diminué en 2020 (- 332 300) : l’ampleur de la baisse a cependant été bien moindre (- 1,7 % par rapport à fin 2019) que pour l’activité économique. Le dispositif d’activité partielle, considérablement renforcé dès le début de la crise sanitaire, a été massivement utilisé par les entreprises afin de conserver une grande partie de leurs salariés empêchés de travailler : en avril 2020, 8,4 millions de salariés ont ainsi été concernés.
Le taux de chômage a connu des mouvements contraires et atypiques en 2020 : le contexte des deux confinements a en effet rendu difficiles, voire impossibles, les démarches de recherche active d’emploi, affectant par conséquent la mesure du taux de chômage. Ces effets « en trompe-l’œil » expliquent la baisse du taux de chômage au deuxième trimestre et en partie la baisse survenue également au quatrième trimestre : le taux de chômage s’y est situé à 8 % de la population active, soit quasiment le même niveau qu’un an auparavant (après 8,1 % fin 2019).
En moyenne, le pouvoir d’achat des ménages et le taux de marge des entreprises ont été préservés, grâce aux mesures de soutien
Après une évolution particulièrement dynamique en 2019 (+ 3,4 %), le revenu disponible brut des ménages a progressé plus modérément en 2020 (+ 1,0 %). D’une part, la masse salariale a diminué (- 4,1 %, conséquence des destructions d’emploi et de la mise au chômage partiel de nombreux salariés). C’est aussi le cas des revenus de la propriété (- 12,6 %) – reflétant en particulier le recul des dividendes versés. Cependant, les dispositifs de soutien (activité partielle et fonds de solidarité), ainsi que les stabilisateurs automatiques (assurance chômage, RSA, impôts) ont permis au revenu des ménages de globalement résister. Les prestations sociales ont ainsi augmenté de 9,5 %, tandis que les impôts sur le revenu et le patrimoine ont diminué à - 3,6 %. Le fonds de solidarité a notamment limité la baisse de l’excédent brut d’exploitation des entrepreneurs individuels (- 0,6 %). Par ailleurs, le déflateur de la consommation des ménages a ralenti avec l’inflation en 2020, à + 0,6 % après + 0,8 %. Finalement, le pouvoir d’achat a fortement ralenti à 0,4 %, après 2,6 % (figure 7) ; tandis que le pouvoir d’achat par unité de consommation s’est maintenu (0,0 %).
Du côté des entreprises, la valeur ajoutée (CVS-CJO) des sociétés non financières a chuté de 8,5 %. Le taux de marge a certes baissé lui aussi, mais dans une moindre mesure, à 31,7 % (après 33,4 % en 2019), soutenu par les dispositifs de soutien mentionnés précédemment (fonds de solidarité notamment et chômage partiel). Il revient ainsi à un niveau proche de celui observé entre 2015 et 2018, après avoir temporairement augmenté en 2019 sous l’effet principalement de l’enregistrement du CICE.
tableauFigure 7 – Variations annuelles du pouvoir d’achat et contribution de ses principaux déterminants
Revenus d'activité (en points) | Prestations (en points) | EBE des ménages purs (en points) | Revenus de la propriété (en points) | Impôts et cotisations (en points) | Prix à la consommation des ménages (en points) | Pouvoir d'achat (en %) | |
---|---|---|---|---|---|---|---|
2017 | 2,3 | 0,6 | 0,3 | -0,1 | -0,8 | -0,8 | 1,8 |
2018 | 1,9 | 0,8 | 0,3 | 0,7 | -0,6 | -1,7 | 1,4 |
2019 | 2,2 | 1 | 0,4 | -0,1 | -0,1 | -0,8 | 2,6 |
2020 | -2,7 | 3,4 | 0,2 | -0,7 | 0,8 | -0,6 | 0,4 |
- Note : les données sont corrigées des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables (CVS-CJO).
- Lecture : en 2020, le pouvoir d’achat des ménages a ralenti à 0,4 % ; les revenus d’activités ont contribué à hauteur de près de – 3 points.
- Source : Insee, comptes nationaux trimestriels, base 2014 ; calculs Insee.
graphiqueFigure 7 – Variations annuelles du pouvoir d’achat et contribution de ses principaux déterminants
Définitions
le dispositif de l’activité partielle (ou chômage partiel) permet aux établissements confrontés à des difficultés temporaires de diminuer ou suspendre leur activité tout en assurant aux salariés une indemnisation pour compenser leur perte de salaire. L’activité partielle fait l’objet de demandes d’autorisation préalables (DAP) déposées par les établissements souhaitant recourir à l’activité partielle en raison de la crise sanitaire, ainsi que les demandes d’indemnisation (DI). Lors de la phase d’indemnisation, il est possible que le nombre d’heures effectivement consommé soit inférieur à celui qui avait été demandé. En complément des données administratives (DAP et DI), les réponses des entreprises à l’enquête mensuelle Acemo-Covid-19 sont mobilisées. Elles permettent d’estimer le nombre de salariés qui ont été effectivement placés en activité partielle chaque mois, et d’anticiper ainsi les demandes d’indemnisations qui vont arriver, les entreprises disposant, pour un mois donné, d’un délai d’un an pour faire leur demande. L’ensemble des données présentées sur l’activité partielle sont susceptibles d’être révisées.
le volume d’heures rémunérées correspond à la durée pour laquelle le salarié est rémunéré sur une période. Cela inclut notamment les heures supplémentaires mais aussi les absences pour lesquelles le salarié perçoit une rémunération, comme les congés payés, les jours fériés ou les jours attribués au titre de la réduction du temps de travail. Ce volume d’heures rémunérées est une composante importante de l’activité économique, même s’il ne la mesure pas directement : d’une part, certaines absences sont considérées comme du travail rémunéré et d’autre part, la rémunération des salariés ne reflète pas toujours les fluctuations de leur productivité.
les montants des transactions par carte bancaire en face‑à‑face proviennent de Cartes Bancaires CB. Elles sont anonymisées et agrégées à l‘échelle départementale. Elles concernent tout détenteur de carte bancaire CB sur le territoire français, ce qui, outre les ménages, peut couvrir aussi des entreprises. Elles couvrent l’essentiel des transactions bancaires, avec et sans contact, à l’exception des transactions en vente à distance (internet). Elles permettent de suivre une partie de la consommation des ménages. Les transactions réalisées par d’autres moyens de paiement (espèces, chèque, ticket restaurant, etc.) ne sont pas suivies.
Estimation prenant en compte la correction des variations saisonnières et les effets des jours ouvrables.
Contrairement à la crise de 2008-2009, où la contribution négative de l’investissement dominait.
Situation sur le marché du travail au 26 avril 2020, Dares.
Un chômeur au sens du BIT est une personne âgée de 15 ans ou plus, sans emploi durant une semaine donnée, disponible pour travailler dans les deux semaines, et qui a effectué au cours des quatre dernières semaines une démarche active de recherche d’emploi.
Estimation prenant en compte la correction des variations saisonnières et les effets des jours ouvrables.
Contrairement à la crise de 2008-2009, où la contribution négative de l’investissement dominait.
Situation sur le marché du travail au 26 avril 2020, Dares.
Un chômeur au sens du BIT est une personne âgée de 15 ans ou plus, sans emploi durant une semaine donnée, disponible pour travailler dans les deux semaines, et qui a effectué au cours des quatre dernières semaines une démarche active de recherche d’emploi.