La campagne 2019-2020 est marquée par un déficit de précipitations (- 14 %), mais surtout par leur répartition très inégale : très excédentaires à l’automne-hiver (+ 27 % d’octobre à mars) puis très au-dessous des moyennes ensuite (- 30 % d’avril à septembre) (figure 1). Les températures sont supérieures à la normale de 1980-2010 et le nombre de jours de gel a été très limité (- 50 %) (figure 2).

Les difficultés de semis à l’automne, les problèmes parasitaires et la sécheresse estivale ont perturbé le cycle végétatif. Les rendements des céréales d’hiver s’avèrent hétérogènes. La qualité des grains donne toutefois satisfaction. Les cultures d’été non irriguées pâtissent des épisodes caniculaires.

La production de blé tendre fléchit de 35 % par rapport à 2019, du fait d’une diminution des surfaces (- 17 %) et des rendements (- 22 %) (figure 3). La production d’orge chute de 32 %, malgré des surfaces stables. Le maïs grain non irrigué est pénalisé par la sécheresse. La production de colza, faible,n’évolue pas.

La production mondiale de céréales bat des records, alors que celle de colza baisse légèrement. La pandémie met les marchés sous tension. Le cours des grandes cultures s’envole dès fin août (figure 4), sous le double effet de la contraction de l’offre (constitution de stocks nationaux) et de l’accroissement de la demande (achats de précaution). Le cours du blé tendre est supérieur de 7 % en 2020 par rapport à 2019, et ceux de l’orge, du maïs et du colza progressent de plus de 3 %.

La production régionale de vin dépasse de 8 % la moyenne quinquennale. Riches en sucre, les raisins affichent des degrés élevés. Avec la pandémie, l’activité commerciale de la filière est bouleversée, les ventes et les prix des vins reculent. Cela se rajoute à la crise structurelle liée aux excédents de production et perturbe les réseaux habituels de commercialisation, notamment le circuit des Cafés-Hôtels-Restaurants (CHR) et les exportations, déjà touchées par les taxes douanières aux États-Unis et le Brexit. En fin d’année, des aides à la distillation sont décidées pour résorber les stocks.

La pandémie bouleverse le secteur dans un premier temps : fermeture de certains marchés et de la restauration hors domicile, difficultés d’exportation. Mais, dès avril, la filière prend ses repères et bénéficie d’un regain d’intérêt pour l’origine France, d’une concurrence raréfiée, et d’une main d’œuvre qui n’a pas fait défaut. Les prix sont bons sur l’ensemble de l’année et les volumes plutôt corrects.

Le printemps a permis une belle pousse des prairies régionales mais la sécheresse estivale interrompt la production fourragère. Le bilan de l’année est déficitaire, pour la troisième année consécutive, de 4 % par rapport à 2019, et très hétérogène. Les ensilages de maïs ont manqué d’eau : les rendements atteignent 80 q/ha, 3 % sous la moyenne 2015-2019.

Le prix moyen du lait de vache continue de grimper (+ 0,6 % sur un an), à 373,5 € les 1 000 litres, supérieur à la moyenne nationale. Les livraisons régionales reprennent (+ 1,4 %), alors que les effectifs et le nombre de producteurs poursuivent leur baisse (- 1,1 % et - 3,5 %, respectivement). Les livraisons de lait bio représentent 1,6 % de la production régionale.

Le prix du lait de chèvre augmente de 2,3 % par rapport à 2019 (+ 33 € pour 1 000 L), dépassant la moyenne nationale. Le nombre de producteurs se maintient et les effectifs sont en croissance.

La progression du cours de la viande bovine persiste (+ 4,8 % sur un an), à 3,9 €/kg de carcasse. La fermeture des restaurants a favorisé l’origine nationale. La consommation de viande bovine française croît de 1,4 % et de 5,8 % pour la consommation à domicile. Toutefois, cette hausse ne compense pas totalement la perte des volumes de la restauration hors domicile.

Les exportations de broutards repartent à la baisse en 2020 (- 1,8 %), avec des difficultés de circulation par moments et des prix bas.

Au plus haut en 2019, le cours du porc s’effondre en 2020. La pandémie, la moindre demande chinoise résultant de la reprise de leur production et l’apparition de la peste porcine en Allemagne ont stoppé l’envolée des prix.

La décapitalisation du cheptel bovin s’accélère : les abattages bovins progressent de 8,6 %, ceux des vaches de 13,2 %. Les abattages de porcs diminuent tandis que ceux des volailles grimpent de 17,4 %, révélant le dynamisme de la filière régionale.

Après trois ans de hausse, le prix des intrants diminue en 2020 sous l’influence du prix du pétrole (figure 5). La baisse est accentuée par la crise sanitaire. Le prix de l’énergie et des lubrifiants perd 15,4 % par rapport à 2019, ainsi que celui des engrais et amendements (- 6,4 %).

Les coûts des produits et services vétérinaires poursuivent leur augmentation. En repli jusqu’en avril, le prix des aliments des animaux se renchérit assez fortement en fin d’année, sous l’effet du coût des matières premières.