Insee Conjoncture Centre-Val de Loire ·
Juillet 2021 · n° 34Bilan économique 2020 - Centre-Val de Loire Une année 2020 percutée par la crise sanitaire mondiale
L’année 2020, marquée par des fluctuations économiques d’une ampleur inédite, enregistre un recul sans précédent du PIB français (- 8 %). Ce contexte ébranle l’économie du Centre-Val de Loire, après une année 2019 de reprise. La mise en place d’un large dispositif d’aides aux entreprises, dont l’activité partielle, permet de préserver en partie l’emploi. Cependant, la région perd 12 000 salariés en un an, soit - 1,3 %. Seul secteur à résister, la construction voit ses effectifs augmenter. Le nombre de déclarations préalables à l’embauche hors intérim recule nettement mais le basculement de la population vers l’inactivité, lors de chaque confinement, engendre une baisse du taux de chômage régional en « trompe-l’œil », pour atteindre 7,1 % fin 2020.
Les échanges commerciaux entre la région et le reste du monde se contractent très fortement, la crise mondiale affectant profondément les économies de tous les pays. Néanmoins, le nombre d’entreprises créées atteint son plus haut niveau historique (22 200 entreprises) et les défaillances poursuivent leur diminution provisoirement, témoignant de l’efficacité des mesures de soutien mises en place dès mars 2020. L’attribution massive par les banques des Prêts Garantis par l’État, 3,1 milliards d’euros dans la région, a notamment permis d’apporter aux entreprises la trésorerie nécessaire pour faire face à la chute brutale de leur chiffre d’affaires.
Les fermetures temporaires d’établissements et les restrictions de circulation font lourdement chuter les séjours des touristes et de la clientèle d’affaire, même si la région reste relativement épargnée par rapport aux autres.
La crise modifie les circuits de commercialisation dans le secteur de l’agriculture, limite la concurrence étrangère avec, de fait, la mise en avant de l’origine France. En revanche, nombre de débouchés se referment, en particulier pour la viticulture.
La qualité de l’air bénéficie du fort ralentissement de l’économie. Parallèlement, la part des véhicules électriques immatriculés progresse et les ventes de voitures particulières au diesel, considéré comme davantage polluant, poursuivent leur repli.
Les tendances observées en 2020, liant activité économique et situation épidémique, se poursuivent en début d’année 2021.
Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2020 publiés par
l'Insee.
Retrouvez les bilans des autres régions ici.
Tourisme - La fréquentation touristique heurtée de plein fouet par la crise sanitaire Bilan économique 2020
Julien Bruyas (Insee)
Après une affluence record dans les hôtels et les campings en 2019, le début d’année prometteur est stoppé net en mars 2020 par le premier confinement de la population. La levée progressive des restrictions permet un retour proche de la normale, notamment pendant l’été. La fréquentation estivale hôtelière et des établissements de plein air reste toutefois inférieure à l’année exceptionnelle précédente, même si la région est relativement épargnée par rapport à d’autres. Le nombre de touristes résidant à l’étranger venus séjourner dans la région baisse fortement.
L'enquête mensuelle de fréquentation touristique habituellement conduite par l'Insee a été suspendue en mars compte tenu de la crise sanitaire liée à la Covid-19. En avril, mai et juin 2020, du fait du premier confinement, les enquêtes de fréquentation touristique ont été réalisées en mode allégé. Ce mode d’enquête a été reconduit en novembre et décembre à la suite du deuxième confinement intervenu fin octobre.
Dans ce cadre, seules les informations portant sur la capacité d'accueil et sur le nombre total de nuitées dans les hôtels ont été collectées. Les questions sur le pays de provenance de la clientèle (résidente versus non-résidente) et le motif de séjour (de loisir versus professionnel) ne sont plus posées.
La fréquentation touristique de l’année 2019 avait été remarquable, en Centre-Val de Loire, favorisée par la célébration des 500 ans de la Renaissance, avec une hausse des entrées dans les grands sites touristiques. Les hôtels et les campings avaient atteint leur plus haut niveau historique avec 8,3 millions de nuitées. En 2020, les mesures prises pour endiguer la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19 impactent lourdement ces établissements. Dans la région, le nombre de nuitées chute de 43 % par rapport à 2019 pour atteindre 4,7 millions, - 46 % en France métropolitaine (figure 1).
Les nuitées réservées en Centre-Val de Loire via les plateformes locatives ne compensent pas la perte dans les établissements traditionnels de tourisme, puisqu’elles aussi enregistrent un recul entre 2019 et 2020 (- 17 %), plus marqué en France de province (- 24 %). Néanmoins, le revenu par chambre disponible (Revpar) augmente de 5 % par rapport à l’an passé avec une moyenne de 44 euros en 2020.
tableauFigure 1 – Évolution des nuitées dans les hôtels et les campings
Année | Centre-Val de Loire | France métropolitaine |
---|---|---|
2011 | 100 | 100 |
2012 | 99 | 100 |
2013 | 99 | 100 |
2014 | 97 | 100 |
2015 | 99 | 102 |
2016 | 99 | 101 |
2017 | 104 | 106 |
2018 | 107 | 108 |
2019 | 110 | 110 |
2020 | 63 | 60 |
- Notes : En 2020, la fréquentation des campings ne concerne que la période de juillet à octobre. Pour les autres années, elle est observée d'avril à septembre. De 2011 à 2016 le mois d'avril a été estimé pour toutes les régions (sauf en avril 2016 où les régions Hauts-de-France, Grand Est et Provence-Alpes-Côte d'Azur ont été enquêtées).
- Source : Insee en partenariat avec les comités régionaux du tourisme (CRT).
graphiqueFigure 1 – Évolution des nuitées dans les hôtels et les campings
Un été en deçà des attentes après un printemps très difficile
Le début d’année 2020 s’annonce prometteur, affichant une hausse des nuitées hôtelières en janvier et février par rapport aux mêmes mois en 2019 (figure 2). Le confinement mis en place en France à partir du 17 mars stoppe brutalement cette tendance et leur nombre chute de moitié par rapport à mars 2019. Avril marque l’arrêt presque complet de l’activité hôtelière, avec 14 000 nuitées contre 540 000 un an plus tôt. Seulement 26 % des hôtels du parc régional restent alors ouverts, et parmi eux, neuf sur dix enregistrent un taux d’occupation inférieur à 20 %. Le Centre-Val de Loire pâtit à la fois de l’absence des touristes résidant à l’étranger et de l’annulation des déplacements professionnels. En effet, durant les mois de mars à mai, généralement moins prisés par les non-résidents que la période estivale, la clientèle d’affaires représente la moitié des nuitées dans les hôtels (54 % en 2019).
L’activité redémarre ensuite très progressivement en juin avec la fin des restrictions sanitaires, malgré une météo moins favorable notamment pour l’itinérance à vélo et la visite des principaux monuments et sites touristiques. Au cœur de l’été, l’activité ne retrouve pas son niveau de 2019, dans les hôtels comme dans les campings, même si la région est relativement épargnée par rapport à d’autres. En août, le nombre de nuitées fléchit respectivement de 14,5 % et 21,7 % par rapport à l’année précédente. L’arrière-saison se révèle également délicate dans la région. En septembre, le nombre de nuitées diminue de 27,7 % dans les hôtels et de 23,4 % dans les campings par rapport à 2019.
tableauFigure 2 – Nuitées dans les hôtels et les campings en 2019 et 2020 selon les mois
Mois | Nuitées hôtels 2019 | Nuitées hôtels 2020 | Nuitées campings 2019 | Nuitées campings 2020 |
---|---|---|---|---|
janvier | 287 | 317 | ||
février | 307 | 348 | ||
mars | 386 | 183 | ||
avril | 540 | 14 | ||
mai | 566 | 53 | ||
juin | 668 | 239 | ||
juillet | 707 | 575 | 619 | 499 |
août | 765 | 654 | 769 | 602 |
septembre | 596 | 431 | 173 | 133 |
octobre | 520 | 375 | ||
novembre | 393 | 138 | ||
décembre | 354 | 162 | ||
Total | 6 089 | 3 489 | 1 562 | 1 234 |
- Note : Les données sur les campings sont présentées seulement pour la période de juillet à septembre afin de pouvoir comparer 2020 à 2019
- Source : Insee en partenariat avec les comités régionaux du tourisme (CRT)
graphiqueFigure 2 – Nuitées dans les hôtels et les campings en 2019 et 2020 selon les mois
La clientèle venant de l’étranger divisée par deux
À l’arrivée de l’été, les restrictions sanitaires se desserrent. Pour autant, les conditions de voyage restent difficiles. Certaines frontières encore fermées rendent la venue des touristes en France impossible, notamment ceux habitant hors de l’Union européenne. Au cours du troisième trimestre, la forte réduction du nombre d’estivants résidant à l’étranger contribue largement au recul régional : - 56 % de nuitées dans les hôtels et - 52 % dans les campings. Au total, ils réservent 700 000 nuitées de moins pendant l’été par rapport à 2019, entraînant une diminution d’un tiers de leur part dans le tourisme de la région : 21 % en 2020 contre 35 % en 2019. Si beaucoup d’habitants sont restés sur le territoire national pour leurs vacances estivales en 2020, cela semble aussi le cas dans d’autres pays. Ainsi, la clientèle britannique, une des plus importantes dans la région, diminue de 71 %, hôtels et campings confondus, même si un fléchissement était déjà amorcé en 2019 suite probablement aux incertitudes liées au Brexit (figure 3). Parmi les touristes habitant hors de France, ceux venant des Pays-Bas restent les plus nombreux dans la région en 2020, malgré la chute de leur fréquentation de 41 % par rapport à 2019. Les nuitées belges, du fait peut-être de la proximité géographique, ont subi un repli plus limité (- 11 %).
tableauFigure 3 – Nuitées en 2019 et 2020 selon le pays de résidence
Pays | Campings 2019 | Campings 2020 | Hôtels 2019 | Hôtels 2020 |
---|---|---|---|---|
Pays-Bas | 312 268 | 177 754 | 71 878 | 49 511 |
Belgique | 61 510 | 57 165 | 70 524 | 59 789 |
Royaume-Uni | 187 133 | 44 698 | 96 277 | 38 006 |
Allemagne | 80 676 | 40 279 | 74 839 | 39 478 |
Suisse | 13 507 | 8 137 | 25 696 | 14 580 |
Espagne | 24 251 | 3 799 | 42 408 | 13 240 |
Italie | 14 106 | 2 177 | 44 114 | 7 732 |
Autre pays de résidence | 18 446 | 5 967 | 154 883 | 32 234 |
Total non-résidents | 711 897 | 339 976 | 580 619 | 254 570 |
- Note : En 2020, le nombre de nuitées des touristes résidant aux Pays-Bas s’élève à 177 800 dans les campings, contre 312 300 en 2019.
- Champ : Données de juillet à septembre pour les principaux pays de résidence des touristes n’habitant pas en France
- Source : Insee en partenariat avec les comités régionaux du tourisme (CRT)
graphiqueFigure 3 – Nuitées en 2019 et 2020 selon le pays de résidence
Le Loir-et-Cher, département le moins touché
Les six départements de la région connaissent une baisse de la fréquentation hôtelière (figure 4). Les nuitées dans l’Eure-et-Loir et l’Indre-et-Loire diminuent respectivement de 27 % et 25 % au cours du troisième trimestre. Le déclin de la clientèle venant de l’étranger participe grandement à ce phénomène (respectivement - 50 % et - 68 %). Avec près de 500 000 nuitées, l’Indre-et-Loire reste cependant la première destination hôtelière de la région. Les établissements à proximité des châteaux et autres monuments souffrent aussi de l’absence de ces touristes, comme dans le Loir-et-Cher où le nombre de nuitées s’effondre de 61 %. Ce dernier bénéficie cependant de la présence d’une clientèle résidente, lui permettant de limiter l’impact sur les hôtels (- 7 %).
Les vacanciers manquent de même au rendez-vous dans les campings des six départements régionaux (figure 5). L’Eure-et-Loir et l’Indre-et-Loire souffrent particulièrement : - 33 % et - 27 % au cours de l’été par rapport à 2019. L’Indre et le Loir-et-Cher sont moins pénalisés. Ce dernier reste la destination préférée des amateurs de camping dans la région, avec plus de 500 000 nuitées. La clientèle non-résidente chute de moitié, particulièrement en Indre-et-Loire (- 59 %).
tableauFigure 4 – Nombre de nuitées dans les hôtels par département
Département | Nombre de nuitées dans les hôtels | Part de nuitées en 2020 par une clientèle non résidente | |
---|---|---|---|
2020 (en milliers) | Évolution 2020/2019 | ||
Cher | 186 | -19,1 | 13,6 |
Eure-et-Loir | 166 | -27,1 | 19,8 |
Indre | 114 | -15,2 | 10,7 |
Indre-et-Loire | 498 | -24,7 | 15,4 |
Loir-et-Cher | 338 | -7,1 | 9,2 |
Loiret | 357 | -20,5 | 21,4 |
Centre-Val de Loire | 1 660 | -19,7 | 15,3 |
- Champ : Données de juillet à septembre.
- Source : Insee en partenariat avec les comités régionaux du tourisme (CRT).
tableauFigure 5 – Nombre de nuitées dans les campings par département
Département | Nombre de nuitées dans les campings | Part de nuitées en 2020 par une clientèle non résidente | |
---|---|---|---|
2020 (en milliers) | Évolution 2020/2019 | ||
Cher | 75 | -16,9 | 22,2 |
Eure-et-Loir | 54 | -32,9 | 26,1 |
Indre | 92 | -12,8 | 18,6 |
Indre-et-Loire | 360 | -27,2 | 23,0 |
Loir-et-Cher | 514 | -15,8 | 32,1 |
Loiret | 139 | -22,8 | 31,5 |
Centre-Val de Loire | 1 234 | -20,9 | 27,5 |
- Champ : Données de juillet à septembre.
- Source : Insee en partenariat avec les comités régionaux du tourisme (CRT).
Avertissement
Les données chiffrées sont parfois arrondies (selon les règles mathématiques). Le résultat arrondi d'une combinaison de données chiffrées (qui fait intervenir leurs valeurs réelles) peut se trouver légèrement différent de celui que donnerait la combinaison de leurs valeurs arrondies.
Sources
Définitions
Les campings sont destinés à l’accueil de tentes, de caravanes, de résidences mobiles de loisirs et d’habitations légères de loisirs. Ils sont constitués d’emplacements nus ou équipés de l’une de ces installations, ainsi que d’équipements communs.
Les hébergements classés sont évalués selon trois grands axes : la qualité de confort, la qualité des services, les bonnes pratiques en matière de respect de l’environnement et d’accueil des clientèles en situation de handicap.
Le nombre de nuitées correspond au nombre total de nuits passées par les clients dans un établissement ; deux personnes séjournant trois nuits dans un hôtel comptent ainsi pour six nuitées de même que six personnes ne séjournant qu'une nuit.
Le taux d'occupation est le rapport entre le nombre de chambres (emplacements) occupés et le nombre de chambres (emplacements) offerts par les hôtels et campings ouverts. Il diffère du taux d'utilisation qui rapporte le nombre de chambres (emplacements) occupés au nombre de chambres (emplacements) total des hôtels et campings, qu'ils soient ouverts ou fermés.
personne résidant à l'étranger et réalisant un séjour touristique en France.
personne résidant en France et réalisant un séjour touristique en France.
Hôtellerie de plein-air (camping)
Nuitée
Arrivées
Les arrivées sont le nombre total de personnes arrivées dans un établissement durant la période considérée. Elles ne sont comptées qu'une fois, au 1er jour de leur séjour, quelle que soit la durée du séjour.
Séjours
Les voyages se décomposent en « séjours » définis par le fait d'avoir passé au moins une nuit en lieu fixe. La durée des séjours est comptabilisée en nuitées.
Durée moyenne de séjour (hôtellerie, hôtellerie de plein air)
Rapport du nombre de nuitées au nombre d'arrivées de clients hébergés.
Taux d'occupation (hôtellerie, hôtellerie de plein air)
Tourisme
Le tourisme comprend les activités déployées par les personnes au cours de leurs voyages et séjours dans des lieux situés en dehors de leur environnement habituel pour une période consécutive qui ne dépasse pas une année.
rapport entre le nombre d'hôtels ouverts au moins un jour le mois de l'enquête et le nombre d'hôtels du parc.
Pour en savoir plus
Bruyas J., le service Observation du Comité Régional de Tourisme Centre-Val de Loire, « En Centre-Val de Loire, la saison estivale hôtelière 2020 en partie épargnée, avant une chute de fréquentation en septembre », Insee Analyses Centre-Val de Loire n°73, janvier 2021.
Ouvrir dans un nouvel ongletEstimation de l'impact du Covid-19 sur les dépenses touristiques en Centre-Val de Loire, Comité Régional du Tourisme Centre-Val de Loire, mai 2021.
Ouvrir dans un nouvel ongletFréquentation de La Loire à Vélo et autres itinéraires vélo 2020, Comité Régional du Tourisme Centre-Val de Loire, novembre 2020.