Bilan économique 2016 - Guyane
Dans la lignée de 2015, l’économie guyanaise reste atone au premier semestre 2016, marquée par une crise du BTP persistante et des investissements en berne, en partie compensés par une activité intense du secteur spatial, une industrie et un secteur tertiaire marchand dynamiques. Au second semestre 2016, l’activité spatiale se maintient, et la construction montre des signes de reprise avec la concrétisation du redémarrage de grands chantiers.
Le contexte mondial est encore morose. En France, la croissance remonte sans atteindre un niveau très élevé. La zone Amérique latine et Caraïbes reste en grandes difficultés (– 1 %). Les deux pays voisins de la Guyane, le Surinam et le Brésil, sont toujours dans une situation économique et politique difficile.
Commerce extérieur - Stabilité malgré la pression de la demande intérieure Bilan économique 2016
Jean-Baptiste Berry, Clémentine Garandeau, Insee
Les échanges commerciaux sont stables en 2016, après une année 2015 en retrait : cette stabilité de l’activité du commerce extérieur guyanais relève pour l’essentiel d’un volume en très faible progression des importations à hauteur de moins de 1 %, dans un contexte de contraction de l’activité économique dans la zone Amérique latine et Caraïbe. La croissance des échanges mondiaux en 2016 est la plus faible depuis 2009, du fait de l’atonie des importations américaines et émergentes.
Conjuguées à une forte pression à la hausse des besoins de la population, ces deux années 2016 et 2015 démontrent l’orientation vers les marchés intérieurs des entreprises de Guyane.
Insee Conjoncture Guyane
No 3
Paru le :23/05/2017
Stabilité des importations
La demande en produits importés en Guyane est stable en 2016 à + 0,8 %. L’orientation à la baisse des prix des produits pétroliers a diminué mécaniquement la facture des importations de ces produits. En retrait de 13 %, les importations de produits pétroliers raffinés s’élèvent à 133 millions d’euros, en provenance de Martinique notamment.
La demande des ménages en biens importés suit la tendance démographique moyenne de ces dernières années, avec une progression de plus de 2 % des importations de denrées alimentaires, boissons et produits à base de tabac, et un redressement des importations d’équipements manufacturés.
La demande des entreprises en produits importés est en retrait en 2016 : les biens d’équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique sont en recul de 3 % par rapport à 2015.
L'hexagone, avec plus de 47 % des marchandises, reste le principal fournisseur. Alors que les importations chinoises se maintiennent, celles en provenance des pays de l'Union européenne et des États-Unis progressent. Les importations des pays d’Amérique latine et Caraïbe sont en net retrait dans un contexte de contraction de leur activité économique.
Rebond des exportations
Hors activités spatiales, les exportations retrouvent leur niveau de 2014, à 193 millions (+ 19 % en évolution annuelle). En 2013, le niveau des exportations était de 296 millions d’euros ; ce niveau était exceptionnellement élevé du fait d’exportations vers Trinidad et Tobago de machines de forage, principalement.
L'hexagone, avec plus de 40 % des exportations, est le principal partenaire, les exportations vers celle-ci étant remarquablement stables depuis 2013 à plus de 80 millions d’euros.
tableauFigure 1 – Chiffres clés Évolution des importations et exportations de la Guyane de 2011 à 2016
2011 | 2012 | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | |
---|---|---|---|---|---|---|
Importations | 1 315 | 1 422 | 1 545 | 1 443 | 1 235 | 1 244 |
Exportations | 167 | 223 | 245 | 193 | 162 | 193 |
Solde des échanges de biens | -1 148 | -1 199 | -1 300 | -1 251 | -1 073 | -1 051 |
- Source : Douanes, calculs Insee
tableauFigure 2 – Les échanges diminuent en 2016Montants et évolutions des importations et des exportations par activité
Importations | Exportations | |||
---|---|---|---|---|
Valeur | Évolution en 2016 | Valeur | Évolution en 2016 | |
AZ - Agriculture, sylviculture et pêche | 17,1 | -3,5 | 0,6 | -15,7 |
DE - Hydrocarbures naturels, autres produits des industries extractives, éléctricité, déchets | 1,5 | 4,1 | 13,7 | 8,5 |
C1 - Denrées alimentaires, boissons et produits à base de tabac | 225,1 | 2,3 | 14 | 3,8 |
C2 - Produits pétroliers raffinés et coke | 132,9 | -12,5 | 0,1 | -50 |
C3 - Equipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique | 235,8 | -3,2 | 27,2 | 76,5 |
C4 - Matériels de transport | 158,7 | 9,8 | 64 | 37,4 |
dont industrie automobile | 144,5 | 10,7 | 61,6 | 39,6 |
C5 - Autres produits industriels | 462,7 | 4,4 | 73,2 | 2,6 |
dont pharmacie | 65,7 | 5 | 0,1 | -30,8 |
Autres | 10,5 | -13,6 | 0,2 | -46,3 |
Total | 1244,2 | 0,8 | 192,9 | 19,4 |
- Source : Douanes, calculs Insee
tableauFigure 3 – La Guyane exporte surtout vers la métropole hors spatialRépartition des exportations selon leur destination de 2011 à 2016
France métropolitaine | Union européenne hors France | Caraïbe ACP | Martinique | Guadeloupe | Etats-Unis | Caraïbe hors ACP | |
---|---|---|---|---|---|---|---|
2011 | 93 | 20 | 2 | 8 | 7 | 11 | 0 |
2012 | 112 | 36 | 21 | 9 | 8 | 10 | 0 |
2013 | 85 | 37 | 68 | 8 | 6 | 8 | 0 |
2014 | 81 | 30 | 28 | 8 | 7 | 6 | 0 |
2015 | 83 | 19 | 3 | 10 | 7 | 9 | 0 |
2016 | 83 | 22 | 3 | 9 | 8 | 19 | 0 |
- Source : Douanes, calculs Insee
graphiqueFigure 3 – La Guyane exporte surtout vers la métropole hors spatialRépartition des exportations selon leur destination de 2011 à 2016

- Source : Douanes, calculs Insee
tableauFigure 4 – La dépendance hexagonale à l'importation se confirmeRépartition des importations selon leur destination de 2011 à 2016
France métropolitaine | Union européenne hors France | Martinique | Chine | Etats-Unis | Caraïbe hors ACP | Caraïbe ACP | Guadeloupe | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
2011 | 392 | 151 | 73 | 65 | 43 | 30 | 79 | 34 |
2012 | 466 | 326 | 104 | 41 | 52 | 41 | 54 | 9 |
2013 | 497 | 299 | 114 | 38 | 146 | 15 | 37 | 33 |
2014 | 552 | 270 | 149 | 45 | 83 | 16 | 9 | 9 |
2015 | 574 | 161 | 134 | 47 | 31 | 13 | 10 | 9 |
2016 | 592 | 177 | 134 | 46 | 44 | 15 | 8 | 10 |
- Source : Douanes, calculs Insee
graphiqueFigure 4 – La dépendance hexagonale à l'importation se confirmeRépartition des importations selon leur destination de 2011 à 2016

- Source : Douanes, calculs Insee
Les importations de biens de consommation et d’investissement
L’orientation choisie pour l’analyse du commerce extérieur est de considérer les importations comme composante de l’offre globale de l’économie de la collectivité territoriale, et leur recul comme n’augmentant pas mécaniquement l’activité économique. Ainsi la convention comptable qui consiste à considérer les importations comme contribution négative à la croissance n’est pas l’approche privilégiée : les importations n’ont un effet négatif que lorsqu’elles se substituent à la production domestique. L’accent est dont mis sur la composition en biens de consommation et d’investissement importés de la demande domestique.
Année médiocre pour le commerce mondial et activité économique régionale en contraction
En 2016, la poursuite de la baisse spectaculaire des importations dans plusieurs pays dits émergents et pays en développement qui connaissent des difficultés économiques pèse sur le commerce mondial. Ce dernier a néanmoins nettement accéléré au second semestre, éclaircissant une année médiocre. Sur l’ensemble de l’année, le volume du commerce mondial est moins dynamique qu’en 2015 : en moyenne annuelle, après avoir déjà fortement ralenti en 2015 (+ 2,4 %), la croissance des échanges mondiaux s’est établie à seulement + 1,5 % en 2016, soit la plus faible progression depuis 2009, du fait de l’atonie des importations américaines et émergentes. En 2016, avec une contraction de -1%, le rythme de l’activité économique dans la zone Amérique latine et Caraïbe est le plus faible enregistré depuis les crises majeures des années 1983 et 2009.
Échanges de services et flux touristiques
Les chiffres publiés dans cet article portent sur les échanges de biens enregistrés par les douanes. Toutefois, ceci ne concerne qu’une partie des échanges : en effet, ne sont pas comptabilisés les échanges de services dont le spatial et les dépenses des touristes.
Pour information, les dépenses des touristes et les échanges de services représentaient en 2010 respectivement 7 % et 78 % du total des exportations. Le spatial représente à lui seul 99 % des services exportés. Les échanges de services représentaient cette même année 16,7 % de l’ensemble des importations.
Espace Caraïbe
L’espace Caraïbe comprend toutes les îles de la Caraïbe, ainsi que les pays d’Amérique Centrale et du Sud qui possèdent une ouverture maritime sur la Caraïbe. Les échanges avec Porto-Rico sont confondus avec ceux des États-Unis faute de données les isolant. On y distingue un groupe de pays signataires de l’accord de libre échange de Cotonou (Afrique Caraïbes Pacifique, dits pays ACP de la Caraïbe) et ceux qui n’en font pas partie (« Pays non-ACP de la Caraïbe »), dans la mesure où ils ne bénéficient pas du même régime douanier dans leurs relations avec l’Union européenne et donc avec les départements français d’outre-mer.