Insee Conjoncture OccitanieBilan économique 2016 - Occitanie

Après s'être redressée en 2015, l'économie française continue sa croissance sur le même rythme en 2016. L'emploi salarié marchand progresse solidement en France métropolitaine. L'Occitanie est la deuxième région de métropole où la hausse de l'emploi privé est la plus forte en 2016, derrière les Pays de la Loire. La hausse de l'emploi régional est portée essentiellement par le secteur tertiaire, mais l'industrie y contribue également. Le taux de chômage diminue, même s'il touche encore 11,6 % des actifs en Occitanie fin 2016.

Insee Conjoncture Occitanie
No 8
Paru le :Paru le23/05/2017
Claire Poisson, Christian Fabrègue, Draaf Occitanie
Insee Conjoncture Occitanie No 8- Mai 2017
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Agriculture - Une conjoncture plus difficile qu'en 2015 Bilan économique 2016

Claire Poisson, Christian Fabrègue, Draaf Occitanie

En 2016, les filières animales restent lourdement marquées par les crises, notamment sanitaires (fièvre catarrhale ovine, grippe aviaire). La production et la commercialisation des fruits et légumes bénéficient d'une conjoncture bien orientée. A contrario la viticulture connaît une vendange en retrait de près de 10 % par rapport à 2015 sur le bassin Languedoc-Roussillon, dans un contexte de commercialisation difficile. L'excellente récolte régionale de céréales a du mal à se valoriser. Elle souffre d'un excès d'offre mondiale qui maintient les prix bas.

Insee Conjoncture Occitanie

No 08

Paru le :23/05/2017

Une production régionale viticole 2016 globalement en baisse mais de très bonne qualité

En France métropolitaine, la production viticole est estimée en 2016 à 45,5 millions d’hectolitres, soit un niveau inférieur de 4,8 % à celui de 2015.

La production de l'Occitanie est estimée à 15,3 millions d’hectolitres, ce qui représente un tiers de la production nationale. Au niveau de la région, la production devrait être en retrait de 6 % par rapport à 2015.

Le bassin Languedoc-Roussillon, avec une récolte de 12,3 millions d’hectolitres pour 2016, accuse une baisse importante de 9,4 % par rapport à 2015. Les conditions très sèches du mois d’août et du début septembre ont fortement réduit la récolte. Les Pyrénées-Orientales et les zones littorales de l’Hérault et de l’Aude sont particulièrement sinistrées, tandis que l’est héraultais, l’ouest audois et le Gard bénéficient de conditions plus favorables. Globalement, l’état sanitaire des raisins est optimum cette année et la qualité des vins s’annonce très satisfaisante.

La production viticole du bassin Sud-Ouest s’élève à 2,6 millions d’hectolitres, équivalente à celle de 2015 et semble de qualité.

En Occitanie, les volumes commercialisés en vrac en Indication Géographique Protégée (IGP) sont en baisse (- 14 % en 2016 par rapport à 2015) pour la deuxième année consécutive, alors que la récolte 2015 avait été une bonne année en volume. Cette diminution s'explique par la baisse des volumes contractualisés des trois couleurs sur le bassin Languedoc-Roussillon (figure 1) et par celle des blancs du bassin Sud-Ouest (- 16 %). Les prix moyens 2016 restent nettement supérieurs à la moyenne quinquennale.

Figure 1Volumes commercialisés en vrac et prix des vins IGP Pays d'Oc (bassin Languedoc-Roussillon)

milliers d'hl et €/hl
Volumes commercialisés en vrac et prix des vins IGP Pays d'Oc (bassin Languedoc-Roussillon) (milliers d'hl et €/hl) -
Vol. IGP Blanc Vol. IGP Rosé Vol. IGP Rouge Prix IGP Blanc Prix IGP Rosé Prix IGP Rouge
2010 1 155,6 1 708,0 4 758,1 88,9 59,6 63,8
2011 910,5 1 306,8 3 670,7 92,1 68,3 72,9
2012 1 259,8 1 621,4 4 141,5 84,4 69,3 74,3
2013 1 214,9 1 703,4 3 730,3 89,3 75,5 76,7
2014 1 492,5 2 112,1 4 075,8 97,2 82,4 82,0
2015 1 275,1 1 682,7 3 480,9 108,2 92,2 94,8
2016 1 138,7 1 433,7 2 959,6 110,0 87,1 94,9
  • Source : Draaf Occitanie - Sriset et Srfam

Figure 1Volumes commercialisés en vrac et prix des vins IGP Pays d'Oc (bassin Languedoc-Roussillon)

  • Source : Draaf Occitanie - Sriset et Srfam

Les volumes échangés en vins sans indication géographique sont toujours en baisse en Occitanie. Et pour la première année sur le bassin Languedoc-Roussillon, le prix moyen des rouges et celui des rosés baissent de respectivement 2 % et 6 %.

Grandes cultures : production céréalière en hausse dans la région, prix en baisse

L'abondance de l’offre mondiale maintient le prix du blé tendre au niveau le plus bas depuis 2010. Celui-ci se replie de 9 % en France métropolitaine par rapport à 2015. Toutes les céréales sont affectées par la baisse des prix qui atteint jusqu’à 30 % pour le blé dur.

En 2016, la production française de blé tendre est estimée à 28,1 millions de tonnes, soit un recul de 31 % par rapport au record de l’année dernière et de 24 % par rapport à la moyenne 2011-2015, la météorologie ayant fortement impactée les rendements. Cependant, dans le sud de la France, qualité et rendements sont supérieurs à la moyenne métropolitaine grâce aux intempéries printanières moins fortes.

Sous l’effet conjugué d’une hausse des surfaces de blé dur et de bons rendements, la production régionale est estimée en hausse de 16 % par rapport à 2015. En revanche, celle de blé tendre reste stable. Dans un contexte de production nationale déficitaire en blé tendre de qualité, les blés tendres régionaux devraient trouver facilement preneur sur le marché intérieur pour la panification.

Fruits d'été : une bonne année 2016

La production régionale 2016 d'abricots est satisfaisante : les rendements sont corrects et les surfaces augmentent suite aux plantations dans les Pyrénées-Orientales. Avec l'été et sa météo favorable, la consommation est soutenue et les prix se maintiennent à de très bons niveaux.

La production de pêches est en baisse. De bons rendements et une hausse des surfaces dans le Gard ne suffisent pas à compenser les nouveaux arrachages des Pyrénées-Orientales, toujours touchés par le virus de la sharka. Le marché reste équilibré toute la saison, car les stocks sont limités.

La récolte régionale de pommes est estimée en baisse de 1,5 % par rapport à 2015 avec des calibres hétérogènes. La commercialisation débute fin août, comme habituellement. Le début de campagne est calme sur les marchés français et européens ; c’est le grand export (hors Union Européenne) qui rythme les sorties. Après six mois de commercialisation, la demande reste dynamique vers le grand export. Sur le marché intérieur, elle est en retrait mais garde un rythme régulier. Les cours sont fermes.

Une année globalement favorable pour les légumes

La production régionale de courgettes dépasse celle de 2015 grâce à d'excellents rendements. De plus, le recul des surfaces observé dans d'autres régions ne touche pas le Languedoc où se concentrent ces cultures.

En tomate industrie, malgré une forte baisse des surfaces dans la région, les excellents rendements permettent de dépasser la production 2015. En tomate de bouche, la surface totale de production baisse également cette année, mais plus légèrement, et on observe une campagne satisfaisante.

Depuis 2010, l’ail français ne s’est jamais aussi bien porté : 2016 est une excellente année pour l'ail violet et davantage encore pour l’ail blanc.

En salade d'hiver, en Occitanie, les surfaces semées baissent de 15 à 20 % selon les variétés, suite à une campagne 2015-2016 catastrophique. La production est ainsi limitée et les prix sont fermes. Pendant l'hiver, la production espagnole est durement touchée par la météo, et le marché européen se retrouve déséquilibré. Les volumes de la région Occitanie sont donc facilement absorbés par le marché, avec des prix exceptionnellement élevés.

Les surfaces en melon sont en légère baisse dans la région après une année 2015 marquée par les méventes. Les rendements 2016 sont assez bons et la production est de très bonne qualité.

Production bovine, porcine et lait de vache : des marchés en crise

Dans le contexte de crise laitière, les éleveurs confrontés aux difficultés économiques du marché laitier accélèrent la mise en réforme de vaches laitières, générant une offre abondante. Les volumes abattus dans les abattoirs d’Occitanie sont en hausse et suivent la tendance nationale : + 7 % pour les vaches et + 3 % pour les génisses par rapport à 2015. L’abondance de cette offre entraîne une baisse généralisée des cours des bovins sur fond de baisse structurelle de la consommation.

Le marché du veau de boucherie montre également quelques signes d’essoufflement à partir du mois de juin dans la région, malgré une offre plus contenue. Comme en 2015, l'augmentation des poids unitaires permet aux opérateurs de maintenir un volume de production tout en diminuant le nombre d’animaux engraissés.

Le marché des bovins maigres reste perturbé par la fièvre catarrhale ovine. Le classement de 17 départements français dont 4 pour la région Occitanie (Aveyron, Tarn, Tarn-et-Garonne et Lozère), en zone temporairement indemne de fièvre catarrhale ovine allège le marché et facilite les échanges de broutards destinés à l'export. Les cours restent bien orientés durant toute l’année.

Partant d’un niveau très bas fin 2015, le prix du porc se redresse en 2016. Grâce au regain de la demande chinoise, les exportations augmentent fortement. La Chine devient le premier client de la France, et prend le relais du marché russe fermé par l’embargo. La concurrence nord-américaine à très bas prix se fait sentir sur le marché mondial et limite la remontée des prix.

La collecte mondiale de lait de vache ralentit à partir du milieu de l’année en lien avec le recul des collectes océanienne et européenne. En France, ce recul est amplifié par la sécheresse estivale. Le rééquilibrage du marché mondial favorise une très nette reprise des cours européens du beurre et de la poudre de lait. Le prix du lait payé au producteur cesse de reculer au niveau européen et français.

Grippe aviaire : un impact important sur la production

Le virus de la grippe aviaire est détecté dans un élevage de canards gras du Gers en décembre 2015. Afin d’éradiquer sa propagation, une période de vide sanitaire est mise en place avec l’arrêt des abattages dans tout le Sud-Ouest fin avril. Le repeuplement des élevages est autorisé à partir du 16 mai 2016. Cependant, au 1er septembre 2016, 81 foyers d’influenza aviaire hautement pathogène sont détectés au niveau national, dont 19 dans 5 départements d’Occitanie. Ils sont traités conformément aux stratégies sanitaires avec les nettoyages, désinfections, vides sanitaires et mesures de biosécurité dans l’ensemble de la zone.

L’impact de la grippe aviaire sur la production 2016 est net : la baisse de la production régionale de canards gras est estimée à 38 %. Pour pallier le manque d’approvisionnement, les professionnels ont recours à l’importation.

Pour en savoir plus

« Ouvrir dans un nouvel ongletUne conjoncture plus difficile qu’en 2015 », Bilan conjoncturel 2016, Draaf Occitanie, février 2017