Bilan économique 2016 - Guadeloupe
L’activité de la Guadeloupe a été bien orientée en 2016. L’emploi reste assez peu dynamique, le chômage à un niveau structurellement très élevé, mais le nombre de chômeurs de longue durée baisse. La consommation des ménages, le financement de l’économie et la création de sociétés sont bien orientés. Les flux de marchandises et de voyageurs sont en progression, de même que les nuitées touristiques. Seules zones d’ombre : l’agriculture qui a connu une année mitigée et la construction avec des ventes de ciment au plus bas.
Agriculture - 2016, une année mitigée pour l’agriculture Bilan économique 2016
Didier Fassion, Daaf
Après une année 2015 marquée par la sécheresse, 2016 a été marquée par la tempête Matthew et des épisodes pluvieux en fin d'année. Aussi, le bilan de l'année agricole apparaît mitigé selon les secteurs. Le tonnage de cannes broyées n’est pas satisfaisant, mais il a tout de même réussi à dépasser les prévisions des professionnels du secteur. La richesse saccharimétrique estimée à 7,50 % demeure en revanche plutôt faible. La filière banane rebondit après une année 2015 médiocre avec une augmentation annuelle de 6,4 % des expéditions, sans pour autant retrouver leur niveau de 2014. Dans le secteur de l’élevage, la baisse de la production bovine se poursuit. La filière porcine augmente sa production de 12 % conduisant à une hausse de 5 % de l’ensemble de la production de viande locale.
Insee Conjoncture Guadeloupe
No 3
Paru le :23/05/2017
2016, une (très) mauvaise campagne sucrière
En 2016, le démarrage de la campagne sucrière est tardif avec une coupe qui débute le 03 mars à Marie-Galante et le 10 mars en Guadeloupe continentale. La fin de récolte intervient le 10 juin à la SRMG (Sucreries et Rhumeries de marie-Galante), tandis que la date de fin de campagne à Gardel au Moule a fait l’objet de négociations au sein de la filière qui ont permis une prolongation de la coupe de deux semaines jusqu'au 09 juillet.
Le résultat de fin de campagne présente un volume de 524 386 tonnes de cannes broyées par les deux usines. Ce tonnage est largement inférieur à la moyenne décennale en raison des pluies de mars-avril. Il dépasse seulement celui de l’année 2013 qui correspond à l’unique campagne sous les 500 000 tonnes. La richesse en sucre subit une forte baisse de 1,8 point et s'établit à 7,50 %. Ce taux est le plus bas de la décennie 2007-2016 après celui de l'année 2011 qui avait atteint 7,48 %.
L’année 2016 est ainsi caractérisée à la fois par un faible tonnage et une faible richesse saccharimétrique. La conséquence directe est une production de sucre qui plonge à 41 552 tonnes, soit une baisse de 32 % par rapport à 2015. C’est la plus faible production de ces dix dernières années, la production moyenne de sucre s’établissant à 58 174 tonnes.
Avec la libéralisation du secteur sucrier européen à compter du mois d'octobre 2017, la nouvelle convention "canne 2016-2022" a été signée le 22 janvier 2016 entre les usiniers, les planteurs et l’État. Elle précise les conditions d'octroi des aides nationales et les engagements de chaque partenaire pour les campagnes sucrières 2016 et 2017.
Baisse de la production de rhum agricole
La production de rhums traditionnels atteint 74 272 hectolitres d'alcool pur (HAP) en 2016, soit une baisse de 5 % en comparaison avec 2015. La production de rhum agricole perd un quart de la production 2015 et atteint 29 879 HAP. Son niveau se rapproche de celui de 2007 (29 587 HAP). Le rhum de sucrerie a progressé cette année de 16 % et atteint, avec 44 393 HAP, un niveau légèrement supérieur à la moyenne décennale. Le niveau de commercialisation a également augmenté en 2016 avec le marché local qui atteint 20 750 HAP, soit 12 % d’augmentation, et l’export qui est de 57 647 HAP, soit 6 % d’augmentation.
Une année de transition pour la banane
Avec 66 208 tonnes, soit une progression annuelle de 6,4 %, les expéditions de bananes ont repris des couleurs après une année 2015 en berne. Cette embellie de la production est cependant restée limitée à cause, d’une part, des suites de la sécheresse de 2015 sur le début de campagne (les niveaux de production habituels ont été retrouvés à partir du mois de mars) et, d’autre part, par les aléas climatiques qui ont sévi en fin d’année : la tempête Matthew du 28 septembre, et les importants cumuls de pluie de novembre et décembre qui ont fragilisé les bananeraies.
Le profil de production de l’année 2016 est marqué par des expéditions à la baisse de 27 % sur la période des mois de janvier et février, et par un pic historiquement haut de 7 223 tonnes au cours du mois de septembre. La banane guadeloupéenne garde des prix fermes, avec un prix moyen payé au producteur qui augmente de deux centimes au kilogramme pour s'établir à 0,64 €/kg.
En 2016, la banane de Guadeloupe a bénéficié d'une enveloppe d'environ 31 millions d'euros au titre de l'aide européenne du POSEI (Programme d'options spécifiques à l'éloignement et à l'insularité), un dispositif d'aides financières versées aux producteurs de banane en matière d'approvisionnements, en compensation de l'éloignement géographique.
La production locale est soutenue par la viande porcine
Le nombre de bovins abattus en 2016 s'élève à 6 534 têtes, soit 8 % de baisse par rapport à 2015, et la production de viande, en baisse également de 4 %, est de 1 579 tonnes. Depuis 2010, le nombre de têtes de bovins abattues a reculé de 27 %, soit 4,4 % par an en moyenne.
La production de viande a baissé dans des proportions plus limitées à un rythme moyen de 3,5 % par an. Le poids moyen des carcasses est en effet en légère augmentation : il atteint 242 kg en 2016, contre 225 kg en 2010.
L'année 2016 a été marquée par une hausse significative du nombre de porcins abattus avec 18 551 têtes, soit une augmentation de 12 % au regard de l'année 2015. Tout au long de l'année, les volumes produits ont été sur une pente ascendante avec un pic à 3 300 porcins abattus au cours du mois de décembre, soit près de 20 % des abattages annuels.
L’augmentation du nombre de têtes abattues s’accompagne d’une augmentation du poids moyen qui atteint 76 kg (hausse de 4 %). Ces apports importants de viande fraîche locale (+ 17 %) peuvent conduire à des déstabilisations d’un marché local étroit.
Les volumes proposés par la viande porcine (1 400 tonnes) font désormais quasiment jeu égal avec la viande bovine (1 600 tonnes).
Au final, l’offre de viande locale est en hausse de 5 % par rapport à 2015 et atteint près de 3 000 tonnes.
tableauFigure 1 – Chiffres clésLa filière canne en 2016
2016 | 2015 | |
---|---|---|
Cannes broyées (tonne) | 596 222 | 661 080 |
* usines | 524 386 | 586 344 |
* distilleries | 71 836 | 74 736 |
Prix payés planteurs (euros/t) | ||
* part usines | 26,11 | 32,94 |
* part État | 31,20 | 25,39 |
* distilleries | 59,13 | 58,00 |
Rémunération bagasse (Gardel euros/t) | 10,85 | 6,80 |
Sucre produit (tonne) | 41 552 | 61 084 |
Richesse en saccharine (%) | 7,50 | 9,28 |
Mélasse (tonne) | 24 839 | 26 802 |
- Source : DAAF - Syndicat des producteurs de sucre et de rhum
tableauFigure 2 – Une mauvaise campagne sucrièreTonnage de cannes à sucre broyées par les usines sucrières sur dix ans (en tonnes)
2007 | 732455 |
---|---|
2008 | 622207 |
2009 | 634321 |
2010 | 677432 |
2011 | 646304 |
2012 | 585600 |
2013 | 448022 |
2014 | 587676 |
2015 | 586344 |
2016 | 524386 |
- Source : Chambre d'agriculture – Syndicat des Producteurs de sucre et de rhum.
graphiqueFigure 2 – Une mauvaise campagne sucrièreTonnage de cannes à sucre broyées par les usines sucrières sur dix ans (en tonnes)

- Source : Chambre d'agriculture – Syndicat des Producteurs de sucre et de rhum.
tableauFigure 3 – Baisse du rhum agricole au profit du rhum de sucrerieLa filière rhum en 2016 (en hectolitre d'alcool pur, HAP)
Rhums traditionnels | Production | Commercialisation marché local | Exportations totales | |||
---|---|---|---|---|---|---|
2016 | Évolution 2016/2015 (%) | 2016 | Évolution 2016/2015 (%) | 2016 | Évolution 2016/2015 (%) | |
Rhum agricole | 29 879 | -25,0 | 19 654 | 16,1 | 15 595 | -0,7 |
Rhum sucrerie | 44 393 | 15,8 | 1 096 | -29,9 | 42 052 | 8,8 |
Total | 74 272 | -5,0 | 20 750 | 12,2 | 57 647 | 6,1 |
- Source : Douanes.
tableauFigure 4 – Une année marquée par les aléas climatiquesÉvolution des expéditions de bananes guadeloupéennes dans l’Union européenne (en tonnes)
2014 | 2015 | 2016 | |
---|---|---|---|
Janv. | 7102 | 6161 | 4064 |
Fév. | 5525 | 4997 | 4067 |
Mars | 4795 | 4598 | 5235 |
Avril | 5157 | 4505 | 5351 |
Mai | 6025 | 5221 | 6267 |
Juin | 6094 | 5445 | 5804 |
Juillet | 6956 | 4789 | 5874 |
Août | 6342 | 5603 | 5979 |
Sept. | 6817 | 5650 | 7223 |
Oct. | 6779 | 6328 | 5812 |
Nov. | 5823 | 4514 | 5777 |
Déc. | 5494 | 4422 | 4755 |
- Source : CIRAD
graphiqueFigure 4 – Une année marquée par les aléas climatiquesÉvolution des expéditions de bananes guadeloupéennes dans l’Union européenne (en tonnes)

- Source : CIRAD
tableauFigure 5 – Baisse marquée des abattages de bovins et ovinsAbattages d'animaux par type de cheptel (en nombre et en %)
Catégorie d'animaux | Nombre de têtes abattues | Évolution 2016/2015 (%) | Tonnage 2016 | Évolution 2016/2015 (%) | |
---|---|---|---|---|---|
2016 | 2015 | ||||
Bovins | 6 534 | 7 070 | -8 | 1 579 | -4 |
Porcins | 18 551 | 16 572 | 12 | 1 409 | 17 |
Caprins | 447 | 596 | -25 | 5 | -17 |
Ovins | 78 | 118 | -34 | 1 | -50 |
- Source : DAAF – SALIM