Bilan économique 2015 - Guadeloupe
L'activité de la Guadeloupe a été plutôt bien orientée en 2015. L'emploi reste peu dynamique, le chômage toujours aussi élevé, mais des signes positifs sont ressentis sur la consommation des ménages, l'activité, le financement, et la démographie des entreprises. Le commerce et le transport sont plutôt dynamiques, mais l'agriculture a souffert d'une longue sécheresse, et la construction a des carnets de commande très peu remplis.
Agriculture - Une sécheresse qui se transforme en calamité agricoleLe rhum reste sur la bonne pente
Alexandre Ducrot, Christiane Curier, Josy Clodine-Florent, Daaf
Une sécheresse exceptionnelle a sévi en Guadeloupe en 2015 : passée l'habituelle saison sèche du carême, les mois suivants ont subi des déficits pluviométriques importants qui ont perturbé la production agricole. Les expéditions de banane ont ainsi chuté de 15 % par rapport à 2014. La campagne cannière est en revanche restée stable avec une richesse proche de 2014. L'élevage a souffert également avec des difficultés d'alimentation du bétail, mais le poids moyen des bovins abattus n'a pas été impacté et la production de viande locale poursuit sa baisse engagée depuis 5 ans.
Insee Conjoncture Guadeloupe
No 2
Paru le :15/06/2016
Une campagne sucrière correcte
En 2015, le démarrage de la campagne sucrière est plus tardif que celui de la précédente récolte, avec un début de campagne fixé au 11 mars au Moule à Gardel et au 7 mars à Marie-Galante. 586 344 tonnes de cannes à sucre sont finalement broyées par les deux usines, soit un tonnage qui fait jeu égal avec la précédente campagne.
Le volume prévisionnel de cannes à broyer qui était de 737 000 tonnes n'a pas été atteint. La campagne 2015 est finalement assez moyenne et reste en retrait de 6 % par rapport à l'ensemble de la décennie.
Le temps sec a permis l'obtention d'une bonne richesse saccharine qui atteint 9,28 % sur l'ensemble de la campagne, soit 6 % de plus que la moyenne décennale.
Cette richesse est un indicateur important pour le prix des cannes vendues par les planteurs et la quantité de sucre attendue. La campagne s'est terminée le 14 juillet au Moule et le 13 juin à Marie-Galante. Les opérations de replantation qui démarrent après la campagne ont été perturbées par les sols très secs et l'important déficit pluviométrique.
Avec un volume de cannes et une richesse proches de la campagne passée, la production de sucre est similaire à 2014 et atteint 61 000 tonnes, soit 3 % d'augmentation. En comparaison, durant la sécheresse de 2001, la production de sucre avait atteint seulement 55 962 tonnes alors que la richesse saccharimétrique atteignait le taux exceptionnel de 11,09 %.
Un arrêté préfectoral a reconnu l'état de calamité agricole sur la période de la mi-avril à la mi-août 2015, et les agriculteurs ont pu solliciter l'intervention du fond de secours pour les productions animales et végétales.
Le rhum reste sur la bonne pente
Le volume total de rhum produit est en légère augmentation (+ 1 %) et s'élève à 78 161 hectolitres d'alcool pur (HAP) en 2015. Cette production est répartie à parts égales entre le rhum agricole et le rhum de sucrerie.
Le rhum agricole a été produit à hauteur de 39 828 HAP, soit un léger repli de 2,6 % par rapport à 2014 qui a été la meilleure campagne de la décennie. 2015 reste en effet une très bonne campagne : elle est supérieure de 7 000 HAP à la moyenne décennale et se classe en seconde position sur la période. La tendance est en effet à la hausse de la production, dopée par des exportations qui ont doublé en 10 ans. Le marché intérieur absorbe la moitié de la production, mais ne progresse pas.
La production du rhum de sucrerie est en augmentation de 5 %, mais son niveau, qui atteint 38 333 HAP en 2015, est en dessous de la moyenne décennale de 2 500 HAP. La production est plutôt stable sur 10 ans, et la quasi-totalité du rhum de sucrerie est expédiée (96 %).
La banane a souffert de la météo
Durant l'année 2015, les expéditions de bananes de la Guadeloupe chutent de 15 % et atteignent seulement 62 233 tonnes. Le démarrage de la campagne a été difficile avec une période de vents soutenus qui ont endommagé les feuilles des bananiers : les tonnages ont ainsi été en retrait dès le premier trimestre, même s'ils se situaient à des niveaux supérieurs à 2013.
Le décrochage s'est poursuivi au mois d'avril avec l'installation d'un temps sec et les tonnages mensuels ont ensuite été systématiquement en-dessous de ceux des deux années précédentes. L'effet de la sécheresse a donc été important pour la production de banane qui retrouve un niveau légèrement supérieur à la campagne 2011 qui avait été le point de départ de la récente augmentation du tonnage expédié grâce au dynamisme de la filière.
Ce recul intervient alors que le marché de la banane a été plutôt favorable en 2015. Les prix de la banane sont restés fermes avec une augmentation de 3 centimes au kilogramme, soit un prix moyen stade quai de 0,73 €/kg en 2015.
La production de viande poursuit son décrochage
Les campagnes se suivent et se ressemblent. C'est une baisse continue de la production depuis 5 ans qui se poursuit avec 3 % par an en moyenne.
Au cours de l'année 2015, la production bovine a diminué de 6 % par rapport à 2014. Les bêtes abattues révèlent un poids moyen identique à 2014, sans impact apparent des conditions climatiques difficiles pour le bétail sur cet indicateur. 7 070 têtes de bovins sont abattues pour un poids carcasse de 1 642 tonnes. La baisse en 5 ans atteint un déficit de 1 800 bêtes. Le nombre de porcins abattus (16 572) diminue légèrement (– 1 %) pour atteindre un tonnage équivalent carcasse de 1 200 tonnes.
Le poids moyen des porcs est en baisse de 3 % pour atteindre 75 kg, après avoir été observé à 68 kg en 2010 et 2011. C'est la production qui a le moins diminué en 5 ans avec une baisse de 8 % des abattages et 2 % du poids carcasse.
La production de viande de petits ruminants en abattoir a été divisé par deux en 5 ans. La baisse s'est finalement arrêtée dès 2014 : les abattages réalisés en 2015 sont limités, mais proches de ceux de 2014 avec 600 caprins et 120 ovins.
tableauFigure 1 – Chiffres clés
2015 | 2014 | |
---|---|---|
Cannes broyées (tonne) | ||
* usines | 586 344 | 587 676 |
* distilleries | 74 736 | 79 163 |
Prix payés planteurs (euros/t) | ||
* part usines | 32,94 | 32,02 |
* part État | 25,39 | 25,40 |
* distilleries | 58,00 | 66,67 |
Rémunération bagasse ( Gardel euros/t ) | 6,80 | 7,79 |
Sucre produit (tonne) | 61 084 | 59 249 |
Richesse en saccharine (%) | 9,28 | 9,17 |
Mélasse (tonne) | 26 802 | 27 730 |
- Source : DAAF - Chambre d'agriculture et Douanes.
tableauFigure 2 – Baisse du nombre d'exploitations
SAU | Nombre d'exploitations | |
---|---|---|
1981 | 57 385 | 18 687 |
1989 | 46 648 | 15 954 |
2000 | 41 662 | 11 903 |
2010 | 31 421 | 7807 |
2013 | 30 965 | 6976 |
- Source : Recensements agricoles 1981- 1989 – 2000 et 2010, enquête structure 2013.
graphiqueFigure 2 – Baisse du nombre d'exploitationsÉvolution de la surface agricole utilisée (SAU) et nombre d'exploitations

- Source : Recensements agricoles 1981- 1989 – 2000 et 2010, enquête structure 2013.
tableauFigure 3 – Recul des exports de bananes en 2015
2013 | 2014 | 2015 | |
---|---|---|---|
Jan. | 5 122 | 7 102 | 6 161 |
Févr | 4 519 | 5 525 | 4 997 |
Mars | 4 638 | 4 795 | 4 598 |
Avr | 5 117 | 5 157 | 4 505 |
Mai | 5 995 | 6 025 | 5 221 |
Juin | 6 597 | 6 094 | 5 445 |
Juil | 6 413 | 6 956 | 4 789 |
Août | 6 642 | 6 342 | 5 603 |
Sept | 6 035 | 6 817 | 5 650 |
Oct | 7 388 | 6 779 | 6 328 |
Nov | 6 618 | 5 823 | 4 514 |
Déc | 6 033 | 5 494 | 4 422 |
- Source : CIRAD.
graphiqueFigure 3 – Recul des exports de bananes en 2015Exportations de bananes guadeloupéennes dans l'Union européenne de 2013 à 2015

- Source : CIRAD.
tableauFigure 4 – Équilibre entre rhum agricole et rhum de sucrerie
Production 2015 | Commercialisation locale 2015 | Exportations totales 2015 | |
---|---|---|---|
Rhum agricole | 39 828 | 16 930 | 15 701 |
Rhum sucrerie | 38 333 | 1 564 | 38 655 |
Total | 78 161 | 18 494 | 54 356 |
- Source : Douanes.
tableauFigure 5 – Stabilité par rapport à 2014
usines | |
---|---|
2006 | 716895 |
2007 | 732450 |
2008 | 622207 |
2009 | 634321 |
2010 | 677432 |
2011 | 646304 |
2012 | 585600 |
2013 | 448022 |
2014 | 587676 |
2015 | 586344 |
- Source : CIRAD.
graphiqueFigure 5 – Stabilité par rapport à 2014Tonnage de cannes à sucre broyées par les usines sur 10 ans

- Source : CIRAD.
tableauFigure 6 – Baisse marquée des abattages de bovins et ovins
Catégorie d'animaux | Nombre de têtes abattues | Évolution année 2015 / année 2014 | Tonnage Année 2015 | Évolution Année 2015 / Année 2014 | |
---|---|---|---|---|---|
Année 2015 | Année 2014 | ||||
Bovins | 7 070 | 7 535 | -6% | 1 642 | -6% |
Porcins | 16 572 | 16 672 | -1% | 1 200 | -4% |
Caprins | 596 | 606 | -2% | 6 | -14% |
Ovins | 118 | 113 | 4% | 2 | 0% |
- Source : DAAF – SALIM.
Zoom sur les résultats de l'enquête sur la structure des exploitations agricoles 2013
Baisse du nombre d'exploitations en Guadeloupe
Les résultats de l'enquête sur la structure des exploitations agricoles ont été publiés en 2015. Ils permettent de réactualiser le paysage des exploitations guadeloupéennes suite au dernier recensement de l'agriculture de 2010.
En 2013, 7 000 exploitations agricoles cultivent 31 000 ha en Guadeloupe. 11 700 personnes travaillent régulièrement dans les exploitations, correspondant à 6 900 Unités de Travail Agricole (UTA) y compris les emplois saisonniers.
La surface moyenne a progressé et atteint désormais 4,4 ha. Le renouvellement des chefs d'exploitation est limité, impactant leur moyenne d'âge qui augmente de 2 ans pour atteindre 53 ans.
La part des femmes progresse : elles représentent désormais 24 % des chefs d'exploitations, soit une augmentation de 10 % en 3 ans.
Stabilisation de la surface agricole utilisée
Le nombre d'exploitations a poursuivi sa tendance à la baisse, mais la surface agricole s'est stabilisée depuis 2010. La faible diminution observée sur la période 2010-2013 (– 1,5 %), soit 150 ha par an, n'est pas considérée comme étant significative. La SAU est ainsi évaluée à 31 000 ha en 2013.
Ces résultats marquent l'arrêt attendu de l'érosion de la surface agricole après une baisse continue sur la période récente : elle était de 2 % par an entre 1981 et 2010 (soit une baisse de 900 ha/an), et avait atteint 2,8 % entre 2000 et 2010.
Documentation
Définitions (pdf, 58 Ko )