Bilan économique 2014 en Picardie - La reprise se fait attendre en Picardie

En 2014, les freins de la croissance française semblent se desserrer mais pas encore pour l'économie picarde. L'emploi salarié marchand chute de -1,4 %, tous les secteurs sont en repli. Le chômage s'est aggravé au deuxième semestre pour atteindre 11,7 % en fin d'année. Dans ce climat morose et bien que proche de l'équilibre par rapport à 2013, le nombre de créations d'entreprises accuse une légère baisse pour la quatrième année consécutive (-0,2 %) alors que la tendance s'est inversée au niveau national (+2,6 %). La conjoncture reste également difficile dans la construction et l'industrie. Les autorisations de construction de logements reculent de -17 % et les mises en chantiers de -8 %. Avec une évolution de -0,4 % entre 2013 et 2014, le chiffre d'affaires des entreprises industrielles picardes s'est à peine stabilisé en 2014. Mais la situation reste fragile pour l'ensemble des secteurs. Comme l'an dernier, seuls le transport, le tourisme et l'agriculture ont connu quelques légères zones d'éclaircie.

Insee Conjoncture Picardie
Paru le :Paru le29/05/2015
Sandra Delaby, Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt
Insee Conjoncture Picardie- Mai 2015
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Agriculture : Moisson 2014 : du blé en quantité mais de moindre qualité

Sandra Delaby, Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt

La campagne agricole 2013-2014 avait démarré dans de mauvaises conditions en raison des épisodes pluvieux du mois d’octobre. L’hiver particulièrement doux a permis aux cultures d’hiver de continuer leur développement et le rendement en blé tendre s’est finalement maintenu au même niveau élevé qu’en 2013. L’abondance des récoltes mondiales en céréales et oléagineux a orienté les cours à la baisse. À l’inverse, le cours du lait poursuit une tendance haussière favorable au maintien du cheptel laitier.

Insee Conjoncture Picardie

No 5

Paru le :20/05/2015

L’hiver doux et humide a été de bon augure pour le blé tendre d’hiver qui avait été semé de façon parfois tardive. Le temps sec et ensoleillé des mois de mars et avril a permis à la végétation de poursuivre sa croissance mais l’avance observée sur les cultures d’hiver s’estompe au fil du temps. Les mois de juillet et août ont enregistré des pluviométries importantes qui ont perturbé les moissons. Ces conditions humides ont provoqué une altération de la qualité des blés et de l’orge. Les récoltes de nombreuses parcelles sont impropres à la meunerie. Les pluies d’été permettent toutefois aux betteraves sucrières d’augmenter de volume et la luminosité des mois de septembre et octobre est favorable au taux de sucre.

figure2Une année inhabituelle

  • Source : Météo France

Une qualité de blé moyenne

En dépit de ces conditions climatiques inhabituelles, les rendements du blé se maintiennent à 91 q/ha de moyenne pour la Picardie.

Si les rendements restent généreux, la qualité de blé n’est quant à elle pas à son optimum cette année avec une teneur en protéines jugée décevante (de 10,6 à 10,8 % en moyenne). La sole augmente de plus de 6 000 ha entre 2013 et 2014 et entraîne la hausse de la production régionale de blé. Dans ce contexte de forte production mondiale de blé, le cours a baissé jusqu’en octobre pour ensuite amorcer une tendance haussière. Ainsi, malgré une bonne activité à l’export, l’importance des stocks contrarie l’évolution du prix du blé. (figure 1)

figure1Le cours du blé chute dès le mois de mai 2014 et remonte en octobre sans toutefois atteindre les cours plus favorables de 2013

  • Source : Les marchés

Une baisse marquée des surfaces en maïs grain et oléagineux

La répartition des surfaces cultivées en 2014 évolue de manière significative. Les surfaces en maïs grain et en oléagineux baissent respectivement de -20% et de -4 % comparées à l’année 2013. Cette baisse de surface en oléagineux concerne le colza dont le prix chute depuis 2013. A contrario, les surfaces ensemencées en orges, lin textile, pommes de terre et légumes frais sont plus importantes.

Les surfaces en pois protéagineux se maintiennent en 2014.(figure 3)

figure3Forte baisse des surfaces en maïs grain au profit des autres céréales

  • Source : Agreste, Statistiques agricoles annuelles (SAA) et SAP 2014

Une production picarde record en betteraves sucrières

Le climat doux du mois de mars a permis de réaliser des semis de betteraves précoces. L’année 2014 a été marquée par des attaques de mildiou importantes. Cependant l’été humide a favorisé la croissance des racines. Avec une production de 12,7 millions de tonnes en 2014, la Picardie atteint un niveau record. La France et l’Union européenne vont devoir gérer des stocks supplémentaires dans un contexte de faiblesse des cours. Il faut donc s’attendre à une légère baisse de la superficie implantée en 2015.

Pommes de terre : augmentation des surfaces mais prix en chute depuis avril

La surface plantée en pommes de terre de consommation a augmenté de 7,8 % entre 2013 et 2014 pour atteindre 28 900 ha pour la Picardie. À l’inverse, la superficie en pommes de terre de féculerie a baissé de plus de 3 % pour totaliser 12 100 ha. Les rendements sont bons et entraînent une production conséquente. Face à une offre abondante, les prix sont bas : 103,5 € la tonne de pommes de terre de consommation en octobre 2014 contre 268,6 € en octobre 2013. Le marché est revenu au niveau de la campagne 2011/2012. La France est devenue le 1er exportateur mondial de pommes de terre.

Prix du lait favorable à une stabilisation du cheptel laitier

En Picardie, la collecte de lait de vache progresse de près de 4 % en 2014 par rapport à l’année 2013 et totalise 9,23 millions d’hectolitres. Le prix du lait est resté favorable jusqu’en novembre où il a chuté de plus de 6 % par rapport à l’an passé. Cette inversion de tendance s’explique par le retournement des prix des produits industriels (poudres et beurre) sur les marchés internationaux (ralentissement de la demande mondiale et mise en place de l’embargo russe). Au final, le prix moyen producteur s’élève à 374 € pour 1 000 litres en 2014, soit 20 € de plus qu’en 2013. Les conditions économiques et agronomiques favorables ont permis un maintien du cheptel laitier.

Baisse du nombre d’exploitations détentrices de quota laitier

Avec 2 249 exploitations détentrices de quota laitier en mars 2014, le nombre de producteurs disposant de droits sur la campagne ouverte a baissé de près de 8 % par rapport à 2013. Cette diminution s’accompagne d’une hausse du quota moyen par détenteur, ce qui traduit un phénomène de concentration du cheptel laitier.

Ce phénomène est particulièrement marqué dans la Somme qui perd près de 11 % d’exploitations détentrices de quotas laitiers entre 2013 et 2014 mais augmente d’autant le quota moyen par exploitation laitière. (figure 4)

figure4Le prix du lait a encore progressé en 2014

  • Source : Agreste – FranceAgriMer

Baisse des prix des produits agricoles à la production

Les prix des produits vendus par les agriculteurs ont baissé en 2014 : ils perdent près de 5 % par rapport à 2013. Ils restent cependant supérieurs de 6 % à la moyenne quinquennale (2009-2013). Du côté des charges, les prix d’achat des intrants sont aussi supérieurs de 4 % à la moyenne quinquennale même s’ils baissent durant l’année 2014 en raison du coût moins élevé des lubrifiants et de l’énergie.