Bilan économique 2014 en Picardie - La reprise se fait attendre en Picardie

En 2014, les freins de la croissance française semblent se desserrer mais pas encore pour l'économie picarde. L'emploi salarié marchand chute de -1,4 %, tous les secteurs sont en repli. Le chômage s'est aggravé au deuxième semestre pour atteindre 11,7 % en fin d'année. Dans ce climat morose et bien que proche de l'équilibre par rapport à 2013, le nombre de créations d'entreprises accuse une légère baisse pour la quatrième année consécutive (-0,2 %) alors que la tendance s'est inversée au niveau national (+2,6 %). La conjoncture reste également difficile dans la construction et l'industrie. Les autorisations de construction de logements reculent de -17 % et les mises en chantiers de -8 %. Avec une évolution de -0,4 % entre 2013 et 2014, le chiffre d'affaires des entreprises industrielles picardes s'est à peine stabilisé en 2014. Mais la situation reste fragile pour l'ensemble des secteurs. Comme l'an dernier, seuls le transport, le tourisme et l'agriculture ont connu quelques légères zones d'éclaircie.

Insee Conjoncture Picardie
Paru le :Paru le29/05/2015
Géraldine Jeannin, Direction Régionale des Finances Publiques
Insee Conjoncture Picardie- Mai 2015
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Finances des collectivités territoriales - Diminution de l’épargne brut des communes et départements

Géraldine Jeannin, Direction Régionale des Finances Publiques

En 2014, le niveau d’épargne brute des collectivités de la région(1) est globalement en recul et l’effort d’investissement des communes a ralenti. Les départements picards sont touchés par la progression des dépenses d’aide sociale. Toutefois, leurs dépenses d’investissement repartent à la hausse en 2014.

Insee Conjoncture Picardie

No 5

Paru le :20/05/2015

Entre 2012 et 2014, le montant d’épargne brute (la capacité d’autofinancement ou CAF) dégagée par les départements picards s’est contractée (-5,8 %). Cette évolution s’explique par une hausse de leurs charges de fonctionnement réelles plus rapides que leurs produits. En 2014, la CAF par habitant reste inférieure à la moyenne des départements comparables(2). (figure 2)

Figure 2Données financières 2014 consolidées des départements de l’Aisne, de l’Oise et de la Somme

Données financières 2014 consolidées des départements de l’Aisne, de l’Oise et de la Somme
2014 en millions d'euros variation 2012/2014 2014 en euros par habitant 2014 moyenne de la strate en euros par habitant*
FONCTIONNEMENT
Produits réels dont 1896,7 2,1% 989 983
Impôts directs 624,9 4,8% 326 286
Fiscalité reversée 70,6 75,0% 37 29
Autres impositions 594,7 2,5% 310 339
Dotations et participations 565,3 -2,0% 295 294
Charges réelles dont 1723,2 3,0% 898 880
Charges de personnel 363,2 5,9% 189 180
Achats et charges externes 230,2 -0,6% 120 90
Subventions et contingents 989,2 -6,2% 516 591
…Charges financières 38,4 7,8% 20 15
Capacité d’autofinancement brute 173,6 -5,8% 90 103
INVESTISSEMENT
Recettes réelles dont 505,8 -20,5% 264 318
fonds de compensation de laTVA 24,8 -9,8% 13 13
subventions d'équipement reçues 66,2 31,7% 35 27
emprunts souscrits 123,8 -27,9% 65 55
Dépenses réelles dont 514,9 -7,9% 268 294
dépenses d'équipement directes 235,5 27,4% 123 96
subventions d'équipement versées 125,9 0,8% 66 68
remboursement en capital des emprunts 91,8 -12,5% 48 46
ENCOURS DE DETTE 1131,2 7% 590 506
  • Source : DGFiP

Hausse des produits de fonctionnement des départements

Entre 2012 et 2014, les produits de fonctionnement réels ont augmenté de 2,1 %, en raison notamment de la hausse globale des produits de la fiscalité (+6 %). Ils sont supérieurs à la moyenne2. Les départements tirent toujours leur principale ressource des impôts directs locaux. Les dotations et participations, composées à 64 % de la dotation globale de fonctionnement (DGF) sont quant à elles en baisse (-2 %). Elles sont désormais conformes à la moyenne(2).

Le montant des aides à la personne a fortement progressé

Sur la même période, les charges de fonctionnement réelles ont progressé de 3 %. En 2014, leur montant, rapporté au nombre d’habitants est supérieur à la moyenne2. Les charges de personnel et les charges financières ont ainsi augmenté régulièrement depuis 2012 (respectivement 5,9 % et 7,8 %). Les achats et charges externes, malgré leur repli sont restés supérieurs à la moyenne(2).

Les dépenses d’aide sociale ont représenté en 2014 près de la moitié des charges de fonctionnement réelles des départements. Le montant des aides à la personne, bien qu’inférieur à la moyenne(2) a fortement progressé depuis 2012 (+9,3 %). Cette évolution s’explique principalement par la forte augmentation (+19,5 %) des sommes versées au titre du revenu de solidarité active (RSA). Dans le même temps, les prestations de compensation du handicap (PCH) et l’aide personnalisée à l’autonomie (APA) ont progressé dans une moindre proportion (+2,5 %).

Une reprise des investissements

Les dépenses d’équipement des départements picards sont reparties à la hausse en 2014 (+27,4 %). Elles ont par ailleurs été plus élevées qu’en moyenne (123 €/hab. contre 96 €/hab.). Le montant des subventions d’investissement versées est quant à lui plutôt stable sur la période (+0,8 % entre 2012 et 2014).

L’endettement des départements poursuit son accroissement

Malgré un net recul du montant des emprunts annuellement souscrits depuis 2012 (-27,9 %), l’endettement des départements picards poursuit son accroissement. En hausse de 6,7 %, leur encours de dettes au 31 décembre 2014 s’est établi à 1 131 M€. Rapporté au nombre d’habitant, son montant est globalement supérieur à la moyenne : 590 €/hab. contre 506 €/hab. En 2014, 6,5 années de leur CAF cumulée seraient nécessaires aux départements pour éteindre leur dette. (figure 1)

Figure 1Endettement des communes de Picardie

Endettement des communes de Picardie
2012 en €/hab 2013 en €/hab 2014 en €/hab
Encours de dette 580 583 558
Annuité de la dette 77 88 81
  • Source : DGFiP

Une CAF en net recul dans les communes de moins de 10 000 habitants

Depuis 2012, la CAF par habitant des communes de Picardie s’est globalement repliée de 16 %, sous l’effet conjugué d’une baisse de leurs produits de fonctionnement et d’une hausse de leurs charges. Toutefois, ce constat doit être nuancé en fonction de la taille de la collectivité. En effet, entre 2012 et 2014, la CAF par habitant s’est fortement réduite pour les communes de moins de 10 000 habitants, tandis que celle des communes plus importantes a progressé de 3 %.

Les produits de fonctionnement réels ramenés par habitant ont progressé de 8 % sur trois ans pour les communes de plus de 10 000 habitants tandis qu’ils baissent pour les moins de 10 000 habitants. Le produit par habitant des impôts locaux a davantage augmenté dans les communes de plus de 10 000 habitants (+5 %) que dans les plus petites (+2 %). Enfin, la baisse des dotations et participations est générale mais elle est plus marquée pour les communes les plus petites (-8 % contre -4 % pour celles de plus de 10 000 habitants).

Depuis 2012, les charges de fonctionnement réelles par habitant sont orientées à la hausse, celles-ci sont toutefois plus prononcées dans les communes de plus de 10 000 habitants où les charges de personnel ont fortement progressé (+16 %).

Les dépenses relatives aux achats et charges externes sont plutôt bien maîtrisées : le montant par habitant est en nette diminution dans les communes de plus de 10 000 habitants et relativement stable dans les autres. Enfin, depuis 2012, les charges financières des communes de la région sont globalement en baisse.

Un ralentissement des investissements communaux

Sur la période, les dépenses d’équipement par habitant des communes de la région sont globalement en baisse (-8 %). Le phénomène est même accentué pour les communes de plus de 10 000 habitants qui ont réduit leurs dépenses de 14 % depuis 2012. (figure 3)

Figure 3Données financières 2014 des communes de Picardie

Données financières 2014 des communes de Picardie
Communes de moins de 10 000 habitants (2 221) Communes de plus de 10 000 habitants (17)
2014 en euros par habitant variation 2012/2014 (en%) 2014 en euros par habitant variation 2012/2014 (en%)
Produits réels dont 767 -3% 1357 8%
Impôts locaux 349 2% 544 5%
Fiscalité reversée des GFP 40 5% 239 61%
Autres impôts et taxes 35 -13% 49 -11%
Dotations et participations 248 -8% 401 -4%
Charges réelles dont 640 2% 1237 9%
Charges de personnel 265 4% 687 16%
Achats et charges externes 199 1% 282 -6%
Charges financières 17 -6% 31 0%
Contingents 58 4% 35 30%
Subventions versées 27 -7% 100 15%
Capacité d’autofinancement brute 127 -22% 120 3%
  • Source : DGFiP

Un endettement des communes en baisse

Les communes de la région contiennent leur recours à l’emprunt. Les montants par habitant souscrits en 2014 sont inférieurs à ceux mobilisés en 2012 (70 €/hab. contre 48 €/hab.). En 2014, l’endettement par habitant des communes picardes s’est replié, après s’être accru en 2012 et 2013. (figure 4)

Figure 4Subventions de fonctionnement versées et contingents des départements de l’Aisne, de l’Oise et de la Somme

Subventions de fonctionnement versées et contingents des départements de l’Aisne, de l’Oise et de la Somme
2012 en milliers d'euros 2013 en milliers d'euros 2014 en milliers d'euros variation 2012/2014 2014 en euros par habitant 2014 moyenne de la strate en euros par habitant
Subventions et contingents dont… 1055,1 1065,8 989,2 -6,2% 516 591
Contributions obligatoires et participations 155,4 149,9 151,7 7,8% 79 86
Subventions 61,2 61,5 61783,0 1,0% 32 39
Frais de séjour et d'hébergement 342,4 337,5 331614,0 -3,1% 173 175
Aides à la personne 475,4 492,2 519461,0 9,3% 271 280
Prestation de compension du handicap (PCH) 42,3 43,3 45627,0 7,8% 24 24
Aide personnalisée à l'autonomie (APA) 155,1 156,2 156789,0 1,1% 82 88
Revenu de solidarité active (RSA) 235,7 253,7 281558,0 19,5% 147 148
  • Source : DGFiP

La situation financière du conseil régional n’est pas abordée dans cette étude.

Les données cumulées des trois départements picards, exprimées en euros par habitant font l’objet de comparaisons avec les moyennes de la strate nationale de référence : les départements dont la population se situe entre 500 000 et 999 999 habitants