Bilan économique 2014 - La Réunion renoue avec la croissance
En 2014, la croissance réunionnaise rebondit (+ 3,1 %) après deux années atones (+ 0,7 % en 2012 et 2013). La situation sur le marché du travail se redresse légèrement : la masse salariale distribuée progresse de 4,4 % et la hausse de la demande d'emploi ralentit. Soutenu par une faible inflation et des revenus en hausse, le pouvoir d'achat se renforce et la consommation des ménages progresse (+ 2,7 % en volume). L'investissement repart à la hausse, porté par le démarrage des travaux de la Nouvelle Route du Littoral. Signe d'une reprise de l'activité, les importations augmentent. Conjuguée à un nouveau recul des exportations, cette hausse des importations contribue à dégrader le solde extérieur réunionnais. Le chiffre d'affaires du BTP progresse de 6,6 % sur un an même si le logement reste en berne. Bénéficiant d'un recul du coût des matières premières, les revenus agricoles progressent de 10 %. Dans le même temps, la situation semble se maintenir dans l'artisanat avec un tissu productif en augmentation. Enfin, l'activité bancaire s'améliore : les crédits et les dépôts sont tous deux en hausse. Seul le tourisme reste en berne. La fréquentation touristique recule pour la troisième année consécutive. L'activité mondiale accélère légèrement en 2014 mais la croissance française reste faible (+ 0,2 %). Après trois années de recul historique, le pouvoir d'achat des ménages français se redresse. À Maurice, l'activité accélère (+ 3,6 % après + 3,2 % en 2013). Les différentes analyses de ce bilan économique 2014 ont été rédigées par l'Insee ainsi que par les organismes suivants : CERBTP ; CMA Réunion ; Daaf Réunion ; Dieccte Réunion ; Agence IEDOM Réunion ; Statistics Mauritius.
Les revenus agricoles renouent avec la croissance
Lionel Levet, Daaf
La production agricole progresse et dépasse les 400 millions d'euros en 2014. Les revenus nets agricoles repartent à la hausse (+ 10 %), bénéficiant d'une baisse des coûts des matières premières, notamment sur les aliments pour animaux.
Insee Conjoncture Réunion
No 01
Paru le :07/07/2015
En 2014, la production agricole progresse de 1,9 % en valeur et dépasse 400 millions d'euros. Dans le même temps, le coût des matières premières recule de 2,9 %. En conséquence, la valeur ajoutée brute gagne près de 14 millions d'euros. Après trois années successives de baisse, les revenus nets agricoles repartent à la hausse et gagnent 10 %, permettant au secteur de dégager un résultat agricole de 194 millions d'euros (figure 1). La production de canne à sucre, pivot de l'agriculture réunionnaise, est quasiment stable à 131 millions d'euros. Deux filières tirent les résultats à la hausse en 2014 : la production fruitière et la production de viande de volailles, qui représentent respectivement 70 et 52 millions d'euros et progressent de 11 % et 10 %. Au total, la production animale (114 millions d'euros) augmente de 3,6 % en 2014. La production végétale progresse plus modérément (+ 1,3 %).
tableauFigure 1 – Le revenu agricole progresse après 3 années de baisse
2011 | 2012 | 20131 | 20142 | Évolution 2014/2013 | |
---|---|---|---|---|---|
(en millions d'euros) | (en %) | ||||
Canne à sucre | 132,7 | 132,8 | 130,7 | 131,1 | 0,3 |
Fruits, légumes et tubercules | 122,9 | 123,0 | 126,4 | 129,5 | 2,5 |
Autres productions végétales | 24,1 | 24,0 | 24,0 | 24,0 | -0,2 |
Bétail | 43,3 | 43,4 | 37,8 | 37,0 | -2,0 |
Volailles, œufs | 60,2 | 58,2 | 60,2 | 64,4 | 7,1 |
Autres produits de l'élevage | 12,8 | 12,5 | 12,0 | 12,5 | 3,8 |
Total production de biens3, dont : | 395,9 | 395,5 | 391,0 | 398,5 | 1,9 |
Production végétale | 279,7 | 279,9 | 281,1 | 284,6 | 1,3 |
Production animale | 116,2 | 114,1 | 110,0 | 113,9 | 3,6 |
Activité principale de travaux agricoles | 4,0 | 4,0 | 4,0 | 4,0 | 0,0 |
Valeur totale de la production | 399,9 | 398,0 | 395,0 | 402,5 | 1,9 |
Consommations intermédiaires | 194,3 | 207,7 | 213,8 | 207,5 | -2,9 |
Valeur ajoutée brute | 205,6 | 190,4 | 181,3 | 195,0 | 7,6 |
Revenu net d'entreprise agricole | 149,3 | 132,9 | 123,8 | 136,3 | 10,0 |
Résultat agricole4 | 204,6 | 189,1 | 180,8 | 194,4 | 7,5 |
- 1. Chiffres semi-définitifs 2. Chiffres provisoires 3. Y compris aides directes aux productions (aides canne dont recette bagasse-énergie, aides POSEI à la production, ADMCA, PPR, PAB) ; hors subventions (ICHN, MAE, calamités) 4. Correspond à la valeur totale des productions et subventions (ICHN, MAE, calamités) diminuée des consommations intermédiaires, impôts et amortissements
- Source : Agreste, Daaf Réunion.
Le revenu agricole augmente
Après trois années de hausses successives, les consommations intermédiaires diminuent de 2,9 % en 2014, ce qui permet d'alléger d'autant les charges des exploitations agricoles. Les filières d'élevage sont les premières à en bénéficier, la baisse concernant principalement les aliments pour animaux (– 6,5 millions d'euros), dont le prix suit celui des céréales. Or les cours ont nettement fléchi dans un contexte d'abondance de l'offre au niveau mondial. Fin septembre 2014, les prix du blé en France étaient 15 % inférieurs à ceux de 2013. Les consommations intermédiaires restent cependant à un niveau élevé : elles représentent 52 % de la valeur totale de la production agricole contre 39 % en 2000.
La production végétale progresse malgré le passage du cyclone Bejisa
La valeur de la production de canne se maintient à 131 millions d'euros. En 2014, 1 763 656 tonnes de cannes ont été produites, en hausse de 46 000 tonnes, mais à un niveau qui reste toutefois inférieur à la moyenne décennale (figure 2). La baisse de la richesse en sucre, qui passe de 14,1 % en 2013 à 13,9 %, limite les effets de la hausse du volume récolté. La production de sucre s'établit à 195 977 tonnes (en baisse de 0,9 %) pour une moyenne décennale proche de 200 000 tonnes. En début d'année 2014, un an après Dumile, le cyclone Bejisa est passé à proximité immédiate du département. Ces épisodes cycloniques déstabilisent le marché des fruits et légumes frais, aussi bien par les pertes engendrées par le passage du cyclone que par l'irrégularité des cours. Malgré cet aléa climatique, la valeur de la production végétale progresse de 1,3 % en 2014 et s'établit à 285 millions d'euros.
tableauFigure 2 – La richesse en sucre diminue
Tonnage de canne | Richesse en sucre | |
---|---|---|
2005 | 1 801 | 14,01 |
2006 | 1 864 | 14,03 |
2007 | 1 576 | 13,74 |
2008 | 1 772 | 14,00 |
2009 | 1 908 | 13,87 |
2010 | 1 877 | 13,59 |
2011 | 1 887 | 13,54 |
2012 | 1 836 | 13,92 |
2013 | 1 718 | 14,08 |
2014 | 1 764 | 13,91 |
- Source : Centre Technique Interprofessionnel de la Canne et du Sucre
graphiqueFigure 2 – La richesse en sucre diminueCanne récoltée et richesse en sucre à La Réunion

- Source : Centre Technique Interprofessionnel de la Canne et du Sucre
Les filières d'élevage augmentent leur production
Un projet stratégique de développement des filières agricoles de La Réunion a été établi en 2014 en associant l'ensemble des acteurs professionnels du monde agricole. Les filières d'élevage se sont fixé des objectifs ambitieux de développement de leurs productions sur le marché local d'ici 2020. La production de viande de volailles augmente de 9,7 % en 2014. Malgré ces bons résultats, la filière peine à améliorer ses parts de marché dans la consommation globale de volailles sur l'île. Elle doit faire face à la hausse des importations de produits congelés. Ces produits à très bas prix concurrencent la production locale. Pour y faire face, la maîtrise des coûts et la recherche de gains de productivité sont prioritaires. Le complexe avicole de l'Étang-Salé, mis en service fin 2014, s'inscrit dans cette démarche en optimisant les activités de découpe et d'abattage. La production de viande des autres filières baisse légèrement en 2014 : – 2,7 % pour les porcins et – 1,6 % pour les bovins. Après deux années consécutives de baisse, la production laitière se redresse et dépasse les 19 millions de litres, conformément aux objectifs fixés dans le projet stratégique.
Documentation
Définitions (pdf, 408 Ko )