Insee
Insee Conjoncture Martinique · Juin 2023 · n° 24
Insee Conjoncture MartiniqueBilan économique 2022 - Martinique Bonne orientation de l’économie martiniquaise en 2022

En 2022, le marché du travail s’améliore avec une baisse du nombre de demandeurs d’emploi et une hausse de l’emploi salarié du secteur tertiaire marchand (hors intérim). Les créations d’entreprises sont également en hausse. La situation financière des ménages et des entreprises est satisfaisante. Les secteurs portuaire et aérien redécollent portés en partie par la progression du flux de touristes de séjour.

Insee Conjoncture Martinique
No 24
Paru le :Paru le01/06/2023

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2022 publiés par l'Insee.

Retrouvez les bilans des autres régions.

Consulter

Commerce extérieur - Des échanges dynamiques dans un contexte inflationniste Bilan économique 2022

Philippe Mouty (Insee)

Les échanges commerciaux de la Martinique poursuivent leur progression en 2022 après une reprise amorcée au cours de l'année 2021. Cependant tous les secteurs ne connaissent pas les mêmes évolutions. Le renchérissement des prix de l’énergie pèse sur l’évolution en valeur des échanges. Les importations augmentent de 24 % et les exportations de 33 %. Les États-Unis deviennent le deuxième client de la Martinique. Le solde structurellement déficitaire du commerce extérieur se dégrade de 571,4 millions d’euros en un an et s’établit à -3,1 milliards d’euros.

Insee Conjoncture Martinique

No 24

Paru le :01/06/2023

Les échanges extérieurs continuent de progresser

En 2022, les échanges extérieurs de la Martinique continuent de croître pour la deuxième année consécutive. En effet, les importations et les exportations augmentent respectivement de 24 % et 33 % comparé à 2021 (respectivement 11 % et 9,5 % l’année précédente). Le montant des importations atteint 3,5 milliards d’euros et dépasse largement les niveaux atteints depuis le début de la décennie. Les exportations s’élèvent à 434 millions d’euros, soit un niveau supérieur à celui atteint juste avant la crise sanitaire. La balance commerciale, structurellement déficitaire, se dégrade de 758 millions d’euros par rapport à 2019 pour s’établir à un niveau record de -3,1 milliards d’euros en 2022 (figure 1).

Figure 1Valeur des importations et exportations

(en millions d’euros)
Valeur des importations et exportations ((en millions d’euros))
Types d’échange 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022
Importations 2 774 2 709 2 631 2 715 2 718 2 688 2 537 2 817 3 496
Exportations 581 504 441 365 369 384 298 326 434
Solde des échanges -2 193 -2 205 -2 190 -2 350 -2 349 -2 304 -2 239 -2 491 -3 062
  • Source : Douanes, calculs Insee.

Les importations sont en hausse, portées par les hydrocarbures naturels

Les importations de la Martinique augmentent deux fois plus rapidement qu’en 2021, soit +24 %. Elles sont à un niveau (3,5 milliards d’euros) jamais atteint depuis une vingtaine d’années, portées par les hydrocarbures naturels et les produits pétroliers dont les importations sont en très forte progression. Les hydrocarbures s’accroissent de 215 % par rapport à 2021, et contribuent pour 34 % à la hausse des importations de la Martinique. Les produits pétroliers connaissent une progression moins forte qu’en 2021 (+40 % en 2022 contre +87 % en 2021) et contribuent pour 20 % à la hausse des importations. Cette hausse des importations de carburants est alimentée par les tensions inflationnistes qui touchent le secteur de l’énergie. La guerre en Ukraine, la relance budgétaire massive et la faiblesse de l’euro ont entraîné la hausse du cours du brent de 43 % au cours de l’année 2022 (figure 2).

L’envolée du cours des matières premières et des prix de l’énergie sont à l’origine du renchérissement des importations des autres produits industriels tels que les produits chimiques, les instruments et fournitures pharmaceutiques, l’habillement, l’outillage. Ils augmentent de 14 % en 2022, et représentent 32 % des importations du territoire.

Le conflit en Ukraine a aussi des conséquences sur l’évolution des prix des produits agricoles de base. Les denrées alimentaires, boisons et produits à base de tabac ainsi que l’agriculture, la sylviculture et pêche progressent en moyenne de 22 %.

La hausse des importations concerne également les biens durables au travers des équipements mécaniques, de matériel électrique, électronique et informatique (+10 %). Dans une moindre mesure, les matériels de transport et l’industrie de l’automobile sont aussi touchés (respectivement +5 % et +3 %).

Figure 2Montants et évolutions des importations et des exportations par activité

(en million d'euros)
Montants et évolutions des importations et des exportations par activité ((en million d'euros))
Activités Importations Exportations
Valeur Part (en %) Évolution en 2022 Valeur Part (en %) Évolution en 2022
AZ - Agriculture, sylviculture et pêche 70,8 2,0 22,3 73,5 16,9 8,5
DE - Hydrocarbures naturels, autres produits des industries extractives, électricité, déchets 335,2 9,6 214,7 19,1 4,4 13,0
C1 - Denrées alimentaires, boissons et produits à base de tabac 536,2 15,3 21,8 93,1 21,5 -2,5
C2 - Produits pétroliers raffinés et coke 470,3 13,5 40,3 191,2 44,1 110,7
C3 – Équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique 512,9 14,7 10,3 10,4 2,4 -5,7
C4 - Matériels de transport 422,1 12,1 4,9 19,7 4,5 40,1
dont industrie automobile 385,2 11,0 3,3 14,6 3,4 35,8
C5 - Autres produits industriels 1 129,9 32,3 13,7 26,3 6,1 -10,9
dont pharmacie 194,9 5,6 6,6 1,1 0,3 -3,4
Autres 18,6 0,5 14,7 0,7 0,2 -32,9
Total 3 496,0 100,0 24,1 433,9 100,0 32,9
  • Source : Douanes, calculs Insee.

Hausse des exportations de pétrole raffiné

Les exportations augmentent nettement (+32,9 %) par rapport à 2021. Elles atteignent 434 millions d’euros en 2022, composées à 44,1 % d’expéditions de produits pétroliers raffinés, essentiellement vers la Guadeloupe et la Guyane. Hors produits pétroliers raffinés, les exportations sont quasi stables (+3 %).

Avec 93,1 millions d’euros, les exportations de denrées alimentaires, boissons et produits à base de tabac sont presque stables de (-2,5 %) par rapport à 2021. Ils représentent 21,5 % des exportations de la Martinique.

Les exportations de produits agricoles continuent leur progression entamée depuis la crise sanitaire de 2020 (+8,5 %) et contribuent pour 5,4 % de la hausse des exportations. En effet, l’impact de la tempête Fiona sur les cultures traditionnelles telles que la banane ont été moins importantes qu’en Guadeloupe.

Après une forte baisse en 2020 liée aux conséquences de la crise sanitaire, la progression des exportations de l’industrie automobile se confirme pour la deuxième année consécutive. L’activité redémarre avec une hausse de 35,8 % en 2022, elle contribue pour 3,5 % de la progression des exportations de la Martinique.

Les États-Unis deviennent le deuxième fournisseur de la Martinique

En 2022, la France métropolitaine est le premier fournisseur de la Martinique (56 % de l’ensemble des importations) pour un montant de 1,9 milliards d’euros. Dans le détail elle fournit à la Martinique 80 % des denrées alimentaires, des boissons et produits à base de tabac, 69 % des équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique, 61 % du matériel de transport et 73 % des autres produits industriels (figure 3).

Les États-Unis deviennent le deuxième fournisseur de la Martinique (13 %) devant l’Union européenne (10 %). En effet, les importations doublent par rapport à 2021 et sont composées principalement de produits pétroliers raffinés (69 %), d’hydrocarbures naturels (19 %), d’équipements mécaniques, du matériel électrique, électronique et informatique (5 %) et des autres produits industriels (5 %).

Les échanges avec la Norvège sont constitués essentiellement d’importations d’hydrocarbures qui progressent fortement par rapport à 2021 (+437 %). Elles représentent 68 % des hydrocarbures naturels importés par la Martinique (figure 4).

Les principaux clients de la Martinique sont la France métropolitaine (43 %) pour un montant de 185,1 millions d’euros, la Guadeloupe (26 %) pour 114,8 millions d’euros et la Guyane (21 %) pour 90,3 millions d’euros.

Figure 3Répartition des importations selon leur provenance

(en millions d’euros)
Répartition des importations selon leur provenance ((en millions d’euros))
Pays de provenance Importations
France métropolitaine 1 940,9
Union européenne hors France 339,4
Etats-Unis 442,6
Norvège 232,6
Chine 111,3
Caraïbe 70,8
Guadeloupe 51,6
Autre 306,9
  • Source : Douanes, calculs Insee.

Figure 3Répartition des importations selon leur provenance

  • Source : Douanes, calculs Insee.

Figure 4Répartition des exportations selon leur destination de 2016 à 2021

(en millions d’euros)
Répartition des exportations selon leur destination de 2016 à 2021 ((en millions d’euros))
Année France métropolitaine Guadeloupe Guyane Caraïbe UE hors France Autre
2015 172,1 139,5 133,5 19,6 3,9 35,5
2016 182,0 110,8 108,4 4,7 7,2 28,0
2017 140,2 120,7 69,4 9,6 6,0 18,7
2018 155,5 90,9 86,1 15,7 6,5 14,3
2019 174,2 79,4 79,3 14,2 7,5 29,2
2020 158,7 48,5 52,8 13,0 5,5 19,2
2021 174,2 73,8 42,6 5,4 5,5 25,0
2022 185,1 114,8 90,3 13,9 5,6 24,2
  • Source : Douanes, calculs Insee.

Figure 4Répartition des exportations selon leur destination de 2016 à 2021

  • Source : Douanes, calculs Insee.
Publication rédigée par :Philippe Mouty (Insee)

Pour comprendre

Les données chiffrées présentées concernent uniquement les échanges en valeur de marchandises, hors matériel militaire et hors services.

Les données régionales sont établies selon les principes suivants : en qui concerne les échanges entre les DROM on comptabilise en importation d’un territoire en provenance d’un autre DROM les données d’exportation de ce dernier vers le territoire en question. (Exemple : Les importations de la Guadeloupe en provenance de la Guyane correspondent aux données d’exportation de la Guyane vers la Guadeloupe).

Sources

Douanes, calculs Insee