Les départements de Nouvelle-Aquitaine à l'épreuve de la crise sanitaire

Chiffres détaillés
Paru le :Paru le29/11/2022
Grégory Bodeau (Insee)
- Novembre 2022
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Activité et emploi rebondissent en Charente-Maritime Les départements néo-aquitains à l’épreuve de la crise sanitaire

Grégory Bodeau (Insee)

En Charente-Maritime, l’épidémie de Covid-19 a engendré une forte surmortalité en 2021. Au début de la crise, activité et emploi ont été davantage affectés que la moyenne nationale, mais ont davantage rebondi, pour dépasser leur niveau d’avant-crise à la fin de l’année 2021. Les ménages ont plus épargné que la moyenne, tandis que le nombre de bénéficiaires du RSA a augmenté puis décru au même rythme que la moyenne.

Insee Flash Nouvelle-Aquitaine

No 83

Paru le :29/11/2022

Cette étude fait partie d'une série de publications sur « Les départements de Nouvelle-Aquitaine à l'épreuve de la crise sanitaire ».

La Charente-Maritime à l’épreuve de la crise sanitaire

Une mortalité en forte hausse en 2021

La population de Charente-Maritime a été relativement préservée de l’épidémie de Covid en 2020. En dépit d’une population âgée, les décès augmentent, entre 2019 et 2020, à peine plus que dans la région (3 % contre 2 % dans la région). Cette hausse est bien en deçà de la moyenne nationale (+ 9 %) (figure 1).

Figure 1Évolution de la mortalité en 2020 et 2021

(base 100 en 2019)
Évolution de la mortalité en 2020 et 2021 ((base 100 en 2019)) - Lecture : le nombre de décès est inférieur au 1ᵉʳ trimestre 2020 par rapport au 1ᵉʳ trimestre 2019 en Nouvelle-Aquitaine, contrairement à la France et la Charente-Maritime où il est équivalent.
Période Charente-Maritime Nouvelle-Aquitaine France
2020 T1 100 97 101
2020 T2 100 98 112
2020 T3 109 103 103
2020 T4 104 111 120
2021 T1 104 103 108
2021 T2 105 105 108
2021 T3 116 106 106
2021 T4 111 111 109
  • Note : l’année de référence prise est 2019. Les vagues sont déterminées en fonction de la courbe nationale des hospitalisations (Pour en savoir plus)
  • Lecture : le nombre de décès est inférieur au 1ᵉʳ trimestre 2020 par rapport au 1ᵉʳ trimestre 2019 en Nouvelle-Aquitaine, contrairement à la France et la Charente-Maritime où il est équivalent.
  • Source : Insee, État civil 2019 à 2021. Les données 2021 sont provisoires.

Figure 1Évolution de la mortalité en 2020 et 2021

  • Note : l’année de référence prise est 2019. Les vagues sont déterminées en fonction de la courbe nationale des hospitalisations (Pour en savoir plus)
  • Lecture : le nombre de décès est inférieur au 1ᵉʳ trimestre 2020 par rapport au 1ᵉʳ trimestre 2019 en Nouvelle-Aquitaine, contrairement à la France et la Charente-Maritime où il est équivalent.
  • Source : Insee, État civil 2019 à 2021. Les données 2021 sont provisoires.

En revanche, les conséquences du Covid sont plus nettes en 2021. Toutes causes confondues, 8 700 décès sont enregistrés, soit 9 % de plus par rapport à l’année 2019. Cette hausse est supérieure aux moyennes régionale et nationale. Comme en 2020, un pic de mortalité est enregistré au 3e trimestre.

Par conséquent, en dépit d’un regain des naissances en 2021, le déficit naturel se creuse fortement par rapport à 2019 et représente 3 500 individus.

L’activité économique rebondit fortement après les confinements

En Charente-Maritime, l’activité économique est celle qui a le mieux rebondi dans la région, avec la Gironde. En décembre 2021, elle dépasse son niveau d’avant-crise, avec un nombre d’heures rémunérées supérieur de 4 % à celui de décembre 2019 (+ 1 % en France) (figure 2).

Figure 2Contribution des secteurs à l’évolution de l’activité en 2020 et 2021

(en points)
Contribution des secteurs à l’évolution de l’activité en 2020 et 2021 ((en points)) - Lecture : en avril 2020, le nombre d’heures rémunérées se situe 38 % en dessous de son niveau d’avril 2019. Cette chute s’explique par la baisse dans les autres services principalement marchands (18 points), l’hébergement-restauration (7), l’industrie (6), la construction (5) et les services principalement non marchands (2).
Période Autres services principalement marchands Construction Hébergement et restauration Industrie Services principalement non marchands Ensemble
Jan 2020 1,2 0,5 0,3 0,4 0,2 2,6
fév 2020 1,2 0,5 0,3 0,3 0,3 2,6
mars 2020 -7,1 -3,3 -2,6 -2,3 -0,8 -16,1
avril 2020 -18,2 -5,0 -7,3 -5,5 -2,1 -38,1
mai 2020 -10,4 -1,3 -7,4 -3,4 -1,0 -23,5
juin 2020 -3,8 -0,1 -3,2 -1,6 -0,2 -8,9
juil 2020 -2,3 0,0 -1,3 -1,3 0,0 -4,9
août 2020 -1,4 0,2 -1,1 -0,8 0,1 -3,0
sept 2020 -0,9 0,1 -0,6 -1,0 0,1 -2,3
oct 2020 -0,5 0,1 -0,3 -1,0 0,2 -1,5
nov 2020 -5,2 0,3 -3,8 -1,1 0,0 -9,8
déc 2020 -1,7 0,0 -3,8 -0,8 0,3 -6,0
jan 2021 -0,2 1,1 -2,7 -0,6 0,6 -1,8
fév 2021 -0,4 0,7 -3,6 -0,3 0,7 -2,9
mars 2021 -0,3 0,9 -3,9 -0,1 0,7 -2,7
avril 2021 -3,1 0,6 -5,8 -0,6 0,3 -8,6
mai 2021 -1,2 0,6 -3,8 -0,4 0,3 -4,5
juin 2021 1,3 0,9 -0,5 0,2 0,6 2,5
juil 2021 1,0 0,5 0,2 -0,2 0,5 2,0
août 2021 1,5 0,0 -0,1 0,1 0,6 2,1
sept 2021 2,3 0,7 0,1 0,4 0,6 4,1
oct 2021 2,8 0,8 0,6 0,1 0,5 4,8
nov 2021 3,6 0,9 0,8 0,5 0,7 6,5
déc 2021 2,9 -0,1 0,1 0,3 0,6 3,8
  • Note : la situation de référence est le même mois de l’année 2019.
  • Lecture : en avril 2020, le nombre d’heures rémunérées se situe 38 % en dessous de son niveau d’avril 2019. Cette chute s’explique par la baisse dans les autres services principalement marchands (18 points), l’hébergement-restauration (7), l’industrie (6), la construction (5) et les services principalement non marchands (2).
  • Source : Insee, Déclarations sociales nominatives – traitement provisoire.

Figure 2Contribution des secteurs à l’évolution de l’activité en 2020 et 2021

  • Note : la situation de référence est le même mois de l’année 2019.
  • Lecture : en avril 2020, le nombre d’heures rémunérées se situe 38 % en dessous de son niveau d’avril 2019. Cette chute s’explique par la baisse dans les autres services principalement marchands (18 points), l’hébergement-restauration (7), l’industrie (6), la construction (5) et les services principalement non marchands (2).
  • Source : Insee, Déclarations sociales nominatives – traitement provisoire.

Malgré un début d’année 2021 pénalisé par les restrictions liées aux mesures sanitaires, l’activité résiste. Contrairement à la plupart des départements néo-aquitains, elle retrouve son niveau de 2019 en moyenne annuelle, grâce à une structure sectorielle orientée vers les services qui la protège. C’est dans les services marchands que la contribution à la reprise de l’activité est la plus franche (+ 3 points), devant les services non marchands. Construction, industrie et hébergement-restauration retrouvent leur niveau d’avant-crise.

L’activité a davantage diminué en 2020 (- 9 % en moyenne annuelle, au même niveau que la moyenne nationale, contre seulement - 8 % dans la région). Le confinement du printemps 2020 concentre essentiellement cette baisse. L’activité a reculé de 38 % dans le département (- 33 % en Nouvelle-Aquitaine ou en France). L’importance des services marchands et notamment du tourisme dans l’économie de ce département explique cette baisse.

Après une reprise progressive de l’activité pendant l’été, un deuxième confinement est intervenu à l’automne 2020. La baisse de l’activité a été nettement moindre (- 10 % en novembre). Les restrictions ont davantage ciblé les services, notamment l’hébergement-restauration et le commerce. Les activités de production ont pu s’organiser pour s’adapter aux nouvelles conditions.

Autant de Charentais-Maritimes (15 %) ont été intégralement placés au chômage partiel pendant le premier confinement qu’en moyenne dans la région Nouvelle-Aquitaine ou en France. En revanche, ils ont moins souvent télétravaillé qu’au niveau national, que ce soit exclusivement (20 % contre 28 %) ou partiellement (14 % contre 16 %).

Pénalisée par les restrictions et aussi par le manque de touristes, la consommation des ménages a diminué en 2020, notamment pendant les confinements. Par rapport au même mois de 2019, le montant des transactions par cartes bancaires CB a diminué de 49 % au mois d’avril 2020, la plus forte baisse enregistrée dans la région. Le recul est de 25 % en novembre. La consommation résiste davantage en 2021, malgré un nouveau trou d’air au mois d’avril (nouveau confinement).

Par ailleurs, les créations d’entreprises sont dynamiques en 2021 (9 000 entreprises créées, soit 19 % de plus qu’en 2020) après un moindre dynamisme en 2020 (+ 5 % par rapport à 2019). Le rebond de 2021 dépasse de 2 points la moyenne nationale.

Le marché du travail rebondit fortement

L’emploi salarié augmentait en Charente-Maritime avant la crise. Il a subi le choc de la crise sanitaire aux deux premiers trimestres de 2020 (- 3 % en cumulé, soit - 6 500 emplois), mais dans des proportions moindres que la contraction de l’activité économique. En outre, le rebond de l’emploi est important à partir du 2e semestre 2020 et, fin 2021 l’emploi est supérieur de 4 % à son niveau d’avant-crise.

L’intérim constitue la variable d’ajustement. Fortement touché au 1er trimestre 2020 (- 44 %), il retrouve son niveau d’avant-crise au 3e trimestre 2021 et le dépasse de 4 % fin 2021. Hors intérim, l’emploi industriel résiste et progresse même de 3 % fin 2021. Il a baissé en 2020 dans les services marchands mais remonte à nouveau en 2021 et dépasse en fin d’année son niveau d’avant-crise de 5 %. Dans le tertiaire non marchand, il croit légèrement de 2 %. La construction progresse malgré la crise sanitaire : l’emploi a augmenté au cours de l’année 2020 et encore davantage en 2021 (+ 11 % fin 2021 par rapport à l’avant-crise, contre + 8 % pour la région).

Le chômage, qui baissait régulièrement depuis 2017, a fortement augmenté durant la crise pour atteindre 9,3 % au 3e trimestre 2020. Puis, la reprise économique favorise sa baisse à 7,1 % fin 2021. Si le chômage reste supérieur à la moyenne néo-aquitaine, la Charente-Maritime n’est plus au dernier rang de la région.

Une hausse des bénéficiaires du RSA mais aussi de l’épargne

Les dispositifs d’aide aux employeurs ont soutenu indirectement le pouvoir d’achat des actifs en protégeant les emplois. Le pouvoir d’achat a également été protégé par des mesures directes de maintien dans les dispositifs de protection comme le revenu de solidarité active (RSA) ou l’indemnisation chômage, ou des aides monétaires exceptionnelles accordées aux familles modestes courant 2020.

Durant le premier confinement, 21 % des Charentais-Maritimes déclarent avoir rencontré des difficultés financières (deux points de moins que la moyenne nationale).

Pendant l’année 2020, le nombre de bénéficiaires du RSA augmente de 7 % en Charente-Maritime, comme au niveau régional et national. Après un pic atteint fin 2020, la reprise de l’activité économique et le desserrement des contraintes sanitaires font baisser le nombre de bénéficiaires du RSA en 2021 sous l’effet des retours à l’emploi. Avec 15 900 allocataires, il est inférieur au niveau d’avant-crise.

Le nombre de bénéficiaires d’une prime d’activité a légèrement diminué pendant la crise, après avoir beaucoup augmenté entre 2017 et fin 2019.

Seuls 2 % des ménages de Charente-Maritime déclarent ressentir une amélioration de leurs finances lors du premier confinement. Leur patrimoine financier augmente pourtant en 2020-2021, plus vite qu’avant la crise sanitaire (+ 3 points). Ce surplus d’épargne s’explique par la prudence des ménages face aux incertitudes, et par les restrictions qui ont limité leurs dépenses. Les encours des produits d’épargne (différents livrets) augmentent de 2,2 milliards d’euros entre février 2020 et décembre 2021. Ils progressent de 9 % en rythme annuel (+ 8 % dans la région et en France).

Pour en savoir plus

Génin G., « Une surmortalité marquée et un léger rebond des naissances en 2021 en Nouvelle-Aquitaine », Insee Flash Nouvelle-Aquitaine n° 74, mai 2022.

« Les départements de Nouvelle-Aquitaine à grands traits », Insee Analyses Nouvelle-Aquitaine n° 101 à 112, décembre 2021.

« En quatre vagues, l’épidémie de Covid-19 a causé 116 000 décès et lourdement affecté le système de soins », France, portrait social Édition 2021, novembre 2021.