Les départements de Nouvelle-Aquitaine à l'épreuve de la crise sanitaire

Chiffres détaillés
Paru le :Paru le29/11/2022
Nicolas Kempf, Stéphane Levasseur (Insee)
- Novembre 2022
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Sommaire

Une économie corrézienne qui résiste, mais de fortes conséquences sociales Les départements néo-aquitains à l’épreuve de la crise sanitaire

Nicolas Kempf, Stéphane Levasseur (Insee)

En Corrèze, l’épidémie de Covid-19 a engendré une surmortalité limitée en 2020 et 2021. L’activité et l’emploi ont été affectés dans des proportions comparables à la moyenne nationale et ont retrouvé leur niveau d’avant-crise à la fin de l’année 2021. En revanche les ménages ont moins épargné que la moyenne et le nombre de bénéficiaires du RSA a davantage augmenté.

Insee Flash Nouvelle-Aquitaine

No 84

Paru le :29/11/2022

Cette étude fait partie d'une série de publications sur « Les départements de Nouvelle-Aquitaine à l'épreuve de la crise sanitaire ».

La Corrèze à l’épreuve de la crise sanitaire

Pas de choc démographique majeur malgré l’épidémie

La Corrèze a été relativement préservée de l’épidémie de Covid en 2020. Les décès reculent même de 2 %, par rapport à 2019, année marquée par une épidémie de grippe virulente. La mortalité augmente toutefois de 4 % sur les trois derniers trimestres de l’année 2020. Cette hausse, identique à celle de la région, est nettement moindre qu’à l’échelle nationale (+ 12 %) (figure 1).

Figure 1Évolution de la mortalité en 2020 et 2021

(base 100 en 2019)
Évolution de la mortalité en 2020 et 2021 ((base 100 en 2019)) - Lecture : le nombre de décès est inférieur au 1ᵉʳ trimestre 2020 par rapport au 1ᵉʳ trimestre 2019 en Corrèze et en Nouvelle-Aquitaine, contrairement à la France.
Période Corrèze Nouvelle-Aquitaine France
2020 T1 85 97 101
2020 T2 98 98 112
2020 T3 104 103 103
2020 T4 110 111 120
2021 T1 93 103 108
2021 T2 98 105 108
2021 T3 110 106 106
2021 T4 116 111 109
  • Note : l’année de référence prise est 2019. Les vagues sont déterminées en fonction de la courbe nationale des hospitalisations (Pour en savoir plus).
  • Lecture : le nombre de décès est inférieur au 1ᵉʳ trimestre 2020 par rapport au 1ᵉʳ trimestre 2019 en Corrèze et en Nouvelle-Aquitaine, contrairement à la France.
  • Source : Insee, État civil 2019 à 2021. Les données 2021 sont provisoires.

Figure 1Évolution de la mortalité en 2020 et 2021

  • Note : l’année de référence prise est 2019. Les vagues sont déterminées en fonction de la courbe nationale des hospitalisations (Pour en savoir plus).
  • Lecture : le nombre de décès est inférieur au 1ᵉʳ trimestre 2020 par rapport au 1ᵉʳ trimestre 2019 en Corrèze et en Nouvelle-Aquitaine, contrairement à la France.
  • Source : Insee, État civil 2019 à 2021. Les données 2021 sont provisoires.

En 2021, 3 350 décès sont enregistrés, soit + 3 % par rapport à l’année 2019. Les conséquences du Covid sont plus nettes, l’épidémie participe en particulier aux surcroîts de décès de 10 % puis 16 % aux 3e et 4e trimestres, la hausse est même plus forte qu’aux niveaux national et régional.

En dépit des naissances qui cessent de diminuer, le déficit naturel se creuse légèrement par rapport à 2019 à cause de l’augmentation des décès.

Depuis mi-2021, l’activité économique retrouve son niveau d’avant-crise

En décembre 2021, l’activité économique corrézienne retrouve un niveau identique à celui d’avant-crise, avec un nombre d’heures rémunérées identique à celui de décembre 2019 (+ 1 % en France) (figure 2).

Figure 2Contribution des secteurs à l’évolution de l’activité en 2020 et 2021

(en points)
Contribution des secteurs à l’évolution de l’activité en 2020 et 2021 ((en points)) - Lecture : en avril 2020, le nombre d’heures rémunérées se situait 32 % en dessous de son niveau d’avril 2019. Cette chute s’explique par la baisse dans les autres services principalement marchands (15 points), la construction (4), l’hébergement restauration (4), l’industrie (7) et les services principalement non marchands (2).
Période Autres services principalement marchands Construction Hébergement - restauration Industrie Services principalement non marchands Ensemble
Jan 2020 1,1 0,2 0,1 -0,1 0,2 1,5
fév 2020 0,6 0,0 0,2 0,0 0,0 0,8
mars 2020 -5,4 -2,9 -1,7 -2,4 -0,9 -13,3
avril 2020 -14,7 -4,5 -3,7 -7,4 -2,1 -32,4
mai 2020 -8,1 -1,2 -3,4 -5,1 -1,4 -19,2
juin 2020 -2,5 -0,2 -1,6 -3,1 -0,5 -7,9
juil 2020 -1,6 -0,3 -1,2 -1,7 -0,4 -5,2
août 2020 -0,9 -0,1 -1,0 -1,2 -0,2 -3,4
sept 2020 -0,1 -0,3 -0,6 -1,2 -0,1 -2,3
oct 2020 -0,6 -0,3 -0,5 -1,2 0,0 -2,6
nov 2020 -3,9 0,0 -2,7 -1,4 -0,3 -8,3
déc 2020 -1,0 -0,7 -2,6 -1,1 -0,1 -5,5
jan 2021 -0,6 0,2 -2,0 -1,6 -0,2 -4,2
fév 2021 -0,7 -0,3 -2,3 -1,2 -0,1 -4,6
mars 2021 -0,5 -0,2 -2,4 -1,1 0,1 -4,1
avril 2021 -2,2 -0,4 -2,7 -0,9 0,0 -6,2
mai 2021 -1,0 -0,2 -2,2 -1,1 -0,1 -4,6
juin 2021 0,8 0,1 -0,7 -0,5 0,1 -0,2
juil 2021 0,6 -0,4 0,0 -0,4 0,1 -0,1
août 2021 0,1 -0,5 -0,3 -0,4 0,3 -0,8
sept 2021 0,8 -0,1 -0,2 -0,1 0,2 0,6
oct 2021 0,6 0,0 0,0 0,1 0,1 0,8
nov 2021 0,7 0,2 -0,1 0,1 0,2 1,1
déc 2021 0,8 -0,6 -0,1 0,1 -0,1 0,1
  • Note : la situation de référence est le même mois de l’année 2019.
  • Lecture : en avril 2020, le nombre d’heures rémunérées se situait 32 % en dessous de son niveau d’avril 2019. Cette chute s’explique par la baisse dans les autres services principalement marchands (15 points), la construction (4), l’hébergement restauration (4), l’industrie (7) et les services principalement non marchands (2).
  • Source : Insee, Déclarations sociales nominatives – traitement provisoire.

Figure 2Contribution des secteurs à l’évolution de l’activité en 2020 et 2021

  • Note : la situation de référence est le même mois de l’année 2019.
  • Lecture : en avril 2020, le nombre d’heures rémunérées se situait 32 % en dessous de son niveau d’avril 2019. Cette chute s’explique par la baisse dans les autres services principalement marchands (15 points), la construction (4), l’hébergement restauration (4), l’industrie (7) et les services principalement non marchands (2).
  • Source : Insee, Déclarations sociales nominatives – traitement provisoire.

En Corrèze, les niveaux d’activité d’avant-crise sont rejoints ou dépassés depuis juin 2021 selon les secteurs d’activité. La construction reste en recul par rapport à 2019, et contribue pour 1 % à la baisse d’activité en fin d’année. La progression de l’activité dans les services marchands, mesurée par la hausse des heures rémunérées, compense cette baisse. L’activité industrielle, comme le tertiaire non marchand, retrouvent leur niveau d’avant-crise.

Le début d’année 2021 étant pénalisé par les conséquences des mesures sanitaires, la baisse d’activité moyenne en 2021 est de 2 %. Derrière la Vienne, la Corrèze est le deuxième département néo-aquitain où la baisse d’activité reste la plus importante. L’industrie y contribue à hauteur de 0,6 point, tout particulièrement dans le secteur de la fabrication de produits métalliques, et les services marchands à hauteur de 1,1 point, dont 0,7 point pour la restauration et 0,4 point pour le commerce de gros.

L’activité a davantage diminué en 2020 (- 8 %), ce qui place la Corrèze dans la moyenne régionale, légèrement plus protégée que la moyenne nationale. Cette baisse est surtout due au confinement du printemps 2020, où l’activité a reculé de 33 % dans le département (comme en Nouvelle-Aquitaine ou en France). Pourtant, pendant le premier confinement, davantage de Corréziens (19 %) ont été mis intégralement au chômage partiel que dans la région ou en France (15 %). De même, les Corréziens ont moins télétravaillé (27 %) qu’en moyenne dans la région (39 %) et en France (44 %).

Après une reprise progressive de l’activité pendant l’été, un deuxième confinement est intervenu à l’automne 2020. La baisse de l’activité a été nettement moindre (- 8 % en novembre). Les restrictions ont davantage ciblé les services, notamment l’hébergement-restauration et le commerce. Les activités de production ont pu s’organiser pour s’adapter aux nouvelles conditions. La Corrèze se positionne un peu mieux que la moyenne nationale (- 10 %), et comme la moyenne régionale.

La consommation des ménages a aussi diminué en 2020, notamment pendant les confinements : par rapport au même mois de 2019, le montant de transactions par cartes bancaires CB a baissé de 42 % au mois d’avril 2020, et de 28 % en novembre. Ces baisses sont comparables à la moyenne nationale. La consommation résiste davantage en 2021, malgré un nouveau trou d’air au mois d’avril.

Par ailleurs, les créations d’entreprises sont dynamiques en 2021 (2 380 entreprises créées, soit + 24 % par rapport à 2020) après une hausse timide en 2020 (+ 5 % par rapport à 2019). Le rebond de 2021 dépasse la moyenne nationale (+ 17 %).

Le marché du travail corrézien résiste à la crise sanitaire

L’emploi salarié baissait en Corrèze avant la crise. Cette baisse s’est accentuée dès le 1er trimestre 2020 (- 2 %, soit - 1 700 emplois), mais dans des proportions moindres que l’activité économique.

L’intérim a constitué la variable d’ajustement : fortement touché au 1er trimestre 2020 (- 41 %), il retrouve son niveau d’avant-crise dès fin 2020 et le dépasse de 12 % fin 2021.

Hors intérim, l’emploi industriel baisse progressivement et reste inférieur de 1 % fin 2021. Il a reculé en 2020 dans les services marchands mais se redresse en 2021 et dépasse de 2 % son niveau d’avant-crise. Il augmente légèrement dans le tertiaire non marchand. La construction est plus affectée en Corrèze que dans la région : l’emploi baisse (- 1 % au cours de l’année 2020) et rebondit moins qu’en Nouvelle-Aquitaine (+ 4 % fin 2021 par rapport à l’avant-crise, contre + 8 %). La progression de l’emploi depuis la crise, de 2 %, est toutefois l’une des plus faibles de la région.

Le chômage, qui diminuait régulièrement depuis 2017, remonte fortement durant la crise pour atteindre 7,3 % au 3e trimestre 2020. Puis, la reprise économique favorise sa baisse à 6 % fin 2021, un niveau inférieur à celui de Nouvelle-Aquitaine (6,6 %).

Une hausse des bénéficiaires du RSA deux fois plus importante

Les dispositifs d’aide aux employeurs ont soutenu indirectement le pouvoir d’achat des actifs en protégeant les emplois. Le pouvoir d’achat a également été protégé par des mesures directes de maintien dans les dispositifs de protection comme le revenu de solidarité active (RSA) ou l’indemnisation chômage, ou des aides monétaires exceptionnelles accordées aux familles modestes courant 2020.

Durant le premier confinement, 23 % des Corréziens évoquent des difficultés financières, un niveau comparable aux moyennes nationale et régionale.

En 2020, le nombre de bénéficiaires du RSA augmente de 13 % en Corrèze, deux fois plus qu’aux niveaux régional et national (7 %). Après un pic fin 2020, il baisse en 2021 grâce à la reprise de l’activité économique et au desserrement des contraintes sanitaires. Sous l’effet des retours à l’emploi, il retrouve un niveau proche de celui observé avant le début de la crise, avec 3 300 allocataires en décembre 2021.

La hausse des bénéficiaires d’une prime d’activité est moins soutenue. Le pic de 16 900 bénéficiaires est atteint seulement en décembre 2021, avec une hausse de 3 % par rapport à fin 2019.

Seuls 2 % des ménages corréziens déclarent ressentir une amélioration de leurs finances lors du premier confinement. Le patrimoine financier des Corréziens augmente en 2020-2021, au même rythme qu’avant la crise. Le surplus d’épargne s’explique par la prudence de certains ménages face aux incertitudes et par les restrictions qui ont limité leurs dépenses. Observé dans tous les départements de la région, il reste cependant plus faible en Corrèze. Les encours des produits d’épargne (différents livrets) augmentent de 417 millions d’euros entre février 2020 et décembre 2021. Cette progression annuelle de 4 % est deux fois moindre que la moyenne régionale.

Pour en savoir plus

Génin G., « Une surmortalité marquée et un léger rebond des naissances en 2021 en Nouvelle-Aquitaine », Insee Flash Nouvelle-Aquitaine n° 74, mai 2022.

« Les départements de Nouvelle-Aquitaine à grands traits », Insee Analyses Nouvelle-Aquitaine n° 101 à 112, décembre 2021.

« En quatre vagues, l’épidémie de Covid-19 a causé 116 000 décès et lourdement affecté le système de soins », France, portrait social Édition 2021, novembre 2021.