Insee Conjoncture Martinique ·
Juin 2022 · n° 19
Bilan économique 2021 - Martinique Une reprise timide de l’activité économique
En 2021, l’économie martiniquaise est en phase de reprise après la chute brutale de l’activité en 2020, due à la pandémie de Covid 19. Mais cette reprise est contrariée par les pics pandémiques, les mesures sanitaires et les mouvements sociaux de la fin d’année. Avec une croissance du PIB de 2,5 %, ce dynamisme efface en partie le fort recul enregistré en 2020, exception faite du tourisme qui continue de souffrir des restrictions de déplacements.
Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2021 publiés par
l'Insee.
Retrouvez les bilans des autres régions ici.
Transport maritime - L’impact de la crise sanitaire toujours fort sur les activités portuaires et en premier lieu sur le trafic de passagers Bilan économique 2021
Jean-Michel Vion (Grand Port Maritime de La Martinique)
En 2021, le tonnage total de marchandises transportées par voie maritime se redresse de 2,4 %. Il est porté par la reprise du trafic de vracs solides et de conteneurs mais atténué par la chute du trafic de vracs liquides liée à la prolongation imprévue de l’arrêt de la raffinerie SARA. Par ailleurs, avec la mise à l’arrêt de la croisière et les restrictions réglementaires sur les déplacements inter-îles, le trafic de passagers est à un niveau historiquement bas.
- Nouvelle chute historique du transport de vracs pétroliers
- Bonne reprise du trafic de vracs solides
- Reprise sensible du tonnage de marchandises diverses
- Rebond du trafic de conteneurs
- Arrêt prolongé du secteur de la croisière
- Limitation drastique du trafic de passagers inter-îles
- Fréquentation du port en berne
Nouvelle chute historique du transport de vracs pétroliers
En 2021, après quatre années consécutives de faible activité et un tonnage global traité par la SARA en dessous de la barre du million de tonnes, (700 000 tonnes en 2020), un nouveau plancher est atteint avec 680 000 t de vracs pétroliers transportés.
La prolongation jusqu’en juin 2021 de l’arrêt technique entamé fin septembre 2020 a fortement limité l’import de pétrole brut au premier semestre. Par la suite, la survenue de nouveaux problèmes techniques à partir d’août a stoppé à nouveau cette activité. Au final seulement 2 tankers ont accosté pour y décharger l’équivalent de la moitié du stock de 2020 ce qui représente le quart d’une année « normale ».
En outre, la baisse de l’import de pétrole brut entraîne mécaniquement celle des exports vers la Guadeloupe et la Guyane des produits raffinés en Californie engendrant une chute de 14 000 t (soit - 9 %).
Cependant, les imports supplémentaires de produits finis pour compenser l’arrêt du raffinage ont compensé en partie cette baisse (+ 116 000 t soit + 46 %).
Le bilan du transport de vracs liquides importés ou exportés par la SARA reste donc à la baisse en dépit d’un quasi-retour à la normale de la consommation de carburants essentiellement routiers.
En revanche, l’import direct de fuel par EDF pour sa centrale électrique de Bellefontaine atteint un record en dépassant les 170 000 t. Le basculement progressif de l’activité de la centrale électrique de la Pointe des Carrières vers celle de Bellefontaine en est le facteur principal.
Bonne reprise du trafic de vracs solides
Les vracs solides sont en augmentation après une année 2020 très impactée par la crise sanitaire. Ils progressent de 14 % (+ 45 700 tonnes), grâce essentiellement à la reprise de l’import de clinker (ciment brut : + 48 000 tonnes soit + 46 % par rapport à 2020), mais également grâce aux céréales (+ 4 200 tonnes soit + 9 % par rapport à 2020).
L’import de biomasse pour la centrale électrique du Galion est en léger retrait de 5 000 tonnes (− 3 %) en raison d’incidents techniques survenus à la centrale et sur les installations de stockage du port. Ces derniers pénalisent encore le déchargement des navires et donc l’activité. Les engrais sont en recul de 12 %.
Grâce aux vracs solides, le secteur global des vracs progresse finalement de 17 500 tonnes (+ 1,4 %) par rapport à 2020. Toutefois, avec un total de 1 231 412 tonnes, ce tonnage est le deuxième plus faible des deux dernières décennies.
Reprise sensible du tonnage de marchandises diverses
En 2021, le tonnage des marchandises diverses (conteneurs et ro-ro) progresse de 47 300 tonnes (soit + 3,2 %), porté notamment par celui des marchandises conteneurisées (+ 3,1 %).
Les tonnages du trafic roulier (ro-ro) progressent de 2,4 % par rapport à 2020. Le trafic échangé avec la Guadeloupe, toujours touché par la crise sanitaire, ne se redresse pas (+ 0,1 %). À l’inverse, l’import de véhicules neufs se redresse nettement (+ 11 %), et revient à un niveau quasi-normal.
En 2021, avec un total annuel de 2,76 millions de tonnes, la progression du tonnage total de marchandises ne s’élève qu’à 65 000 tonnes (+ 2,4 % par rapport à 2020).
Après 2020, c’est le deuxième bilan le plus bas de ces vingt dernières années (moyenne à 3,05 millions de tonnes). Cependant, ce n’est pas la crise sanitaire persistante qui en est la cause mais davantage la faiblesse de l’activité de la SARA en tant que raffineur, et la perte de trafic peut être estimée à au moins 200 000 t par rapport à la prévision.
Rebond du trafic de conteneurs
Le trafic de conteneurs repasse la barre des 170 000 EVP (Équivalent Vingt Pieds), soit une progression de plus de 7 000 EVP par rapport à 2020 (+ 4 %). Si le total de 171 723 EVP est le quatrième meilleur résultat depuis le début de la conteneurisation, le trafic domestique de conteneur lui atteint en 2021 son meilleur niveau historique à 153 200 EVP.
Cette hausse provient de tous les secteurs : le transbordement (+ 19 %), l’export de banane (+ 5,8 %), et également le trafic domestique hors banane (conteneurs pleins) qui progresse de 5,3 %.
Par ailleurs le trafic de conteneurs vides baisse de 0,7 %.
Arrêt prolongé du secteur de la croisière
La crise sanitaire a gelé le secteur de la croisière depuis mars 2020, engendrant la crise la plus grave depuis son existence. Si, en 2020, deux mois et demi d’activité soutenue avaient pu être comptabilisés, ce n’est pas le cas en 2021 qui est une année blanche.
Le retour des navires de croisière est en principe prévu en novembre 2022.
Limitation drastique du trafic de passagers inter-îles
Le transport de passagers inter-îles est très touché par les contraintes sanitaires que subissent les voyageurs, et notamment la fermeture des échanges avec les îles voisines de la Dominique et de Sainte-Lucie.
Le premier semestre 2021 a donc été au plus bas avec seulement 38 escales et 9 025 passagers.
Mais, à partir du mois de juillet, les rotations avec Sainte-Lucie ont repris et il en a été de même avec la Dominique en novembre. Le second semestre a donc enregistré un net rebond du trafic (20 940 passagers en 124 escales) et le mois de décembre a été le plus fréquenté de l’année 2021 (5 600 passagers en 28 escales).
Malgré cette fin d’année très positive, l’activité ne remonte pas suffisamment et l’année 2021 totalise un peu moins de 30 000 passagers, soit - 37 % par rapport à 2020 (48 000 passagers en 2020) et à peine un cinquième de l’année 2019 (record des 15 dernières années avec 166 000 passagers). Ce niveau extrêmement bas n’a jamais été atteint depuis la création de ces lignes maritimes.
Fréquentation du port en berne
Après le recul historique en 2020, il n’y a eu aucune amélioration de la fréquentation du port qui se maintient à un niveau quasi-identique autour de 1 120 escales (+ 0,2 % par rapport à 2020), en raison des contraintes imposées au trafic de passagers.
tableauFigure 1 – Évolution du trafic global
2018 | 2020 | 2021 | Évolution 2021/2020 (en %) | |
---|---|---|---|---|
Total des Marchandises (en tonne) | 3 060 716 | 2 699 492 | 2 764 328 | 2,4 |
Nombre de conteneurs (en EVP) | 172 522 | 164 495 | 171 723 | 4,4 |
Nombre de passagers (entrées et sorties) | 1 030 132 | 453 676 | 29 965 | -93,4 |
dont croisière basée au port | 117 828 | 76 756 | 0 | -100,0 |
Nombre d'escales de navires | 1 923 | 1 120 | 1 122 | 0,2 |
- Source : Grand port maritime de la Martinique, mars 2021.
tableauFigure 2 – Évolution du trafic de conteneurs
Année | Transbordement | Domestique | Total |
---|---|---|---|
2011 | 13 | 134 | 147 |
2012 | 15 | 129 | 144 |
2013 | 19 | 129 | 148 |
2014 | 36 | 136 | 172 |
2015 | 17 | 142 | 159 |
2016 | 10 | 144 | 154 |
2017 | 20 | 140 | 160 |
2018 | 31 | 141 | 172 |
2019 | 30 | 148 | 178 |
2020 | 15,5 | 149 | 164,5 |
2021 | 18,5 | 153 | 171,5 |
- Source : Grand port maritime de la Martinique, mars 2021.
graphiqueFigure 2 – Évolution du trafic de conteneurs

- Source : Grand port maritime de la Martinique, mars 2021.
tableauFigure 3 – Évolution du tonnage des vracs et des marchandises diverses (dont conteneurs)
Année | Vracs (kT) | Marchandises diverses (dont conteneurs) | Ensemble |
---|---|---|---|
2011 | 1 364 | 1 451 | 2 815 |
2012 | 1 665 | 1 444 | 3 109 |
2013 | 1 431 | 1 466 | 2 897 |
2014 | 1 817 | 1 760 | 3 577 |
2015 | 1 879 | 1 526 | 3 405 |
2016 | 1 704 | 1 429 | 3 133 |
2017 | 1 435 | 1 561 | 2 996 |
2018 | 1 350 | 1 711 | 3 061 |
2019 | 1 496 | 1 718 | 3 214 |
2020 | 1 214 | 1 486 | 2 699 |
2021 | 1 231 | 1 533 | 2 764 |
- Source : Grand port maritime de la Martinique, mars 2021.
graphiqueFigure 3 – Évolution du tonnage des vracs et des marchandises diverses (dont conteneurs)

- Source : Grand port maritime de la Martinique, mars 2021.
tableauFigure 4 – Évolution de la croisière en Martinique
Année | Nombre d'escales (en unité) | Nombre de passagers (entrées/sorties) (en millier) |
---|---|---|
2001 | 234 | 382 |
2002 | 206 | 382 |
2003 | 217 | 513 |
2004 | 222 | 302 |
2005 | 127 | 188 |
2006 | 138 | 179 |
2007 | 117 | 134 |
2008 | 109 | 180 |
2009 | 100 | 145 |
2010 | 97 | 161 |
2011 | 60 | 76 |
2012 | 105 | 195 |
2013 | 110 | 254 |
2014 | 145 | 411 |
2015 | 170 | 545 |
2016 | 190 | 654 |
2017 | 225 | 898 |
2018 | 216 | 889 |
2019 | 169 | 672 |
2020 | 100 | 406 |
2021 | 0 | 0 |
- Source : Grand port maritime de la Martinique, mars 2021.
graphiqueFigure 4 – Évolution de la croisière en Martinique

- Source : Grand port maritime de la Martinique, mars 2021.
tableauFigure 5 – Évolution de la fréquentation portuaire
2020 | 2021 | Évolution 2021/2020 (en %) | |
---|---|---|---|
Nombre de passagers (entrées/sorties) | 453 676 | 453 676 | 0,0 |
Passagers Croisière transit* | 329 334 | 0 | -100,0 |
Croisière basée au port | 76 756 | 0 | -100,0 |
Total Croisière | 406 090 | 0 | -100,0 |
Inter-îles | 47 586 | 29 965 | -37,0 |
Nombre d'escales | 1 120 | 1 122 | 0,2 |
Marchandises | 712 | 711 | -0,1 |
Croisières | 100 | 0 | -100,0 |
Inter-îles de passagers | 173 | 162 | -6,4 |
Autres | 135 | 249 | 84,4 |
- * passagers croisière en transit (excursionnistes) comptés 2 fois (au débarquement et à l'embarquement), conformément au référentiel technique annexé à l'arrêté ministériel du 24 octobre 2012 et relatif à l'élaboration et à la transmission des statistiques portuaires.
- Source : Grand port maritime de la Martinique, mars 2021.
tableauFigure 6 – Évolution du transit portuaire en Martinique
2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 | 2021 | Évolution 2021/2020 (en %) | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Total liquides + solides en vrac | 1 430 893 | 1 816 861 | 1 879 281 | 1 703 673 | 1 434 665 | 1 349 504 | 1 496 041 | 1 213 905 | 1 231 412 | 1,4 |
Liquides en vrac | 1 213 036 | 1 577 152 | 1 643 012 | 1 483 522 | 1 196 691 | 1 091 458 | 1 111 059 | 876 992 | 848 791 | -3,2 |
Pétrole brut | 477 319 | 636 962 | 709 022 | 626 680 | 461 840 | 382 577 | 452 914 | 284 955 | 150 571 | -47,2 |
Produits pétroliers raffinés | 735 717 | 796 464 | 776 634 | 687 906 | 565 462 | 558 886 | 508 647 | 429 403 | 527 924 | 22,9 |
Import EDF Bellefontaine | 143 726 | 157 356 | 168 936 | 169 389 | 149 995 | 149 498 | 162 634 | 170 296 | 4,7 | |
Solides en vrac | 217 857 | 239 709 | 236 269 | 220 151 | 237 974 | 258 046 | 384 982 | 336 913 | 382 621 | 13,6 |
Céréales | 53 598 | 51 687 | 53 997 | 53 510 | 52 283 | 50 919 | 51 119 | 47 553 | 51 756 | 8,8 |
Engrais | 19 814 | 23 267 | 20 163 | 23 043 | 16 149 | 18 275 | 16 524 | 17 526 | 15 368 | -12,3 |
Clinker | 137 671 | 143 116 | 147 987 | 131 397 | 144 627 | 123 000 | 144 600 | 104 788 | 152 721 | 45,7 |
Autres solides en vracs | 6 774 | 21 639 | 14 122 | 12 201 | 24 915 | 65 852 | 172 739 | 167 046 | 162 776 | -2,6 |
Marchandises diverses | 1 448 121 | 1 759 573 | 1 526 034 | 1 429 442 | 1 561 093 | 1 711 212 | 1 718 134 | 1 485 587 | 1 532 916 | 3,2 |
Conteneurisées | 1 028 776 | 1 280 380 | 1 063 445 | 971 510 | 1 065 512 | 1 179 834 | 1 171 347 | 989 194 | 1 019 496 | 3,1 |
Tares des conteneurs | 292 484 | 339 700 | 312 494 | 301 614 | 327 770 | 350 269 | 361 142 | 333 459 | 346 650 | 4,0 |
Véhicules automobiles | 20 662 | 21 609 | 25 638 | 27 169 | 26 011 | 29 151 | 27 753 | 22 421 | 24 848 | 10,8 |
RO-RO (hors conteneurs) | 81 630 | 77 678 | 82 519 | 86 939 | 88 503 | 95 321 | 98 087 | 88 269 | 88 479 | 0,2 |
Tares Ro-Ro et ferry | 42 749 | 40 206 | 41 938 | 42 210 | 53 297 | 56 637 | 59 805 | 52 245 | 53 443 | 2,3 |
Total marchandises | 2 879 014 | 3 576 434 | 3 405 315 | 3 133 115 | 2 995 758 | 3 060 716 | 3 214 175 | 2 699 492 | 2 764 328 | 2,4 |
- Source : Grand port maritime de la Martinique, mars 2021.
Définitions
Clinker :
constituant du ciment qui a la forme de nodules durs et cristallisés.
EVP (Équivalent Vingt Pieds) :
Unité de mesure de conteneur qui regroupe à la fois les 20 pieds et les 40 pieds. Un conteneur d’un EVP mesure 2,591 mètres (8,5 pieds) de haut par 2,438 m de large (8 pieds) et 6,058 m (20 pieds) de long et est d’une capacité d’environ 30 m.
Ro-Ro ou roulier :
Cette appellation vient de l'anglais « Roll-On, Roll-Off » signifiant littéralement « roule dedans, roule dehors ». Les Ro-Ro, sont des navires utilisés pour transporter des véhicules, chargés grâce à une ou plusieurs rampes d'accès. On les dénomme ainsi pour les distinguer des navires habituels où les produits sont chargés à la verticale par des grues « lo-lo » (lift-on, lift-off).
Transbordement :
déchargement et rechargement de marchandises d’un navire sur l’autre dans un délai court.