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Insee Conjoncture Martinique · Juin 2022 · n° 19
Insee Conjoncture MartiniqueBilan économique 2021 - Martinique Une reprise timide de l’activité économique

En 2021, l’économie martiniquaise est en phase de reprise après la chute brutale de l’activité en 2020, due à la pandémie de Covid 19. Mais cette reprise est contrariée par les pics pandémiques, les mesures sanitaires et les mouvements sociaux de la fin d’année. Avec une croissance du PIB de 2,5 %, ce dynamisme efface en partie le fort recul enregistré en 2020, exception faite du tourisme qui continue de souffrir des restrictions de déplacements.

Insee Conjoncture Martinique
No 19
Paru le :Paru le21/06/2022

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2021 publiés par l'Insee.
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Épargne-Crédit - Vers une normalisation de l’activité financière  Bilan économique 2021

Michèle Rovela-Marthely (Institut d'émission des départements d'outre-mer)

En Martinique, en 2021, l’activité financière tend à se normaliser après une année 2020 exceptionnelle. Les entreprises poursuivent leur investissement, mais ont nettement ralenti le recours aux prêts garantis par l’État. Côté ménages, la reprise de la consommation stimule le recours au crédit à la consommation. L’encours de créances douteuses diminue et la sinistralité semble maîtrisée.

Insee Conjoncture Martinique

No 19

Paru le :21/06/2022

En Martinique, l’encours sain de crédits progresse de 2,8 % en 2021 après + 11,1 % en 2020. Il s’établit à 11,4 milliards d’euros. Cette hausse concerne à la fois les crédits des entreprises (+ 3,3 %) et ceux des particuliers (+ 4,2 %) tandis que pour les collectivités locales l’encours de crédit est en baisse (- 1,4 %). L’ensemble des dépôts atteint 9,8 milliards d’euros et se compose pour moitié des dépôts à vue, les placements à court terme et les placements à long terme représentant respectivement 23 % et 26 %. Après la croissance exceptionnelle enregistrée en 2020 (+ 15,2 %), les actifs financiers des Martiniquais retrouvent un rythme de progression plus modéré (+ 1,8 %). Compte tenu de la croissance parallèle des actifs et des crédits, le besoin de financement de la place bancaire martiniquaise se maintient à 2,2 milliards d’euros.

L’activité de crédit aux entreprises toujours soutenue

L’encours sain de crédit aux entreprises atteint 5,1 milliards d’euros à fin 2021, en hausse de  3,4 % après + 20,4 % en 2020. Les crédits d’investissement demeurent dynamiques (+ 6,9 %) et les crédits immobiliers sont stables (+ 0,4 %). En revanche, les crédits d’exploitation sont en repli (- 4,7 %) en partie du fait du ralentissement du recours aux Prêts garantis par l’État (PGE). Ainsi, sur les 826 millions d’euros de PGE contractés depuis l’introduction du dispositif en mars 2020, seulement 76 millions d’euros l’ont été en 2021. Par ailleurs, selon une enquête réalisée auprès de banquiers, si 15 à 20 % des entreprises bénéficiaires aurait procédé au remboursement de leurs PGE, plus de la moitié d’entre elles ont opté pour un différé supplémentaire de remboursement.

Côté trésorerie, la situation se normalise. Les actifs des entreprises enregistrent ainsi une nette baisse (- 4,7 %) pour s’établir à 2,9 milliards d’euros. Les entreprises ont procédé au décaissement des PGE qui jusqu’alors n’avaient pas été consommés. Les dépôts à vue affichent un repli (- 3,1 %) tout comme les placements bloqués à court terme (- 16,8 %) et l’épargne longue (- 8,3 %).

Ralentissement de la collecte d’épargne des ménages

Pour les ménages martiniquais, l’encours de crédit augmente à 4,6 milliards d’euros, en hausse de 4,2 % en 2021. Les crédits à l’habitat, qui représentent 70 % de l’encours de ménages, conservent leur rythme de croissance (+ 5,0 % en 2021 après + 4,8 % en 2020). Les projets immobiliers ne semblent pas être affectés par la crise sanitaire et les ménages continuent de profiter des taux d’intérêt bas, malgré un léger relèvement en fin d'année. De leur côté, les crédits à la consommation sont en hausse de 2,2 % en 2021 (+ 0,9 % en 2020). Pour autant, encore en phase de ré-équilibrage de la consommation, ils ne retrouvent pas leur dynamisme d’avant crise (+ 6,7 % en 2019).

L’épargne des ménages augmente de 4,9 % (après + 7,6 % en 2020) à 6,4 milliards d’euros. Bien que ralentie, la croissance des dépôts s’est poursuivie en 2021. Les Martiniquais ont accumulé 458 millions d’euros d’épargne supplémentaire. Cette hausse est visible sur l’ensemble des supports, d’abord sur les dépôts à vue (+ 8,4 %), mais aussi sur les placements liquides ou à court terme (+ 5,1 %) et sur l’épargne à long terme (+ 2,2 %).

Poursuite de l’investissement des collectivités locales

Le financement des collectivités locales tend à se normaliser. L’encours de crédit baisse à 1,3 milliard d’euros (- 1,4 %), en lien avec la forte contraction des crédits d’exploitation (- 81,8 %) après une année 2020 atypique. En revanche, les crédits d’investissement restent orientés à la hausse pour la deuxième année consécutive. Ils progressent de 3,8 % après + 5,7 % en 2020, quelques administrations ayant procédé à des investissements, alors que l’encours était en baisse depuis 2016.

Le risque de crédit reste maîtrisé

Les créances douteuses brutes enregistrent une nette diminution (- 8,3 %) en 2021. Elles s’élèvent à 569 millions d’euros et représentent 4,7 % de l’encours brut de crédits (en baisse de 0,6 point sur un an). L’évolution globale demeure baissière depuis plusieurs années, la crainte d’une dégradation en 2021 ne s’est pas matérialisée.

Figure 1Chiffres clés

Chiffres clés
Montant en million d’euros Évolution 2021/2020 (en %)
2020 2021
Crédits sains 11 111 11 425 2,8
dont ménages 4 419 4 603 4,2
entreprises 4 939 5 104 3,3
collectivités 1 294 1 276 -1,4
Crédits douteux 621 569 -8,3
Actifs financiers 9 656 9 830 1,8
dont dépôts à vue 4 879 4 960 1,7
placements liquides ou à court terme 2 252 2 298 2,0
épargne à long terme 2 524 2 572 1,9
  • Source : Institut d’Émission des Départements d’Outre-Mer (IEDOM).

Figure 2Évolution des crédits et des dépôts de la clientèle

(glissement annuel en %)
Évolution des crédits et des dépôts de la clientèle ((glissement annuel en %))
Année Crédits accordés Dépôts collectés
2009 0,5 3,4
2010 7,1 3,2
2011 2,1 0,9
2012 3,0 3,0
2013 0,2 3,5
2014 2,2 3,0
2015 6,2 4,2
2016 2,4 3,6
2017 3,7 7,0
2018 4,5 1,8
2019 3,3 3,4
2020 11,3 15,2
2021 11,4 9,8
  • Source : Institut d’Émission des Départements d’Outre-Mer (IEDOM).

Figure 2Évolution des crédits et des dépôts de la clientèle

  • Source : Institut d’Émission des Départements d’Outre-Mer (IEDOM).

Figure 3Évolution des crédits aux ménages

(en million d'euros)
Évolution des crédits aux ménages ((en million d'euros))
Année Consommation Immobilier
2008 963,3 1 814,9
2009 917,6 1 893,8
2010 912,6 2 037,3
2011 907,0 2 131,8
2012 881,7 2 222,0
2013 857,5 2 335,2
2014 853,5 2 365,7
2015 1 021,4 2 498,6
2016 1 093,5 2 557,3
2017 1 171,1 2 651,6
2018 1 255,3 2 779,8
2019 1 339,1 2 920,4
2020 1 351,2 3 061,6
2021 1 381,1 3 214,7
  • Source : Institut d’Émission des Départements d’Outre-Mer (IEDOM).

Figure 3Évolution des crédits aux ménages

  • Source : Institut d’Émission des Départements d’Outre-Mer (IEDOM).

Figure 4Évolution des crédits aux entreprises

(en million d'euros)
Évolution des crédits aux entreprises ((en million d'euros))
Exploitation Investissement Immobilier
2008 447,4 1 680,6 1 076,2
2009 394,7 1 675,7 1 078,4
2010 456,6 1 691,6 1 100,6
2011 465,2 1 681,1 1 102,8
2012 471,7 1 657,2 1 127,1
2013 444,4 1 611,9 1 074,8
2014 416,5 1 699,2 1 113,6
2015 326,5 1 921,6 1 070,3
2016 326,3 2 090,2 1 091,3
2017 351,8 2 226,7 1 084,8
2018 354,0 2 447,9 1 088,9
2019 398,6 2 635,8 1 066,0
2020 958,2 2 870,7 1 055,7
2021 913,6 3 068,6 1 059,9
  • Source : Institut d’Émission des Départements d’Outre-Mer (IEDOM).

Figure 4Évolution des crédits aux entreprises

  • Source : Institut d’Émission des Départements d’Outre-Mer (IEDOM).

Figure 5Évolution des créances douteuses brutes

(en million d'euros)
Évolution des créances douteuses brutes ((en million d'euros))
Année Encours douteux brut Taux de créances douteuses (en %)
2008 459,4 6,1
2009 520,2 6,9
2010 525,9 6,5
2011 521,2 6,3
2012 591,6 6,9
2013 585,2 6,9
2014 592,1 6,8
2015 574,8 6,2
2016 562,8 5,9
2017 616,6 6,3
2018 667,6 6,5
2019 616,1 5,8
2020 620,7 5,3
2021 569,2 4,7
  • Source : Institut d’Émission des Départements d’Outre-Mer (IEDOM).

Figure 5Évolution des créances douteuses brutes

  • Source : Institut d’Émission des Départements d’Outre-Mer (IEDOM).

Figure 6Évolution des actifs disponibles

(en million d’euros)
Évolution des actifs disponibles ((en million d’euros))
Dépôts à vue Livrets d’épargne Actifs disponibles
2008 1 805,6 1 346,1 3 151,7
2009 1 918,9 1 358,1 3 277,0
2010 2 007,8 1 372,2 3 380,0
2011 2 003,5 1 404,7 3 408,2
2012 2 029,6 1 479,8 3 509,4
2013 2 116,0 1 549,5 3 665,5
2014 2 249,8 1 589,9 3 839,7
2015 2 473,9 1 594,9 4 068,8
2016 2 763,1 1 589,4 4 352,5
2017 3 345,8 1 597,1 4 942,9
2018 3 547,1 1 645,5 5 192,6
2019 3 749,6 1 702,5 5 452,0
2020 4 878,9 1 851,0 6 729,9
2021 4 959,6 1 948,3 6 907,9
  • Source : Institut d’Émission des Départements d’Outre-Mer (IEDOM).

Figure 6Évolution des actifs disponibles

  • Source : Institut d’Émission des Départements d’Outre-Mer (IEDOM).
Publication rédigée par :Michèle Rovela-Marthely (Institut d'émission des départements d'outre-mer)