Insee Conjoncture Auvergne-Rhône-AlpesBilan économique 2016 - Auvergne-Rhône-Alpes

En 2016, en Auvergne-Rhône-Alpes, la reprise économique amorcée en 2015 se confirme. En effet, le chômage recule légèrement, en particulier celui des jeunes. De plus, l’emploi est dynamique notamment dans les services marchands et l’intérim. Les créations d’entreprises sont elles aussi en progression et les défaillances sont moins nombreuses que l’année précédente. Les exportations augmentent mais moins vite que les importations. Contrairement aux années précédentes, le secteur de la construction montre des signes de reprise. En revanche, pour l’agriculture, une nouvelle fois 2016 est une année difficile.

Insee Conjoncture Auvergne-Rhône-Alpes
No 08
Paru le :Paru le23/05/2017
Jean-Baptiste Guittard, Pôle conjoncture Sriset, Draaf Auvergne-Rhône-Alpes
Insee Conjoncture Auvergne-Rhône-Alpes No 08- Mai 2017
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Conjoncture agricole - Une nouvelle année difficile Bilan économique 2016

Jean-Baptiste Guittard, Pôle conjoncture Sriset, Draaf Auvergne-Rhône-Alpes

L’année 2016 est marquée par une récolte de céréales moyenne, de fortes pertes en fruits mais une très belle production viticole. Après une année 2015 morose, les prix restent bas pour la plupart des productions animales. En particulier, le prix du lait continue à baisser. Seules les filières porcines, avicoles et lait de chèvre connaissent une embellie.

Insee Conjoncture Auvergne-Rhône-Alpes

No 8

Paru le :23/05/2017

En 2016, après un hiver très doux et humide, le printemps est froid et très pluvieux, notamment sur le nord de la région. Ensuite, l’été se caractérise par de fortes chaleurs et la sécheresse. Il faut attendre novembre pour retrouver des pluies significatives (figure 1).

Figure1Excès d'eau printanier et sécheresse estivaleÉcart de la pluviométrie et des températures 2016 par rapport aux normales saisonnières en Auvergne-Rhône-Alpes

mm et C°
Excès d'eau printanier et sécheresse estivale (mm et C°) -
Pluviométrie : écart à la normale Température : écart à la normale
Janv 27 2,8
Févr 18 1,9
Mars 8 -0,8
Avr 21 0,4
Mai 34 -0,6
Juin 13 0,5
Juil -8 0,5
Août -40 0,7
Sept -49 2,6
Oct 2 -1,4
Nov 33 0,8
Déc -60 -0,3
  • Source : Météo France

Figure1Excès d'eau printanier et sécheresse estivaleÉcart de la pluviométrie et des températures 2016 par rapport aux normales saisonnières en Auvergne-Rhône-Alpes

  • Source : Météo France

Des prix toujours bas en grandes cultures

Le printemps trop humide, pénalise les rendements des céréales d’hiver du nord de la région (– 23 % pour le blé tendre dans l’Ain et – 16 % dans l’Allier). Les départements du sud, moins exposés aux intempéries du printemps, obtiennent des rendements satisfaisants. De plus, la qualité est globalement correcte. Le rendement du maïs grain s’élève à 93 quintaux par hectare, soit une hausse de 18 % par rapport à 2015. Il reste inférieur à la moyenne des cinq années précédentes. Au final, en 2016, la région produit 3,5 millions de tonnes de céréales, soit 4 % de plus qu’en 2015 mais 5 % de moins que la moyenne 2011-2015. Le rendement moyen du colza est excellent (35 q/ha) et progresse de 15 % par rapport à l’année précédente. Celui du tournesol se rapproche des normales à 25 q/ha. Seule la betterave connaît une baisse de rendement à 76,5 t/ ha. Malgré une production de blé hexagonale en baisse de plus de 25 %, les cours des céréales restent bas (figure 2).

Figure 2Des prix des céréales bas depuis trois ansCotation du blé tendre et du maïs-grain

€/tonnes
Des prix des céréales bas depuis trois ans (€/tonnes) -
blé maïs
juil-12 252,20 225,83
août-12 260,13 251,25
sept-12 260,50 244,25
oct-12 258,00 237,40
nov-12 265,75 248,75
déc-12 253,73 242,33
janv-13 247,50 230,88
févr-13 239,25 217,88
mars-13 236,13 218,13
avr-13 237,70 211,75
mai-13 230,75 210,00
juin-13 206,25 212,50
juil-13 189,70 170,20
août-13 184,25 163,63
sept-13 185,13 166,63
oct-13 194,20 169,60
nov-13 199,00 169,38
déc-13 203,00 171,00
janv-14 192,00 165,00
févr-14 188,88 165,63
mars-14 201,13 173,25
avr-14 201,30 177,20
mai-14 189,50 165,63
juin-14 180,67 161,00
juil-14 176,40 158,38
août-14 171,00 146,50
sept-14 165,00 132,25
oct-14 163,75 134,20
nov-14 172,88 140,50
déc-14 186,00 149,50
janv-15 191,50 146,75
févr-15 179,50 144,38
mars-15 178,80 149,00
avr-15 171,75 148,90
mai-15 159,50 141,17
juin-15 167,50 148,75
juil-15 181,83 168,13
août-15 163,50 160,00
sept-15 154,00 150,75
oct-15 163,63 155,70
nov-15 170,38 157,50
déc-15 163,67 154,00
janv-16 153,00 143,38
févr-16 144,00 139,50
mars-16 138,90 140,00
avr-16 138,63 145,88
mai-16 142,60 153,83
juin-16 149,75 165,40
juil-16 161,38 154,67
août-16 161,40 152,67
sept-16 157,00 151,70
oct-16 160,25 156,50
nov-16 165,25 160,83
déc-16 159,50
  • Sources : FranceAgriMer, La Dépêche

Figure 2Des prix des céréales bas depuis trois ansCotation du blé tendre et du maïs-grain

  • Sources : FranceAgriMer, La Dépêche

Les fortes précipitations permettent une pousse d'herbe excédentaire au printemps. Ensuite, la sécheresse estivale bloque la végétation jusqu’en fin d’année. Il en résulte une production fourragère légèrement plus faible que les cinq dernières années. Les rendements et les qualités des maïs fourrages sont très hétérogènes.

Pas d'amélioration pour les filières lait et viande

Avec 2 531 millions de litres, la collecte de lait de vache est en retrait de près de 3 % par rapport à 2015. Le prix moyen régional recule de 5 % par rapport à celui de 2015 qui avait déjà chuté de 12 % par rapport à 2014, pour s’établir à 319 € pour 1 000 litres (figure 3). À l’inverse, les livraisons de lait AOP alpines et de lait issu de l’agriculture biologique se maintiennent dans un contexte de prix rémunérateur (respectivement 562 €/1 000 L et 437 €/1 000 L en moyenne sur l’année). Avec 323 775 hectolitres, la production de lait de chèvre est stable. Le prix moyen poursuit sa progression initiée depuis 4 ans (+ 1,2 % en 2015).

Figure 3Le prix du lait encore en baisseLivraison et prix moyen du lait de vache (hors AOP alpines) en Auvergne-Rhône-Alpes payé au producteur

Millions de L et €/L
Le prix du lait encore en baisse (Millions de L et €/L) -
Livraisons Prix
janv. 2014 227,17 0,40
fév. 2014 209,91 0,40
mars 2014 236,24 0,38
avril 2014 237,90 0,37
mai 2014 239,13 0,37
juin 2014 212,57 0,37
juillet 2014 207,43 0,39
août 2014 204,04 0,41
sept. 2014 195,52 0,41
oct. 2014 205,27 0,40
nov. 2014 202,89 0,37
déc. 2014 219,63 0,36
janv. 2015 229,18 0,35
fév. 2015 210,16 0,34
mars 2015 235,11 0,32
avril 2015 234,30 0,32
mai 2015 240,42 0,32
juin 2015 216,02 0,32
juillet 2015 199,54 0,33
août 2015 197,05 0,36
sept. 2015 195,39 0,36
oct. 2015 209,54 0,35
nov. 2015 206,42 0,34
déc. 2015 222,58 0,34
janv. 2016 231,22 0,33
fév. 2016 220,23 0,32
mars 2016 235,51 0,33
avril 2016 235,30 0,31
mai 2016 238,79 0,30
juin 2016 209,55 0,30
juillet 2016 199,83 0,30
août 2016 192,01 0,31
sept. 2016 181,84 0,32
oct. 2016 193,56 0,34
nov. 2016 188,48 0,34
déc. 2016 204,20 0,34
  • Sources : Enquête mensuelle SSP - FranceAgriMer - extraction du 02 mars 2017

Figure 3Le prix du lait encore en baisse

  • Sources : Enquête mensuelle SSP - FranceAgriMer - extraction du 02 mars 2017

Les cours des bovins destinés à l’engraissement (bovins maigres) sont en légère baisse par rapport à l’année dernière malgré des exportations dynamiques (297 488 bovins exportés depuis la région, + 8 % par rapport à 2015). Sur le marché de la viande, la décapitalisation du cheptel laitier (vente pour la boucherie) se poursuit, entraînant une abondance de l’offre et une nouvelle chute des cours après une année 2015 difficile (figure 4).

Figure 4Une baisse plus prononcée en bovins viandeÉvolution des cotations annuelles des bovins maigres et des bovins viande (zone Centre-Est)

€/kg de carcasse (bovins maigres) et €/kg vif (bovins viandes)
Une baisse plus prononcée en bovins viande (€/kg de carcasse (bovins maigres) et €/kg vif (bovins viandes)) -
2015 2016
Mâle croisé U 400 kgs 2,49 2,48
Mâle Salers R 400 kgs 2,17 2,15
Mâle charolais U 400 kgs 2,56 2,46
Vache R 3,91 3,68
Vache mixte O 3,36 3,14
JB viande R 3,74 3,65
  • Sources : Commissions de cotation des bovins maigres de Clermont-Ferrand et de Dijon - FAM

Figure 4Une baisse plus prononcée en bovins viandeÉvolution des cotations annuelles des bovins maigres et des bovins viande (zone Centre-Est)

  • Sources : Commissions de cotation des bovins maigres de Clermont-Ferrand et de Dijon - FAM

La filière ovine souffre à nouveau d’une baisse de la consommation et les cours sont en repli. La production d'agneaux sous signe de qualité se porte mieux.

La demande chinoise au secours de la filière porcine

La filière porcine connaît enfin une embellie en 2016 après plusieurs années difficiles. Les exportations vers la Chine bondissent, permettant un rééquilibrage durable du marché et une hausse des cours.

Les abattages de volailles sont supérieurs de 2,5 % à 2015, confirmant le dynamisme de la filière, avec le poulet comme production moteur.

Une offre limitée et une bonne tenue des prix des fruits

La production régionale de légumes est correcte (+ 13 % pour les tomates et + 5 % pour les laitues), hormis la récolte de poireaux, pénalisée par la sécheresse automnale (– 7 %). Les surfaces de vergers stagnent par rapport à 2015. Elles sont même en léger recul pour les pêches et les abricots. Les épisodes de gel printanier, puis les orages de grêle réduisent fortement la production de fruits à noyau. Les prix élevés ne compensent pas les pertes. Les fruits à pépins sont épargnés, la production est restée stable (figure 5).

Figure 5Une petite production en fruits à noyau

Une petite production en fruits à noyau ( ) -
2016(1) (en tonnes) 2015(2) (en tonnes) Évolution 2016/2015 (en %)
pomme 104 070 111 500 – 7
poire 21 130 20 300 + 4
abricot 48 000 93 800 – 51
pêche nectarine 31 800 39 400 – 20
cerise 7 970 11 520 – 30
  • (1) statistique agricole provisoire - estimation au 01/03/2017
  • (2) statistique agricole annuelle définitive
  • Source : Agreste

Une vendange abondante et de qualité

La saison viticole s'annonçait mauvaise. Finalement, la fin d'été très chaude permet des vendanges abondantes et de superbe qualité. Avec 2,5 millions d’hectolitres, la récolte est supérieure de 10 % à celle de 2015 et dépasse de 6 % la moyenne quinquennale (figure 6). Le volume des transactions en vrac du millésime 2015 est inférieur à celui du millésime précédent (– 14  % en Beaujolais génériques comme en Côtes du Rhône régional). La progression des cours (+ 1,6  % en Beaujolais ; + 3 % en Côtes du Rhône régional) ne compense pas cette baisse des ventes. Pour le millésime 2016, les cinq premiers mois de la campagne 2016-2017 affichent des prix en léger retrait.

Figure 6Bon niveau de production régionale, faibles vendanges nationales et mondialesÉvolution de la production de vin

Bon niveau de production régionale, faibles vendanges nationales et mondiales -
2015 2016
Monde 102,3 96,9
France 93,3 82,5
Auvergne-Rhône-Alpes 87,1 95,7
  • Sources : Organisation Internationale de la Vigne et du Vin ; Agreste - SAA

Figure 6Bon niveau de production régionale, faibles vendanges nationales et mondialesÉvolution de la production de vin

  • Sources : Organisation Internationale de la Vigne et du Vin ; Agreste - SAA

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