Bilan économique 2014 en Midi-Pyrénées

En 2014, le PIB de la France augmente de 0,2 % après + 0,7 % en 2013 essentiellement grâce à une légère accélération de la consommation. En Midi-Pyrénées, l'économie régionale tourne au ralenti sauf dans l'aéronautique et le spatial. Les performances d'Airbus tire la chaîne d'approvisionnement industrielle et la construction spatiale bénéficie d'une forte augmentation des prises de commandes de satellites. L'année est maussade dans d'autres grands secteurs d'activité : le revenu des agriculteurs est en baisse, la construction de logements ne redémarre pas, la fréquentation des hébergements collectifs touristiques et le transport de voyageurs reculent. Dans ces conditions d'activité, l'emploi salarié marchand fléchit légèrement dans la région, pour la première fois depuis 2009. L'atonie de l'emploi dans une région fortement attractive entraîne une augmentation du taux de chômage régional. Fin 2014, il touche 10,4 % des actifs de Midi-Pyrénées contre 10,0 % en moyenne nationale.

Insee Conjoncture Midi-Pyrénées
Paru le :Paru le29/05/2015
Auteurs : Christian Fabrègue, Christelle Ugliera, Delphine Boudes, Dominique Aymard (Draaf)
Insee Conjoncture Midi-Pyrénées- Mai 2015
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Le revenu agricole encore en baisse

Auteurs : Christian Fabrègue, Christelle Ugliera, Delphine Boudes, Dominique Aymard (Draaf)

L’année 2014 a été mouvementée au plan géopolitique. L’embargo russe, décrété par Vladimir Poutine en août, en réponse aux sanctions de l’Occident après son intervention en Ukraine, touche et inquiète tous les secteurs de l’agroalimentaire (hors vins et spiritueux), notamment celui des fruits et légumes. Les agriculteurs de Midi-Pyrénées doivent composer, plus que jamais, avec la concurrence espagnole, polonaise, italienne, déjà source de crises récurrentes.

Insee Conjoncture Midi-Pyrénées

No 05

Paru le :29/05/2015

En 2014, le cours d’un grand nombre de matières premières chute, conséquence d’une croissance mondiale atone et de l’apparition sur le marché du pétrole de schiste américain. Ainsi, le coût de l’énergie et celui des intrants diminuent fortement. Mais, pour les céréaliculteurs, les cours des matières premières agricoles décrochent également, la récolte mondiale étant surabondante.

Les comptes prévisionnels de l’agriculture font apparaître, à l’échelon national, une baisse des résultats 2014 pour toutes les orientations de production, hormis en viticulture et en production laitière.

En Midi-Pyrénées et pour la deuxième année consécutive, le résultat courant avant impôts (RCAI) des agriculteurs diminue ; il n’est plus que de 17 800 euros (en moyenne triennale 2012-2014) par actif non salarié dans les grandes et moyennes exploitations agricoles. Il reste très inférieur à celui de la France métropolitaine (28 700 euros).

Grandes cultures : une production en hausse et des prix en baisse

Pour les céréales, l’année 2014 est marquée par de bons rendements, pour les cultures d’été notamment, et des prix bas qui tirent les revenus à la baisse.

Les bonnes perspectives de récolte de céréales au niveau mondial orientent les prix vers le bas dès le mois d’avril. La confirmation aux premières moissons de juillet du fort potentiel de récolte de blé tendre et les prévisions d’une abondante récolte mondiale de maïs (974 millions de tonnes) accélèrent la baisse des prix en septembre. Ce phénomène s’accentue au fil des mois.

La production de blé dur, contrairement à celle des autres céréales, est peu abondante, ce qui provoque l’envolée de son cours, creusant ainsi l’écart de prix observé avec le blé tendre depuis le début de cette campagne. Cette évolution en faveur du blé dur incite les producteurs à semer davantage cette espèce pour la campagne 2014-2015.

Baisse de la production bovine et chute des prix

Contrairement à l’année 2013 où l’offre de gros bovins était inférieure à la demande, la demande de viande de bœuf diminue en 2014 pour s’équilibrer au niveau de l’offre. Sur le dernier trimestre, les achats des ménages s’orientent très nettement vers d’autres viandes (porc, poulet), moins chères.

En 2014, les volumes exportés de broutards produits en Midi-Pyrénées restent dans la tendance baissière observée depuis 2009 : 136 000 animaux en 2014 contre 139 000 en 2013 et 147 000 en 2012. La diminution touche majoritairement les animaux les plus âgés en 2014, contrairement à 2013 qui avait bénéficié d’envois plus importants d’animaux âgés sur la période septembre-novembre. Le marché du broutard est très concurrentiel et sous l’influence indirecte de l’embargo russe (forte concurrence des produits polonais, notamment). La baisse des ventes vers l’Italie, principal débouché des broutards français, n’est qu’en partie compensée par le développement des ventes sur le marché espagnol. Les volumes exportés vers les marchés d’Afrique du Nord restent limités.

Viticulture : récolte moyenne et stocks de vin en baisse

Par rapport à la campagne précédente, le bilan de commercialisation 2013-2014 se caractérise, pour Midi-Pyrénées, par une meilleure valorisation des transactions de vins en vrac IGP (indication géographique protégée) et sans IG mais des sorties de chais plus faibles. La récolte régionale 2014 arrive dans un contexte de réduction des stocks pour les vins sans IG et les vins d’appellation d’origine protégée (AOP) rouges et rosés.

La récolte 2014 est dans la moyenne quinquennale, comme la tendance nationale. La production régionale atteint 2,5 millions d’hectolitres (M hl) de vins grâce à de bons rendements alors que les deux années précédentes s’étaient caractérisées par de petites récoltes.

Pour la campagne de commercialisation (1er août 2013 - 31 juillet 2014), les disponibilités régionales en début de campagne sont estimées à 3,12 M hl dont 1,04 M hl de vins AOP, 1,53 M hl de vins IGP et 0,55 M hl de vins sans IG. Les volumes disponibles sont en baisse de 16 % par rapport à la précédente campagne, en lien avec la faible récolte 2013.

Fruits et légumes : une saison mitigée

Les épisodes météo exceptionnels au printemps et durant tout l’été impactent très fortement la production et la consommation de fruits et légumes. Seules les productions de raisin et de melon présentent un bilan positif.

Dès le début de la campagne, la nouvelle récolte de pommes est en concurrence avec des lots de l’ancienne récolte. Cette situation alourdit le marché et explique le faible niveau des cours. L’embargo russe sur les pays de l’Union Européenne maintient les cours bas. La pomme est déclarée en « crise conjoncturelle » dès fin septembre dans la région comme dans l’ensemble de la France.

La prune n’a jamais véritablement trouvé sa place cette saison. La campagne commerciale 2014 démarre deux semaines plus tôt qu’en 2013. Très vite, la prune est, elle aussi, considérée en  « crise conjoncturelle » dans le bassin de production du Sud-Ouest, avec des prix anormalement bas. L’embargo russe accentue cette situation avec une baisse de 32 % des volumes exportés.

Troisième année difficile pour l’ail

Suite à la crise de 2013, la sole d’ail a diminué en Midi-Pyrénées, sauf dans le Tarn. En 2014, elle représente 1 550 hectares. La mise en marché de la récolte 2014 est compliquée dès le début de la commercialisation, en raison de déstockages de l’abondante récolte espagnole 2013 à bas prix. Ces volumes télescopent la nouvelle récolte espagnole commercialisée à un prix très bas à l’expédition(1,50 euro le kg). L’écoulement fluide de la production régionale sur le marché intérieur est favorisé par la médiation du ministère de l’agriculture. Elle incite la grande distribution à référencer l’ail « origine France » dès août. Cet écoulement régulier et sécurisé sur le marché intérieur permet de compenser des pertes de marché à l’exportation vers nos partenaires européens ainsi que vers les grossistes  : - 12 % en volume de juillet à novembre 2014 par rapport à la même période 2013.

figure1Évolution du revenu agricole par catégorie d'exploitations en Midi-Pyrénées

en milliers d'euros
Évolution du revenu agricole par catégorie d'exploitations en Midi-Pyrénées (en milliers d'euros)
moyenne 2011-2013 moyenne 2012-2014
Arboriculture 38,2 35,3
Viticulture 24,7 31,2
Bovins lait 19,2 20,4
Ensemble 21,4 17,8
Ovins, caprins 17,8 16,2
Bovins viande 14,8 15,2
Grandes cultures 23,6 13,2
Polyculture, polyélevage 19,0 12,8
  • *Résultat courant avant impôts par UTANS (unité de travail annuel non salarié) en moyenne triennale glissante (données prévisionnelles 2014)
  • Champ : moyennes et grandes exploitations de Midi-Pyrénées
  • Source : SSP, Agreste-Rica, Comptes par catégorie d'exploitations

figure1Évolution du revenu agricole par catégorie d'exploitations en Midi-Pyrénées

  • *Résultat courant avant impôts par UTANS (unité de travail annuel non salarié) en moyenne triennale glissante (données prévisionnelles 2014)
  • Champ : moyennes et grandes exploitations de Midi-Pyrénées
  • Source : SSP, Agreste-Rica, Comptes par catégorie d'exploitations