Bilan économique 2014 de Poitou-Charentes
Suite à la crise des dettes souveraines en zone euro, la croissance de l'économie française a fortement ralenti en 2012. En 2013, le climat économique, malgré quelques signes d'amélioration, est resté troublé.En 2014, le ciel s'assombrit sur l'économie picto-charentaise. En effet, les pertes d'emplois salariés y compris l'intérim s'aggravent dans la plupart des grands secteurs économiques : la construction, l'industrie, le tertiaire marchand. Cette aggravation sur le front de l'emploi s'accompagne d'une dégradation du marché du travail avec une nouvelle hausse du taux du chômage régional. La morosité ambiante émousse particulièrement la fibre entrepreneuriale régionale. En effet, la création d'entreprises individuelles (hors autoentreprises) et de sociétés diminue dans la région plus qu'ailleurs. Des pans entiers de l'économie régionale apparaissent ainsi affectés par le ralentissement économique. La baisse des exportations régionales en valeur s'accélère dans un contexte de baisse de l'euro.Seules quelques activités régionales sont épargnées. Le secteur des activités financières et d'assurance parvient à créer des emplois nets en 2014. La fréquentation des campings du littoral profite d'une météo clémente et augmente. Les récoltes et vendanges ont également bénéficié d'une météo propice en 2014.
Des récoltes plus abondantes
Marie-France Marot (Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt de Poitou-Charentes)
Avec un climat propice en 2014, les récoltes en grandes cultures progressent de plus de 15 % et atteignent 6,7 millions de tonnes en Poitou-Charentes. Cela représente une hausse de presque un million de tonnes par rapport à la campagne précédente. De meilleurs rendements contribuent à cette abondance de récoltes. Concernant les vendanges, elles sont aussi bien meilleures qu’en 2013. Les melons, quant à eux, bénéficient d’une légère embellie en 2014, après une année 2013 particulièrement difficile. Les livraisons de lait de vache grimpent et celles du lait de chèvre sont à peu près stables. Pour le cours des bovins, l’année est jugée morose. Du côté des intrants, les prix baissent fortement en 2014.
Insee Conjoncture Poitou-Charentes
No 5
Paru le :29/05/2015
En 2014, les récoltes céréalières avec 6,7 millions de tonnes ont dépassé le record de production de 5,9 millions de tonnes enregistré en 2002. Les belles performances du maïs ont sensiblement contribué à cette performance.
Des rendements meilleurs que prévus
Les rendements ont été cette année bien meilleurs que la moyenne quinquennale (figure 1). Pour la deuxième fois en dix ans, la région enregistre un rendement en maïs grain à 3 chiffres avec 103 q/ha. La collecte régionale, amplifiée par les transferts de surfaces initialement prévues en fourrages, a été exceptionnelle. Les récoltes de colza ont été, elles aussi, abondantes. Ces cultures ont profité de belles conditions tout au long de leur cycle de végétation. Les rendements moyens s’établissent à 36 q/ha soit 5 q/ha de plus que la moyenne quinquennale. Les rendements en tournesol sont hétérogènes. Néanmoins, après les rendements catastrophiques de 2013, les résultats sont supérieurs de 3 q/ha à la moyenne quinquennale.
tableauFigure 1 – Évolution des superficies
Années | Blé tendre | Maïs grain | Tournesol | Colza | Orge |
---|---|---|---|---|---|
2005 | 383920 | 200636 | 167200 | 101150 | 100160 |
2006 | 390270 | 169265 | 168790 | 97580 | 113975 |
2007 | 381350 | 148350 | 165250 | 98300 | 118250 |
2008 | 370000 | 164250 | 131250 | 99800 | 148230 |
2009 | 404190 | 181770 | 157950 | 99820 | 124070 |
2010 | 367620 | 192980 | 180390 | 111890 | 116220 |
2011 | 385800 | 170630 | 180600 | 88000 | 102650 |
2012 | 397360 | 164150 | 185570 | 80650 | 107280 |
2013 | 405970 | 163940 | 163580 | 84780 | 114575 |
2014 | 391080 | 201185 | 197960 | 98100 | 69965 |
- Source : Agreste (SAP)
Les rendements en blé tendre sont supérieurs de 4 à 5 q/ha à la moyenne quinquennale. Cela s’explique par des conditions climatiques favorables au moment de la montaison et du remplissage des grains. La qualité des blés régionale est bonne, à l’inverse des autres régions, notamment celles du nord de la France. Les rendements des blés durs ont été proches de ceux de 2012 avec, de plus, une meilleure qualité. La collecte a été très bonne pour les orges qui cumulent une hausse des surfaces et de bons rendements (62 q/ha). L’ensemble de la production des orges, notamment celles d’hiver dépassent l’excellente récolte de 2002.
Des vendanges bien meilleures qu’en 2013
Les vendanges de l’Ugni blanc se sont déroulées favorablement avec un temps ensoleillé, chaud et sec. Dans ces conditions météorologiques favorables, des bons rendements cumulés avec un taux élevé d’alcool pur ont permis des vendanges 2014 bien meilleures que celles de 2013. Le titre alcoométrique volumique frôle les 10 % de la récolte. Les rendements atteignent jusqu’à 160 hl/ha pour les meilleures parcelles, et de 80 à 100 hl/ha pour les parcelles grêlées (figure 3)
tableauFigure 3 – Récolte de vins blancs de cognac
milliers d'hectolitres | |
---|---|
2005 | 9137 |
2006 | 8874 |
2007 | 6280 |
2008 | 6768 |
2009 | 7067 |
2010 | 8305 |
2011 | 8939 |
2012 | 7542 |
2013 | 7664 |
2014 | 8394 |
- Source : BNIC
graphiqueFigure 3 – Récolte de vins blancs de cognac
Un léger mieux pour les melons
La récolte des melons en 2014 est loin d’être satisfaisante mais a été économiquement moins difficile pour les producteurs que celle de 2013. Le rendement moyen des melons avoisine 18 t/ha contre 17 t/ha l’année précédente, et ce, dans un contexte de prix plus rémunérateurs.
Des livraisons de lait en hausse
En 2014, les livraisons à l’industrie de lait de vache ont augmenté (+ 2,6 %) par rapport à 2013 après deux années de baisse. L’augmentation de la production est imputable aux effets conjugués de la baisse du coût de l’alimentation animale et de la hausse du prix du lait (+ 5,4 %).
Concernant le lait de chèvre, les livraisons sont restées quasiment stables entre 2013 et 2014. Le prix moyen augmente de 4 %. Mais la décapitalisation du troupeau régional a continué (- 4 %) (figure 4).
tableauFigure 4 – Production de lait de chèvre par département
Charente | Charente-Maritime | Deux-Sèvres | Vienne | % de la production régionale | |
---|---|---|---|---|---|
2005 | 186700 | 137000 | 1 327 300 | 524000 | 61 |
2006 | 192500 | 142000 | 1 315 900 | 525400 | 60,5 |
2007 | 185900 | 142000 | 1 282 300 | 520000 | 60,7 |
2008 | 180700 | 142000 | 1 254 300 | 515800 | 59,9 |
2009 | 199900 | 150500 | 1 376 500 | 564500 | 60 |
2010 | 205200 | 150200 | 1 472 600 | 612500 | 59,7 |
2011 | 199400 | 138700 | 1 361 000 | 619900 | 59,9 |
2012 | 163421 | 108020 | 1 329 620 | 541699 | 61,3 |
2013 | 148120 | 98567 | 1 192 300 | 509034 | 60,9 |
2014 | 149230 | 92960 | 1 224 410 | 528220 | 61,4 |
- Source : Agreste (SAP)
graphiqueFigure 4 – Production de lait de chèvre par département
Une année morose pour le cours des bovins
Hormis ceux des ovins et caprins, les cours des animaux ont décroché, notamment à partir du second semestre, et ont retrouvé les faibles niveaux de 2013.
En bovins de boucherie, l’activité commerciale a été morose. Au cours du second semestre, l’abondance de la viande au niveau européen, la mise en place de l’embargo russe en août et la faible consommation ont déstabilisé le marché. De même pour les broutards, les échanges ont été difficiles, seule la viande des meilleurs animaux a conservé une cotation correcte. La fermeture du marché turc et la difficile commercialisation des jeunes bovins à l’export vers la Grèce et l’Italie n’ont pas permis un bon écoulement des animaux. Les cours ont été en baisse quasi constante. Le cours des veaux de race à viande se sont également dépréciés dès le premier trimestre. Les prix des porcs charcutiers se sont dégradés au second semestre. L’offre abondante en Europe, surtout en Allemagne, et l’embargo russe expliquent en partie cette baisse.
D’une part, les prix des agneaux de boucherie font exception à la morosité et ont été historiquement hauts, notamment en avril avec les fêtes de Pâques, propices à la consommation, et d’autre part, d’une offre moindre en provenance des îles Britanniques et des pays de l’Océanie (figure 5)
tableauFigure 5 – Effectifs des animaux en fin d'année
dans les exploitations | ||||
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2012 (tête) | 2013 (tête) | 2014 (tête) | Évolution 2013/2014 (en %) | |
Vaches laitières | 91 850 | 90 042 | 87 371 | -3,0 |
Vaches nourrices | 216 057 | 217 938 | 220 048 | 1,0 |
Ensemble espèce bovine | 754 654 | 747 192 | 761 384 | 1,9 |
Truies de 50 kg et plus | 32 118 | 28 804 | 32 425 | 12,6 |
Ensemble espèce porcine | 392 496 | 376 938 | 391 220 | 6,8 |
Chèvres (femelles ayant mis bas) | 269 581 | 261 491 | 261 000 | -0,2 |
Ensemble espèce caprine | 402 555 | 366 152 | 402 530 | 9,9 |
Brebis-mères (y c. réforme) | 389 079 | 366 123 | 362 620 | -1,0 |
Ensemble espèce ovine | 593 876 | 555 966 | 558 830 | 0,5 |
- Source : Agreste (SAP)
Baisse significative du prix des intrants
Après une légère hausse jusqu’en mai, l’indice général des prix d’achat des matières premières agricoles (Ipampa) est reparti à la baisse jusqu’en novembre (figure 2). Entre fin 2013 et fin 2014, il diminue de 2,6 points. Cette diminution est essentiellement le fait de la baisse du prix des aliments pour animaux, du poste énergie et lubrifiants et, dans une moindre mesure, des engrais et amendements.
tableauFigure 2 – Indice des prix d'achat des moyens de production agricole
Intrants | Engrais et amendements | Produits de protection des cultures | Aliments des animaux | |
---|---|---|---|---|
janv-12 | 109,4 | 128,1 | 98,9 | 114,3 |
févr-12 | 110 | 128,3 | 98,9 | 115,4 |
mars-12 | 110,8 | 129,1 | 99,6 | 117 |
avr-12 | 111,2 | 129,5 | 99,9 | 118,6 |
mai-12 | 111,4 | 128,7 | 100,1 | 121 |
juin-12 | 111,1 | 127,5 | 100,1 | 122,2 |
juil-12 | 112,3 | 127,5 | 100,4 | 125,6 |
août-12 | 114,3 | 128,6 | 100,7 | 131,2 |
sept-12 | 115,3 | 129,5 | 100,9 | 135,3 |
oct-12 | 115,9 | 129,6 | 101,2 | 137,3 |
nov-12 | 116 | 129,7 | 100,8 | 138,7 |
déc-12 | 116 | 129,7 | 99,9 | 139,3 |
janv-13 | 116,2 | 129,5 | 99,4 | 139,2 |
févr-13 | 116,5 | 129,6 | 99,4 | 138,6 |
mars-13 | 116,3 | 130,0 | 100,0 | 137,6 |
avr-13 | 115,7 | 129,7 | 100,6 | 136,6 |
mai-13 | 115,5 | 128,7 | 100,9 | 135,9 |
juin-13 | 115,0 | 123,4 | 100,8 | 135,2 |
juil-13 | 114,4 | 120,0 | 101,0 | 133,6 |
août-13 | 113,9 | 119,0 | 101,0 | 130,9 |
sept-13 | 113,3 | 117,3 | 101,2 | 128,4 |
oct-13 | 112,6 | 114,4 | 101,3 | 126,6 |
nov-13 | 112,3 | 112,9 | 101,7 | 125,6 |
déc-13 | 112,2 | 111,9 | 100,5 | 125,6 |
janv-14 | 112,5 | 113,6 | 100,2 | 125,8 |
févr-14 | 112,7 | 116,2 | 100,0 | 125,7 |
mars-14 | 112,8 | 117,8 | 100,1 | 125,9 |
avr-14 | 113,1 | 118,9 | 101,1 | 126,2 |
mai-14 | 113,0 | 119,0 | 101,4 | 126,1 |
juin-14 | 112,7 | 115,9 | 101,4 | 125,4 |
juil-14 | 112,1 | 113,6 | 101,5 | 123,9 |
août-14 | 111,7 | 113,6 | 101,6 | 122,1 |
sept-14 | 111,1 | 114,4 | 101,9 | 119,8 |
oct-14 | 110,5 | 115,1 | 101,9 | 117,7 |
nov-14 | 109,9 | 116,1 | 101,8 | 123,2 |
- Sources : Agreste IPAMPA et Insee
graphiqueFigure 2 – Indice des prix d'achat des moyens de production agricole
Pour en savoir plus
Marie-France Marot, « Des récoltes abondantes en 2014 », le bilan de l’année agricole 2014, Agreste Poitou-Charentes n°4, mars 2015.
Emmanuel Martin, « Des vaches, des chèvres : du lait : du beurre et des fromages de chèvre », enquête annuelle laitière 2012-2013, Agreste Poitou-Charentes n°3, février 2015.