Le bilan économique 2014 en Alsace

En 2014, l'emploi recule encore en Alsace dans les secteurs principalement marchands (- 0,7 %), un peu plus qu'en 2013. Les pertes s'accélèrent dans la construction, à un rythme proche de celui de 2009. Le tertiaire, qui représente presque les deux tiers des emplois, reste à peine stable, sans l'effet d'entrainement de 2013. De même, la progression de l'intérim observée l'année précédente revient de + 10 % à + 2 %. Elle contribue cependant à soutenir l'emploi industriel dont le recul est ralenti de moitié. Le chômage est au plus haut depuis dix ans. Après une année de stabilisation, il atteint 9,3 % de la population active en fin d'année. L'Alsace compte fin décembre 98 000 demandeurs n'ayant pas travaillé au cours du mois.

Insee Conjoncture Alsace
Paru le :Paru le29/05/2015
Sonia Bourdin, Dominique Orth, Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf Alsace)
Insee Conjoncture Alsace- Mai 2015
Consulter

Une campagne globalement productive

Sonia Bourdin, Dominique Orth, Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf Alsace)

Malgré des conditions climatiques atypiques, les rendements 2014 apparaissent satisfaisants pour la majorité des cultures. Avec 77 q/ha, le blé enregistre le rendement le plus important depuis 2004. Celui du maïs continue de placer l’Alsace en-tête des régions avec 116 q/ha contre 100 q/ha pour la France. En revanche, les prix des céréales baissent très sensiblement cette année. La production viticole dépasse le million d’hectolitres mais reste en deçà des résultats espérés. La filière laitière connaît également une embellie, sous l’effet conjugué d’une hausse de la production et d’une meilleure rémunération. Les filières avicoles, ovines et caprines continuent leur développement. A contrario, la production de bovins et porcins souffre d’une moindre rétribution.

Insee Conjoncture Alsace

No 5

Paru le :29/05/2015

Après de fortes précipitations automnales, l’hiver 2013/2014 a été particulièrement doux et suivi d’un printemps chaud, sec et très ensoleillé. Ces conditions climatiques ont favorisé un développement précoce des cultures et un bon état sanitaire initial. L’été très pluvieux et frais a permis de limiter les effets du stress hydrique printanier mais a également conduit au développement des maladies en fin de cycle avec un impact non négligeable sur la qualité de certaines récoltes.

Un secteur végétal aux résultats économiques contrastés et des difficultés sanitaires

Malgré la dégradation de l’état sanitaire des raisins, la production viticole se solde par une récolte supérieure à 2013 en franchissant la barre du million d’hectolitres (+ 4 %). En 2014, la vigne a connu un débourrement précoce et le printemps peu arrosé a favorisé un bon état sanitaire du vignoble. Initialement de petite taille du fait de la sècheresse, les baies de raisin ont grossi à la faveur des pluies de juillet. Ces dernières ont aussi favorisé l’apparition d’oïdium et de pourriture grise. Mais c’est surtout à la récolte que l’état sanitaire des baies s’est dégradé suite à l’explosion des populations de ravageurs (mouches Drosophila suzukii) dans le vignoble. Les attaques, apparues la deuxième quinzaine de septembre, ont surtout concerné le gewurztraminer et les pinots noir et gris. Les pontes sur les baies ont induit de la pourriture acide nécessitant beaucoup de tri à la récolte.

Les conditions climatiques de l’été ont également influé sur la qualité du blé et du maïs. Pourtant, le blé tendre et le maïs grain dont les 182 000 hectares occupent plus de la moitié de la superficie agricole utilisée en Alsace, ont réalisé de très bons rendements en 2014. Avec 77 quintaux par hectare (q/ha) de blé tendre, c’est le meilleur rendement régional obtenu depuis 2004. Pour le maïs grain, la moyenne de 116 q/ha continue de placer l’Alsace en tête des régions, la moyenne française étant de 100 q/ha.

Les pluies estivales ont retardé la récolte du blé et les températures froides ont provoqué de la germination sur pied du blé mature. De ce fait des blés panifiables ont été déclassés en blés fourragers de moindre rémunération. Quant au maïs alsacien, il a connu des problèmes de fusariose des grains d’assez grande ampleur liés aux précipitations conséquentes de juillet. Ces difficultés s’inscrivent dans un contexte défavorable du marché des céréales où la hausse des volumes produits à l’international s’est accompagnée d’une baisse très significative des prix.

Le colza d’hiver (3 000 hectares) a obtenu un rendement supérieur de 30 % à la moyenne des quinze dernières années, avec un très bon état sanitaire. Mais de juillet à septembre les cours du colza étaient, en moyenne, en retrait de 15 % par rapport à la campagne précédente.

Pour la betterave sucrière (6 600 hectares), la récolte 2014 constitue le deuxième meilleur rendement après le record de 2011. Là encore les cours baissent et le prix prévisionnel est réduit d’un tiers par rapport à celui de 2013.

Les pluies d’été ont aussi éprouvé le tabac et le houblon, provoquant une baisse des rendements. Le tabac a bénéficié d’un printemps favorable avant que l’humidité estivale ne favorise les maladies cryptogamiques et perturbe récolte et séchage. Le sclérotinia et les fortes pluies de l’été ont entraîné des pertes conséquentes. Le rendement en Virginie, présent sur 95 % des surfaces, est de 21,4 q/ha, nettement inférieur aux 26 q/ha de moyenne quinquennale.

En 2014, les surfaces de houblon en production augmentent et franchissent la barre des 400 hectares. Le rendement moyen n’est que de 1,5 tonne par hectare, du fait des nouvelles plantations. Celui des houblonnières en pleine production, soit 80 % de la surface, s’élève à 1,75 tonne par hectare (t/ha). Cependant, sous l’effet des pluies d’été, des attaques de mildiou et surtout d’oïdium ont conduit au déclassement de près de 13 % de la récolte.

Figure 1Production végétale en Alsace

Production végétale en Alsace
Superficie développée (ha) Rendement (q/ha) Production (en 100 kg)
2013 2014 2013 2014 2013 2014
Céréales 188 420 190 060 90 104 16 865 175 19 760 648
dont blé tendre 48 010 44 687 73 77 3 491 070 3 439 529
dont maïs 132 023 137 102 98 116 12 895 851 15 850 791
Oléagineux 5 176 5 548 31 37 162 114 205 918
Protéagineux 110 189 26 22 2 864 4 132
Production de vins 15 597 15 639 63 66 989 935 1 030 923
Surfaces toujours en herbe (STH) 83 224 83 675 51 53 4 274 524 4 397 126
Betteraves industrielles 6 305 6624 832 888 5 243 449 5 882 146
Tabac 973 1000 23 22 22 742 21 705
Houblon 356 405 16 15 5 801 6 063
Pommes de terre 1 105 1175 420 393 463 940 461 270
  • Source : Draaf, Statistique agricole annuelle définitive 2013 et semi-définitive 2014.

Des fortunes diverses selon les cultures légumières et fruitières

Les 400 hectares d’asperges en production ont connu une campagne précoce, avec des produits de bonne qualité mais les volumes ont fléchi dès le mois de mai, conséquence d’un manque de vigueur lié à l’année précédente. Les résultats ont cependant été très bons dans les sols sableux superficiels. Les cours se sont bien maintenus toute la saison.

Pour les pommes de terre, les rendements sont bons en système irrigué (45-50 t/ha en conservation) mais beaucoup plus hétérogènes en non irrigué (10 à 15 t/ha pour les primeurs, 20 à 35 t/ha en conservation) suite au printemps sec. Outre des problèmes de conservation, les producteurs ont été confrontés à des cours particulièrement bas.

La campagne 2014, des 600 hectares de chou à choucroute apparait satisfaisante, associant bons rendements (80 à 85 t/ha) et qualité. De plus, le prix est en hausse de 6 %.

L’ensemble des arbres fruitiers ont été très chargés et peu sujets aux maladies. Pour les pommes de table (près de 500 hectares), qualité et quantité sont au rendez-vous avec des calibres moyens à gros. Des opérations de promotion de la pomme d’Alsace ont tenté de contrer un marché difficile du fait de l’importance des stocks européens et de l’embargo russe. Pour les cerises (100 hectares), les rendements sont très bons et les prix corrects. Les mirabelles ont subi d’importantes pertes à la récolte suite à l’éclatement des fruits. Les quetsches, dont le rendement est très élevé, ont aussi connu localement de fortes pertes liées à « Drosophila suzukii ». Les prix des mirabelles et quetsches (pour près de 300 hectares ) sont restés bas durant toute la campagne du fait des volumes disponibles et beaucoup de fruits ont été destinés à l’industrie, notamment la distillerie.

Une année favorable pour le lait mais plus difficile pour la production de viande

Avec un volume total de 3 millions d’hectolitres, la production laitière a augmenté de 7 % par rapport à 2013, mais les 3,5 % de lait utilisé en vente directe accusent une baisse de 5 %. La hausse des livraisons de lait est nettement supérieure à l’accroissement du cheptel de vaches laitières. Le gain de productivité (+ 400 litres par vache) résulte de l’amélioration du potentiel génétique et de la conduite du troupeau, et d’une meilleure qualité du fourrage récolté.

La revalorisation du prix du lait (+ 30 € pour 1 000 litres) et la baisse du coût des concentrés alimentaires (- 7 %) participent à une meilleure rémunération des producteurs.

Par ailleurs, les récoltes d’herbe et de maïs ont permis de reconstituer les stocks avec des fourrages de qualité. Pour les prairies, la sècheresse printanière a induit des rendements de première coupe inférieurs de 10 à 15 % à la normale. Mais les pluies estivales abondantes ont permis de rattraper le déficit de production. De plus, le printemps et l’automne secs ont permis de récolter dans d’excellentes conditions. Le maïs a également pu rattraper son retard de développement initial et a bénéficié d’un mois de septembre très favorable pour l’ensilage. Enfin, les intercultures fourragères (ray-grass, méteils…) ont été très productives et ont pu être ensilées ou enrubannées dans de bonnes conditions.

En 2014, les cours ont reculé pour toutes les catégories de gros bovins par rapport à l’année précédente. Ils restent toutefois au-dessus du niveau moyen de la période 2009-2013. La baisse la plus marquée concerne la vache O* (- 11 %) dont les cours ont fortement baissé depuis fin août. Cette année, l’offre en vaches de réforme était supérieure de 15 % à celle de 2013, en lien avec le renouvellement du troupeau laitier. Pour les jeunes bovins les cours étaient aussi nettement moins favorables qu’en 2013.

Le cours du porc a également connu une nette baisse depuis l’été jusqu’à atteindre des prix inférieurs à la moyenne quinquennale à partir d’octobre. Dans ce contexte global de baisse des cours, la diminution du prix des aliments du bétail a contribué à limiter partiellement les pertes financières des éleveurs.

L’année 2014 se caractérise par l’installation de six nouveaux éleveurs dans les différentes productions de volailles de chair dont deux en agriculture biologique. La capacité d’abattage s’accroît également avec l’agrandissement du principal abattoir régional de volaille et la création d’un abattoir coopératif. L’abattage de volailles s’élève à plus de 12 000 tonnes, soit + 5 % par rapport à 2013.

Les effectifs ovins sont restés globalement stables et les cours se sont maintenus en 2014.

Cette filière a poursuivi le développement de la marque « Agneau terroir d’Alsace » avec l’augmentation des points de vente et la progression du nombre d’agneaux vendus.

Le cheptel caprin, dont les produits laitiers sont uniquement vendus en direct, poursuit sa progression dans le Haut-Rhin avec au moins une installation annuelle depuis 2010 et l’agrandissement des troupeaux.

Figure 2Production laitière en Alsace

en hl
Production laitière en Alsace (en hl)
Vache Chèvre
2013 2014 Évolution (en %) 2013 2014 Évolution (en %)
Livraisons de lait entier à l'industrie 2 996 424 3 200 691 6,8 /// /// ///
Lait utilisé pour la fabrication de produits fermiers 104 462 98 764 -5,5 16 700 17 200 3,0
Ventes directes de lait entier (hors collecteurs) et autoconsommation 13 231 12 556 -5,1 600 600 0,0
  • /// : absence de résultat due à la nature des choses.
  • Source : Draaf, Statistique agricole annuelle définitive 2013 et semi-définitive 2014.

* La classe O correspond à la classification de la viande selon la grille EUROPA. Dans le cas ci-dessus, elle est relative aux vaches laitières de bonne conformation.