Le bilan économique 2014 en Alsace

En 2014, l'emploi recule encore en Alsace dans les secteurs principalement marchands (- 0,7 %), un peu plus qu'en 2013. Les pertes s'accélèrent dans la construction, à un rythme proche de celui de 2009. Le tertiaire, qui représente presque les deux tiers des emplois, reste à peine stable, sans l'effet d'entrainement de 2013. De même, la progression de l'intérim observée l'année précédente revient de + 10 % à + 2 %. Elle contribue cependant à soutenir l'emploi industriel dont le recul est ralenti de moitié. Le chômage est au plus haut depuis dix ans. Après une année de stabilisation, il atteint 9,3 % de la population active en fin d'année. L'Alsace compte fin décembre 98 000 demandeurs n'ayant pas travaillé au cours du mois.

Insee Conjoncture Alsace
Paru le :Paru le29/05/2015
Philippe Marchet
Insee Conjoncture Alsace- Mai 2015
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Le chômage au plus haut depuis dix ans

Philippe Marchet

Après une année de stabilisation en 2013, le chômage est reparti à la hausse en 2014, surtout à la fin de l’année, pour atteindre 9,3 %. L’Alsace comptait fin décembre 98 080 demandeurs d’emploi de catégorie A n’ayant pas travaillé le mois précédent. Le chômage des jeunes est stable mais celui des seniors poursuit son ascension. Le chômage de très longue durée touche toujours plus de personnes. C’est dans la construction que le nombre de chômeurs progresse le plus, et davantage qu’au plan national.

Insee Conjoncture Alsace

No 5

Paru le :29/05/2015

En 2014, le produit intérieur brut national (PIB) croît de 0,2 % en euros constants, après deux années de croissance modérée (+ 0,2 % en 2012, + 0,7 % en 2013). Cette atonie de la croissance a eu des effets négatifs sur le marché du travail de la région.

Stable au cours des deux premiers trimestres, le chômage a augmenté au cours du semestre suivant pour terminer l’année à 9,3 % tout en restant inférieur au taux national (10,0 %). L’Alsace recule au 9e rang des régions aux taux les plus bas (7e en 2013), au même niveau que la Basse-Normandie. Elle se place devant les régions de l’Est, légèrement devant la Franche-Comté (9,6 %) mais nettement devant la Lorraine (10,7 %) et la Champagne-Ardenne (11,0 %).

Comme en 2013, le chômage progresse à un rythme similaire dans les deux départements et l’écart s’atténue en fin d’année pour atteindre un point. Le taux de chômage dans le Haut-Rhin (9,9 %) est proche du taux national, celui du Bas-Rhin (8,9 %) en reste éloigné de près d’un point. Depuis 2003, le taux de chômage dans le Haut-Rhin est supérieur à celui du Bas-Rhin et les taux départementaux n’ont jamais été aussi élevés.

Figure 1Taux de chômage

en % de la population active
Taux de chômage (en % de la population active)
2013 T4 2014 T1 2014 T2 2014 T3 2014T4 (p) Évolution 2014T4/2013T4 (en points de %)
Bas-Rhin 8,5 8,5 8,5 8,8 8,9 0,4
Haut-Rhin 9,6 9,7 9,6 9,8 9,9 0,3
Alsace 8,9 9,0 8,9 9,2 9,3 0,4
France métropolitaine 9,6 9,7 9,7 9,9 10,0 0,4
  • p : données provisoires.
  • Note : données CVS.
  • Source : Insee, taux de chômage au sens du BIT et taux de chômage localisé.

Figure 5Évolution trimestrielle du taux de chômage

en % de la population active
Évolution trimestrielle du taux de chômage (en % de la population active)
Alsace France métropolitaine
1er trim. 2005 7,4 8,3
2e trim. 2005 7,6 8,4
3e trim. 2005 7,8 8,6
4e trim. 2005 7,9 8,7
1er trim. 2006 8,1 8,8
2e trim. 2006 8,0 8,6
3e trim. 2006 7,9 8,5
4e trim. 2006 7,3 8,0
1er trim. 2007 7,4 8,1
2e trim. 2007 7,1 7,8
3e trim. 2007 7,0 7,6
4e trim. 2007 6,6 7,1
1er trim. 2008 6,2 6,8
2e trim. 2008 6,3 7,0
3e trim. 2008 6,4 7,1
4e trim. 2008 6,6 7,4
1er trim. 2009 7,7 8,2
2e trim. 2009 8,4 8,8
3e trim. 2009 8,4 8,8
4e trim. 2009 8,8 9,1
1er trim. 2010 8,6 9,0
2e trim. 2010 8,4 8,9
3e trim. 2010 8,3 8,8
4e trim. 2010 8,2 8,8
1er trim. 2011 8,0 8,7
2e trim. 2011 7,9 8,6
3e trim. 2011 8,0 8,8
4e trim. 2011 8,2 8,9
1er trim. 2012 8,3 9,1
2e trim. 2012 8,6 9,3
3e trim. 2012 8,6 9,4
4e trim. 2012 9,0 9,7
1er trim. 2013 9,2 9,9
2e trim. 2013 9,2 10,0
3e trim. 2013 9,2 9,9
4e trim. 2013 8,9 9,6
1er trim. 2014 9,0 9,7
2e trim. 2014 8,9 9,7
3e trim. 2014 9,2 9,9
4e trim. 2014 9,3 10,0
  • Note : données CVS.
  • Source : Insee, taux de chômage au sens du BIT et taux de chômage localisé.

Figure 5Évolution trimestrielle du taux de chômage

  • Note : données CVS.
  • Source : Insee, taux de chômage au sens du BIT et taux de chômage localisé.

4 900 demandeurs d’emploi de plus en catégorie A

Toutes catégories confondues, 160 440 demandeurs d'emploi, dispensés ou non de recherche d’emploi, sont inscrits à Pôle Emploi fin 2014, soit 5,9 % de plus qu’en décembre 2013. Parmi eux, 144 430 sont tenus d’effectuer une recherche d’emploi dont 98 080 sans avoir travaillé au cours du dernier mois (catégorie A).

Le nombre d’inscrits augmente pour les trois catégories de demandeurs tenus d’effectuer une recherche d’emploi (A, B, C). En un an, 8 900 demandeurs supplémentaires ont été enregistrés (+ 6,6 %) dont 4 900 qui n’ont exercé aucune activité au cours du dernier mois de l’année (+ 5,3 %). Si la hausse est un peu plus forte dans le Bas-Rhin pour la catégorie A, c’est en revanche l’inverse pour l’ensemble des trois catégories. Il y a davantage de chômage intermittent dans le Haut-Rhin que dans le Bas-Rhin.

figure 2Demandeurs d'emploi en fin de mois

Demandeurs d'emploi en fin de mois
Demandeurs d'emploi au 31/12/2014 (en milliers) Évolution 2014/2013 (en %) (1)
Catégories A, B, C Catégorie A Catégories A, B, C Catégorie A
Hommes 75,8 54,5 7,2 6,6
Femmes 68,6 43,6 5,9 3,6
Moins de 25 ans 23,1 15,7 1,5 0,1
25 à 49 ans 89,2 59,1 6,6 5,1
50 ans ou plus 32,1 23,2 10,3 9,4
Inscrits depuis un an ou plus 61,5 nd 8,6 nd
Alsace 144,4 98,1 6,6 5,3
France métropolitaine 5 291,8 3 552,9 6,4 5,4
  • nd : données non disponibles.
  • (1) : évolution de l'indicateur entre le 31/12/2013 et le 31/12/2014
  • Note : données brutes.
  • Source : Pôle emploi ; DARES.

Le secteur de la construction particulièrement touché

En 2014, le chômage dans la construction progresse plus que dans les autres secteurs (+ 10 %) et qu’au plan national (+ 8,4 %). En Alsace, comme en France métropolitaine, la hausse se limite à 5 % dans le commerce et les services et à 3 % dans l’industrie. En raison de cette augmentation sensible du chômage dans la construction, secteur à dominante masculine (90 % d’hommes), le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A dans l’ensemble des secteurs augmente davantage pour les hommes (+ 6,6 %) que pour les femmes (+ 3,6 %), soit 3 380 de plus pour les premiers et 1 520 pour les secondes.

Les hommes sont plus touchés par le chômage que les femmes : on dénombre ainsi 54 490 hommes et 43 590 femmes au chômage en catégorie A, tous secteurs confondus. Le niveau de qualification varie selon l’âge et le sexe : les jeunes sont plus qualifiés et parmi eux, les jeunes femmes le sont davantage que les jeunes hommes. La stabilisation du nombre de jeunes chômeurs en 2014 résulte d’une hausse pour les jeunes hommes (+ 3 %) et d’une baisse pour les jeunes femmes (- 3 %). Au total, 15 700 jeunes sont au chômage. La hausse régulière du nombre de demandeurs d’emploi âgés de plus de cinquante ans s’est poursuivie durant toute l’année 2014, atteignant 10 % pour les femmes et 11 % pour les hommes. Leur part parmi les demandeurs ne cesse d’augmenter pour atteindre 24 % en 2014, soit 23 200 personnes.

Augmentation du chômage de très longue durée

Fin 2014, la part des demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi depuis plus d’un an est de 43 % contre 42 % un an auparavant. Parmi eux, 18 320 personnes, soit 13 % du total des demandeurs, sont inscrites depuis plus de trois ans.

L’ancienneté moyenne de l’ensemble des demandeurs d’emploi est de 504 jours soit 29 jours de plus qu’en 2013. Elle est plus forte dans le Bas-Rhin (507 jours) que dans le Haut-Rhin (487 jours), et plus élevée pour les hommes (519 jours) que pour les femmes (488 jours). L’âge reste le facteur le plus discriminant avec 228 jours d’inscription pour les jeunes, comme en 2013, et 750 jours pour les 50 ans ou plus (+ 60 jours en un an).

Le marché du travail a enregistré des flux d’entrées et de sorties plus importants en 2014 : Pôle Emploi dénombre ainsi 154 500 sortants, en hausse de 2,2 %, et 164 200 entrants, en augmentation de 2,6 %.

Hausse des fins de convention de conversion et des ruptures conventionnelles

Tout comme en 2013, les fins de contrat à durée déterminée et de mission sont stables (+ 1,0 %), et touchent d’abord les hommes, en particulier les hommes jeunes, mais aussi les femmes plus âgées.

Les fins de convention de conversion continuent de progresser (+ 30 % en un an), plus souvent au détriment des hommes. Les ruptures conventionnelles, au nombre de 9 300 en 2014, sont en augmentation de 12 %. Elles concernent plus fréquemment les femmes plus âgées.

Progression des offres d’emploi

Le nombre d’offres d’emploi enregistrées en 2014 est de 70 970, en hausse de 4,5 %. L’emploi durable (CDI et CDD de plus de six mois) en constitue 58 %, davantage que l’année précédente. Le secteur des services propose 75 % de ces offres et l’industrie seulement 7 %. La construction est restée limitée à 4 % des offres. La part d’offre d’emplois qualifiés a progressé de 3 points, de 57 à 60 %.

Une demande d’emploi différenciée selon l’âge

À la fin de l’année 2014, les jeunes demandeurs d’emploi ont davantage quitté le secteur tertiaire des services et du commerce, comme le commerce de détail, la restauration et les services aux personnes. Entre 25 et 49 ans, le dernier emploi occupé l’est plus souvent dans la recherche, l’analyse et le contrôle, le commerce de détail, l’industrie alimentaire et les services personnels. Les seniors à la recherche d’un emploi viennent plus souvent du secteur de l’industrie (industrie textile, industrie des boissons, imprimerie, raffinage et industrie chimique).

À la fin de l’année 2014, 6 800 agents d’entretien, 6 250 vendeurs et 3 700 cuisiniers recherchent un emploi. Les femmes sont plus nombreuses parmi les vendeurs, les secrétaires et les employés. À l’inverse, les hommes sont plus souvent ouvriers du bâtiment ou de la manutention.

Recul du chômage dans la zone d’emploi de Wissembourg

En 2014, le chômage recule uniquement dans la zone d’emploi de Wissembourg (- 0,2 point). Il progresse fortement dans les zones de Strasbourg et de Mulhouse (+ 0,5 point). La dégradation du marché du travail dans le secteur secondaire (construction et industrie) dans la zone de Saint-Louis entraine une hausse du chômage de 0,4 point. Le chômage se stabilise dans les zones d’emploi de Molsheim-Obernai (6,6 %) et de Saverne (7,5 %). Il augmente de 0,3 point dans les zones de Colmar, de Sélestat et de Haguenau. Dans ces zones, le secteur de la construction est à l’origine de cette hausse. À Haguenau s’y ajoute celui du commerce. Au total, le chômage reste élevé dans les zones rattachées aux grands pôles urbains : Mulhouse en tête (11,6 %), puis Strasbourg (10,4 %) et Colmar (8,3 %).

La durée moyenne apparente du chômage est la plus élevée dans les zones de Saverne (536 jours), Strasbourg (528 jours) et Haguenau (505 jours).

Utilisation réduite du chômage partiel au premier trimestre

Les entreprises ont peu utilisé les heures d’activité partielle au cours du premier trimestre 2014. Seules 188 000 heures ont été consommées pour près de 415 000 heures le premier trimestre de l’année précédente. Fin mars 2014, dernière observation disponible, la baisse annuelle est de 46 % en Alsace (51 % dans le Bas-Rhin et 43 % dans le Haut-Rhin) pour seulement 8 % en France métropolitaine. Ce nombre d’heures annuel d’activité partielle a été divisé par 4,5 en Alsace et par 3,5 en France métropolitaine par rapport à l’année 2009, année de fort recours à ce dispositif.

Figure 4Heures consommées d'activité partielle

en indice base 100 au 2009 T1
Heures consommées d'activité partielle (en indice base 100 au 2009 T1)
Alsace France métropolitaine
1er trim. 2009 100 100
2e trim. 2009 91,52 103,93
3e trim. 2009 48,32 58,44
4e trim. 2009 56,08 81,43
1er trim. 2010 39,58 48,63
2e trim. 2010 26,93 32,47
3e trim. 2010 12,53 12,75
4e trim. 2010 23,2 19,03
1er trim. 2011 17,96 13,52
2e trim. 2011 10,53 11,44
3e trim. 2011 7,36 7,87
4e trim. 2011 26,15 17,81
1er trim. 2012 24,76 21,19
2e trim. 2012 13,63 16,37
3e trim. 2012 8,46 14,71
4e trim. 2012 76,45 39,96
1er trim. 2013 29,33 34,7
2e trim. 2013 14,05 22,17
3e trim. 2013 18,94 16,68
4e trim. 2013 22,82 31,08
1er trim. 2014 13,33 29,54
2e trim. 2014 6,74 21,57
  • Note : données brutes, hors conventions FNE et APLD (activité partielle de longue durée).
  • Source : DARES-DGEFP, extraction Sinapse.

Figure 4Heures consommées d'activité partielle

  • Note : données brutes, hors conventions FNE et APLD (activité partielle de longue durée).
  • Source : DARES-DGEFP, extraction Sinapse.

Figure 3Nombre d'entrées dans les principales mesures d'accompagnement et d'aide à l'emploi

Nombre d'entrées dans les principales mesures d'accompagnement et d'aide à l'emploi
2013 2014 (p) Évolution 2014/2013 (en %)
Contrats en alternance
Contrats de professionnalisation nd nd ///
Contrats d'apprentissage du secteur privé 9 145 8 692 -5,0
Emplois aidés du secteur marchand
Contrat unique d'insertion - Contrat initiative emploi (CUI-CIE) 1 792 1 604 -10,5
Emplois d'avenir 220 470 113,6
Emplois aidés du secteur non marchand
Contrat unique d'insertion - Contrat d'accompagnement dans l'emploi (CUI-CAE) (1) 8 722 7 111 -18,5
Emplois d'avenir 1 484 1 615 8,8
Mesures d'accompagnement des jeunes
Contrat d'insertion dans la vie sociale (CIVIS) 3 971 3 690 -7,1
  • p : données provisoires.
  • /// : absence de donnée due à la nature des choses.
  • (1) : les contrats aidés CUI-CAE de 2013 ont une durée de 6 à 24 mois et ceux de 2014, une durée de 12 à 24 mois.
  • Note : extraction en avril 2015.
  • Source : DARES.