Économie et Statistique n° 393-394 - 2006 Histoires de vie
Les travailleurs non qualifiés : une nouvelle classe sociale ?
Thomas Amossé et Olivier Chardon
En mars 2002, un peu moins de cinq millions de personnes exerçaient un emploi non qualifié : 2 760 000 comme employés et 2 035 000 comme ouvriers. Loin de disparaître avec la désindustrialisation, l'emploi non qualifié a connu un regain depuis le milieu des années 1990. Il représente aujourd'hui un emploi sur cinq. L'analyse de données d'enquête confirme l'ouvriérisation d'une partie de ces emplois, jusqu'à présent principalement mise en évidence par l'observation sociologique. Avec leurs salaires, conditions d'emploi et de travail, les ouvriers et employés non qualifiés constituent un segment de main-d'œuvre à part. Ils ne semblent pas pour autant définir une classe sociale : fragilisés dans leurs modalités d'intégration professionnelle, déstabilisés dans leur imaginaire social, ces salariés se caractérisent par un faible sentiment d'appartenir à une classe sociale. L'identité de classe, autrefois fortement structurante dans les milieux populaires, s'est progressivement effacée laissant place, pour les non-qualifiés, à une attitude de retrait, entre rejet et résignation par rapport aux modèles dominants d'intégration sociale. Pour les salariés du bas de l'échelle, des formes différentes de construction identitaire opposent certaines sous-populations, les jeunes et les plus âgés, les hommes et les femmes, les immigrés et les non-immigrés.
Economie et Statistique
No 393-394
Paru le :01/11/2006