Économie et Statistique n° 346-347 - 2001 Le RMI : entre redistribution et incitations
Processus d'entrée dans le dispositif du RMI et modalités d'insertion
Valérie Cohen et Brigitte Larguèze
L'analyse des biographies est pour le sociologue un instrument privilégié pour étudier le passage dans le dispositif du RMI et la réalisation du double objectif qui lui avait été assigné : assurer un minimum vital préservant ses allocataires de l'exclusion sociale, tout en favorisant leur réinsertion dans des formes d'emploi non précaires. L'analyse de 34 trajectoires sociales d'allocataires montre que le RMI ne joue pleinement son rôle que pour des personnes bénéficiant déjà de ressources matérielles, d'un réseau relationnel et d'un certain niveau de formation avant leur entrée dans le dispositif. Ainsi, il permet à des jeunes diplômés issus de milieux modestes de se consacrer à la recherche d'un premier emploi en rapport avec leur formation. Il aide également des travailleurs indépendants à se réinscrire sur le marché de l'emploi. Dans le cas d'un déficit de formation ou de relations, le RMI se conjugue aux revenus tirés d'emplois précaires ou du chômage ; ou bien joue le rôle d'un soutien permettant de tenir entre deux formes d'emplois temporaires. Ne permettant guère d'ajourner la vulnérabilité professionnelle, il s'inscrit dans un ensemble de dispositifs qui fonctionnent à la périphérie du salariat. C'est le cas des jeunes en situation précaire, ou des mères de famille faiblement diplômées. Certaines catégories de population, enfin, cumulent les difficultés : une mauvaise santé, la perte des liens avec le monde du travail se conjuguent avec un fort isolement social. Le soutien financier apporté par le RMI ne constitue souvent alors qu'une maigre prestation permettant d'attendre de bénéficier d'un autre minimum social (allocation adulte handicapé, minimum vieillesse etc.).
Economie et Statistique
No 346-347
Paru le :01/01/2002