Économie et Statistique n° 346-347 - 2001 Le RMI : entre redistribution et incitations
Les allocataires du RMI : moins d'isolés au sens familial et social que dans la statistique administrative
Bertrand Lhommeau
Différentes enquêtes menées par l'Insee auprès des ménages prévoient dans leur questionnement la perception du Revenu Minimum d'Insertion. Or, malgré leur protocole d'enquête différent, aucune d'entre elles ne parvient à un taux de couverture satisfaisant de cette population spécifique. À l'inverse, les sources administratives ne collectent que les caractéristiques nécessaires au calcul du montant des allocations auxquelles les demandeurs du RMI peuvent prétendre et sont donc très insuffisantes pour décrire précisément l'activité, les conditions de vie des allocataires. En conséquence, l'enquête sur le devenir des personnes sorties du RMI, menée par l'Insee en janvier puis septembre 1998, auprès d'un échantillon représentatif des allocataires du RMI inscrits dans une Caf en métropole au 31 décembre 1996, permet une confrontation originale entre les données administratives, issues des fichiers de la Caf qui ont servi de base de sondage et les données recueillies par entretien auprès des allocataires retenus dans l'échantillon enquêté. Elle comble ainsi une lacune importante de l'observation statistique d'une population bénéficiaire d'une allocation qui fait l'objet de débats politiques toujours nourris, plus de dix ans après sa création. Ce croisement des données d'enquête et des données administratives fournit notamment un éclairage nouveau sur la famille des allocataires du RMI. L'isolement des allocataires du RMI en ressort fortement relativisé. L'isolement administratif (foyer RMI isolé) ne signifie pas dans la plupart des cas l'isolement familial (personne seule dans son ménage) et a fortiori social.
Economie et Statistique
No 346-347
Paru le :01/01/2002