La campagne 2023‑2024, d’octobre 2023 à décembre 2024, est marquée par les précipitations excédentaires (9 mois sur 15 au-dessus de la normale 1991‑2020, et +28 % sur la période) et des températures élevées (13 mois sur 15 au-dessus de la normale, +1,2 °C en moyenne). L’excédent de pluies à l’automne 2023 est important (+44 % pour octobre et novembre), il l’est encore plus de la fin d’hiver au début d’été : +58 % de février à juin. Cette situation permet toutefois aux nappes phréatiques de bien se recharger après plusieurs années difficiles (figure 1 et figure 2). L’insolation est déficitaire de 12 % d’octobre 2023 à décembre 2024 par rapport à la normale.

À part le blé dur, toutes les cultures d’hiver voient leurs surfaces régresser, les semis étant contrariés par les pluies abondantes de fin d’année. Certains semis sont en mauvais état en sortie d’hiver et sont détruits. Le choix de l’espèce à implanter est difficile et le maïs voit ses surfaces augmenter, même si les conditions de semis ne sont pas optimales. Certaines parcelles, les plus hydromorphes, finiront par ne pas être semées.

La production de blé tendre chute de 25 % par rapport à 2023, du fait de mauvais rendements et du recul des surfaces (figure 3). La baisse de la production d’orge est du même ordre, malgré un quasi-maintien des surfaces, mais une forte baisse des rendements (-23 %). Les rendements du colza sont très inférieurs à la moyenne quinquennale (-18 %). Les surfaces baissent légèrement sur un an, mais ont progressé de 18 % par rapport à la moyenne quinquennale, affaiblie par les campagnes sèches de 2019 à 2021 qui n’avaient pas permis de semer le colza en fin d’été. Au final, la production de colza chute sur un an (-17 %), mais atteint quasiment la moyenne quinquennale (-3 %). La pluviométrie excédentaire de septembre a fortement limité le potentiel de production des cultures d’été telles le maïs, le tournesol, les betteraves ou les pommes de terre. Les parcelles les plus hydromorphes ont été récoltées en hiver, d’autres ont même été broyées sans récolte.

Sur le marché des grandes cultures, la baisse des prix engagée en 2023 se poursuit en 2024. Cependant, les conditions de cultures des grands bassins mondiaux ont inquiété les marchés dès la fin avril et les prix ont flambé un temps avant de redescendre à la faveur de perspectives de production mondiale finalement meilleures qu’envisagées. Les cours sont toutefois restés supérieurs à ceux constatés avant le mois d’avril, les mauvaises moissons européennes se confirmant (figure 4). Le cours du blé tendre perd 11 % en 2024 par rapport à 2023. Sur un an, ceux de l’orge et du maïs reculent de 16 %, quant à ceux du colza, après la baisse de 2023, ils remontent en 2024 et gagnent 2 % sur un an.

La production de vins 2024 chute de 35 % sur un an et de 19 % par rapport à la moyenne quinquennale. Les excès de précipitations ont provoqué de la coulure à la floraison puis des maladies. Le millésime devrait toutefois présenter une qualité satisfaisante après vinification. La récolte en sous-maturité par endroit a augmenté l’acidité, des demandes de chaptalisation ont été enregistrées pour compenser le manque de sucre. Les vins devraient être moins alcoolisés, plus frais et aromatiques. Pour le Val de Loire, les prix des appellations d’origine protégée (AOP) sont à la baisse. Côté Centre‑Loire, les sorties d’appellation poursuivent leur baisse, mais les exportations se sont stabilisées.

La campagne de commercialisation des pommes récoltées en 2023 est plutôt calme, mais les prix sont revalorisés. Les petits calibres, moins chers, et les variétés clubs (la pink lady notamment) ont la préférence des consommateurs. Le commerce des poires cueillies en 2023 est dynamique et les prix sont bons. Même si la pluie de l’automne a retardé les cueillettes, le niveau de production 2024 est bon. La capacité de conservation inquiète cependant. Le début de campagne de commercialisation 2024 est calme, avec des prix corrects, mais inférieurs à ceux de l’année précédente. Les productions de légumes sont contrariées par les conditions météorologiques peu favorables (manque de luminosité, et excès d’eau), limitant les volumes de production et augmentant les coûts. Les prix sont globalement meilleurs que la moyenne triennale.

Les précipitations et la chaleur ont favorisé la pousse de l’herbe, les prairies régionales ont produit 37 % de fourrages de plus qu’en 2023, permettant de reconstituer les stocks. Cependant, leur utilisation, au pré comme en fauche, n’a pas été simple, les parcelles manquant de portance. La qualité des fourrages est moyenne et sa conservation inquiète. Les maïs ensilage montrent des rendements inférieurs à ceux de 2023, sur des surfaces plus étendues.

Le prix moyen du lait de vache stagne en 2024 (+0,4 %). Il s’établit à 497 euros les 1 000 litres en moyenne annuelle, supérieur de 12 euros à la moyenne nationale. Les effectifs et le nombre de producteurs poursuivent leur baisse (-4,7 %), mais les livraisons régionales progressent (+0,8 %). Les livraisons de lait de vache bio repartent à la hausse (+6,3 %) et représentent 2,5 % de la production régionale. Le prix du lait bio augmente plus que celui du lait conventionnel (+4,7 % sur un an).

Le prix du lait de chèvre augmente de 0,9 % sur un an et s’établit à 938 euros pour 1 000 litres en moyenne annuelle, de 20 euros supérieur au prix national. Le nombre de producteurs et les effectifs baissent (-2,8 % et -1,7 % respectivement), et les volumes diminuent de 4,2 % sur un an. Les livraisons de lait de chèvre bio représentent 1 % des livraisons régionales de lait de chèvre.

La hausse des cours de la viande bovine ralentit en 2024 (+1,3 % sur un an), à 5,48 euros/kg de carcasse. Le déficit d’offre ne satisfait pas la demande d’origine France.

Les exportations de broutards baissent de 6,1 % sur un an. Les prix progressent de 8 à 14 % sur un an, selon la race, avec une demande italienne et espagnole qui peine à être satisfaite, du fait de la décapitalisation.

Le cours des porcs a baissé en 2024, à -6,6 % sur un an, il cote à 2,07 euros/kg de carcasse en moyenne. L’offre et la demande retrouvent un équilibre.

Les volumes d’abattage sont globalement à la baisse en 2024, dans toutes les catégories. Les bovins perdent 10 % de volumes, comme les ovins. Les volailles perdent 6 %, sur les dindes en particulier, avec l’arrêt progressif de l’abattoir de Blancafort. Les abattages de poulets de chair continuent de progresser (+10 % sur un an).

Les prix des intrants agricoles continuent de baisser sur un an (-2,8 %), mais demeurent 26 % au-dessus des prix de 2020. Le prix des engrais et amendements diminue de 18 % en moyenne annuelle et celui de l’énergie et des lubrifiants perd 7 %. Les prix des produits et services vétérinaires poursuivent leur augmentation régulière. Le prix des aliments des animaux baisse à nouveau fortement en 2024 (-10 %) après le pic atteint en 2022 (figure 5).