La reprise se fait attendre Note de conjoncture - mars 2024

 

Note de conjoncture
Paru le :Paru le14/03/2024
Note de conjoncture- Mars 2024
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Éclairage - Un choc négatif sur la demande intérieure chinoise aurait des effets limités sur le PIB français

Depuis 2021, le ralentissement de l’économie chinoise par rapport au rythme de croissance d’avant la pandémie se confirme : l’activité a crû de 5,2 % en 2023 et le FMI attend une croissance de 4,6 % en 2024 contre +7,7 % par an en moyenne dans la décennie 2010. Ce ralentissement est en partie structurel, en lien avec le vieillissement démographique et l’essoufflement de la dynamique de rattrapage. Par ailleurs, la Chine souffre de facteurs plus conjoncturels affectant sa croissance, comme la crise immobilière, les risques commerciaux ou encore financiers. Le ralentissement chinois est susceptible d’avoir des effets ambivalents sur les économies partenaires de la Chine. D’une part, un ralentissement de la demande intérieure chinoise affecterait négativement la croissance du reste du monde, via le canal commercial : cela concernerait en particulier les pays ayant une forte dépendance commerciale avec la Chine, à commencer par les économies asiatiques. En sens inverse, un tel ralentissement se traduirait par un recul de la demande mondiale en matières premières et notamment en produits pétroliers, ce qui ferait baisser les cours : cet effet bénéficierait aux autres économies importatrices de produits pétroliers, notamment les économies européennes.

La transmission du choc via le canal commercial est analysée en utilisant un TIES, Tableau International des Entrées et Sorties, de l’OCDE. Cette étude montre que les effets du ralentissement de la demande intérieure chinoise varient selon les produits concernés : tant que le choc de demande négatif reste cantonné au secteur de la construction, il aurait un effet limité sur les partenaires de la Chine. Un choc d’investissement, qui aurait pour conséquence de diminuer la demande chinoise en produits manufacturés, pourrait avoir des conséquences plus importantes. Quel que soit le choc considéré, les économies asiatiques seraient les premières concernées, en raison de leur degré de dépendance à l’économie chinoise. En ce qui concerne les principales économies européennes, un choc de 5 % sur la demande intérieure chinoise coûterait à la France entre 0,1 et 0,2 point de PIB via le seul canal commercial, et le double pour l’Allemagne. Cet effet serait donc contenu.

La prise en compte du canal des matières premières permet en outre de nuancer encore davantage ces effets, car le ralentissement chinois générerait une baisse des cours, en particulier du pétrole, ce qui aurait un effet positif sur la croissance française. Un choc de 5 % sur la demande chinoise via la combinaison du canal commercial et du canal des matières premières aurait ainsi un effet faible et ambigu pour la France : en fonction des hypothèses retenues pour chacun de ces deux canaux, cet effet net serait soit légèrement positif, soit légèrement négatif. Ces simulations ne prennent par ailleurs pas en compte un éventuel canal financier : l’exposition directe de l’économie française au secteur financier chinois paraît limitée et un effet indirect transitant par un choc d’incertitude semble difficile à quantifier...

Note de conjoncture

Paru le :14/03/2024