Insee Conjoncture Guyane ·
Juin 2023 · n° 24Bilan économique 2022 - Guyane L'activité économique reste bien orientée avec un marché du travail dynamique et
de nombreuses créations d’entreprises
En 2022, malgré un contexte international incertain, une inflation élevée et une augmentation des taux d’intérêt, l’économie guyanaise continue de se développer. La population dépasse les 300 000 habitants et augmente d’environ 5 000 personnes chaque année. Cette croissance démographique, défi pour l’aménagement du territoire, engendre une croissance économique, avec des créations d’entreprises au plus haut, une augmentation de l’emploi salarié et une baisse du taux de chômage.
Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2022 publiés par l'Insee.
Spatial - Un port spatial en pleine mutation Bilan économique 2022
Eric Medaille, Marie-José Gauthier (Centre national d'études spatiales), Luciano Valony (Insee)
Malgré une année opérationnelle difficile, le centre spatial guyanais poursuit sa modernisation en 2022 et maintient son implication dans le développement économique et social du territoire. De nouveaux engagements sont pris pour la promotion du tourisme, les applications spatiales, l’éducation ou encore le lancement des travaux de rénovation du musée de l’espace à Kourou.
Plus faible nombre de lancements des douze dernières années
En 2022, l’activité opérationnelle de la base spatiale permet d’effectuer six lancements dont cinq réussis : trois Ariane 5, le dernier Soyouz depuis le port spatial de l’Europe et deux Vega (le vol inaugural de Vega-C et l’échec du deuxième vol de Vega-C). Avec le retard du projet Ariane 6, l’année est néanmoins difficile sur le plan opérationnel pour le centre spatial guyanais (CSG). Sur les douze dernières années, 2022 enregistre le nombre de lancements le plus faible. En effet, après les sept tirs de 2013 (tous réussis), il y a eu cinq années consécutives (de 2014 à 2018) avec 11 décollages par an pour seulement deux échecs partiels (un Soyouz en 2014 et un Ariane 5 en 2018). En 2019, le nombre de tirs est en baisse. Toutefois on peut citer deux premières qui marquent l’histoire de la base spatiale : le premier vol inaugural du lanceur Vega-C (VV21) et la première rencontre entre Ariane 6 et son pas de tir.
En dépit de ce contexte, le CSG continue de se projeter vers l’avenir et poursuit sa modernisation en vue d’accueillir de nouveaux véhicules, que ce soit Ariane 6, les démonstrateurs réutilisables Callisto et Themis ou encore des mini-microlanceurs.
La confiance renouvelée de l’Agence Spatiale Européenne (ESA), lors de la conférence ministérielle de novembre 2022, confirme que l’activité spatiale se poursuivra en Guyane même si les deux prochaines années s’annoncent difficiles.
Un acteur économique qui poursuit son engagement
La convention CNES-État-CTG au titre de la programmation 2014-2020 se termine sur le plan budgétaire de façon positive avec le financement de 230 projets en contreparties des fonds européens, sur l’ensemble du territoire et dans des secteurs divers. Concernant les financements hors fonds européens, 158 projets ont été réalisés sur cette programmation. Pour la nouvelle programmation 2021-2027, le CNES s’apprête à signer la nouvelle convention avec la Collectivité territoriale de Guyane (CTG) et l’État en contrepartie des fonds européens à hauteur de 22,8 M€.
L’implication du CNES dans le monde de l’éducation ne faiblit pas. En 2022, 26 étudiants de Guyane bénéficient d’une dotation financière du CNES leur permettant de poursuivre des études courtes ou longues dans des filières nécessaires au développement de la Guyane. Cet engagement est renouvelé dans le cadre d’une convention avec le GIP-FCIP (rectorat) jusqu’en 2028 à hauteur de 2,7 M€. Une seconde convention est signée avec l’Université de Guyane au titre des thèses doctorales. Elle prévoit le financement de 8 thèses doctorales ainsi que la réalisation d’actions conduites par l’école doctorale pour un budget de près de 1 M€. Le CNES accueille aussi chaque année plusieurs dizaines de stagiaires au sein de ses équipes. Dans le but de faire connaître les différents métiers de la base aérospatiale, les salariés du CNES participent depuis 2021 à l’opération « Espace, c’est classe » dans les établissements scolaires de toute la Guyane.
Le futur se prépare
Après l’appel à candidatures pour l’accueil de micro et mini lanceurs au CSG, 7 lauréats sont présélectionnés en 2022 dans toute l’Europe dont 2 français. Ces nouveaux opérateurs commerciaux s’inscrivent dans la transformation en cours de l’écosystème mondial du transport spatial et démontrent la volonté du Port spatial de l’Europe de conserver sa forte attractivité.
Le CNES va adapter l’ancien site de lancement de Diamant pour accueillir ces nouveaux opérateurs ainsi que les démonstrateurs d’étage réutilisable. Ils partageront ainsi des moyens communs (route d’accès, alimentation en énergie…) tout en s’adaptant aux besoins spécifiques de chaque véhicule (table de lancement, bâtiment d’assemblage, etc). Du côté d’Ariane 6, les essais combinés continuent afin de valider la compatibilité du lanceur avec l’ensemble de lancement.
Le CSG poursuit ses projets visant à rendre la base plus écoresponsable. L’objectif est une mise en service de champs photovoltaïques en 2024-2025, l’une des premières pierres de la transition énergétique, mais aussi la rénovation des systèmes de climatisation et l’implantation de centrales biomasse. La construction d’un nouveau centre de contrôle opérationnel tout numérique a démarré pour une mise en service aussitôt que possible. Il permettra un lancement tous les deux jours alors que onze jours sont nécessaires aujourd’hui.
Un nouveau musée construit pour renforcer l’attrait touristique
Afin de satisfaire le grand public, le Musée de l’espace se transforme en un véritable centre d’interprétation. Ce projet est financé par l’Union européenne, le CNES et l’ESA. Inauguré en 1996, le site qui fait partie des plus visités de Guyane est devenu un outil incontournable dans le paysage pédagogique, culturel et touristique.
L’ossature du bâtiment actuel avec sa forme caractéristique en octogone est conservée mais l’intérieur de l’espace est entièrement restructuré pour créer de nouvelles zones d’exposition sur 3 niveaux, consacrées au CSG. Outre l’espace d’exposition permanente, il proposera un espace dédié aux expositions temporaires, un planétarium conservé et optimisé, un lieu d’échanges pour accueillir des groupes et un atelier d’activités éducatives pour les scolaires.
L’aboutissement de ce chantier devrait renforcer l’activité touristique du site qui a connu une année record en 2022 avec 95 195 visiteurs soit presque le double de l’année précédente (figure 1). En particulier, en 2022, 48 990 personnes visitent les Îles du Salut soit 3 700 visiteurs de plus que la totalité des visiteurs tous sites confondus en 2021. On observe également la forte reprise des visites grand public avec 25 000 visiteurs en 2022.
tableauFigure 1 – Fréquentation des principaux sites
Sites | 2019 | 2020 | 2021 | 2022 | Evolution 2021 – 2022 (en %) |
---|---|---|---|---|---|
CSG (visites grand public) | 25 317 | 9 391 | 9 523 | 24 920 | 161,7 |
Invités lancements Ariane, Soyouz | 9 972 | 3 722 | 1 611 | 5 508 | 241,9 |
Musée de l'espace du CNES | 23 578 | 8 326 | 10 190 | 15 777 | 54,8 |
Îles du salut (incluant les croisiéristes) | 54 513 | 25 647 | 23 934 | 48 990 | 104,7 |
- Sources : CNES/CSG.