Insee Conjoncture Guyane ·
Juin 2023 · n° 24Bilan économique 2022 - Guyane L'activité économique reste bien orientée avec un marché du travail dynamique et
de nombreuses créations d’entreprises
En 2022, malgré un contexte international incertain, une inflation élevée et une augmentation des taux d’intérêt, l’économie guyanaise continue de se développer. La population dépasse les 300 000 habitants et augmente d’environ 5 000 personnes chaque année. Cette croissance démographique, défi pour l’aménagement du territoire, engendre une croissance économique, avec des créations d’entreprises au plus haut, une augmentation de l’emploi salarié et une baisse du taux de chômage.
Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2022 publiés par l'Insee.
Commerce extérieur - En 2022, le déficit commercial de la Guyane atteint 1,8 milliard Bilan économique 2022
Philippe Mouty (Insee)
Après la reprise amorcée en 2021, les importations de la Guyane progressent de 12 % en 2022 et atteignent un niveau record. Les exportations stagnent et restent en dessous des niveaux d’avant la crise sanitaire. Cependant tous les secteurs ne connaissent pas les mêmes évolutions. Le renchérissement des prix de l’énergie pèse significativement sur l’évolution en valeur des échanges. La France hexagonale reste le premier client de la Guyane. Le solde structurellement déficitaire du commerce extérieur se dégrade de 214,0 millions d’euros en un an et s’établit à 1,8 milliard d’euros.
Les échanges extérieurs de la Guyane, une année en demi-teinte
En 2022, les échanges extérieurs de la Guyane augmentent moins fortement qu’en 2021. Les importations sont en hausse et dépassent tous les niveaux atteints jusque-là. La baisse des exportations entamée depuis 2019 se stabilise (-0,1 %). Elles s’élèvent à 155,4 millions d’euros et atteignent toutefois leur plus bas niveau depuis 2018. La balance commerciale se dégrade moins fortement que l’année précédente mais atteint un déficit historique de -1,8 milliard d’euros (figure 1).
tableauFigure 1 – Valeur des importations et exportations
Importations/exportations | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 | 2021 | 2022 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Importations | 1 443,0 | 1 235,0 | 1 244,0 | 1 423,0 | 1 530,0 | 1 608,0 | 1 472,1 | 1 790,9 | 2 004,8 |
Exportations | 193,0 | 162,0 | 193,0 | 147,0 | 213,0 | 184,0 | 157,6 | 155,5 | 155,4 |
Solde des échanges | -1 250,0 | -1 073,0 | -1 051,0 | -1 276,0 | -1 317,0 | -1 424,0 | -1 314,5 | -1 635,4 | -1 849,4 |
- Source : Douanes, calculs Insee.
Les importations augmentent de 12 %
Les importations de la Guyane augmentent de 12 % par rapport à 2021 (+2 milliards d’euros). Cette hausse est liée aux produits pétroliers dont les importations sont en très forte progression (+71 %). Elles contribuent pour 59 % à l’augmentation des importations. Cette hausse des importations de carburants est alimentée par les tensions inflationnistes qui touchent le secteur de l’énergie. La guerre en Ukraine, la relance budgétaire massive et la faiblesse de l’euro ont entraîné la hausse du cours du brent de 43 % au cours de l’année 2022. Hors produits pétroliers, la croissance des importations est deux fois moins importante (figure 2).
Le conflit ukrainien, renchérissant notamment les coûts de transport, a aussi des conséquences sur l’évolution des prix des produits agricoles de base. Les denrées alimentaires, boissons et produits à base de tabac progressent de 17 % et contribuent pour 22 % à la hausse des importations de la Guyane. L’agriculture, la sylviculture et la pêche sont aussi impactées par cette augmentation (+9 %).
L’envolée du cours des matières premières et des prix de l’énergie sont aussi à l’origine du renchérissement des importations des autres produits industriels tels que les produits chimiques, les instruments et fournitures pharmaceutiques, l’habillement, l’outillage. Ils augmentent de 6 % en 2022 et contribuent pour 18 % à l’augmentation des importations du territoire.
En revanche, les importations de matériels de transport qui représentent 13 % des importations de la Guyane, sont en recul par rapport à 2021 (-2 %). Avec 232,6 millions d’euros les imports de véhicules automobiles régressent de 4 %.
tableauFigure 2 – Montants et évolutions des importations et des exportations par activité
Type d'importations/exportations | Importations | Exportations | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
Valeur (en million d’euros) | Part (en %) | Évolution 2021 – 2022 (en %) | Valeur (en million d’euros) | Part (en %) | Évolution 2021 – 2022 (en %) | |
AZ - Agriculture, sylviculture et pêche | 24,6 | 1,2 | 8,8 | 0,6 | 0,4 | -50,9 |
DE - Hydrocarbures naturels, autres produits des industries extractives, électricité, déchets | 2,0 | 0,1 | 1,6 | 8,7 | 5,6 | 14,7 |
C1 - Denrées alimentaires, boissons et produits à base de tabac | 331,7 | 16,5 | 16,6 | 9,0 | 5,8 | 1,2 |
C2 - Produits pétroliers raffinés et coke | 303,1 | 15,1 | 71,3 | 0,1 | 0,1 | 222,9 |
C3 – Équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique | 407,5 | 20,3 | 1,6 | 22,6 | 14,5 | -36,5 |
C4 - Matériels de transport | 263,3 | 13,1 | -2,4 | 40,1 | 25,8 | 77,6 |
dont industrie automobile | 232,6 | 11,6 | -3,5 | 37,7 | 24,3 | 73,0 |
C5 - Autres produits industriels | 662,6 | 33,1 | 6,1 | 73,9 | 47,6 | -6,9 |
dont pharmacie | 83,3 | 4,2 | 1,4 | 0,0 | 0,0 | -48,5 |
Autres | 10,0 | 0,5 | 4,1 | 0,4 | 0,3 | 94,1 |
Total | 2 004,8 | 100,0 | 11,9 | 155,4 | 100,0 | -0,1 |
- Source : Douanes, calculs Insee.
Les exportations atteignent leur plus bas niveau en cinq ans
Les exportations stagnent par rapport à 2021 et atteignent leur plus bas niveau depuis 2017. Presque tous les postes d’exportation sont en recul.
Les autres produits industriels, qui représentent 48 % des exportations de la Guyane (74 millions d’euros), reculent de 7 % en un an. De même, avec la baisse des envois d’appareils scientifiques et techniques, les exportations d’équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique (15 % des exportations) reculent de 37 %.
À l’inverse, les exportations de matériels de transport, qui contribuent à hauteur d’un quart des exportations, augmentent fortement passant de 22,6 millions en 2021 à 40,1 millions en 2022 (+78 %). Cette augmentation concerne surtout les envois d’équipements issus de l’industrie automobile (+73 %). C’est également le cas de la collecte, traitement et élimination des déchets qui progresse de plus de 50 % mais qui ne pèse que pour 3 % des exportations.
Le déficit avec la France hexagonale se creuse
En 2022, la France hexagonale reste le premier fournisseur de la Guyane (57 %) pour un montant de 1,1 milliard d’euros soit une hausse de 5 % par rapport à 2021 (figure 3). Le déficit commercial avec la France hexagonale se creuse de 68 millions en 2022. Dans le détail elle fournit à la Guyane 76 % des denrées alimentaires, des boissons et produits à base de tabac, 68 % des autres produits industriels, 63 % des équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique et 61 % de matériels de transport.
L’essentiel des échanges en provenance de la Guadeloupe ou de la Martinique sont des produits pétroliers raffinés (respectivement 93 % et 77 %). En revanche, les exportations vers ces deux départements sont composées en majorité de denrées alimentaires, boissons et produits à base de tabac (respectivement 56 % et 68 %).
Les principaux clients de la Guyane sont la France métropolitaine (69 %) pour un montant de 107,1 millions d’euros, les pays voisins Brésil et Suriname (11 %) pour 17,1 millions d’euros et l’Union européenne hors France (9 %) pour 14,1 millions d’euros (figure 4).
tableauFigure 3 – Répartition des importations selon leur provenance
Provenance | Importations |
---|---|
France métropolitaine | 1 145,5 |
Union européenne hors France | 259,5 |
Etats-Unis | 78,0 |
Norvège | 0,4 |
Chine | 74,8 |
Caraïbe | 37,9 |
Guadeloupe | 162,3 |
Autre | 246,4 |
- Source : Douanes, calculs Insee.
graphiqueFigure 3 – Répartition des importations selon leur provenance
tableauFigure 4 – Répartition des exportations selon leur destination de 2015 à 2022
Destinations | France métropolitaine | UE hors France | Guadeloupe | États-Unis | Martinique | Autre |
---|---|---|---|---|---|---|
2015 | 82,6 | 19,2 | 6,5 | 8,8 | 9,5 | 35,4 |
2016 | 83,3 | 22,2 | 7,6 | 19,2 | 9,1 | 51,6 |
2017 | 84,8 | 12,4 | 6,7 | 9,2 | 7,7 | 26,4 |
2018 | 104,5 | 42,4 | 7 | 12,2 | 7,2 | 39,5 |
2019 | 113,5 | 30,9 | 6,4 | 6,1 | 4,8 | 22,1 |
2020 | 112,7 | 12,2 | 4 | 8,2 | 4,4 | 16,1 |
2021 | 118,5 | 15,1 | 6,5 | 0,5 | 6,2 | 8,7 |
2022 | 107,1 | 14,1 | 5,9 | 5,6 | 4,6 | 18,1 |
- Source : Douanes, calculs Insee.
graphiqueFigure 4 – Répartition des exportations selon leur destination de 2015 à 2022
Pour comprendre
Les données chiffrées présentées concernent uniquement les échanges en valeur de marchandises, hors matériel militaire et hors services.
Les données régionales sont établies selon les principes suivants : en qui concerne les échanges entre les DROM on comptabilise en importation d’un territoire en provenance d’un autre DROM les données d’exportation de ce dernier vers le territoire en question. (Exemple : Les importations de la Guadeloupe en provenance de la Guyane correspondent aux données d’exportation de la Guyane vers la Guadeloupe).
Sources
Douanes, calculs Insee