France, portrait social Édition 2022

Cet ouvrage dresse un panorama complet des pratiques sportives et culturelles en France. Quelle part de leur budget les ménages consacrent-ils à l’achat de biens et services culturels ? Quelles sont les pratiques en amateur artistiques, scientifiques ou créatives les plus répandues ? Quels sont les sports les plus pratiqués ? Quelles sont les pratiques culturelles associées au sport (émissions télé, radio, jeux vidéo, etc.), pour les sportifs comme les non-sportifs ? Les territoires influent-ils sur les pratiques sportives et culturelles des personnes ? Quel usage les jeunes enfants ont-ils des écrans numériques et comment cette utilisation évolue-t-elle entre 2 et 6 ans ?

Insee Références
Paru le :Paru le22/11/2022
Kevin Diter (DEPS, Ined), Sylvie Octobre (DEPS)
France, portrait social- Novembre 2022
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Les enfants de moins de 6 ans et les écrans numériques : à chacun son rythme, d’après l’enquête Elfe

Kevin Diter (DEPS, Ined), Sylvie Octobre (DEPS)

Les recommandations en matière éducative prescrivent généralement de maintenir les enfants de moins de trois ans éloignés des écrans et d’accompagner très progressivement leur insertion dans leur quotidien dans les années qui suivent. La réalité, telle que décrite par la cohorte Elfe, est différente : à deux ans, les trois quarts des enfants sont maintenus à distance des écrans numériques (hors télévision), mais dès l’âge de trois ans et demi, plus de quatre sur dix en utilisent régulièrement et plus de la moitié à cinq ans et demi. Durant les six premières années de la vie, seuls quatre enfants sur dix sont durablement maintenus à distance des écrans numériques et plus de cinq sur dix augmentent, parfois fortement, leur temps d’écran. À l’inverse, un enfant sur dix avait une utilisation très développée dès deux ans et voit sa consommation diminuer. Ces trajectoires dépendent non seulement des caractéristiques sociales des familles, notamment de leurs ressources économiques et culturelles, de la place de la fratrie mais également des pratiques des parents, qu’elles soient individuelles ou partagées avec l’enfant avant ses trois ans.

Insee Références

Paru le :22/11/2022

Familiariser les enfants aux écrans tout en les protégeant

Les normes institutionnelles concernant les relations des enfants en bas âge avec les écrans sont principalement placées sous les auspices de la prévention des risques : la règle du « pas d’écran avant 3 ans », puis celle du « un temps très limité et accompagné jusqu’à 6 ans » prévalent, que ce soit dans l’avis de l’Académie des sciences, L’enfant et les écrans (2013), dans celui des Académies de médecine, des sciences et des technologies, L’enfant, l’adolescent, la famille et les écrans (2019), au conseil de l’Éducation nationale, qui édite le Guide de la famille tout écran depuis 2017, ou encore dans les campagnes « Enfants et écrans », menées depuis 2008 par le Conseil supérieur de l’audiovisuel. Ces avis reprennent la règle dite « 3-6-9-12 » (pas d’écran avant 3 ans puis à chaque âge ses appropriations), formalisée par le psychologue Serge Tisseron [Ouvrir dans un nouvel ongletTisseron, 2018].

Dans ces avis, les écrans numériques (ordinateurs ou tablettes) bénéficient d’un traitement moins défavorable que la télévision, au motif que les premiers permettent une interactivité, tandis que la seconde favoriserait la passivité. Cette distinction, très couramment mobilisée dans le débat public, est cependant à nuancer : les enfants utilisent souvent les tablettes pour visionner des contenus télévisuels, tandis que de plus en plus de télévisions sont connectées, donc potentiellement interactives. De plus, l’interactivité n’est pas systématiquement valorisée, comme le suggèrent les discours critiques des jeux vidéo aussi, voire plus, virulents que ceux sur la passivité supposée du téléspectateur [Ouvrir dans un nouvel ongletMauco, 2013]. Enfin, si les outils numériques apparaissent comme des écrans bien plus légitimes (et bien moins « dangereux ») que la télévision, c’est aussi qu’une valeur de modernité leur est accordée, tandis que le petit écran continue d’être considéré comme un « mauvais objet culturel » [Ouvrir dans un nouvel ongletPasquier, Rebillard, 2021].

Cette étude se concentre sur les d’accès et d’utilisation des ordinateurs et des jeunes enfants, en les mettant en regard des consommations télévisuelles. Certains travaux de recherche montrent que les appropriations des outils numériques varient selon les milieux sociaux [Ouvrir dans un nouvel ongletPasquier, 2019]. Les milieux populaires en favorisent l’accès à leurs enfants à la fois pour « faire famille » (c’est-à-dire pour maintenir et resserrer les liens inter et intragénérationnels), mais aussi pour se doter des instruments d’une modernité à laquelle leur propre activité professionnelle ne les familiarise pas [Ouvrir dans un nouvel ongletPasquier, 2018], tandis que les catégories supérieures sont plus protectrices [Ouvrir dans un nouvel ongletBerthomier, Octobre, 2019a ; Ouvrir dans un nouvel ongletOctobre, 2004]. L’analyse du temps passé par les enfants devant les écrans numériques à partir des données de l’étude longitudinale française depuis l’enfance (Elfe) (source) montre une réalité plus complexe. La cohorte Elfe, qui suit des enfants nés en 2011, permet en effet de mettre en évidence la diversité des utilisations du numérique et de son évolution au cours des six premières années de vie des enfants en fonction des contextes familiaux et sociaux.

Près des trois quarts des enfants de deux ans n’ont pas accès aux écrans numériques

La part des enfants utilisateurs des écrans numériques (ordinateurs ou tablettes) augmente au cours des six premières années de la vie (figure 1). À deux ans, les enfants non utilisateurs – qu’ils ne soient pas équipés à domicile ou qu’ils n’y aient pas accès – sont largement majoritaires (73 %). Cette proportion se réduit ensuite à 58 % à trois ans et demi, puis à 46 % à cinq ans et demi. À cet âge, plus d’un enfant sur cinq est un utilisateur modéré des écrans numériques, y consacrant entre 10 et 30 minutes par jour en moyenne. Entre deux ans et cinq ans et demi, la part des forts utilisateurs (entre 30 et 60 minutes) est multipliée par 4, passant de 4 % à 16 %, et celle des très forts utilisateurs (plus d’une heure) par 10, passant de 1 % à 10 %.

Figure 1 – Utilisation des écrans numériques (ordinateurs et tablettes) selon l’âge de l’enfant

en %
Figure 1 – Utilisation des écrans numériques (ordinateurs et tablettes) selon l’âge de l’enfant (en %) - Lecture : à 2 ans, 5 % des enfants vivent dans un foyer sans tablette ou ordinateur.
Fréquence d'utilisation des écrans numériques 2 ans 3,5 ans 5,5 ans
Ni ordinateur ni tablette au foyer 5 2 2
Jamais 68 56 44
Faible (moins de 10 minutes) 11 6 6
Moyenne (de 10 à 30 minutes) 11 20 22
Élevée (de 30 à 60 minutes) 4 11 16
Très élevée (plus de 60 minutes) 1 5 10
Ensemble 100 100 100
  • Lecture : à 2 ans, 5 % des enfants vivent dans un foyer sans tablette ou ordinateur.
  • Champ : France métropolitaine, enfants nés en 2011.
  • Source : Ined-Inserm, étude longitudinale française depuis l’enfance (Elfe) ; calculs Deps-doc, ministère de la Culture.

Figure 1 – Utilisation des écrans numériques (ordinateurs et tablettes) selon l’âge de l’enfant

  • Lecture : à 2 ans, 5 % des enfants vivent dans un foyer sans tablette ou ordinateur.
  • Champ : France métropolitaine, enfants nés en 2011.
  • Source : Ined-Inserm, étude longitudinale française depuis l’enfance (Elfe) ; calculs Deps-doc, ministère de la Culture.

Près de deux enfants sur cinq n’utilisent aucun écran numérique entre deux ans et cinq ans et demi

Six types de trajectoire d’utilisation quotidienne se dégagent durant les six premières années de vie de l’enfant : une « trajectoire de non-utilisation » (absence d’utilisation des écrans de deux ans à cinq ans et demi), trois « trajectoires de découverte » (enfants non utilisateurs à deux ans, développant ensuite leur utilisation à un rythme différent), une « trajectoire d’intensification de l’utilisation » des écrans (avec une consommation dès deux ans qui s’accroît par la suite) et enfin, une « trajectoire de baisse de l’utilisation » (avec un temps important consacré aux écrans à deux ans qui diminue ensuite) (figure 2).

Figure 2 – Répartition des trajectoires d’utilisation des écrans numériques (ordinateurs et tablettes) durant les 6 premières années de vie

Figure 2 – Répartition des trajectoires d’utilisation des écrans numériques (ordinateurs et tablettes) durant les 6 premières années de vie - Lecture : entre 2 ans et 5,5 ans, 4 % des enfants ont connu une trajectoire de découverte à pente douce, c’est-à-dire sont passés d’une non-utilisation à une utilisation faible (moins de 10 minutes par jour).
Trajectoire en %
Non-utilisation 38
Découverte à pente douce 4
Découverte à pente modérée 15
Découverte à pente raide 16
Intensification de l’utilisation 16
Baisse de l’utilisation 11
Ensemble 100
  • Lecture : entre 2 ans et 5,5 ans, 4 % des enfants ont connu une trajectoire de découverte à pente douce, c’est-à-dire sont passés d’une non-utilisation à une utilisation faible (moins de 10 minutes par jour).
  • Champ : France métropolitaine, enfants nés en 2011.
  • Source : Ined-Inserm, étude longitudinale française depuis l’enfance (Elfe) ; calculs Deps-doc, ministère de la Culture.

Figure 2 – Répartition des trajectoires d’utilisation des écrans numériques (ordinateurs et tablettes) durant les 6 premières années de vie

  • Lecture : entre 2 ans et 5,5 ans, 4 % des enfants ont connu une trajectoire de découverte à pente douce, c’est-à-dire sont passés d’une non-utilisation à une utilisation faible (moins de 10 minutes par jour).
  • Champ : France métropolitaine, enfants nés en 2011.
  • Source : Ined-Inserm, étude longitudinale française depuis l’enfance (Elfe) ; calculs Deps-doc, ministère de la Culture.

La « trajectoire de non-utilisation » des écrans numériques est la plus fréquente : 38 % des enfants sont maintenus à l’écart des écrans numériques, ordinateurs ou tablettes, durant leurs six premières années de vie, bien que la plupart d’entre eux vivent dans des foyers qui en sont équipés. Ces enfants ne se reportent pas sur le smartphone, puisqu’à cinq ans et demi, 81 % n’en utilisent jamais (comme écran ou pour téléphoner), contre 75 % des enfants en moyenne. De plus, ils regardent légèrement moins la télévision que l’ensemble des enfants : 42 minutes par jour à deux ans et 60 minutes à cinq ans et demi (contre respectivement 47 minutes et 65 minutes).

Plus d’un enfant sur trois commence à utiliser des écrans numériques entre deux ans et cinq ans et demi

Les trois trajectoires de découverte numérique regroupent 35 % des enfants, non‑utilisateurs à deux ans et pour qui l’utilisation des tablettes ou ordinateurs est intégrée de manière plus ou moins progressive dans les loisirs au fil de l’avancée en âge.

La « trajectoire de découverte à pente douce », vers une utilisation faible à cinq ans et demi, rassemble 4 % des enfants. À trois ans et demi, ils passent en moyenne entre 5 et 6 minutes par jour devant les écrans numériques, durée qui n’augmente que d’ (figure 3). Ces enfants sont les moins consommateurs parmi ceux qui utilisent les écrans numériques. Ils regardent également moins longtemps la télévision : en moyenne 34 minutes par jour à deux ans et 44 minutes à cinq ans et demi. Néanmoins, 24 % de ces enfants utilisent un smartphone quotidiennement à cinq ans et demi, ce qui les situe dans la moyenne.

La « trajectoire de découverte à pente modérée », vers une utilisation modérée à cinq ans et demi, rassemble 15 % des enfants. À trois ans et demi, ces enfants utilisent ordinateurs ou tablettes en moyenne 11 minutes par jour, puis leur temps d’utilisation double durant les deux années suivantes, et atteint 21 minutes par jour à cinq ans et demi. Cependant, ils consacrent un peu moins de temps que la moyenne des enfants à regarder la télévision : en moyenne 45 minutes à deux ans et 55 minutes à cinq ans et demi. À cinq ans et demi, 23 % d’entre eux utilisent un smartphone, ce qui les situe dans la moyenne.

Enfin, la « trajectoire de découverte à pente raide », vers une utilisation élevée ou très élevée à cinq ans et demi, rassemble 16 % des enfants. Ces derniers, eux aussi non‑utilisateurs d’écrans numériques à deux ans, y consacrent déjà 25 minutes par jour en moyenne à trois ans et demi et 72 minutes par jour à cinq ans et demi. Au total, ils deviennent les enfants passant le plus de temps devant les écrans numériques, avec 22 minutes d’utilisation quotidienne de plus que les enfants qui suivent une « trajectoire d’intensification de l’utilisation des écrans », et un temps passé devant l’ordinateur ou la tablette 11 fois plus élevé que celui des enfants inscrits dans une « trajectoire de découverte en pente douce ». Leur utilisation en forte hausse des écrans numériques s’accompagne d’une utilisation plus fréquente du smartphone : à cinq ans et demi, 31 % l’utilisent, contre 25 % en moyenne. Les enfants qui empruntent cette trajectoire sont également en moyenne ceux qui regardent le plus la télévision : 61 minutes par jour à deux ans et 79 minutes à cinq ans et demi.

Figure 3 – Durée d’utilisation quotidienne moyenne des écrans numériques (ordinateurs et tablettes) selon l’âge de l’enfant et sa trajectoire d’utilisation

en minutes
Figure 3 – Durée d’utilisation quotidienne moyenne des écrans numériques (ordinateurs et tablettes) selon l’âge de l’enfant et sa trajectoire d’utilisation (en minutes) - Lecture : les enfants ayant une trajectoire de découverte à pente raide n’utilisent pas les écrans numériques à 2 ans, y consacrent en moyenne 25 minutes par jour à 3,5 ans et 72 minutes par jour à 5,5 ans.
Trajectoire 2 ans 3,5 ans 5,5 ans
Non-utilisation 0 0 0
Découverte à pente douce 0 5,3 6,3
Découverte à pente modérée 0 10,7 20,5
Découverte à pente raide 0 24,8 71,6
Intensification de l’utilisation 21,2 31,8 49,8
Baisse de l’utilisation 22,8 16,0 15,3
  • Lecture : les enfants ayant une trajectoire de découverte à pente raide n’utilisent pas les écrans numériques à 2 ans, y consacrent en moyenne 25 minutes par jour à 3,5 ans et 72 minutes par jour à 5,5 ans.
  • Champ : France métropolitaine, enfants nés en 2011.
  • Source : Ined-Inserm, étude longitudinale française depuis l’enfance (Elfe) ; calculs Deps-doc, ministère de la Culture.

Figure 3 – Durée d’utilisation quotidienne moyenne des écrans numériques (ordinateurs et tablettes) selon l’âge de l’enfant et sa trajectoire d’utilisation

  • Lecture : les enfants ayant une trajectoire de découverte à pente raide n’utilisent pas les écrans numériques à 2 ans, y consacrent en moyenne 25 minutes par jour à 3,5 ans et 72 minutes par jour à 5,5 ans.
  • Champ : France métropolitaine, enfants nés en 2011.
  • Source : Ined-Inserm, étude longitudinale française depuis l’enfance (Elfe) ; calculs Deps-doc, ministère de la Culture.

Un enfant sur six, qui avait déjà accès aux écrans à deux ans, intensifie son utilisation

La « trajectoire d’intensification de l’utilisation » des écrans numériques rassemble . Leur durée d’utilisation moyenne des écrans à deux ans est de 21 minutes par jour et atteint 50 minutes par jour à cinq ans et demi, soit plus du double. Ils deviennent ainsi les enfants qui utilisent le plus les écrans, après les enfants suivant une « trajectoire de découverte à pente raide ». Ces enfants sont par ailleurs ceux qui ont le plus souvent accès aux smartphones puisque, à cinq ans et demi, 35 % en utilisent tous les jours et 8 % y consacrent plus de 30 minutes en moyenne, temps qui s’ajoute à ceux des autres écrans. Cette forte utilisation des écrans numériques ne s’accompagne cependant pas d’une forte consommation de télévision : ils la regardent 49 minutes par jour à deux ans et 65 minutes à cinq ans et demi, soit des durées proches de la moyenne (respectivement 47 minutes et 65 minutes). Pour ces enfants, l’intensification reste donc centrée sur les écrans numériques.

Un enfant sur dix, qui avait déjà accès aux écrans à deux ans, diminue son utilisation

La dernière trajectoire est plus atypique. Elle concerne des enfants forts consommateurs d’écrans numériques à deux ans (23 minutes en moyenne par jour) qui réduisent leur durée d’utilisation par la suite. Cette « trajectoire de baisse d’utilisation » des écrans numériques n’est pourtant pas exceptionnelle : elle rassemble 11 % des enfants. Ces enfants réduisent leur temps d’écrans numériques essentiellement au moment de l’entrée à l’école. En effet, à trois ans et demi, ils ne consacrent déjà plus que 16 minutes en moyenne par jour aux tablettes ou ordinateurs, puis 15 minutes à cinq ans et demi. Ces enfants deviennent ainsi en moyenne moins utilisateurs d’écrans numériques à cinq ans et demi que ceux de la plupart des autres trajectoires. La réduction de leur durée d’utilisation des tablettes et ordinateurs ne s’accompagne pas d’un report vers les smartphones, puisqu’ils ne les utilisent pas plus que la moyenne des enfants à cinq ans et demi (un quart d’entre eux en utilise un quotidiennement). Le temps devant la télévision ne diminue pas quant à lui : en moyenne 47 minutes par jour à deux ans et 60 minutes à cinq ans et demi, soit des durées proches de la moyenne.

Tel parent, tel enfant : une reproduction intergénérationnelle des rapports aux écrans

Les six trajectoires d’utilisation des écrans numériques ne se distribuent pas aléatoirement au sein de la société. Leur répartition varie tout d’abord selon les rapports (plus ou moins distants) que les parents entretiennent avec les écrans, aussi bien tablettes ou ordinateurs, que smartphones et télévision. Les enfants dont la mère (ou le père) n’utilise jamais ou rarement (une à deux fois par mois) les écrans numériques pour leurs loisirs suivent plus souvent que les autres une « trajectoire de non-utilisation » : respectivement 49 % et 43 % continuent à n’utiliser aucun écran numérique à cinq ans et demi lorsqu’il s’agit de la mère, 46 % et 44 % lorsqu’il s’agit du père, soit entre 13 et 17 points de plus que les enfants dont la mère (ou le père) y passe plus de d'une heure et demie par jour en moyenne pour le loisir (figure 4). De même, 42 % des enfants dont la mère (ou le père) ne regarde jamais la télévision suivent la « trajectoire de non-utilisation » numérique, contre 32 % des enfants dont la mère (ou le père) y consacre plus de trois heures par jour.

Figure 4 – Trajectoire d’utilisation des écrans numériques selon le profil sociodémographique et les exemples parentaux aux deux ans de l’enfant

en %
Figure 4 – Trajectoire d’utilisation des écrans numériques selon le profil sociodémographique et les exemples parentaux aux deux ans de l’enfant (en %) - Lecture : 46 % des enfants qui sont aînés de leur fratrie suivent une trajectoire de non-utilisation des écrans, contre 38 % des enfants en moyenne.
Non-utilisation Découverte à pente douce Découverte à pente modérée Découverte à pente raide Intensification de l’utilisation Baisse de l’utilisation Ensemble
Sexe de l’enfant
Garçon 38 4 14 16 17 11 100
Fille 37 4 16 15 16 11 100
Rang dans la fratrie
Aîné 46 3 11 11 12 17 100
Cadet 36 4 17 18 17 8 100
Enfant unique 39 4 12 13 18 15 100
Diplôme le plus élevé de la mère
Aucun diplôme 34 2 14 24 18 9 100
CAP, BEP 40 3 14 20 16 8 100
Baccalauréat 37 3 14 19 17 11 100
Bac+2 37 5 16 15 15 12 100
Supérieur à bac+2 39 6 15 10 18 13 100
Mère à temps partiel
Oui 38 4 17 16 15 10 100
Non 38 5 14 14 18 12 100
Classe sociale¹
Supérieure (fraction économique) 33 5 13 11 22 15 100
Supérieure (fraction intellectuelle) 40 7 16 10 17 10 100
Moyenne 39 4 16 16 15 10 100
Populaire (fraction qualifiée) 37 2 16 19 16 10 100
Populaire (fraction non qualifiée) 38 3 10 22 16 11 100
Durée d’utilisation des écrans numériques pour le loisir par la mère
Jamais ou presque 49 7 13 12 12 7 100
1 ou 2 fois par mois 43 5 14 17 14 8 100
Moins de 1h par jour 39 5 16 13 15 12 100
Entre 1h et 1h30 par jour 37 3 17 16 16 11 100
Plus de 1h30 par jour 32 3 13 20 21 11 100
Durée d’utilisation des écrans numériques pour le loisir par le père
Jamais ou presque 46 3 17 18 11 7 100
1 ou 2 fois par mois 44 4 18 17 9 8 100
Moins de 1h par jour 40 6 15 14 16 10 100
Entre 1h et 1h30 par jour 38 5 16 13 17 11 100
Plus de 1h30 par jour 33 3 13 18 19 14 100
Temps passé par la mère à regarder la télévision
Jamais ou presque 42 5 14 15 14 11 100
Moins de 1h par jour 39 5 15 14 17 10 100
Entre 1h et 1h30 par jour 40 4 16 14 14 12 100
Entre 1h30 et 2h par jour 37 4 14 14 17 13 100
Entre 2h et 3h par jour 35 3 15 18 19 10 100
Plus de 3h par jour 32 3 13 23 20 8 100
Temps passé par le père à regarder la télévision
Jamais ou presque 42 4 18 16 12 8 100
Moins de 1h par jour 38 5 15 14 16 12 100
Entre 1h et 1h30 par jour 38 5 14 13 20 10 100
Entre 1h30 et 2h par jour 38 3 15 14 17 12 100
Entre 2h et 3h par jour 36 4 13 19 16 13 100
Plus de 3h par jour 32 4 15 19 19 11 100
Au un an de l’enfant, la mère regarde la télévision ou un autre écran avec lui
Rarement ou jamais 44 5 16 12 13 10 100
De temps en temps 33 4 15 17 20 12 100
Souvent 30 2 12 23 21 12 100
Au un an de l’enfant, le père regarde la télévision ou un autre écran avec lui
Rarement ou jamais 43 6 16 12 13 10 100
De temps en temps 35 3 15 17 19 11 100
Souvent 32 2 12 21 20 13 100
Ensemble 38 4 15 16 16 11 100
  • 1 Cinq sont définies à partir des professions et catégories socioprofessionnelles des parents.
  • Lecture : 46 % des enfants qui sont aînés de leur fratrie suivent une trajectoire de non-utilisation des écrans, contre 38 % des enfants en moyenne.
  • Champ : France métropolitaine, enfants nés en 2011.
  • Source : Ined-Inserm, étude longitudinale française depuis l’enfance (Elfe) ; calculs Deps-doc, ministère de la Culture.

Cette reproduction des exemples parentaux se retrouve également dans les situations de forte utilisation des écrans : 21 % des enfants dont la mère (19 % pour le père) passe plus de 1h30 par jour devant les écrans numériques pour le loisir suivent une « trajectoire d’intensification » du temps passé devant les écrans, contre 12 % des enfants dont la mère (11 % le père) n’utilise jamais d’ordinateur, de tablette ou de smartphone pour le loisir. De même, les enfants dont la mère (ou le père) est une forte consommatrice de télévision empruntent 1,5 fois plus souvent cette trajectoire que ceux dont la mère (ou le père) ne regarde jamais ou presque la télévision (respectivement 20 % contre 14 % et 19 % contre 12 %). Les enfants dont la mère consacre beaucoup de temps aux écrans numériques ou à la télévision suivent aussi plus souvent une « trajectoire de découverte à pente raide » (8 points de plus que ceux dont la mère n’utilise jamais ou presque d’écrans), mais ce n’est pas le cas avec l’exemple paternel.

L’importance de « faire avec » les parents

Les trajectoires dépendent également de la manière dont les parents ont initié leur enfant aux écrans. Les enfants dont la mère (ou le père) ne regardait que rarement ou jamais la télévision ou un autre écran avec eux quand ils avaient un an restent un peu plus souvent que les autres à distance des écrans à cinq ans et demi (44 % et 43 %, contre 38 % en moyenne) et connaissent davantage une « trajectoire de découverte à pente douce » (5 % et 6 %, contre 4 %). Le poids de cette socialisation précoce se donne surtout à voir dans les trajectoires de forte hausse d’utilisation d’écrans numériques. Par rapport aux enfants qui ne regardaient que rarement ou jamais un écran avec leurs parents lorsqu’ils avaient un an, ceux qui en regardaient souvent suivent nettement plus fréquemment une « trajectoire de découverte à pente raide » (23 % et 21 % des enfants qui en regardaient souvent avec respectivement leur mère ou leur père, contre 12 % parmi les autres) ou une « trajectoire d’intensification d’utilisation des écrans numériques » (21 % et 20 % contre 13 %).

Ces résultats de l’enquête Elfe font écho à d’autres recherches concernant les processus de socialisation à la culture des adolescents [Ouvrir dans un nouvel ongletOctobre et al., 2010] : si l’apprentissage par l’exemple joue un rôle majeur dans le rapport aux écrans des enfants et dans l’évolution du temps passé devant l’ordinateur, la tablette et le smartphone, l’initiation culturelle, et plus précisément le fait de regarder la télévision ou un autre écran avec eux, contribue également à la formation précoce de leurs goûts pour ces pratiques.

Les trajectoires de découverte à pente raide plus répandues dans les milieux non‑diplômés, celles à pente douce dans les milieux diplômés

Au‑delà des exemples parentaux, le contexte social et culturel dans lequel vivent les enfants intervient sur la manière dont leur utilisation d’écrans numériques évolue durant les six premières années de la vie. Les enfants dont la mère n’a aucun diplôme empruntent bien plus souvent une « trajectoire de découverte à pente raide » que ceux dont la mère a un diplôme de niveau supérieur à bac+2 (24 % contre 10 %). À l’inverse, ils suivent moins fréquemment que ces derniers une « trajectoire de découverte à pente douce » (2 % contre 6 %) ou de « baisse d’utilisation » des écrans numériques (9 % contre 13 %). En d’autres termes, plus le niveau de diplôme de la mère est élevé, plus l’utilisation des écrans par les enfants apparaît contrôlée dans le cadre familial. Les écarts d’utilisation des écrans selon le niveau de diplôme du père sont en revanche moins importants.

Les enfants des milieux économiquement favorisés, plus enclins à intensifier ou à diminuer leur utilisation d’écrans numériques

Les enfants des suivent deux fois plus souvent que les enfants des une « trajectoire de découverte à pente raide » (respectivement 22 % et 19 %, contre 10 % et 11 %), et inversement deux fois moins souvent une « trajectoire de découverte à pente douce » (). Toutefois, tous les enfants des classes populaires n’empruntent pas les mêmes trajectoires : les enfants de la fraction qualifiée sont également bien plus enclins à suivre une « trajectoire de découverte à pente modérée » que ceux de la fraction non qualifiée (16 % contre 10 %).

Au sein des classes supérieures, les trajectoires divergent cependant selon que domine le capital économique ou culturel. Les enfants de la fraction intellectuelle des classes supérieures sont plus enclins à maintenir leur distance aux écrans (40 %) ou à s’engager dans une « trajectoire de découverte à pente douce » (7 %) que ceux de la fraction économique (respectivement 33 % et 5 %). Ces derniers se distinguent quant à eux par une consommation des écrans numériques déjà présente à deux ans, et donc par une surreprésentation dans les trajectoires d’intensification (22 %, contre 17 % dans la fraction intellectuelle) et de baisse du temps consacré aux écrans (15 % contre 10 %). Par ailleurs, au sein de la fraction économique des classes supérieures, les enfants dont la mère est plus diplômée . Dans ces familles davantage dotées en ressources culturelles, l’entrée à l’école de l’enfant s’accompagnerait ainsi d’une réorientation des stratégies éducatives en ce qui concerne les écrans, le contrôle des pratiques enfantines devenant plus fort, favorisant une baisse du temps alloué aux écrans qui était initialement très élevé.

Un effet d’entrainement dans les fratries pour les cadets et les cadettes

Les cadets ou cadettes sont plus enclins que les aînés et les enfants uniques à s’inscrire dans une « trajectoire de découverte à pente modérée » (17 %, contre respectivement 11 % et 12 %) ou « raide » (18 %, contre respectivement 11 % et 13 %). Ils paraissent bénéficier d’un effet d’entraînement, leurs grands frères et grandes sœurs les initiant à l’ordinateur ou à la tablette.

À l’inverse, les aînés sont plus souvent maintenus à distance des écrans numériques que leurs cadets, et même que les enfants uniques (46 %, contre 36 % et 39 %). Leurs frères et sœurs étant trop jeunes pour être initiés aux pratiques numériques, ils en sont eux-mêmes écartés, notamment lorsque celles-ci sont fortement encadrées par les parents. De nombreux travaux ont souligné que les comportements, pratiques et attitudes des aînés étaient plus encadrés et plus suivis par les parents que ceux des cadets. Cette plus grande attention aux premiers nés, liée à une plus grande disponibilité, s’accompagne d’un investissement parental plus grand qui favorise, d’une part, le suivi des recommandations institutionnelles, et, d’autre part, le développement des compétences cognitives et sociales [Ouvrir dans un nouvel ongletConley, 2000 ; Ouvrir dans un nouvel ongletPrice, 2008].

Enfin, les enfants uniques semblent emprunter un peu plus souvent que les autres enfants une « trajectoire d’intensification d’utilisation des écrans numériques » (18 % contre 16 % en moyenne). Cette tendance à l’augmentation du temps passé devant l’ordinateur ou la tablette peut trouver son origine dans la nécessité d’occuper l’enfant pendant que les parents (notamment la mère) s’occupent de préparer le repas ou d’effectuer les autres tâches du travail domestique ou de soin.

L’évolution des pratiques d’utilisation des écrans numériques est principalement liée aux exemples parentaux

Les logiques de socialisation au numérique sont relativement indépendantes des logiques de socialisation télévisuelle. En effet, une analyse en montre que, à milieu social et consommation numérique des parents identiques, les exemples parentaux en matière d’utilisation de la télévision n’influencent pas les trajectoires d’utilisation des écrans numériques des enfants, contrairement aux exemples parentaux concernant l’utilisation des écrans numériques.

En revanche, c’est la socialisation précoce et l’initiation parentale qui pèsent le plus sur les trajectoires numériques des enfants. En effet, une durée élevée d'utilisation des écrans par les parents augmente très fortement la probabilité que les enfants soient exposés aux écrans dès 2 ans, ainsi que celle d'emprunter les trajectoires d'intensification de l'utilisation et de baisse, dans la mesure où elles sont principalement associées à cette consommation précoce.

Les deux parents ont parfois une influence différenciée : une durée d’utilisation plus élevée de la mère augmente la probabilité d’une trajectoire de découverte avec une pente modérée à raide, quand la durée d’utilisation du père n’a pas d’impact significatif sur les trajectoires de découverte.

Source

Cette étude s’appuie sur les données de l’étude longitudinale française depuis l’enfance (Elfe), réalisée par l’Ined et l’Inserm. Les enfants de la cohorte Elfe sont suivis dès la naissance et ont été sélectionnés après accord de leurs parents, selon leur date et leur maternité de naissance. Pour obtenir une représentativité de la démographie des naissances, le processus de choix a été le suivant : quatre périodes de l’année 2011 ont été sélectionnées pour représenter chaque saison (du 1er avril au 4 avril, du 27 juin au 4 juillet, du 27 septembre au 4 octobre et enfin du 28 novembre au 5 décembre) et tous les enfants nés pendant ces périodes dans l’une des maternités métropolitaines associées à Elfe ont pu participer à l’étude. Ont été exclus les enfants nés avant 33 semaines d’aménorrhée, les naissances multiples de plus de deux enfants, les enfants nés de parents mineurs ou n’étant pas en mesure de donner un consentement éclairé, les enfants dont les familles ne résident pas en France métropolitaine ou ayant prévu de déménager dans les 3 ans hors de France métropolitaine. La sélection des maternités est issue d’un tirage aléatoire stratifié en France métropolitaine, proportionnelle à la taille des maternités (en fonction du statut juridique, du niveau et de la région des maternités) : au total, 349 maternités ont été retenues sur les 544 existant au moment du démarrage de l’enquête. L’enquête est réalisée en français, arabe, turc ou anglais, langues qui sont le plus souvent parlées par les mères étrangères accouchant en France. Les données sont collectées à plusieurs reprises au cours de la vie de l’enfant.

Les résultats présentés dans cette étude utilisent un échantillon de 9 798 enfants dont les référents ont répondu entièrement aux trois vagues d’enquêtes à deux ans, trois ans et demi et cinq ans et demi. Les données sont pondérées longitudinalement (pondération calculée par l’équipe Elfe).

Définitions

Les durées d’utilisation des écrans (ordinateurs ou tablettes) des enfants sont mesurées pour chacune des vagues à partir de quatre questions posées successivement pour les tablettes et les ordinateurs (soit huit questions au total). Les parents indiquent d’abord si une ou plusieurs personnes du foyer utilisent une tablette/un ordinateur à la maison. À l’affirmative, ils précisent si l’enfant l’utilise, puis indiquent combien de temps (en heures et en minutes) celui-ci passe devant ces différents écrans les jours de semaine et pendant le week-end. Dans cette étude, la durée d’utilisation correspond à la somme des deux types d’écrans sur toute la semaine, week-end compris. La durée d’utilisation des écrans numériques est considérée comme « faible » lorsqu’elle ne dépasse pas 10 minutes, « moyenne » entre 10 et 30 minutes, « élevée » entre 30 et 60 minutes et « très élevée » pour plus de 60 minutes par jour.

Les six trajectoires d’utilisation des écrans (ordinateur ou tablette) se fondent sur la comparaison des durées d’utilisation des écrans des enfants à deux ans et à cinq ans et demi.

Les durées d’utilisation des écrans des pères et des mères pour le loisir, issues de l’enquête à deux ans, proviennent de trois questions posées aux mères et aux pères (soit six au total). Ceux-ci indiquent leur fréquence d’utilisation d’un ordinateur/une tablette/un smartphone pour leurs loisirs au cours des 12 derniers mois (tous les jours ou presque, 1 à 2 fois par semaine, 1 à 2 fois par mois, jamais ou presque jamais). Ils précisent ensuite le temps (en heures et en minutes) consacré à ces différents écrans, en semaine et le week-end. Les durées d’utilisation correspondent ici à la somme des durées des trois types d’écrans sur une semaine entière.

La classe sociale est définie à partir des professions et catégories socioprofessionnelles des parents (ou beaux-parents). Cinq classes sont retenues [Ouvrir dans un nouvel ongletBurnod, Chenu, 2001] :

  • la fraction économique des classes supérieures : chefs d’entreprise, professions libérales, cadres administratifs, techniques et commerciaux d’entreprise ;
  • la fraction intellectuelle des classes supérieures : professeurs et professions scientifiques, professions de l’information, des arts et des spectacles, cadres de la fonction publique ;
  • les classes moyennes : professions intermédiaires de la santé, de l’éducation, administratives (secrétaire de direction) et commerciales (conseillers commerciaux), techniciens, artisans et commerçants, agriculteurs sur grande exploitation ;
  • la fraction qualifiée des classes populaires : employés qualifiés (employés administratifs d’entreprise ou de la fonction publique, aides-soignants, policiers et militaires), ouvriers qualifiés, agriculteurs de petite et moyenne exploitation ;
  • la fraction non qualifiée des classes populaires : employés non qualifiés (agents de service de la fonction publique, employés de commerce, agents de sécurité, personnels des services directs aux particuliers), ouvriers non qualifiés dont ouvriers agricoles.

La classe sociale retenue pour l’enfant est celle du parent ou la plus élevée des deux parents (ou beaux-parents) vivant sous le même toit.

La régression logistique multinomiale, appelée également polytomique, est une extension de la régression logistique aux variables qualitatives à trois modalités ou plus. De tels modèles permettent de mesurer l’importance des différents facteurs (rang dans la fratrie, diplôme de la mère, pratiques parentales d’utilisation des écrans, etc.) sur les trajectoires d’utilisation des écrans des jeunes enfants.

Berthomier N., Octobre S., « Ouvrir dans un nouvel ongletEnfants et écrans de 0 à 2 ans à travers le suivi de la cohorte Elfe », Culture Études n° 2019-1, septembre 2019a.

Berthomier N., Octobre S., « Ouvrir dans un nouvel ongletPrimo-socialisation culturelle par les climats familiaux », Culture Études n° 2019-2, septembre 2019b.

Bourdieu P., Ouvrir dans un nouvel onglet La distinction. Critique sociale du jugement , Éditions de Minuit, 1979.

Burnod G., Chenu A., « Ouvrir dans un nouvel ongletEmployés qualifiés et non qualifiés : une proposition d’aménagement de la nomenclature des PCS », Travail et Emploi n° 86, Dares, avril 2001.

Conley D., “Ouvrir dans un nouvel ongletSibship sex composition: effects on educational attainment”, Social Science Research n° 29(3), 2000.

Martin C., Ouvrir dans un nouvel onglet « Être un bon parent », une injonction contemporaine , Presses de l’EHESP, 2014.

Mauco O., « Ouvrir dans un nouvel ongletChapitre 5. La condamnation morale des jeux vidéo comme best-sellers politiques », in Huerre P. éd., Faut-il avoir peur des écrans ?, Doin, 2013.

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Tisseron S., 3-6-9-12. Ouvrir dans un nouvel onglet Apprivoiser les écrans et grandir , Érès, 2018.

Il n’est pas possible d’intégrer systématiquement le smartphone à cette analyse, car l’enquête ne fournit pas d’information sur son utilisation (comme écran ou pour téléphoner) aux trois âges considérés. Cette information est néanmoins disponible à cinq ans et demi, ce qui permet de vérifier les éventuelles porosités entre écrans.

La trajectoire de découverte à pente douce intègre également les trajectoires « stables » de faible utilisation (1 % des enfants) en raison du peu de temps passé sur les écrans à deux ans (4 minutes en moyenne). Ces enfants conservent sur la période une durée moyenne d’utilisation inférieure à 10 minutes par jour, passant à 7 minutes à cinq ans et demi.

Les enfants qui ont eu une trajectoire « stable » d’utilisation moyenne (2 %) ou très élevée (2 %) sont classés dans la trajectoire d’intensification de consommation d’écrans numériques, dans la mesure où leur durée d’utilisation augmente avec l’âge : pour les premiers, d’une durée moyenne de 19 minutes à deux ans à 21 minutes à cinq ans et demi ; pour les seconds, de 66 minutes à deux ans à 71 minutes à cinq ans et demi.

Comme souvent, les enfants des classes moyennes se situent dans une position intermédiaire entre les classes populaires et les classes supérieures [Ouvrir dans un nouvel ongletBerthomier, Octobre, 2019b ; Ouvrir dans un nouvel ongletBourdieu, 1979]. Ils ne suivent donc pas de trajectoire particulière, mais empruntent des traits à chacune des deux autres classes. Une analyse plus fine, faisant apparaître des fractions de classes moyennes, permettrait sans doute de souligner la diversité interne de cette catégorie.

Plus de 60 % des enfants de classes supérieures suivant une « trajectoire de baisse d’utilisation » des écrans ont une mère titulaire d’un bac+2 ou plus, contre un peu moins de 53 % des enfants de classes supérieures connaissant une « trajectoire d’intensification ».

Il n’est pas possible d’intégrer systématiquement le smartphone à cette analyse, car l’enquête ne fournit pas d’information sur son utilisation (comme écran ou pour téléphoner) aux trois âges considérés. Cette information est néanmoins disponible à cinq ans et demi, ce qui permet de vérifier les éventuelles porosités entre écrans.

La trajectoire de découverte à pente douce intègre également les trajectoires « stables » de faible utilisation (1 % des enfants) en raison du peu de temps passé sur les écrans à deux ans (4 minutes en moyenne). Ces enfants conservent sur la période une durée moyenne d’utilisation inférieure à 10 minutes par jour, passant à 7 minutes à cinq ans et demi.

Les enfants qui ont eu une trajectoire « stable » d’utilisation moyenne (2 %) ou très élevée (2 %) sont classés dans la trajectoire d’intensification de consommation d’écrans numériques, dans la mesure où leur durée d’utilisation augmente avec l’âge : pour les premiers, d’une durée moyenne de 19 minutes à deux ans à 21 minutes à cinq ans et demi ; pour les seconds, de 66 minutes à deux ans à 71 minutes à cinq ans et demi.

Comme souvent, les enfants des classes moyennes se situent dans une position intermédiaire entre les classes populaires et les classes supérieures [Ouvrir dans un nouvel ongletBerthomier, Octobre, 2019b ; Ouvrir dans un nouvel ongletBourdieu, 1979]. Ils ne suivent donc pas de trajectoire particulière, mais empruntent des traits à chacune des deux autres classes. Une analyse plus fine, faisant apparaître des fractions de classes moyennes, permettrait sans doute de souligner la diversité interne de cette catégorie.

Plus de 60 % des enfants de classes supérieures suivant une « trajectoire de baisse d’utilisation » des écrans ont une mère titulaire d’un bac+2 ou plus, contre un peu moins de 53 % des enfants de classes supérieures connaissant une « trajectoire d’intensification ».