Insee Conjoncture Guyane ·
Juin 2022 · n° 19Bilan économique 2021 - Guyane L’économie guyanaise retrouve son niveau d’avant la crise sanitaire
En 2021, l’activité économique guyanaise est bien orientée, effaçant en grande partie les reculs enregistrés en 2020. La Guyane bénéficie des effets positifs de la croissance démographique de sa population qui tire la consommation. La progression de l’emploi, pour la 5ᵉ année consécutive, reflète cette évolution. Le produit intérieur brut, avec une croissance de 3 %, illustre la résilience dont a fait preuve l’économie guyanaise pendant la crise sanitaire et qui lui permet, en 2021, de retrouver des niveaux proches de 2019.
Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2021 publiés par
l'Insee.
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Épargne-Crédit - L’activité bancaire reste soutenue Bilan économique 2021
Sebastien Aubert , David Lauret (Institut d'émission des départements d'outre-mer)
En Guyane, en 2021, l’activité bancaire continue sur une dynamique de croissance. Sans toutefois atteindre les résultats de 2020 liés aux différentes aides gouvernementales, le financement de l’économie est en augmentation. Les crédits aux entreprises, aux collectivités locales comme aux ménages reflètent les besoins d’équipement d’un territoire s’appuyant sur une forte poussée démographique. L’épargne des particuliers et des entreprises demeure à un niveau élevé.
En Guyane, en 2021, les établissements de crédit profitent de la progression des encours de crédits de la place. À fin 2021, leur produit net bancaire augmente de 6,0 %. De même, la diminution des frais généraux (– 2,8 %) participe à l’amélioration du coefficient net d’exploitation (– 2,0 pts à 36,2 %) et de la rentabilité des banques. Ainsi, leur résultat net augmente de 4,4 %, pour un coût du risque qui reste maîtrisé malgré une hausse de 4,0 %.
Le financement de l’économie en constante augmentation
L’encours sain de crédits, qui avait été porté par le recours aux Prêts Garantis par l’État (PGE) en 2020 (+10,0 %), poursuit sa progression en 2021, mais dans une moindre mesure : +7,3 % pour atteindre 4 120M€ (figure 1). Les crédits aux entreprises sont particulièrement dynamiques (+7,4 %, soit +160 M€), avec notamment une augmentation significative de 15,2 % (+126,3 M€) des crédits d’investissement.
tableauFigure 1 – Les évolutions des encours de crédits depuis 2016
Encours de crédits | Entreprises (en M€) | Ménages (en M€) | Collectivités locales (en M€) | Taux de créances douteuses (en %) |
---|---|---|---|---|
2016 | 1 557 | 1 003 | 330 | 4,6 |
2017 | 1 693 | 1 143 | 320 | 4,3 |
2018 | 1 792 | 1 212 | 308 | 4,2 |
2019 | 1 853 | 1 313 | 297 | 3,9 |
2020 | 2 169 | 1 387 | 284 | 3,4 |
2021 | 2 329 | 1 474 | 317 | 2,5 |
- Source : IEDOM
graphiqueFigure 1 – Les évolutions des encours de crédits depuis 2016
Le financement des ménages progresse également sur l’année (+6,3 %, soit +87,2 M€), comme celui des collectivités locales (+11,7 %), pour lesquelles un apurement des créances douteuses est constaté en 2021. Le taux de créances douteuses qui atteignait 3,9 % à fin 2019, s’établit désormais à 2,5 % à fin 2021.
Accroissement de la collecte des dépôts
Après la nette hausse de la collecte (+20,5 % ; +432,4 M€) liée à l’épargne « forcée » de 2020, les actifs des agents économiques continuent à augmenter de 5,7 % en 2021 (+144,7 M€). Les dépôts à vue sont à nouveau le moteur de cette augmentation (+6,0 % ; +93,2 M€) (figure 2).
tableauFigure 2 – Les évolutions des dépots depuis 2016
Encours de dépôts | Entreprises | Ménages |
---|---|---|
2016 | 463 | 1133 |
2017 | 607 | 1201 |
2018 | 650 | 1237 |
2019 | 639 | 1297 |
2020 | 869 | 1477 |
2021 | 887 | 1574 |
- Source : IEDOM
graphiqueFigure 2 – Les évolutions des dépots depuis 2016
La trésorerie des entreprises s’établit à un niveau élevé à 887,2 M€ (+2,1 %), après le bond historique de 2020. La reprise de l’activité, mais aussi les mesures de soutien à l’économie en sont les principales explications. La collecte de l’épargne des ménages reste dynamique (+6,6 % ; +96,9 M€), à 1 574 M€, en dépit de la grande difficulté à épargner pour une part importante des ménages guyanais, la moitié de la population ayant un niveau de vie considéré comme faible (moins de 1 010€ par mois).
Ce dynamisme est vraisemblablement porté par les ménages aux revenus les plus élevés, dans une société nettement plus inégalitaire qu’en métropole (figure 3). L’indice de Gini, qui mesure la disparité de distribution des revenus dans une société, est particulièrement élevé en Guyane (0,429) par rapport à la France métropolitaine (0,270), signe d’inégalités plus marquées.
tableauFigure 3 – Disparité des revenus en Guyane et en Guadeloupe
Guyane | Guadeloupe | France métropolitaine | |
---|---|---|---|
Niveau de vie moyen | 1 340 | 1 580 | 1 890 |
Niveau de vie médian | 920 | 1 310 | 1 700 |
1ᵉʳ décile (D1) | 360 | 600 | 900 |
9ᵉ décile (D9) | 2 810 | 2 940 | 3 010 |
Rapport interdécile (D9/D1) | 7,8 | 4,9 | 3,3 |
S20 (en %) | 4,4 | 6,9 | 9 |
S50 (en %) | 20,2 | 26,5 | 31,6 |
S80 (en %) | 52,7 | 59,1 | 63,8 |
S90 (en %) | 70,5 | 75,5 | 78,1 |
(100-S80)/S20 | 10,7 | 5,9 | 4 |
Indice de Gini | 0,429 | 0,341 | 0,27 |
- Note : Les montants sont exprimés en euros par mois et par UC.
- Lecture : En 2017, les 20 % de personnes les plus modestes disposent de 4,4 % de la somme totale des niveaux de vie (S20), les 20 % les plus aisées de 47,3 % (complément à 100 de S80).
- Champ : Personnes vivant dans un ménage dont le revenu disponible est positif ou nul.
- Source : Insee, enquête Budget de famille 2017.