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Insee Conjoncture Martinique · Juillet 2021 · n° 14
Insee Conjoncture MartiniqueBilan économique 2020 - Martinique

En 2020, l’économie de la Martinique est marquée comme les autres régions françaises par les impacts de la pandémie mondiale : son PIB devrait subir une chute de -3 % sur l’année, suite  au confinement du printemps. Ce ralentissement arrive sur une économie déjà marquée par une croissance faible depuis 2015. Pour autant, l’impact des restrictions mises en place pour freiner la circulation de la Covid 19 est amorti, d’abord par le poids important du secteur non marchand et celui des administrations publiques dans l’île et ensuite par l’utilisation des différents dispositifs d’aides mis en place par le gouvernement. Ainsi, le recul de l’emploi est relativement faible tandis que la création d’entreprises reste à un niveau élevé tout comme l’activité de construction. En revanche, le tourisme, secteur en croissance et prometteur pour les acteurs économiques martiniquais, subit de plein fouet les effets de la pandémie : il est en recul, d’une manière générale, de moitié. Seul signe encourageant durant cette année particulière, l’épargne des ménages comme celle des entreprises est en hausse, sans pour autant soutenir la consommation.

Insee Conjoncture Martinique
No 14
Paru le :Paru le08/07/2021

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2020 publiés par l'Insee.
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Agriculture - Pandémie et sécheresse impactent l’agriculture Bilan économique 2020

Hervé Lefaix (Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt de Martinique)

Malgré la pandémie, la production agricole et la chaîne d’approvisionnement des marchés alimentaires ont dû s’adapter très rapidement pour continuer à approvisionner les consommateurs. Côté météo, l’île a subi une sécheresse exceptionnelle au premier semestre et des pluies diluviennes en novembre.

Insee Conjoncture Martinique

No 14

Paru le :08/07/2021

Banane : recul de la production

Avec seulement 132 000 tonnes de bananes mises sur le marché en 2020, la production commercialisée recule de 14,4 % par rapport à 2019, en raison de la sécheresse prolongée au premier semestre. La filière ne retrouve toujours pas ses tonnages de 2014 et 2015. Malgré l’arrêt de la restauration (hors foyer) une grande partie de l’année, la demande s’est maintenue, la banane comme l’orange étant considérée comme un fruit « refuge » par les consommateurs. Cependant la mise en place des règles sanitaires a généré une hausse des coûts de production due aux mesures de protection sanitaire des salariés et à la hausse des coûts de transport notamment. De plus, avec une augmentation mondiale de la production de bananes plus forte que celle de la consommation, un record de baisse des prix d’achat est une nouvelle fois battu en novembre 2020 à seulement 11,7 €/carton (baromètre UE Cirad). Et ce, malgré une demande croissante des consommateurs en termes de qualité (commerce équitable, 0 pesticide, bilan carbone, AB, etc.) générant des coûts de production toujours en hausse.

Canne : une bonne récolte 2020

Les pluies en fin d’année 2019 puis le soleil au moment de la récolte, ont favorisé les rendements et le taux de sucre de 12,6 se situe au-dessus de la moyenne décennale. En 2020, les 206 600 tonnes de cannes broyées ont permis la production de 1 200 tonnes de sucre roux et 111 000 hectolitres équivalent alcool pur (HAP) de rhum. Les livraisons de cannes broyées aux sucreries et distilleries augmentent (respectivement 67,6 % et 22,1 %). La persistance de la sécheresse a ensuite fortement impacté la repousse après récolte d’où la moindre disponibilité de plants pour les replantations de parcelles. Parallèlement, l’enherbement accru des parcelles s’avère de plus en plus difficile à maîtriser du fait de la limitation des herbicides disponibles. Ce contexte pourrait sérieusement impacter les tonnages récoltés en 2021.

Baisse de la commercialisation des légumes et tubercules

En 2020, la quantité commercialisée de fruits, légumes et tubercules recule de 20,7 %, par rapport à 2019. La sécheresse qui a sévi de façon très intensive de mars à juin a durement impacté la filière. Irrigation et arrosage souvent en défaut d’approvisionnement n’ont pas permis de sauver une partie des cultures en place ou de pouvoir replanter, d’où des ruptures d’approvisionnement de certains produits frais en fin de premier semestre.

De plus le confinement complet dès la mi-mars a complètement désorganisé les circuits de distribution habituels des produits frais en fermant marchés et stands de vente directe. Certains opérateurs ont dû organiser des opérations ponctuelles de vente directe sur des parkings pour écouler des produits récoltés. Faute de main d’œuvre mobilisable pour la récolte et devant la rupture du fret aérien, les producteurs de melon du sud de l’île n’ont pu récolter certaines parcelles et ont dû organiser également des opérations de vente sur place.

Des coûts de production en hausse face à une production animale en baisse

Comme lors de la sécheresse de 2019, celle de 2020 est à l’origine d’une chute importante de la production fourragère durant près de six mois. Les éleveurs de ruminants (bovins-ovins-caprins) ont dû acheter plus de fourrage et d’aliments auprès des fournisseurs pour compenser la perte de production des pâturages. Certains éleveurs ont vendu des animaux de façon anticipée d’où des poids et prix de vente plus faibles. Malgré ces initiatives, les élevages ont subi des pertes d’animaux et une baisse des naissances contribuant également à une augmentation globale des coûts de production. Il en résulte, en 2020, une baisse de 3 % de la production animale par rapport à 2019.

Au niveau des abattoirs, la production de bovins augmente (+ 2,2 % par rapport à 2019). Le niveau de production de volailles baisse (- 1,9 %), ainsi quela production des porcins (- 8,1 %), confirmée au niveau du cheptel porcin en élevage.

L’importation de viande est globalement en légère baisse (- 1,0 % par rapport à 2019). Seule l’importation de viande de porc est en hausse de 2,4 %, en lien avec un prix de vente de détail nettement plus faible que la viande de porc locale.

Figure 1Chiffres clés de l’agricultureÉvolution des principales productions agricoles entre 2019 et 2020

Chiffres clés de l’agriculture
2020 2019 Variation 2020/2019 (en %)
Production commercialisée de bananes (en tonne) 132 206 154 362 -14,4
Cannes broyées (en tonne) 206 654 160 613 28,7
dont Sucreries 38 708 23 100 67,6
Distilleries 167 946 137 513 22,1
Fruits, Légumes et Tubercules 6 409 8 082 -20,7
Production animale (en tonne) 3 588 3 699 -3,0
dont Volailles 1 590 1 620 -1,9
dont Porcins 1 132 1 232 -8,1
dont Bovins 866 847 2,2
  • Source : DAAF – CTCS – Abattoir BôKaïl – SAGR – Régie de l’abattoir.

Figure 2Canne : des tonnages encore insuffisants pour satisfaire la demandeÉvolution des tonnages de cannes commercialisées

en tonnes
Canne : des tonnages encore insuffisants pour satisfaire la demande (en tonnes)
Année Sucrerie Distilleries Total cannes broyées
2010 70 288 131 940 202 228
2011 68 994 137 677 206 671
2012 47 368 127 937 175 305
2013 42 872 135 050 177 922
2014 39 665 127 218 166 883
2015 46 605 160 902 207 507
2016 49 081 176 870 225 951
2017 39 123 169 126 208 249
2018 31 756 174 640 206 396
2019 23 100 137 513 160 613
2020 38 708 167 946 206 654
  • Source : CTCS.

Figure 2Canne : des tonnages encore insuffisants pour satisfaire la demandeÉvolution des tonnages de cannes commercialisées

  • Source : CTCS.

Figure 3Les exportations de bananes diminuentÉvolution de la production de bananes entre 2019 et 2020 et du prix payé au producteur

en tonne et en €/kg
Les exportations de bananes diminuent (en tonne et en €/kg)
2020 2019 Variation2020/2019 (en %)
Exportations (tonne) 129 202 150 900 -14,4
Marché local (tonne) 3 004 3 462 -13,2
Production commercialisée (en tonne) 132 206 154 362 -14,4
Prix moyen payé au producteur (€/Kg) 0,68 0,62 9,7
Prix moyen local (€/Kg) 0,44 0,45 -2,2
  • Source : DAAF - Banamart.

Figure 4Les prix de la banane à nouveau en baisseÉvolution mensuelle du prix moyen d'achat au kg

en euros
Les prix de la banane à nouveau en baisse (en euros)
Mois 2019 2020
Janvier 0,67 0,72
Février 0,73 0,72
Mars 0,79 0,72
Avril 0,76 0,73
Mai 0,71 0,67
Juin 0,71 0,63
Juillet 0,66 0,65
Août 0,65 0,69
Septembre 0,69 0,69
Octobre 0,75 0,68
Novembre 0,72 0,67
Décembre 0,78 0,58
  • Source : CIRAD – Banamart.

Figure 4Les prix de la banane à nouveau en baisseÉvolution mensuelle du prix moyen d'achat au kg

  • Source : CIRAD – Banamart.

Figure 5La production de viande de porc diminue

en tonnage
La production de viande de porc diminue (en tonnage)
Productions animales 2019 2020
Volailles 1 620 1 590
Porcins 1 232 1 132
Bovins 847 866
  • Sources : DAAF - abattoir BôKaïl – SAGR – Régie de l’abattoir.

Figure 5La production de viande de porc diminue

  • Sources : DAAF - abattoir BôKaïl – SAGR – Régie de l’abattoir.

Figure 6Les livraisons de fruits et légumes fortement impactées Évolution en tonnes de la commercialisation de fruits, légumes et tubercules par les organisations de producteurs

en tonne
Les livraisons de fruits et légumes fortement impactées (en tonne)
2020* 2019 Évolution annuelle 2020/2019 (en %)
Fruits 3 430 3 063 12,0
Légumes 2 805 4 613 -39,2
Tubercules 174 406 -57,1
Total 6 409 8 082 -20,7
  • *chiffres provisoires en 2020
  • Source : DAAF.
Publication rédigée par :Hervé Lefaix (Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt de Martinique)

Sources

Comment les données relatives à la production agricole sont-elles recueillies ?

Les données relatives à la canne et à la banane sont recueillies auprès du Service Agriculture et Forêt de la DAAF, qui instruit les demandes d'aides relatives à ces filières. Les chiffres concernant la canne sont en général connus dès le mois de juin de l'année en cours, la campagne "banane" se poursuivant jusqu'à la fin de l'année.

Pour les autres fruits et légumes, les données concernant le 2ᵉ semestre nous sont fournies en général à la mi-février N+1, et peuvent faire l'objet d'ajustements ultérieurs.

Pour les productions animales, le SISEP recueille les données des différents abattoirs mois par mois.

L'ensemble de ces données sert par ailleurs à l'établissement de la Statistique Agricole Annuelle qui comporte une édition dite "provisoire" au début de l'année N+1 et une édition dite "définitive" au second semestre.

Le bilan économique de l'Insee est rédigé en début d'année, certaines données sont susceptibles d'évoluer, le Recensement général Agricole en cours (RA2020) permettra début 2022 de « rebaser » ces données pour les années à venir.