Insee Conjoncture NormandieBilan économique 2018 - Normandie

La Normandie poursuit sa reprise sur une pente douce

Dans un contexte de ralentissement de la croissance française, l’économie normande s’est bien comportée en 2018. Quel que soit le secteur d’activité (industrie, services ou BTP), le chiffre d’affaires des entreprises progresse, à un rythme toutefois modéré par rapport à 2017. Le commerce extérieur constitue pourtant un point noir. La remontée du prix du pétrole est en grande partie responsable de la détérioration du déficit commercial normand, qui dépasse 9 milliards en 2018.

En lien avec la croissance modérée de l’économie, l’emploi normand progresse. En 2018, notre région gagne près de 3 000 emplois (+ 0,3 % par rapport à 2017) ; cette hausse reste toutefois deux fois moins vive que celle observée en France (+ 0,6 %). Les effectifs de la quasi-totalité des grands secteurs d’activité augmentent, c’est le cas de l’agriculture (+ 1,2 %), l’industrie (+ 0,4 %), la construction (+ 0,7 %) et le tertiaire marchand (+ 0,6 %). Seule la dynamique du tertiaire non marchand reste négative avec une baisse significative de 1,6 %. Les tendances normandes sont les mêmes qu’au niveau national, avec une pente généralement moins favorable. À cet égard, l’industrie fait figure d’exception, l’augmentation normande s’avérant légèrement supérieure à celle de la France. En nombre, c’est le tertiaire marchand qui apporte la plus forte contribution à la hausse des effectifs normands avec un solde positif de 3 200 salariés.

À la fin de l’année 2018, le taux de chômage s’établit en Normandie à 8,7 %. Concomitamment à la hausse de l’emploi, la baisse du chômage s’est donc poursuivie en 2018 (- 0,2 %), à un rythme cependant beaucoup moins soutenu qu’en 2017 (- 1,1 %). Le taux de chômage régional atteint là son niveau le plus bas depuis une dizaine d’années. L’amélioration du marché du travail profite en premier lieu aux jeunes de moins de 25 ans et aux hommes. Au contraire, les femmes ne profitent que peu de cette embellie et les demandeurs d’emploi de plus de 50 ans sont en légère augmentation. De même, la part des personnes inscrites à Pôle emploi depuis plus d’un an ne cesse de croître, cette situation concernant aujourd’hui presque un chômeur sur deux.

Comme le marché du travail, la démographie d’entreprise montre une dynamique positive, le chiffre de plus de 22 000 entreprises créées en 2018 constituant même un record en Normandie. Mais, cette hausse spectaculaire est exclusivement portée par les entreprises individuelles et les micro-entreprises.

Insee Conjoncture Normandie
No 18
Paru le :Paru le06/06/2019
Jean-Louis Reboul, chef du Service Études et Diffusion, Insee Normandie ; Bruno Patier, Division Synthèse conjoncturelle, Insee
Insee Conjoncture Normandie No 18- Juin 2019

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2018 publiés par l'Insee.
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Synthèse régionale - Contexte national Bilan économique 2018

Jean-Louis Reboul, chef du Service Études et Diffusion, Insee Normandie ; Bruno Patier, Division Synthèse conjoncturelle, Insee

Insee Conjoncture Normandie

No 18

Paru le :06/06/2019

Synthèse régionale - La Normandie poursuit sa reprise sur une pente douce

Dans le contexte d’une économie française qui ralentit, les enquêtes réalisées par la Banque de France au niveau régional montrent que l’économie normande s’est bien comportée en 2018. Quel que soit le secteur d’activité (industrie, services ou BTP), les entreprises interrogées signalent une progression de leur chiffre d’affaires, à un rythme toutefois modéré par rapport à 2017. Le commerce extérieur constitue pourtant un point noir. La remontée du prix du pétrole, premier poste d’importation de la région, est en grande partie responsable de la détérioration du déficit commercial normand, qui dépasse 9 milliards en 2018, soit 64 % de plus que l’année précédente.

En lien avec la croissance modérée de l’économie, on observe en Normandie, pour la troisième année consécutive, une progression sur le terrain de l’emploi. En 2018, notre région gagne près de 3 000 emplois (+ 0,3 % par rapport à 2017). Cette hausse reste toutefois deux fois moins vive que celle observée en France (+ 0,6 %). Les effectifs de la quasi-totalité des grands secteurs d’activité augmentent, c’est le cas de l’agriculture, l’industrie, la construction et le tertiaire marchand. Seule la dynamique du tertiaire non marchand reste négative avec une baisse significative de 1 700 emplois, soit -1,4 %. Les tendances normandes sont les mêmes qu’au niveau national, avec une pente généralement moins favorable. À cet égard, l’industrie fait figure d’exception, l’augmentation normande s’avérant légèrement supérieure à celle de la France.

C’est le tertiaire marchand qui apporte la plus forte contribution à la hausse des effectifs normands avec un solde positif de 3 200 salariés, soit + 0,6 %. Dans ce secteur, la croissance est particulièrement marquée pour l’information/communication, l’hôtellerie/restauration et les services aux entreprises. En revanche, le travail temporaire, en augmentation continue de 2013 à 2017, marque le pas en 2018 (- 700 intérimaires par rapport à 2017). Après une dizaine d’années de baisse, les effectifs augmentent dans l’industrie en 2018. Avec un solde positif de 800 emplois (+ 0,4 %), elle retrouve son niveau de mi-2016. La chute enregistrée dans le secteur de la fabrication de biens d’équipement est plus que compensée par la hausse de ceux de l’énergie/eau/déchets/cokéfaction et de la fabrication de matériels de transport. La construction bénéficie aussi, pour la deuxième année consécutive, d’un gain d’emplois salariés (+ 500, soit + 0,7 %).

Une analyse géographique plus fine fait apparaître, au regard de l’évolution de l’emploi, trois groupes de départements. Dans la Manche et le Calvados les augmentations sont nettement supérieures à la moyenne régionale et même, en ce qui concerne la Manche, à la moyenne nationale. Le tertiaire marchand tire ces deux départements vers le haut, avec l’industrie pour la Manche et la construction pour le Calvados. La Seine-Maritime et l’Eure sont dans une situation atone de stabilité de l’emploi malgré la bonne tenue, dans les deux cas, de la construction. Enfin l’Orne est le seul département normand qui perd des emplois, cette décroissance se déclinant dans l’ensemble des secteurs d’activité.

À la fin de l’année 2018, le taux de chômage s’établit en Normandie à 8,7 %. Concomitamment à la hausse de l’emploi, la baisse du chômage s’est donc poursuivie en 2018 (- 0,2 %), à un rythme cependant beaucoup moins soutenu qu’en 2017 (- 1,1 %). Le taux de chômage régional atteint là son niveau le plus bas depuis une dizaine d’années. L’amélioration du marché du travail profite en premier lieu aux jeunes de moins de 25 ans et aux hommes, le stock de demandeurs d’emploi (catégories A+B+C) baissant sensiblement, de plus de 3,0 %, pour ces deux groupes. Au contraire, les femmes ne profitent que peu de cette embellie et les demandeurs d’emploi de plus de 50 ans sont en légère augmentation. De même, la part des personnes inscrites à Pôle emploi depuis plus d’un an ne cesse de croître, cette situation concernant aujourd’hui presque un chômeur sur deux.

Comme le marché du travail, la démographie d’entreprise montre une dynamique positive, le chiffre de plus de 22 000 entreprises créées en 2018 constituant même un record en Normandie. Mais, cette hausse spectaculaire est exclusivement portée par les entreprises individuelles et les micro-entreprises, les créations de sociétés affichant, quant à elles, un léger repli. Dans le même temps, le recul du nombre de défaillances se poursuit.

En 2018, l’agriculture normande est traversée par des tendances contradictoires. Les aléas météorologiques ont entraîné le recul des principales cultures régionales. Mais les prix se sont redressés, en particulier ceux des céréales et de la pomme de terre, venant contrebalancer le manque de volume. À l’inverse, les productions animales ont subi la baisse du prix de la viande. Mais la collecte laitière a progressé, limitant l’effet négatif des prix. Au total, le résultat de la branche agricole normande devrait peu évoluer par rapport à 2017.

En matière de construction, l’activité résidentielle, liée au logement des particuliers, marque le pas en 2018, le nombre de logements mis en chantier en Normandie diminuant de 2,9 %. Le nombre d’autorisations de construire, qui indique l’activité à venir, est également orienté à la baisse (- 5,1 %). La situation est beaucoup plus favorable en ce qui concerne la construction non résidentielle : en 2018 les surfaces autorisées de locaux d’activité progressent de plus de 9,0 % par rapport à l’année précédente.

Tant pour le fret de marchandises que le transport de passagers, 2018 a été une année positive. Soutenu par le dynamisme d’Haropa, le trafic de marchandises des ports normands s’est développé (+ 1,7 % par rapport à 2017), ce qui est aussi le cas du trafic fluvial de marchandises. Le nombre de passagers dans les ports et les aéroports normands est également orienté à la hausse.

L’activité touristique est au beau fixe en Normandie. La très bonne dynamique observée en 2017 s’est poursuivie en 2018. Avec une hausse de fréquentation de 5,2 % en un an, la région se classe deuxième derrière l’Île-de-France pour sa progression. Pour la clientèle française, elle occupe même la première place.

La hausse du nombre de nuitées profite aux hôtels comme aux campings, avec respectivement + 3,4 % et + 9,0 %.

Contexte national - L’économie française en ralentissement

L’activité américaine est portée par les mesures fiscales, celle de la zone euro ralentit

En 2018, l’activité aux États-Unis connaît un regain de croissance (+ 2,9 % après + 2,2 %) portée par un fort rebond des dépenses gouvernementales et par les mesures fiscales en faveur du revenu des ménages et de l’investissement des entreprises. En revanche, après un pic d’activité en 2017 (+ 2,5 %) inédit depuis 2007, la croissance en zone euro ralentit (+ 1,8 %) malgré une politique monétaire de la Banque centrale européenne toujours très accommodante. Cette baisse de régime affecte différemment la croissance des principaux pays : l’activité en Italie et en Allemagne se replie durant le second semestre 2018, l’activité française ralentit nettement tandis que l’Espagne conserve un rythme de croissance dynamique. La croissance britannique s’essouffle aussi un peu, sa demande intérieure ralentissant dans un contexte d’attentisme lié au Brexit.

L’économie française ralentit en 2018 après une année 2017 dynamique

Après avoir crû vivement en 2017 (2,3 %), le PIB français ralentit en 2018 (+ 1,7 %, figure 1). Le commerce extérieur contribue positivement à la croissance (+ 0,7 point), plus forte contribution depuis 2012. En effet les importations ralentissent davantage (+ 1,2 % après + 3,9 %) que les exportations (+ 3,6 % après + 4,7 %). Les entreprises déstockent en 2018 (contribuant pour - 0,3 point à la croissance annuelle, après + 0,2 en 2017), et la demande intérieure hors stock est freinée par la consommation des ménages (contribution de + 0,5 point à la croissance du PIB après + 0,7 point) et la demande publique (+ 0,3 point après + 0,4 point).

L’investissement des entreprises décélère mais reste robuste

L’investissement des ménages ralentit nettement en 2018 (+ 1,5 % après + 5,6 % en 2017), notamment en raison du repli des mises en chantier et de la stabilisation des transactions de logements anciens. Par ailleurs, l’investissement des entreprises ralentit tout en restant robuste (+ 2,8 % après + 4,7 % en 2017) dans un contexte de taux d’utilisation des capacités productives dans l’industrie manufacturière à son plus haut niveau depuis 10 ans (85,1 %).

Figure 1Les ralentissements de la consommation et de l'investissement freinent la croissance du PIB

Variation annuelle du PIB en %, contributions en points
Les ralentissements de la consommation et de l'investissement freinent la croissance du PIB (Variation annuelle du PIB en %, contributions en points)
Consommation privée Investissement privé Demande publique Solde du commerce extérieur Variations de stocks Croissance du PIB (%)
2014 0,4 0,2 0,2 -0,5 0,7 1,0
2015 0,8 0,4 0,1 -0,4 0,3 1,1
2016 0,9 0,6 0,4 -0,4 -0,4 1,1
2017 0,7 1,0 0,4 -0,1 0,2 2,3
2018 0,5 0,5 0,3 0,7 -0,3 1,7
  • Champ : France.
  • Source : Insee, comptes nationaux, base 2014.

Figure 1Les ralentissements de la consommation et de l'investissement freinent la croissance du PIB

  • Champ : France.
  • Source : Insee, comptes nationaux, base 2014.

Figure 2Le regain d'inflation en 2018 conduit à de moindres gains de pouvoir d'achat

Variation annuelle du pouvoir d'achat des ménages en %, contributions en points
Le regain d'inflation en 2018 conduit à de moindres gains de pouvoir d'achat (Variation annuelle du pouvoir d'achat des ménages en %, contributions en points)
Revenus d'activité Revenus nets du patrimoine Prestations sociales Prélèvements obligatoires Prix de la consommation Pouvoir d'achat des menages (%)
2014 0,9 0,2 0,9 -0,6 -0,1 1,2
2015 1,0 0,0 0,6 -0,5 -0,3 0,8
2016 1,4 0,1 0,6 -0,4 -0,2 1,6
2017 2,1 0,3 0,5 -0,8 -0,8 1,4
2018 1,8 0,8 0,8 -0,7 -1,5 1,2
  • Champ : France.
  • Source : Insee, comptes nationaux, base 2014.

Figure 2Le regain d'inflation en 2018 conduit à de moindres gains de pouvoir d'achat

  • Champ : France.
  • Source : Insee, comptes nationaux, base 2014.

Le rythme des créations d’emploi conduit à une baisse un peu moins rapide du chômage

L’emploi total progresse en glissement en fin d’année 2018 de + 164 000 après + 343 000 fin 2017 (dont + 150 000 sur le champ salarié marchand non agricole après + 323 000 en 2017). Ainsi, en moyenne annuelle, le taux de chômage poursuit un peu plus lentement son repli pour atteindre 9,1 % de la population active française, après 9,4 % en 2017 et 10,0 % en 2016 (respectivement 8,8 % au 4e trimestre 2018, 9,0 % fin 2017 et 10,0 % fin 2016).

Le pouvoir d’achat ralentit légèrement du fait de l’inflation

En moyenne annuelle, les prix à la consommation accélèrent en 2018 pour la troisième année consécutive (+ 1,8 %, après + 1,0 % en 2017), conduisant à un léger ralentissement du pouvoir d’achat des ménages : + 1,2 % après + 1,4 % en 2017 (figure 2). Le ralentissement de la masse salariale provenant de celui de l’emploi joue également dans le même sens. En revanche, le ralentissement du pouvoir d’achat est atténué par l’accélération des revenus du patrimoine, des prestations sociales en espèces et le ralentissement des prélèvements fiscaux. En outre, la chronique infra-annuelle de l’évolution du pouvoir d’achat est marquée en 2018 par plusieurs mesures nouvelles (bascule CSG-cotisations sociales, réduction de taxe d’habitation, fiscalité indirecte sur le tabac et l’énergie notamment).