Insee Conjoncture OccitanieBilan économique 2018 - Occitanie

En 2018, la croissance décélère sensiblement en France, avec une augmentation du PIB de 1,7 % en 2018 après + 2,3 % en 2017. Dans le même temps, l’emploi salarié ralentit également et progresse de 0,6 % après 1,3 %. En Occitanie, le ralentissement est un peu plus modéré, l’emploi progressant de 0,9 % après + 1,5 % en 2017. Cependant, le taux de chômage ne baisse que très faiblement et concerne 10,3 % de la population active en fin d’année. Les créations d’emplois se concentrent dans les deux départements qui abritent les métropoles de la région : les deux tiers en Haute-Garonne qui tire son épingle du jeu, en particulier grâce au dynamisme de la filière aéronautique et spatiale, et un quart dans l’Hérault où la croissance de l’emploi ralentit nettement.

Insee Conjoncture Occitanie
No 18
Paru le :Paru le06/06/2019
François Hild, Insee ; Bruno Patier, Division Synthèse conjoncturelle, Insee
Insee Conjoncture Occitanie No 18- Juin 2019

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2018 publiés par l'Insee.
Retrouvez les bilans des autres régions ici.

Consulter

Synthèse régionale - Contexte national Bilan économique 2018

François Hild, Insee ; Bruno Patier, Division Synthèse conjoncturelle, Insee

En 2018, la croissance décélère sensiblement en France, avec une augmentation du PIB de 1,7 % en 2018 après + 2,3 % en 2017. Dans le même temps, l’emploi salarié ralentit également et progresse de 0,6 % après 1,3 %. En Occitanie, le ralentissement est un peu plus modéré, l’emploi progressant de 0,9 % après + 1,5 % en 2017. Cependant, le taux de chômage ne baisse que très faiblement et concerne 10,3 % de la population active en fin d’année. Les créations d’emplois se concentrent dans les deux départements qui abritent les métropoles de la région : les deux tiers en Haute-Garonne qui tire son épingle du jeu, en particulier grâce au dynamisme de la filière aéronautique et spatiale, et un quart dans l’Hérault où la croissance de l’emploi ralentit nettement.

Insee Conjoncture Occitanie

No 18

Paru le :06/06/2019

Synthèse régionale - 2018 : l’économie régionale résiste, dans un contexte de ralentissement de la croissance

Croissance ralentie de l’emploi salarié et légère baisse du taux de chômage

En 2018, l’emploi salarié continue de progresser en Occitanie (+ 0,9 %), mais à un rythme moindre qu’en 2017 (+ 1,5 %). La hausse est supérieure à celle observée au niveau national (+ 0,6 %). En raison principalement d’une baisse du nombre d’intérimaires entre fin 2017 et fin 2018, l’emploi salarié ralentit dans tous les grands secteurs d’activité, en particulier dans la construction.

Le ralentissement de la croissance de l’emploi régional conduit à une baisse plus légère du taux de chômage cette année, de 0,2 point en Occitanie après - 1,2 point en 2017. Le taux de chômage s’établit à 10,3 % en fin d’année dans la région et reste largement supérieur à celui de France métropolitaine (8,5 %).

Le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi continue cependant d’augmenter dans la région, mais cette hausse ne concerne que les demandeurs ayant exercé une activité réduite durant le mois de référence (catégories B et C). Le nombre de demandeurs d’emploi sans activité (catégorie A) diminue légèrement en 2018.

Coup d'arrêt dans la reprise de la construction de logements

La reprise dans le secteur de la construction marque un coup d’arrêt en Occitanie comme au niveau national. Avec 46 300 logements mis en chantier, l’année 2018 s’inscrit en baisse de 9 % après une année 2017 particulièrement dynamique. Les ventes d'appartements dans le cadre de programmes neufs continuent de progresser mais celles des maisons s'écroulent.

Ces évolutions pourraient être la conséquence de la diminution des aides aux primo-accédants (prêt à taux zéro recentré sur les zones tendues et quasi-suppression des aides personnalisées au logement en accession à la propriété). La baisse des mises en chantier de logements peut aussi s'expliquer par des difficultés de recrutement de main-d’œuvre.

Pourtant, les déterminants de la construction restent plutôt bien orientés : la demande de logements reste forte en lien avec la croissance démographique régionale et les taux d'intérêt sont toujours bas. Dans ce contexte, la production de crédits à l’habitat enregistre en 2018 un repli de 12 %, qui fait cependant suite à une forte progression en 2017 (+ 20,1 %).

La filière aéronautique et spatiale maintient le cap

Les entreprises de la filière aéronautique et spatiale implantées en Occitanie profitent en 2018 de l’augmentation continue du transport aérien mondial. Grâce à des cadences toujours élevées, Airbus livre 62 appareils de plus qu’en 2017 et bat une nouvelle fois son record. Le développement de l’activité spatiale stimule aussi fortement la filière régionale, avec notamment la production de constellations de petits satellites. La société ArianeGroup, positionnée sur le marché cyclique et très concurrentiel des lanceurs, rencontre néanmoins des difficultés compte tenu du peu de commandes enregistrées pour le lanceur Ariane 6.

Confrontés aux tensions persistantes générées par les sollicitations croissantes des donneurs d’ordres et aux évolutions techniques continuelles, les responsables de la chaîne d’approvisionnement prévoient de nouveau d’augmenter leurs dépenses d’investissement et de recherche-développement.

Le dynamisme de la filière, majoritairement industrielle, contribue au maintien de la croissance de l’industrie régionale : l’emploi salarié hors intérim augmente de 1,3 % en 2018 dans ce secteur, tandis qu’il ne progresse que de 0,3 % en France.

Légère baisse de la fréquentation touristique

La fréquentation des hébergements touristiques marchands diminue légèrement en Occitanie (- 0,3 % par rapport à 2017), après trois années de hausse. Ce repli concerne à la fois l’hôtellerie de plein air et les autres hébergements collectifs touristiques. En revanche, la fréquentation progresse, faiblement, dans l’hôtellerie traditionnelle.

En France métropolitaine, les nuitées touristiques sont en hausse, notamment en Île-de-France et dans les régions du nord qui bénéficient de très bonnes conditions climatiques en 2018. L’Occitanie conserve néanmoins en 2018 la quatrième place des régions les plus touristiques de France métropolitaine après l’Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur, et la première pour l’hôtellerie de plein air.

Cette légère baisse de la fréquentation touristique en Occitanie s’accompagne d’une évolution mitigée du transport de passagers. La fréquentation des aéroports continue de croître, tandis que le trafic ferroviaire, affecté par des mouvements sociaux au printemps, repart à la baisse de façon bien plus marquée qu’en 2016.

Des volumes de production agricole globalement en baisse mais la viticulture est épargnée

Malgré l’embellie des prix sur les marchés mondiaux des céréales, les céréaliers d’Occitanie traversent une crise. Sous l’effet d’une météo défavorable, les rendements baissent de façon plus marquée qu’au niveau national. Les producteurs de blé dur d’Occitanie sont les plus affectés, avec un manque de qualité des céréales moissonnées dans un contexte de vive concurrence.

À l’inverse, la production viticole se redresse et retrouve en 2018 un niveau équivalent à la moyenne des cinq dernières années, malgré une pression exceptionnelle des maladies de la vigne (mildiou).

Davantage de créations d’entreprises et dynamisme accru des crédits alloués aux entreprises

En Occitanie comme au niveau national, le rythme des créations d’entreprises est nettement plus soutenu qu’en 2017, notamment sous l’effet du nombre d’entreprises créées sous le régime de micro-entrepreneur. Dans la région, le nombre de créations augmente dans tous les secteurs d’activité, avec des taux de croissance à deux chiffres allant de + 10 % pour la construction à + 16 % pour le commerce, les transports, l’hébergement et la restauration.

L’accès des entreprises au financement bancaire progresse de façon plus soutenue encore qu’en 2017 dans la région, malgré le ralentissement de l’activité économique. Cette accélération des crédits distribués concerne principalement les grandes entreprises.

La croissance se concentre près des métropoles

En 2018, l’Occitanie se place toujours parmi les régions les plus dynamiques de France métropolitaine, au 42ᵉ rang pour la croissance de l’emploi. Mais ce dynamisme est essentiellement tiré par les départements de la Haute-Garonne et dans une moindre mesure de l’Hérault. Ces départements, qui abritent les deux métropoles de la région, concentrent la majeure partie des créations d’emplois : deux tiers pour la Haute-Garonne, département de France métropolitaine dont le rythme de croissance est le plus élevé en 2018, et un quart pour l’Hérault, où la croissance de l’emploi ralentit nettement. L’Hérault fait partie, avec les autres départements littoraux de la région, des cinq départements métropolitains les plus touchés par le chômage.

Contexte national - L’économie française en ralentissement

L’activité américaine est portée par les mesures fiscales, celle de la zone euro ralentit

En 2018, l’activité aux États-Unis connaît un regain de croissance (+ 2,9 % après + 2,2 %) portée par un fort rebond des dépenses gouvernementales et par les mesures fiscales en faveur du revenu des ménages et de l’investissement des entreprises. En revanche, après un pic d’activité en 2017 (+ 2,5 %) inédit depuis 2007, la croissance en zone euro ralentit (+ 1,8 %) malgré une politique monétaire de la Banque centrale européenne toujours très accommodante. Cette baisse de régime affecte différemment la croissance des principaux pays : l’activité en Italie et en Allemagne se replie durant le second semestre 2018, l’activité française ralentit nettement tandis que l’Espagne conserve un rythme de croissance dynamique. La croissance britannique s’essouffle aussi un peu, sa demande intérieure ralentissant dans un contexte d’attentisme lié au Brexit.

L’économie française ralentit en 2018 après une année 2017 dynamique

Après avoir crû vivement en 2017 (2,3 %), le PIB français ralentit en 2018 (+ 1,7 %, figure 1). Le commerce extérieur contribue positivement à la croissance (+ 0,7 point), plus forte contribution depuis 2012. En effet les importations ralentissent davantage (+ 1,2 % après + 3,9 %) que les exportations (+ 3,6 % après + 4,7 %). Les entreprises déstockent en 2018 (contribuant pour - 0,3 point à la croissance annuelle, après + 0,2 en 2017), et la demande intérieure hors stock est freinée par la consommation des ménages (contribution de + 0,5 point à la croissance du PIB après + 0,7 point) et la demande publique (+ 0,3 point après + 0,4 point).

L’investissement des entreprises décélère mais reste robuste

L’investissement des ménages ralentit nettement en 2018 (+ 1,5 % après + 5,6 % en 2017), notamment en raison du repli des mises en chantier et de la stabilisation des transactions de logements anciens. Par ailleurs, l’investissement des entreprises ralentit tout en restant robuste (+ 2,8 % après + 4,7 % en 2017) dans un contexte de taux d’utilisation des capacités productives dans l’industrie manufacturière à son plus haut niveau depuis 10 ans (85,1 %).

Figure 1Les ralentissements de la consommation et de l'investissement freinent la croissance du PIB

Variation annuelle du PIB en %, contributions en points
Les ralentissements de la consommation et de l'investissement freinent la croissance du PIB (Variation annuelle du PIB en %, contributions en points)
Consommation privée Investissement privé Demande publique Solde du commerce extérieur Variations de stocks Croissance du PIB (%)
2014 0,4 0,2 0,2 -0,5 0,7 1,0
2015 0,8 0,4 0,1 -0,4 0,3 1,1
2016 0,9 0,6 0,4 -0,4 -0,4 1,1
2017 0,7 1,0 0,4 -0,1 0,2 2,3
2018 0,5 0,5 0,3 0,7 -0,3 1,7
  • Champ : France.
  • Source : Insee, comptes nationaux, base 2014.

Figure 1Les ralentissements de la consommation et de l'investissement freinent la croissance du PIB

  • Champ : France.
  • Source : Insee, comptes nationaux, base 2014.

Figure 2Le regain d'inflation en 2018 conduit à de moindres gains de pouvoir d'achat

Variation annuelle du pouvoir d'achat des ménages en %, contributions en points
Le regain d'inflation en 2018 conduit à de moindres gains de pouvoir d'achat (Variation annuelle du pouvoir d'achat des ménages en %, contributions en points)
Revenus d'activité Revenus nets du patrimoine Prestations sociales Prélèvements obligatoires Prix de la consommation Pouvoir d'achat des ménages (%)
2014 0,9 0,2 0,9 -0,6 -0,1 1,2
2015 1,0 0,0 0,6 -0,5 -0,3 0,8
2016 1,4 0,1 0,6 -0,4 -0,2 1,6
2017 2,1 0,3 0,5 -0,8 -0,8 1,4
2018 1,8 0,8 0,8 -0,7 -1,5 1,2
  • Champ : France.
  • Source : Insee, comptes nationaux, base 2014.

Figure 2Le regain d'inflation en 2018 conduit à de moindres gains de pouvoir d'achat

  • Champ : France.
  • Source : Insee, comptes nationaux, base 2014.

Le rythme des créations d’emploi conduit à une baisse un peu moins rapide du chômage

L’emploi total progresse en glissement en fin d’année 2018 de + 164 000 après + 343 000 fin 2017 (dont + 150 000 sur le champ salarié marchand non agricole après + 323 000 en 2017). Ainsi, en moyenne annuelle, le taux de chômage poursuit un peu plus lentement son repli pour atteindre 9,1 % de la population active française, après 9,4 % en 2017 et 10,0 % en 2016 (respectivement 8,8 % au 4e trimestre 2018, 9,0 % fin 2017 et 10,0 % fin 2016).

Le pouvoir d’achat ralentit légèrement du fait de l’inflation

En moyenne annuelle, les prix à la consommation accélèrent en 2018 pour la troisième année consécutive (+ 1,8 %, après + 1,0 % en 2017), conduisant à un léger ralentissement du pouvoir d’achat des ménages : + 1,2 % après + 1,4 % en 2017 (figure 2). Le ralentissement de la masse salariale provenant de celui de l’emploi joue également dans le même sens. En revanche, le ralentissement du pouvoir d’achat est atténué par l’accélération des revenus du patrimoine, des prestations sociales en espèces et le ralentissement des prélèvements fiscaux. En outre, la chronique infra-annuelle de l’évolution du pouvoir d’achat est marquée en 2018 par plusieurs mesures nouvelles (bascule CSG-cotisations sociales, réduction de taxe d’habitation, fiscalité indirecte sur le tabac et l’énergie notamment).